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Irish Travellers, Folklore et Discours

I - Ethnofolkoristique irlandaise et Irish Travellers

a- L’ethnofolkloristique irlandaise

Langue et traditions orales ont été aux prises avec des enjeux du pouvoir dans le processus de construction de la nation et de guerre civile que connut l’Irlande au cours du 20e siècle. Les événements politiques et sociaux ont influencés le développement et la direction qu’ont pu prendre les études folkloristiques80 et ethnographiques dans le pays (Briody, 2011).

Au 19e siècle commencèrent les premières études sur les traditions narratives irlandaises. Celles-ci étaient très marquées par les approches littéraires et tendaient à se focaliser sur les légendes, histoires brèves ou anecdotes « exotiques » en lien avec les croyances populaires ou dans les fées, parfois des exemples de folk humor (Lambert, 1985).

La perte de vitesse du gaélique et des traditions orales vers la fin 19e- début 20e mise en avant par de nombreux observateurs fût un axe argumentaire important des mouvements nationalistes, et incitât les folkloristes à intensifier leurs récoltes. Les études sur les littératures orales ou le storytelling se sont donc souvent effectuées sous cette influence et visaient à la promotion d’une certaine image de l’Irlande, notamment rurale et paysanne. A la fin du 19e

déjà, la Gaelic League s’était donné pour mission principale le maintien de la langue et parvint progressivement à gagner en influence et en soutien tant sur le plan populaire que politique. En 1933, le gouvernement de DeValera en avait d’ailleurs adopté de nombreuses idées. Sous l’impulsion de la League, des stratégies de politiques publiques avaient été mises en place afin de rétablir le gaélique comme langue principale (Briody, 2011). L’état indépendant amorçait ainsi une politique de cultural recovery et pousse à la collecte, à l’archivage et à la préservation des traditions orales, en particulier dans la Gaeltacht. Le terme folklore est adopté y compris au niveau académique, malgré le romantisme qui souvent l’accompagne (Bourke, 2002).

Au 19e déjà quelques travaux de récolte avaient été entrepris, mais de manière disparate. On peut par exemple citer les travaux de Patrick Kennedy ou de Jeremiah Curtin qui

82 produisirent des collections importantes mais qui, comme la majorité des travaux de ce type à l’époque, accordaient peu d’attention à la transcription, la traduction ou la description de ces productions orales (Lambert, 1985). Avec la période du renouveau celtique (Celtic Revival) de la fin 19e, on note que plus d’attention est apportée à la langue, mais que bien souvent ces textes étaient traduits et altérés dans une optique plus contemporaine littéraire et nationaliste (Lambert, 1985). Parmi les auteurs de cette période, certains ont fortement marqué les études en littérature orale irlandaise. Synge fît partie des premiers à accorder plus de place au contexte physique et social de la production orale. Lady Gregory – et de manière similaire Douglas Hyde - entreprit un grand travail de récolte et chercha à déterminer différents types de narration pouvant exister en Irlande. Larminie pour sa part, fut un des premiers à tenter une approche des différences régionales et des différents styles de storytellers (Lambert, 1985).

Avec la signature du Traité en 1921 et la guerre civile qui s’en suivit, la préservation des littératures et traditions orales ne constitue plus une préoccupation majeure. Ces événements ralentissent le processus de récolte ainsi que le développement des études en matière de littérature orale. L’Irish Folklore Institute (IFI) est créé en 1930 mais ne reçoit que de faibles subventions. Ces financements concernent essentiellement la publication d’ouvrages en langue irlandaise (notamment pour les étudiants) et la préservation de la langue. Mais des divergences dans l’institut apparaissent vite entre deux courants folkloristiques : ceux qui visent la récolte pour une préservation et perpétuation de la langue ; et ceux qui désirent y adjoindre une visée comparatiste complémentaire afin de lui donner une portée plus internationale et scientifique. L’IFI est remplacé en 1935 par l’Irish Folklore Commission (IFC). L’IFC permit d’accroître en quantité et qualité les données récoltées ainsi que de constituer une documentation contextuelle. La Commission reste à l’époque dirigée par le gouvernement qui refuse de céder la tutelle à l’université de Dublin (UCD) et ce notamment parce que certains membres de la Commission avaient prit parti en faveur du Traité entraînant ainsi le rejet par le parti Fianna Fáil, parti nationaliste au pouvoir (Briody, 2011).

