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CHAPITRE 2 REVUE LITTÉRAIRE

3.1 Introduction

En robotique mobile, le problème de suivi d’une séquence de points de passage vise à générer le mouvement qui mènera la plate-forme à traverser efficacement chaque point consécutif. Dans cette perspective, ce chapitre élabore lois de contrôle satisfaisant les limitations cinématiques et dynamiques du système, la précision d’atteinte des points de passage, les contraintes temporelles et, si possible, le profil de conduite désiré par l’usager.

La séquence de points de passage est souvent obtenue par planification de chemins discrets dans un graphe de connectivité (LaValle, 2006), mais peut également être générée à l’aide de techniques d’exploration réactive (Wang et al., 2008).

De manière classique, le suivi d’une séquence de points nécessite un deuxième niveau de plani- fication visant l’obtention d’un chemin continu, ensuite utilisé par un contrôleur de suivi de chemin (path-follower). La forme des chemins reliant les points doit être lisse en vue de produire des mou- vements qui satisfont aux contraintes cinématiques et dynamiques du système. Ces chemins sont ainsi construits à l’aide de lignes et de segments d’arc (Dubins, 1957), de courbes polynomiales (Nelson, 1989), de clothoïdes (Fleury et al., 1995), de courbes de Bézier (Arakawa et al., 1995), de B-Splines (Munoz et al., 1994) ou de cubiques spirales (Kanayama et Hartman, 1997). Les contrô- leurs de suivi de chemins continus travaillent habituellement avec une vitesse linéaire constante (Chwa, 2004/07/), (Huang et Tsai, 2009), (Normey-Rico et al., 2001), (Egerstedt et al., 2001), (Raffo et al., 2009), (Scaglia et al., 2009), bien qu’elle puisse parfois varier selon le rayon de cour- bure du chemin (Gulati et Kuipers, 2008), (Munoz et al., 1994), (Macek et al., 2005). La vitesse angulaire est obtenue par une loi de contrôle en boucle fermée visant à réduire l’erreur d’orienta- tion, par exemple, à l’aide d’un contrôleur proportionnel-intégral-dérivé (PID) (Normey-Rico et al., 2001), d’un contrôleur robuste (Scaglia et al., 2009), (Park et al., 2009), d’un contrôleur par mode de glissement (Chwa, 2004/07/) ou autres (Egerstedt et al., 2001), (Huang et Tsai, 2009), (Raffo et al., 2009). Toutefois, l’utilisation d’une vitesse linéaire constante nécessite qu’elle soit fixée à de faibles valeurs, sans quoi d’importantes accélérations centripètes pourraient être induites lorsque le rayon de courbure est faible. En parallèle, les lois de contrôle utilisées pour la vitesse angulaire ne prennent pas implicitement en considération les contraintes cinématiques. Ces contraintes ne font que borner à posteriori la commande angulaire et peuvent ainsi introduire de l’instabilité dans

le contrôle (Kim et Minor, 2007) Or, cette façon de générer la commande angulaire rend difficile l’obtention d’un comportement de conduite précis, stable et prévisible. L’utilisation d’un contrôleur de suivi de chemin classique, opérant sur un chemin continu facultatif1, n’est pas optimale, d’une part, à cause du manque d’anticipation et, d’autre part, du fait que ce chemin est statique.

Le manque d’anticipation est dû au fait que les vitesses de référence varient en fonction des erreurs de configuration courantes et précédentes, et non en fonction des configurations futures. Cette absence de prise en considération des états futurs dans les lois de contrôle s’explique bien du fait qu’elles sont empruntées des théories de compensation classiques où la commande est toujours adaptée en fonction des expériences antérieures. Pourtant, cette absence d’adaptation des vitesses de référence aux contextes futurs peut exiger des mouvements brusques ou inaptes à assurer le suivi du chemin2. Pour une meilleure anticipation, la théorie de la commande optimale (Bryson et Ho, 1975) permet la planification du mouvement de la cible jusqu’à la plate-forme, par rétro- propagation, en minimisant une fonction de coût visant par exemple à réduire les accélérations et les vitesses de déplacement. Toutefois, le comportement résultant d’une configuration des poids accordés aux critères est difficile à prédire, conduisant également à une stabilité et à une sécurité plus difficile à garantir. De plus, la théorie de la commande optimale ne règle pas simultanément le problème de planification de la trajectoire et de planification du mouvement (la trajectoire ou les vitesses doivent être fixées à priori). Nonobstant l’utilisation de la théorie de la commande op- timale, le principe de rétropropagation sera employé dans notre approche pour la détermination d’une vitesse cible sur chaque point de passage.

D’autre part, la compensation d’erreurs sur un chemin statique n’est pas idéale dans la me- sure où le chemin le plus approprié (par sa forme et sa longueur) vers la cible change selon la pose courante de la plate-forme. Ainsi, dans (Arakawa et al., 1995), il est proposé d’actualiser continuellement la trajectoire de référence à partir de la pose courante. Nous montrerons que cette actualisation du chemin peut être évitée en intégrant directement à la loi de commande les critères cinématiques employés dans la construction du chemin.

Ce chapitre introduit une approche qui réalise le suivi d’une séquence de points en respectant le comportement de conduite désiré, la précision requise sur le passage des points et les modes de déplacement (avant/arrière) spécifiés. Cette approche se base sur une loi de commande anticipative qui est fonction de l’état courant (position et vitesses) de la plate-forme relativement aux contextes futurs. Aucun chemin continu n’est requis entre les points de passage, l’allure du chemin effectif étant une conséquence du profil de conduite assigné. Une méthode de compensation des délais 1Le chemin continu est facultatif au sens que sa forme n’est pas contrainte. La contrainte se limite à traverser

efficacement les points de passage avec la précision désirée.

2Ceci est le cas, par exemple, pour une automobile qui ne ralentit pas à l’approche d’une courbe devenant subitement

très prononcée. Soulignons que l’importance de l’anticipation est bien connue pour la conduite d’une automobile (SAAQ, 2006), où le chauffeur doit toujours regarder, non pas au côté de l’automobile à la position où elle devrait se trouver à l’instant courant, mais dans la direction où elle doit se rendre.

et des pôles assure un contrôle efficace même en présence d’une réponse dynamique lente de la plate-forme. Une adaptation automatique des paramètres de conduite permet enfin l’atteinte de contraintes temporelles.

Le chapitre est subdivisé comme suit. L’exposé du problème est présenté à la section 3.2 et la définition du profil de conduite à la section 3.3. La méthode de suivi de séquence de points de passage est détaillée à la section 3.4, suivie d’une analyse de la convergence à la section 3.5, de l’atteinte de contraintes de temps à la section 3.6 et de la technique de compensation des limitations dynamiques à la section 3.7. Les résultats expérimentaux sont finalement présentés à la section 3.8.

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