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Introduction sur les substances psychoactives et les conduites addictives

CHAPITRE 4. SUBSTANCES PSYCHOACTIVES ET CONDUITES ADDICTIVES

4.1. Introduction sur les substances psychoactives et les conduites addictives

4.1.1. DŽfinition de la substance psychoactive

Une substance est dite psychoactive lorsquÕelle agit sur le cerveau, modifiant certaines de ses fonctions, avec comme consŽquences [97] :

¥ des changements au niveau de la perception (visuelle, auditive, corporelle), des sensations, de lÕhumeur, de la conscience, du comportement ;

¥ des effets physiques et psychiques variables selon les substances, les doses consommŽes, les associations de produits.

Les effets ressentis peuvent •tre per•us comme agrŽables ou non, notamment selon quÕils sont recherchŽs ou non par le consommateur. Certains effets psychiques ou physiques peuvent sÕavŽrer dangereux, soit immŽdiatement, soit de mani•re diffŽrŽe, soit encore lorsque les prises sont rŽpŽtŽes.

Une substance psychoactive peut •tre dÕorigine naturelle ou synthŽtique lorsquÕelle est totalement ŽlaborŽe ˆ partir de composŽs chimiques, licite (usage et vente autorisŽs par la loi mais rŽglementŽs) ou illicite (usage et trafic interdits par la loi). Les agences internationales et les Etats essaient de sÕadapter ˆ ce domaine en constante Žvolution ainsi des listes de produits psychoactifs interdits ou rŽglementŽs sont rŽguli•rement actualisŽes pour y inclure les nouvelles substances de synth•se. Chaque pays tente dÕarticuler au mieux rŽglementation,

! %#! prŽvention, rŽduction des risques, accompagnement et soins afin de rŽduire les probl•mes sanitaires et sociaux liŽs ˆ la consommation de ces substances psychoactives.

4.1.2. Effets de la consommation des substances psychoactives

Les effets consŽcutifs ˆ la consommation de substances psychoactives sont džs ˆ des modifications Žlectrochimiques sÕopŽrant dans le cerveau en rŽponse ˆ la consommation de la substance. Le circuit de la rŽcompense occupe un r™le central dans la mise en place et le maintien des conduites addictives. Trois syst•mes de neurones dopaminergiques, sŽrotoninergiques et noradrŽnergiques interviennent pour rŽguler le circuit [97].

Certaines substances psychoactives imitent les neuromŽdiateurs naturels et se substituent ˆ eux dans les rŽcepteurs : la morphine, par exemple, sÕinstalle dans les rŽcepteurs ˆ endorphine; la nicotine, dans les rŽcepteurs ˆ lÕacŽtylcholine. Certaines substances augmentent la sŽcrŽtion ou la concentration dÕun neuromŽdiateur naturel et certaines substances bloquent les rŽcepteurs dÕun neuromŽdiateur naturel, par exemple lÕalcool qui bloque les rŽcepteurs activŽs par le glutamate et la glycine essentiels pour la mŽmoire et la plasticitŽ des synapses. Quelle que soit la modalitŽ dÕaction, la consŽquence est la m•me: lÕinformation qui circule entre les neurones est altŽrŽe: les perceptions changent, les sensations sont aiguisŽes ou attŽnuŽes, lÕhumeur est exaltŽe ou tranquillisŽe... Toutes les zones du cerveau peuvent •tre affectŽes et avec elles les Ç fonctions È psychiques et physiques quÕelles activent: raisonnement, mŽmoire, sensations, vision, coordination, douleur...

4.1.3. Usage et troubles liŽs ˆ lÕusage des substances psychoactives

JusquÕen 2013, les usages de substances psychoactives Žtaient classŽs de la mani•re suivante par les professionnels spŽcialisŽs de lÕAmerican Psychiatric Association (APA) dans la quatri•me Ždition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux [98] :

- LÕusage (ˆ risque) : consommation nÕentra”nant pas forcŽment de dommages immŽdiats pour le consommateur ou pour autrui mais comportant cependant des risques dans certaines situations (grossesse, conduite de vŽhicule / machine, association avec lÕalcool, dÕautres substances psychoactives ou certains mŽdicaments...) ou chez des personnes physiquement ou psychologiquement vulnŽrables.

! %$! - LÕusage nocif (ou abus) : mode de consommation inadŽquat dÕune substance conduisant ˆ une altŽration du fonctionnement ou ˆ une souffrance cliniquement significative, caractŽrisŽ par la prŽsence dÕau moins une des quatre manifestations suivantes au cours dÕune pŽriode de douze mois!.!