James Ó Duilearga ou Delargy, qui devient président honoraire de l’IFC, a joué un grand rôle dans la mise en place de l’IFI puis de l’IFC. Son intérêt se porte cependant principalement sur la collecte et l’archivage et il ne désire pas installer d’enseignement à l’université. Il rencontre DeValera à plusieurs reprises et partage avec lui un amour pour la langue et une image idéale et romantique de la paysannerie irlandaise. Bien que certains blocages continuent à exister, le soutien de DeValera permet d’obtenir de meilleures subventions pour l’Institut. Ce soutien reste cependant toujours dans une optique de mise en valeur de la langue et des

83 traditions portées par le gaélique, et est censé œuvrer à une « regaélicisation » du pays (Briody, 2011).

Si de nombreuses critiques peuvent êtres faîtes à son travail, Delargy fut néanmoins l’un des premiers à donner une image plus cohérente des traditions orales irlandaises, à intégrer et différencier les termes et conceptions ethniques concernant les différentes catégories du discours dans ses interprétations (Lambert, 1985). Pour Delargy, disparition de l’irlandais et influence des contes internationaux et anglo-irlandais, peut aussi signifier disparition du

storytelling (Briody, 2011). Il perçoit le fait que la narration change si la langue dans laquelle

elle est énoncée n’est pas pratiquée quotidiennement, elle sera d’autant plus altérée du fait que c’est un irlandais standardisé qui est enseigné dans les écoles atténuant progressivement les différences régionales.

Enfin, notons que protection et préservation de la langue et des traditions orales en Irlande avaient aussi une résonnance avec restauration et réparation. Leur disparition représentait en effet un des symboles de la domination anglaise.

b- La place des Irish Travellers

Ceux qui ont entrepris des récoltes de matériaux auprès des Travellers se sont notamment intéressés à leur littérature orale, leur musique, leur traditions orales, mais ceci de manière éparse. Comme il a déjà été vu, la langue des Travellers a été un des facteurs de l’intérêt qui leur était porté, souvent sous des perspectives négatives ou romantiques, et qui avaient tendance à les assumer en tant que « gardiens d’une tradition disparue ».

De nombreux auteurs tels que Gmelch, Ní Fhloinn, Court, ou Ó hAodha, pour un certains nombre folkloristes, dénoncent et décrivent une sous-représentation des Travellers dans les collections de traditions et littératures orales et notamment celles de l’IFC, et cherchent à en comprendre les motifs. Certains notent que les travaux portant sur le « folklore » traveller est en réalité minime en comparaison à ce qui a pu être fait auprès d’autres groupes, à l’instar des Scottish Travellers (Munnelly, 1999). Pendant longtemps, la plupart des études concernant les Irish Travellers se sont faites auprès d’informateurs non-Travellers. Les informations obtenues étaient donc très variables d’un individu à l’autre et difficilement exploitables, du moins quant à leur représentativité et fiabilité sur la communauté (NíFhloinn, 2002). C’était le cas du questionnaire de l’IFC de 1952 qui visait à mieux comprendre les Irish Travellers et leur mode de vie et qui avait été effectué auprès de « sédentaires » en contact plus ou moins régulier avec des Travellers. Au demeurant, les réponses données par les informateurs permettent

84 d’apercevoir comment les Travellers pouvaient êtres perçus et compris à cette époque, ainsi que l’imaginaire qui pouvait exister à leur sujet (Ó hAodha, 2011a).

