• Aucun résultat trouvé

INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE

L‟hypothèse de neutralité monétaire est au cœur de l‟analyse de la formation des prix, de la production et de la distribution des revenus. Elle conditionne la possibilité d‟infléchir les mécanismes d‟offre et de demande sur un marché, et impose la connaissance des implications sous-jacentes à toute intervention. Dans cette optique souvent qualifiée d‟approche en termes de stocks et de prix, l‟on suppose l‟indépendance de l‟offre et de la demande qui, par leur rencontre, déterminent les niveaux de prix et des quantités échangées. L‟équilibre global qui en résulte se prête en outre à une caractérisation de l‟activité économique par des identités macroéconomiques. Ces identités sont fondamentales pour la correction des déséquilibres susceptibles d‟apparaître dans l‟activité.

La possibilité de corriger les déséquilibres ci-dessus par des politiques conjoncturelles notamment, se fait selon que l‟on admet l‟incidence des grandeurs monétaires sur les grandeurs réelles ou non. La neutralité, puisqu‟il s‟agit d‟elle, doit par conséquent être évaluée à l‟aune de ses fondements à savoir la stabilité des comportements de demande de monnaie et la constance des habitudes de paiements. Ces deux propriétés sont le gage de la transmission des impulsions monétaires vers les sphères réelle et financière et partant, de toute tentative de modélisation du comportement des autorités monétaires. Microfondements, rationalité et comportements dynamiques et optimisateurs permettent de ce fait d‟infléchir cette tentative de modélisation vers la réalité économique.

A l‟approche en termes de stocks et de prix, s‟oppose l‟analyse en termes de circuit. Le circuit économique établie une circularité entre les agents économiques, de manière à présenter la création de richesse comme une activité cyclique fermée. Il a été

défini au 18ème siècle par le Docteur François Quesnay et met en évidence la tripolarité

de l‟interdépendance en économie : la production détermine les revenus qui déterminent la dépense pour acquérir la production initiale. Les recettes issues de ladite production peuvent de ce fait être en partie réinvesties pour produire. Ainsi, le principal intérêt du circuit est de montrer que toute modification ou choc affectant un agent économique peut avoir des effets sur les autres agents et dont l‟ensemble du circuit.

Une combinaison des deux approches ci-dessus, qualifiée de cadrage macroéconomique a été élaborée par le Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre de son appui aux pays en développement. Celui-ci considère l‟économie comme divisée en quatre grands comptes dont les comptes nationaux, la balance de paiements,

le Tableau des Opérations Financières de l‟Etat (TOFE) et la situation monétaire. Les flux entre secteurs y sont retracés en respectant les principales identités macroéconomiques et à l‟aide de coefficients tels que les ratios, les moyennes, les proportions, les propensions, les élasticités, …. Ce cadre comptable permet de ressortir l‟interdépendance entre les agents économiques et leurs opérations, et d‟effectuer des prévisions économiques.

Les prévisions ci-dessus sont néanmoins limitées par le fait que le modèle n‟est qu‟une représentation simplifiée de la réalité. En outre, l‟approche en termes de circuit à l‟instar de son opposée ne considère que très peu d‟agents et ne retrace que très peu d‟opérations économiques liant ces agents. Les flux d‟épargne et d‟investissement sont ainsi négligés entre les entreprises et les ménages, de même que tous les flux s‟établissant avec les autres agents économiques. Associé à la critique de Lucas, cet ensemble de limites conduit de plus en plus à abandonner les cadres macro comptables dans l‟élaboration et la simulation de politiques macroéconomiques, au profit de relations microfondées, rationnelles et dynamiques décrit par la nouvelle synthèse néoclassique.

Le consensus théorique issu de cette nouvelle synthèse a, en admettant des effets réels de la monnaie à court terme, cantonné la neutralité monétaire au long terme. La validation empirique de cette conjecture devait de ce fait, en rapport avec la critique de Lucas, passer par la construction de modèles micro fondés à anticipations rationnelles, débouchant sur la quantification de l‟ampleur de l‟action de l‟autorité monétaire. Quoiqu‟absentes de ce schéma, vitesse de circulation et demande de monnaie n‟en demeurent pas moins importantes. Ces modèles supposent en effet que les modifications des taux directeurs à travers les règles monétaires qu‟ils incorporent impactent ces deux agrégats. Ils supposent en outre et surtout que soient connues avec précision, les comportements des agents économiques, et les canaux qu‟empruntent leurs décisions pour se répercuter sur les sphères réelle et financière.

Cette première partie destinée à une évaluation des fondements contemporains de l‟hypothèse de neutralité monétaire en Zone franc revient sur cette problématique, au travers de deux chapitres. Le chapitre premier jette les bases de son examen. Premièrement, il a été question de s‟assurer de la stabilité des comportements des agents en matière de demande de monnaie et de constance ou de stabilité de leurs habitudes de paiements. Leur invariance est en effet une condition sine qua non de la

bonne transmission des impulsions monétaires vers les sphères réelle et financière. Deuxièmement, cette transmission est devenue notre point de mire. La question est alors de connaître le temps nécessaire pour que les impulsions monétaires se dissipent complètement et surtout, si elles sont persistantes dans la zone.

Quant au chapitre deuxième, il s‟intéresse à la capacité de la politique monétaire de contrôler l‟inflation, compte tenu de sa prévisibilité. Une analyse des prévisions inflationnistes est ainsi effectuée, préalablement à l‟examen de la possibilité qu‟a cette autorité de contrôler celle-ci. Son action n‟est en effet efficace que si l‟information apportée par l‟indicateur suivi est pertinente. Ainsi, un examen de l‟Indice des Prix Harmonisés à la Consommation (IHPC) a été effectué, aussi bien pour ce qui est de sa méthodologie de calcul que de sa capacité à retracer le vécu quotidien. Dans cette optique, nous calibrons un modèle d‟équilibre général dynamique stochastique pour chaque sous-région, avec prise en compte de l‟interdépendance avec la zone Euro. Ce modèle permet d‟expliquer les dynamiques constatées, par la distinction entre firmes domestiques et firmes tournées vers l‟importation puis banques à capitaux domestiques et banques à capitaux étrangers.

Concrètement, le cadre retenu permet d‟apprécier simultanément la capacité de l‟autorité monétaire à stabiliser l‟inflation et/ou le produit. Sa version standard combine trois relations micro fondées et rationnelles des comportements des agents économiques dont : (i) une relation d‟offre ; (ii) une relation de demande et ; (iii) une règle monétaire. Pour prendre en compte l‟intégration de plus en plus poussée des économies, une attention particulière a été accordée à la spécification de la relation d‟offre (Olafsson, 2006) ainsi qu‟aux méthodes de calibrage idoines. Cette prise en compte de l‟extérieur a été largement influencée par les travaux de Maurice Obstfeld et Kenneth Rogoff (1995), ainsi que les extensions qui y ont été apportées, visant à inclure l‟impact des chocs extérieurs sur la dynamique des prix.