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Les investissements directs étrangers (IDE): cadre conceptuel et application au Luxembourg

Guy SCHULLER

1. Les investissements directs étrangers (IDE): cadre conceptuel et application au Luxembourg

Sommaire

SECONDE PARTIE: 37

Les investissements directs étrangers (IDE): cadre conceptuel et application au Luxembourg 37

1. Introduction 39

2. Définitions, formes et catégories d’IDE 41

2.1 Définitions 41

2.2 Évolution de la notion d’IDE 42

2.3 Modes d’IDE 44

2.4 Stratégies d’IDE 44

3. Contexte international 46

3.1 L’internationalisation de la production 46

3.2 L’évolution mondiale des IDE (flux et stocks) 49

3.3 Les IDE dans la comparaison internationale 50

4. Les flux d’IDE du Luxembourg 53

5. L’importance relative des encours d’IDE au Luxembourg 55

5.1 Encours des investissements directs de l’étranger par branche d’activité 57

5.2 Ventilation géographique des prises de participation 58

6. IDE, emploi, chiffre d’affaires et résultats 59

6.1 Emploi 59

6.2 Chiffre d'affaires 60

6.3 Résultats nets proportionnels 61

7. IDE greenfield versus F & A au Luxembourg 62

8. En guise de conclusion 65

Bibliographie 66

1. Introduction

Au cours des dernières années deux sujets ont largement percé dans le cadre des discussions sur la compétitivité des économies nationales: l’attractivité des territoires et la délocalisation. Les deux sujets sont intrinsèquement liés et ont directement trait à la problématique des IDE; ces derniers en font même partie intégrante. Au début du XXIème siècle toutes les économies nationales sont désormais confrontées à ces questions, mais les petites économies ouvertes le sont encore davantage.

Dès son entrée dans le processus d’industrialisation, une économie de très petit espace comme celle du

Luxembourg est en effet contrainte à l’ouverture aux facteurs de production étrangers et partant, aux IDE. Au cours des différentes phases de développement

économique, ainsi qu’au moment de chaque mutation de sa structure de production, l’apport étranger de capitaux, de technologies et de ressources humaines est une condition indispensable.

Ces besoins en apports étrangers sont moins évidents dans des économies plus grandes. Aussi dans les années 60 à 80 a-t-on fréquemment assisté à des débats sur une percée trop importante de capitaux américains et japonais dans les grandes économies européennes. De même on a assisté aux Etats-Unis au débat sur l’extension des capitaux européens dans certains

secteurs. Ce type de discussion a culminé en France sur la question du positionnement des "champions nationaux" dans l’économie nationale face aux investisseurs étrangers1

.

Au cours des années 90, une autre problématique fut exprimée. Elle concernait la délocalisation (rapport Arthuis 1993). Les craintes exprimées dans ce rapport se cristallisaient autour de la délocalisation des activités productives de la France vers les pays dits émergents, autrement dit sur la capacité de résistance des

entreprises françaises face à la montée en puissance de nouveaux compétiteurs sur la scène internationale qui bénéficiaient notamment de coûts salariaux attractifs. Ce débat sur la délocalisation est loin d’être clos, bien au

contraire. Tant en Europe qu’aux Etats-Unis il bat son plein. De surcroît, il s’est élargi voire déplacé vers les activités de services avec une focalisation sur

l’externalisation de certaines activités de services en Inde ou en Afrique.

Parallèlement à ces interrogations sur la délocalisation, la question de l’attractivité des territoires est venue au centre des préoccupations en matière de politique économique. Certes, cette question n’est en soi pas très nouvelle. Dans les années 90 différents rapports avaient une forte résonance aux Etats-Unis "Made in America" (Detouros et al (1989)), en Allemagne"Standortbericht" 1993, en France "Made in France" (Taddei et al, 1993) ou au Japon (Hiroyuki et al, 1998). A l’époque la question portait essentiellement sur la capacité des systèmes de production nationaux à faire face à la concurrence étrangère avec les interrogations sur la performance des "champions nationaux" sur le territoire d’origine et/ou la tendance à la délocalisation de pans entiers du système de production.

Aujourd’hui toutes ces préoccupations continuent à être bien présentes dans le débat de ces pays. Néanmoins l’horizon s’est quelque peu élargi. Il est aussi question d’attractivité du territoire, non seulement pour les entreprises nationales - tentées par une implantation à l’étranger (délocalisation) - mais également pour les entreprises étrangères susceptibles de s’implanter dans ces pays. Cet élargissement du débat témoigne d’une certaine "mutation des mentalités" (Ferrara, 2004: 92). Aussi l’internationalisation des firmes n’est-elle plus perçue (uniquement) comme un danger. Au contraire, elle devient une donnée qui doit désormais être partie intégrante de la stratégie économique des responsables politiques et économiques. De manière plus pragmatique, la multiplication des agences de promotion des

investissements (Invest in ....) - qu’elles soient nationales ou locales - , témoigne de la volonté des responsables de promouvoir leur territoire auprès des investisseurs potentiels.

__________

1 E

Le changement de comportement, voire de paradigme, en matière d’IDE introduit un nouvel axe de concurrence entre toutes les économies; de surcroît, il change la donne pour les économies de très petit espace. Désormais la question de la compétitivité des économies nationales ne porte plus seulement sur les produits offerts et sur la percée sur les marchés étrangers. Une compétition – aussi, sinon plus féroce - est désormais entamée pour attirer les investisseurs, notamment dans les secteurs de pointe et/ou à forte valeur ajoutée (sous-entendu avec une capacité à créer de nouveaux emplois, afin de combattre le fléau du chômage).

Pour les économies de très petit espace, cette évolution signifie la perte d’une spécificité. En effet, lors des décennies antérieures au cours desquelles les grandes économies européennes jouaient plus la carte nationale en privilégiant les «champions nationaux», les petites économies européennes étaient des territoires de prédilection pour les investisseurs américains et japonais en Europe. Leur ouverture naturelle aux capitaux étrangers (en raison de leur recours obligé aux IDE) constituait en quelque sorte un avantage comparatif dans un contexte plus réticent aux capitaux étrangers. Le

changement de cap, de politique, voire de mentalité dans les grands pays européens vient réduire sensiblement cet atout. Désormais les petites économies devront faire valoir d’autres atouts pour rester attractives.

L’objectif de cette analyse est de préciser et de spécifier la notion d’IDE qui est le terme de référence

fréquemment utilisé pour traiter de ces questions d’attractivité et de délocalisation. La première partie (A) sera consacrée au commentaire de la définition et de l’évolution de cette notion au cours des dernières décennies, ainsi qu’à l’examen des différents types et stratégies d’IDE. Par ailleurs, l’on présentera

succinctement les grandes tendances de l’évolution des flux et stocks d’IDE au plan international.

La partie B sera entièrement consacrée aux IDE du Luxembourg avec un examen des flux et stocks d’IDE, du rôle des sociétés et de l’importance relative des IDE (comparaison internationale). Ensuite l’on analysera certains effets des IDE sur l’emploi et l’activité, avant de fournir les premiers résultats des études récentes sur les types d’IDE au Luxembourg.