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Irrégularités tectoniques. — Il importe aussi de tenir grandement compte des bouleversements tectoniques qui retirent toute régularité aux

stratifications : si celles-ci demeurent à peu près horizontales dans beau-coup de régions (Causse Méjean), elles présentent souvent de fortes inclinaisons (Causse de Gramat), pouvant dépasser 45° d'angle sur l'ho-rizon (pertes de la Piuka, à Adelsberg, de la Lesse à Han (v. A b u , p. 429 et 438); elles affectent aussi des contournements en fond de bateau (canon de l'Ardèche, combes du Jura) qui attirent les eaux dans les synclinaux (Belgique et les rejettent de part et d'autre des anticli-naux; il y a même des redressements tels, que les joints de stratification deviennent absolument verticaux et les diaclases horizontales (calcaires jurassiques du rocher de la Baume, à la Clue de Sisteron (Basses-Alpes);

Verdon, à l'aval de Castellane, etc. On pourrait citer nombre de vallées creusées selon ce mode, et même des abîmes perforés parmi des joints subverticaux (par exemple celui de Patricouet, près Foix, fig. 40). V. dans

GUNTHER, Geophysik, II, p. 848-852, les figures instructives (177 à 190)

1 U n e c o n t r o v e r s e célèbre s ' e s t élevée j a d i s e n t r e Marcel D u b o i s , d ' u n e p a r t , et D a v i s , de L a p p a r e n l et V i d a l de la B l a c h e , d ' a u t r e p a r t . D u b o i s r e p r o c h a i t à ses confrères « d ' a c -c o r d e r u n e t r o p large p a r t a u x h y p o t h è s e s n o n vérifiées ». Il d e m a n d a i t a v e -c r a i s o n q u e l ' e x p é r i e n c e e û t le p a s s u r l ' h y p o t h è s e et les s y s t è m e s , selon la célèbre formule de N e w t o n : hypotheses non fingo (V. les d e u x a r t i c l e s de R o b e r t P e r r e t d a n s le Correspondant, 10 n o v . 1916, p . 24, e t La Géographie, 1916-1917, n° 4. p . 280).

E A U X S O U T E R R A I N E S . 5

de dislocation de l'écorce terrestre (Horsts), affaissements, plissements, flexures, etc. V. aussi (2) et (3) 1.

Je maintiens donc très rigoureusement, non pas d'après des leçons de professeurs, mais d'après ce que m'ont appris, en toute indépendance de jugement, trente-huit années d'observations sur les eaux souterraines et torrentielles, que, dans le sol comme à la surface, les cassures jouent bien un rôle capital dans la formation des cavernes, ainsi que dans celles

ges, à Axat, aux cassures très nettes). » Ces termes assurément sem-blaient nier à tort le travail de l'eau elle-même, ce qui était inadmissible.

Mais on est tombé dans l'excès contraire en traitant « d'hypothèse surannée, de « procès jugé depuis bien longtemps », « oiseux à discuter encore » et « d'illusion », l'influence directrice des fractures sur la forma-tion de beaucoup de vallées.

1 A. G u é b h a r d s'est d e m a n d é r é c e m m e n t si les d i s l o c a t i o n s s o n t bien, selon l ' o p i n i o n c o m m u n é m e n t a d o p t é e , le r é s u l t a t « de la d i m i n u t i o n d u v o l u m e de n o t r e p l a n è t e » ( S U E S S , La face de la terre, t . I, p . 139). — Il croit que le r e f r o i d i s s e m e n t a u r a i t p l u t ô t p r o d u i t u n a c c r o i s s e m e n t de v o l u m e (Notes Provençales, n° 8-10, m a i - n o v e m b r e 1919, p . 76). (?)

O n sait q u e l'on r a n g e p a r m i les influences t e c t o n i q u e s les a c c i d e n t s des vallées d i t e s surimposées ou épigénétiques ( R i c h t h o f e n ) ou épigéniques ou inherited, q u i c h a n g e n t de ter-r a i n a u couter-rs de leuter-r c ter-r e u s e m e n t . Selon S c h a ter-r d t , il y a s o u v e n t f o ter-r m a t i o n de c h u t e s d ' e a u a u p o i n t de j o n c t i o n , m a i s ces c o n s i d é r a t i o n s n o u s e n t r a î n e r a i e n t loin de n o t r e s u j e t (V. DE LAPP.ARENT, Géogr. phys., p . 127; — H A I T , , Géol., p p . 430 et 460; — D E M A R T O N N E , Géogr.

phys., p . 177).

d'un grand nombre de

vallées.