Jusque dans les années 1960, l’IFC n’avait en fait pas l’intention d’étudier de manière systématique la vie des Travellers, ni de collecter leur folklore (Court, 1985). Pourtant, dès les années 1920-1930, MacGreíne s’y est intéressé. Il a fait partie des premiers collecteurs de l’IFC et c’est grâce à lui qu’une section « Travelling People » fut incluse à l’IFC en 1937. Il a donc initié une collecte de matériaux importante sur les Travellers qu’il voyait comme des « repositories of Irish oral tradition » (Ó hAodha, 2011a). Pour Munnelly (1999), la plupart des collectionneurs de l’IFC possèdent des matériaux à propos ou venant des Travellers mais peu les ont véritablement exploités.

Le peu d’intérêt pour le « folklore » traveller est pour Gmelch surprenant car ceux-ci ont pourtant la réputation d’être de bons conteurs. Comme d’autres, il avance que les Travellers auraient conservé un certains nombre de contes et histoires disparut à l’extérieur de la communauté (Gmelch, 1972). Mais Ní Fhloinn nuance cette idée – sans la contredire - et explique que cette image des Travellers comme « disséminateurs d’histoires » est un stéréotype venant de représentations plus anciennes, et que ce rôle aurait changé avec l’éloignement récent entre Travellers et Settled. Pour Court (1985), le développement de la « tsiganologie » associé à celui de la folkloristique a eu tendance à plutôt attribuer aux Gypsies le rôle de compositeurs et disséminateurs d’histoires et contes indo-européens très connus, mais que ce ne fût pas le cas pour les Irish Travellers.

Gmelch (1972) présente plusieurs facteurs qui selon lui ont joués sur cette sous- représentation des Travellers dans les collections. Il explique que les collecteurs se sont concentrés sur les régions de la Gaeltacht et celles où la pratique de l’irlandais était en baisse, et que peu de Travellers parlaient irlandais. Gmelch ajoute que les Travellers étaient de plus difficiles à contacter et à rejoindre dû à leurs déplacements réguliers. Selon l’auteur, les causes seraient donc liées à de simples raisons pratiques et de priorités. Cependant, il a été vu que les

Irish Travellers ne correspondaient pas à l’image que le nouvel Etat cherchait à donner de lui-

même : un travail de récolte intensif aurait aussi signifié de mettre en valeur et de donner une certaine légitimité aux savoirs des Travellers, ce qui aurait été paradoxal.

Aujourd’hui, il semble que l’idée de préservation et d’héritage est centrale dans les travaux de récolte, les auteurs cherchent à « sauver » ce qui peut encore exister de la tradition de storytelling traveller. Cette disparition de certaines tradition orales, Ní Fhloinn (2002) l’attribue à l’arrivée des nouveaux médias ( télévision, radio, etc.). Il y aurait ainsi moins de transmission d’histoires et d’informations, et donc moins de conteurs. Pour Gmelch (1972), le

85 déclin des pratiques de storytelling aurait commencé dans les années 1930 et s’expliquerait aussi par l’urbanisation et les changements économiques et sociaux qui ont opéré au début du siècle. Cette idée de préservation et d’héritage semble également s’être développée dans les communautés travellers. On dénombre un certains nombre d’associations, comme Pavee Point, qui ont notamment pour but de conserver et transmettre la culture orale et espèrent ainsi renforcer un sense of identity (NíFhloinn, 2002)81.

c- Les études sur les Travellers

Les chercheurs qui se sont intéressés aux productions orales et musicales des Irish

Travellers semblent s’être surtout concentrés sur les aspects artistiques ou esthétiques de ces

productions. Si nombre d’articles et ouvrages disent traiter du storytelling, on remarque que c’est plus souvent la story que le telling qui est en réalité concerné. Contes, légendes, comptines, histoires humoristiques sont étudiées et analysées, mais le storytelling en tant qu’acte n’est que très rarement évoqué. La majorité des contes publiés par Gmelch (1972) ont par exemple été tirés des archives de l’IFC. Il inclut en début d’ouvrage une section ethnographique et historique sur les Travellers dans laquelle il se focalise essentiellement sur le mode de vie et l’économie des Travellers à l’époque où les histoires ont été récoltées, ainsi que les changements apparus depuis. S’il prend en compte le fait qu’il est nécessaire de détenir des informations sur le groupe qui produit le discours, il ne développe presque rien sur les contextes et situations d’énonciation possibles ou les conditions pour qu’une session de storytelling émerge par exemple. Les brèves présentations des conteurs paraissent anecdotiques, de même que les quelques mots sur leur style de narration.