1. Utilisation rŽpŽtŽe dÕune substance conduisant ˆ lÕincapacitŽ de remplir des obligations majeures (au travail, ˆ lÕŽcole ou ˆ la maison).

2. Utilisation rŽpŽtŽe dÕune substance dans des situations o• cela peut •tre physiquement dangereux.

3. Probl•mes judiciaires rŽcurrents liŽs ˆ lÕutilisation dÕune substance.

4. Utilisation de la substance malgrŽ des probl•mes interpersonnels ou sociaux, persistants ou rŽcurrents, causŽs ou exacerbŽs par les effets de la substance.

- La dŽpendance : mode de consommation inappropriŽ dÕune substance, entra”nant une dŽtresse ou un dysfonctionnement cliniquement significatif, caractŽrisŽ par la prŽsence dÕau moins trois des sept manifestations suivantes au cours dÕune pŽriode de douze mois :

1. TolŽrance, dŽfinie par lÕune des manifestations suivantes : besoin de quantitŽs toujours plus grandes de la substance pour obtenir une intoxication ou lÕeffet dŽsirŽ ; effet nettement diminuŽ en cas dÕusage continu de la m•me quantitŽ de substance.

2. Sevrage (Ç manque È) se manifestant par lÕun des signes suivants : apparition de sympt™mes, variables selon la substance; la m•me substance (ou une autre) est consommŽe pour soulager ou Žviter les sympt™mes de sevrage.

3. Substance prise en quantitŽ supŽrieure ou pendant plus de temps que ce que la personne avait envisagŽ.

4. DŽsir persistant ou efforts infructueux pour rŽduire ou contr™ler lÕutilisation de la substance.

5. Temps considŽrable consacrŽ ˆ se procurer la substance, la consommer ou rŽcupŽrer de ses effets.

6. Abandon ou rŽduction dÕactivitŽs (sociales, occupationnelles, loisirs) en raison de lÕutilisation du produit.

7. Poursuite de lÕutilisation de la substance malgrŽ la connaissance de lÕexistence dÕun probl•me physique ou psychologique persistant ou rŽcurrent dŽterminŽ ou exacerbŽ par la substance.

! %%! En aožt 2013, la cinqui•me Ždition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de lÕAPA apporte des modifications, supprimant les notions dÕusage nocif (abus) et de dŽpendance pour les regrouper en un seul diagnostic de Ç troubles liŽs ˆ lÕusage dÕune substance ou dÕun addictif È[99].

4.1.4. Des risques individuels et environnementaux aux conduites addictives La survenue dÕune addiction repose sur trois composantes : lÕindividu, le produit et lÕenvironnement (Figure 3) [100].

figure 3. lÕaddiction comme rŽsultante de lÕinteraction de plusieurs facteurs

Parmi les facteurs individuels, les sujets prŽsentant certains traits de personnalitŽ tels que la recherche de sensations, le faible Žvitement du danger et la recherche de nouveautŽs, traits de personnalitŽ plus sensibles aux effets Ç plaisirs È des substances psychoactives ont un risque accru de trouble liŽ ˆ lÕusage des substances psychoactives. Une faible estime de soi et des difficultŽs relationnelles sont des traits de personnalitŽ chez un sujet qui, du fait de leur sensibilitŽ aux effets Ç apaisants È de la substance, placent le sujet ˆ risque dÕaddiction. La prŽsence dÕune comorbiditŽ psychiatrique (troubles de lÕhumeur, troubles anxieux, troubles des conduites alimentaires et hyperactivitŽ avec dŽficit de lÕattention par exemple) est Žgalement ˆ risque dÕŽmergence dÕune conduite addictive.

Les facteurs socio-culturels influent sur les attentes des individus envers les produits, les modes de consommation, la pŽrennisation des conduites addictives et les rŽactions sociales vis-ˆ-vis des conduites. Dans les ŽlŽments liŽs ˆ lÕenvironnement figurent les facteurs familiaux en lien avec les habitudes de consommation ou de non-consommation et le

! %&! fonctionnement familial (conflits, Žv•nementsÉ.), les facteurs culturels mais aussi le r™le des pairs [97].

Dans les modalitŽs de consommation, plusieurs facteurs sont relevŽs comme facteurs de risque de lÕinstallation dÕune dŽpendance parmi lesquels la prŽcocitŽ de la consommation et lÕeffet recherchŽ ˆ la consommation mais aussi la rŽpŽtition, la persistance et le cumul des consommations accroissant les risques dÕune installation de la dŽpendance [97].

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