En le niant pour celles-ci, on a voulu réagir, avec raison je le reconnais, contre cette idée exagérée formulée par

Dupon-chel, par exemple, en 1868 (39) que : « Dans les calcaires compacts jurassiques, les tor-rents de montagne sont enfermés dans des cassures étroites, aux parois verticales, qu'ils n'ont pas eu la force d'entamer (Tarn des Causses, par exemple, gorges de

Saint-Geor-Combien plus sûre et plus fructueuse cette règle de Louis Gentil :

« Je me suis toujours astreint à séparer l'hypothèse des faits. » (28).

Ce sont précisément les faits, révélés par les enquêtes des plus récentes recherches souterraines, qui ont donné raison à Daubrée, en renforçant les preuves que l'érosion (et la corrosion) des eaux courantes ont agrandi les lithoclases,tant en cavernes et abîmes qu'en canons et vallées d'effon-drement.

Je ne me lasserai donc point de redire (v. ch. v m et ix, la

Grund-wasser et le niveau hydrostatique) qu'on a eu tort, dans l'enseignement français, d'emboîter le pas au pédagogisme allemand, qui explique les faits par les idées et non les idées par les faits, et qui donne la préférence aux vues de l'esprit sur les constatations matérielles dûment enregistrées.

22. Vraies vallées d'érosion (Loess). — Il est bien clair que, dans certains terrains comme le loess x, on n ' a pas besoin d'évoquer la pré-existence de fissures pour la formation de canons même très profonds : la simple érosion mécanique, le creusement dû au déplacements des par-ticules du sol par l'eau courante suffit pour expliquer l'approfondissement des vallées (v. ch. x v n et x v i n ) .

Personne n'aura non plus jamais l'idée d'invoquer autre chose que l'érosion pour les vallées des fleuves de plaine comme la Seine, la Loire, la Garonne, le Pô, l'Allemagne du Nord, la Hongrie, la Russie, etc.; mais les cassures ont dû intervenir pour le Rhin, de Bingen à Coblentz, le Da-nube aux Portes de Fer (d'après R. Sévastos)2, le Vardar en Macédoine, les magnifiques gorges de l'Isker en Bulgarie, les hauts fleuves indochi-nois, e t c . .

23. Vallées et cavernes d'effondrement (Bramabiau). — Quant aux vallées d'effondrement, elles ont été préconisées, dès 1852, par Four-net (37), dont il faut maintenir la classification en vallées de dislocation, d'érosion superficielle et d'effondrement. « Je dois espérer, disait-il, de voir ces vallées d'effondrement par érosion souterraine entrer définiti-vement dans le domaine de la géologie. » Desnoyers, déjà, avait appelé

« les gorges des torrents, des cavernes à ciel ouvert»; dès 1888, j ' a i adhéré a cette idée, d'après un des plus probants exemples de vallée en

forma-1 D E R I C H T H O F E N (China, t . I I . p . 348, B e r l i n , 1882) a d o n n é le n o m d e « L ô s s » a u x s é d i m e n t s de t e r r e s p o u s s i é r e u s e s , en g é n é r a l l i m o n s calcaires, q u i f o r m e n t en Chine des c o n g l o m é r a t s t r è s r é s i s t a n t s , a t t e i g n a n t j u s q u ' à 700 m è t r e s d ' é p a i s s e u r . Il l e u r a t t r i -bue u n e origine é o l i e n n e , a c c u m u l a t i o n d e p o u s s i è r e s t r a n s p o r t é e s et d é p o s é e s p a r le v e n t .

2 « Il n ' e x i s t e p a s en E u r o p e de plus g r a n d e vallée de r u p t u r e ». L . D E L A U N A Y , Les Portes de Fer, La Nature, 2174, 29 m a i 1915, p . 352. — D E M A R T O X X E (C. R . Soc. géol., 20 fé-vrier 1905), c o n t e s t e l'idée d ' u n e f r a c t u r e a u x P o r t e s de F e r e t croit à l'érosion de c o u c h e s m o i n s r é s i s t a n t e s . V . aussi J . C v u i c , EnUvickelungsgeschichte des Eisernen-Thores. P e t . M i t t . E . H . , n° 160, 1907.

F i g . 4 1 . — R é s u r g e n c e d u B r a m a b i a u ( G a r d ) ; vallée d ' e f f o n d r e m e n t e n f o r m a t i o n .

d'écroulements, sans être la règle, bien loin de là (v. p. 48), sont arrivées en certains endroits à se succéder au point de former de véritables vallées d'effondrement.