Court (1985) prend elle aussi le soin de proposer une longue introduction fournissant une grande variété d’informations sur les Travellers, leur histoire, les théories sur leurs origines ou leur langue. Mais là aussi, le manque d’informations sur le storytelling en contexte est frappant. Court choisit de présenter dans le reste de l’ouvrage un matériel biographique ainsi qu’un matériel de tradition plus littéraire. Le choix qu’elle fait que de parsemer les biographies d’histoires, de contes, de chants, récits, etc. présente entre autre l’intérêt de donner un « air de

storytelling » en montrant qu’une histoire peut survenir à l’intérieur d’une narration

personnelle. Cependant, les récits présentés à l’intérieur des biographies n’appartiennent pas toujours au conteur dont il est question. Le choix de transcription qu’elle fait est aussi très

81 Les différentes questions abordées ici sont également abordées dans la Partie 5 où la perspective comparatiste offre d’autres pistes de réflexions sur ces sujets.

86 littéraire. Les quelques informations ou analyses - de même que le nom des performers des récits - ne sont présentées qu’à la fin de l’ouvrage, de manière succincte et très inégale.

Ní Fhloinn (2002), s’est aussi intéressée au storytelling, et notamment celui des femmes et la manière dont elles peuvent êtres perçues. Elle offre quelques informations sur les procédés d’énonciation et figures de style du storytelling traveller et cherche à montrer les similitudes et différences entre les storytellings traveller et irlandais tant dans leur contenu que dans leur énonciation. Il paraît néanmoins qu’une grande partie de son analyse se fonde sur des textes sous forme écrite, et donc en dehors de leur contexte d’énonciation. Les histoires qu’elle présente sont souvent extraites d’autres ouvrages ou des archives de l’IFC et l’auteure se fonde généralement sur la classification Aarne-Thompson, ne prenant donc pas en compte les catégories et taxinomies locales.

D’autres s’intéressent à la musique. Munnelly (1999) par exemple décrit le style de chant des Travellers et ses usages ainsi que leur place dans la musique traditionnelle irlandaise. Fegan et O’Connell (2011) font partie des rares auteurs à avoir publié un livre sur les musiciens

travellers et leur musique. L’ouvrage se présente comme une succession de portraits

d’individus et de familles qui ont, aux yeux des auteurs, activement participé à populariser, développer et promouvoir la musique traditionnelle irlandaise, y compris à l’extérieur de l’Irlande. C’est donc bien leur participation à la culture musicale irlandaise qui est mise en avant tout au long de l’ouvrage, que ce soit par les auteurs, les informateurs ou les musiciens eux- mêmes. L’idée de préservation et d’héritage est récurrente et les Travellers sont encore une fois présentés comme les « gardiens d’une tradition ancienne ».

Les auteurs qui viennent d’être cités semblent principalement se soucier du penchant « artistique » des différents types de performances traveller. La participation et la contribution des Travellers à un « patrimoine culturel irlandais », à un ensemble plus large, paraît toujours être l’argument qui justifie l’intérêt pour leur productions orales ou musicales.

Cet aspect est cependant moins présent chez ceux qui ont travaillé sur les productions écrites des Travellers. Dans sa thèse, Walsh (2007) analyse les autobiographies de Nan Joyce et Sean Maher et s’intéresse à la manière dont ces deux auteurs procèdent à une légitimation et valorisation de leurs savoirs, à leur discours vis-à-vis de l’ « histoire dominante », et à la manière dont ceux-ci expriment leur rapport aux Settled. Ó hAodha (2011) lui aussi se penche sur les messages que les Travellers cherchent à transmettre au travers de leurs écrits et notamment sur l’intention de contrer ou de déconstruire les images et stéréotypes du 19e dans la littérature traveller qui émerge au 20e siècle.

87 Ó hAodha (2011c) s’intéresse par ailleurs aux « contre-traditions » pouvant exister dans la tradition irlandaise et les contes à propos des Travellers. Il étudie les stratégies de « contrôle du sens », de négociation des représentations et la rhétorique des résistants à l’intérieur de ces contes. Il tente de comprendre comment ces contes opèrent une critique de la domination, et peuvent procéder à une « inversion symbolique ». Comme de nombreux autres auteurs qui ont pu s’intéresser aux discours sur les Travellers – et sur d’autres communautés Tsiganes – il fait un parallèle avec la construction des discours coloniaux et la rhétorique des colonisés.

Les travaux qui s’attachent à la construction des discours – scientifiques ou non - sur les Travellers, sont souvent plus récents et semblent avoir fait jour vers les années 1980. Ó hAodha le fait à travers les légendes, le storytelling et les traditions orales à leur sujet, mais on peut citer des auteurs comme Ní Shuínear ou Helleiner qui se sont intéressés aux discours scientifiques et politiques. Ces auteurs sont d’ailleurs presque les seuls à explorer comment les

Travellers reçoivent et réagissent – ou non – à ces discours.

Chacun de ces ouvrages s’attèle donc, dans la perspective qui lui est propre, à déconstruire et/ou à analyser les stéréotypes et la manière dont a été construite l’image des

Travellers. Chacun suit une démarche qui lui est spécifique et répond généralement au but qu’il

s’est donné : que ce soit en exposant et valorisant les littératures orales des Travellers, ou en montrant comment et sous quels motifs se sont construits les discours anti-Travellers et stéréotypes au cours du temps.

Cependant, en portant le regard sur l’ensemble de ces travaux, il semble qu’apparaissent deux dynamiques qui, ensemble, perpétuent les schémas précédents que pourtant chacun de ces ouvrages individuellement cherche à déconstruire. En effet, on trouve un premier mouvement qui s’est attelé à mettre en valeur les traditions orales des Travellers au sein des traditions orales irlandaises en général, et à légitimer leurs savoirs et traditions. Les Travellers y sont présentés comme « conservateurs » ou « gardiens » d’un patrimoine disparu ou en voie de l’être, et l’idée que ce patrimoine est aussi le nôtre est mise en exergue. Cette idée semble d’ailleurs être le point de départ – si ce n’est le centre – d’intérêt envers ce groupe. La deuxième dynamique apparaît plutôt vers les années 1980 avec les mouvements de défense des droits des Travellers. Les études ethnographiques, celles portant sur l’histoire des droits ou des théories sur les

Travellers, se développent, et vont aussi s’intéresser aux questions d’éducation, de logement,

de santé, etc.

Dès l’instant où le storytelling et le folklore traveller paraît être en recul, et que les conteurs semblent se faire de plus en plus rares, les récoltes de matériaux oraux se sont précipitées. Si cet intérêt persiste, il reste dans le domaine des folkloristes irlandais qui semblent

88 plus axés sur la préservation et la mise en valeur d’un patrimoine, avec des perspectives comparatistes internationales. L’examen de la parole des Travellers reste centré sur son caractère « ancien » plutôt que sur la manière dont ils peuvent construire leurs discours aujourd’hui. Dans les ethnographies, les éléments de paroles sont surtout utilisés pour leur valeur informative. Ainsi, plutôt que de continuer – en parallèle à ces deux mouvements – à s’intéresser à la parole et aux pratiques langagières des Travellers, les deux dynamiques semblent s’être séparées. C’est précisément en ce point que l’on peut constater que les schémas antérieurs persistent. Chacune de ces deux démarches d’études ne poursuit pas cette perspective, mais c’est le manque d’un « entre-deux » qui est en réalité problématique: les

Travellers restent renvoyés soit à leur passé – et par extension au nôtre -, soit aux « problèmes »

qu’ils rencontrent ou qu’ils poseraient.

II - Irish Travellers : productions orales, musicales et écrites