On a pu, sur ce point, tomber dans quelques exagérations. Mais on ne saurait nier que, bien souvent, les-eaux courantes, anciennes ou ac-tuelles, cherchant leur voie parmi les fissures des roches, ont élargi des cassures en cavernes trop étendues, ou à plafond trop peu épais pour demeurer en place; sous l'influence des courants ramifiés, les polyèdres tion par effondrement de caverne — le Bramabiau du Gard (où débu-tèrent mes explorations souterraines). — Je l'ai trop souvent décrit pour ne pas renvoyer à mes précédents textes sans les reproduire une fois de plus (38).

Il est certain que ces altérations, démontrées par les phénomènes

de roches limités par les fissures se sont, par endroits, amincis en piliers, à la mode de l'exploitation des carrières de gypse; rongés au pied, ces piliers entraînaient la chute de salles ou corridors immenses.

Il est certain qu'en bien des localités, les eaux, ayant adopté sous terre des directions générales (esquisses de thalwegs futurs), coudées suivant le sens des principales diaclases ou la disposition des failles, et agrandissant continuellement leurs conduits intérieurs, ont pu faire effondrer petit à petit leurs plafonds comme une voûte dont on enlè-verait un à un les supports. Par place, l'écoulement a pu cesser d'être souterrain, l'érosion aérienne continuant seule le travail commencé par le casernement (par exemple, l'Artuby et le Jabron, Var; l'Alzou, Lot), etc.

(V. fig. 12).

Telle est la vérité, que trop de géographes modernes s'obstinent à contredire. Beaucoup de canons, notamment, sont d'anciennes cavernes écroulées, où l'érosion extérieure a d'abord déblayé les matériaux effon-drés, puis continué l'approfondissement. On ne saurait soutenir que la première phase de ces sortes de vallées ait consisté dans la simple exca-vation verticale des roches par les rivières. Il est heureusement des géo-logues qui se sont rendus à l'évidence des faits, et l'avenir ralliera les autres à cette excellente formule de MM. Lohest et Fourmarier par exemple (40) : « L'enfouissement des eaux dans les fissures provoque la suppression des méandres, l'eau s'y infiltre à un niveau inférieur qui élargit peu à peu les conduites souterraines où l'effondrement des voûtes aboutit à former des gorges. »

Boyd-Dawkins, dans un rare et célèbre ouvrage (Cave-Hunting,

1874) déclare « La ravine est une caverne qui a perdu son toit (p. 54)».

Fr. Simony (Dachstein-Gebiet, v. ch. xv) décrit des ponts naturels comme restes de cavernes effondrées; — Lahner de même au Monté-négro (Mitt. Hôhl. K., n° 18, 1920).

E. Fourrier (41) a multiplié les preuves des vallées d'effondrement dans le Jura et les Causses. W. Kilian les accepte aussi dans les termes suivants : « La vallée de l'Orbe notamment, avec la résurgence et l'an-cien émissaire de l'Orbe (grotte des Fées), offre de beaux exemples d'éro-sion et de marmites de géants (le saut du Day, près de Vallorbe) et montre nettement que, dans beaucoup de cas, les canons actuels ne repré-sentent que le résultat de l'effondrement de vallées et de boyaux d'éro-sion aquifères souterrains dont le plafond s'est affairé. »

E. Haug opine dans le même sens pour les calcaires fissurés et ponts naturels des Causses, de l'Ardèche, etc. (Géol., p. 425).

Philippson admet aussi que les effondrements de cavernes peuvent tonner des portions de vallées étroites (42).

Cvijiê, qui cioit, comme moi-même, que l'enfouissement des eaux karstiques est très rapide, grâce à l'agrandissement des cavernes, est partisan de la formation de certaines vallées calcaires par les effondrements de voûtes de cavernes en séries. Il en figure un remarquable exemple à la rivière Vratna, affluent du Danube, en Serbie orientale (v. ch. vi); là, de multiples ponts naturels demeurés en place ressemblent tout à fait aux dispositifs de la gorge du Rummel à Constantine, des Tomeens et des sluggas d'Irlande, des deux vallées inachevées de Saint-Canzian-am-Karst et de Saint-Canzian-am-Wald, près Adelsberg, des tunnels de Minerve (Hérault) (43) etc.

Citons encore le pont naturel de Véja près de Vérone, décrit par Catullo (Caverne délie province Venete, Venise, 1844; les cavernes de Karnul (Indes), v. Abîm., p. 542), etc.

Dans la forêt de Chailluz, près Besançon, DE LA INOË et DE M A R G E R I E (Les formes du terrain, p. 157) ont eux-mêmes fait remarquer que, dans un pli synclinal de calcaire oolithique, existe une série de dépressions et de bétoires produits par des effondrements dus à l'érosion du calcaire qui s'est trouvé privé de son support.

24. Profondeur de la fissuration. — H y a un grand désaccord sur le