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Le travail de fin d’étude clôt trois années de formation, riches de situations vécues en stage.

Ces situations, que l’on ne pourrait s’imaginer vivre, sont sources d’émotions de toutes sortes, oscillant entre joie et tristesse, stupeur et incompréhension. Il permet de nous initier à la démarche de recherche afin d’apporter un travail d’analyse sur ces situations. J’ai ainsi choisi de travailler sur des expériences qui m’ont marquée dans mon vécu de stage tant par le questionnement qu’elles m’ont apporté que par le vécu particulier que j’en ai eu.

Il me restait au mois de septembre, deux thématiques sur lesquelles je me questionnais. La première était centrée autour du positionnement de l’étudiant infirmier en stage. Quant à la seconde, elle s’axait sur la maltraitance dans les soins. A cet instant, me trouvant dans l’incapacité de choisir du fait d’un fort intérêt pour les thématiques, j’ai envisagé de démarrer mon travail sur les deux sujets jusqu’à la première guidance collective. L’objectif était que la guidance puisse me permettre de faire évoluer ma vision des choses et d’éclaircir mon choix.

o Le premier thème : Le positionnement de l’étudiant infirmier en stage

Deux situations de stage m’ont amenée à me questionner sur le positionnement d’un étudiant en soins infirmiers (ESI) en stage.

Concernant la première, j’étais en semestre 2, en stage en service de réadaptation.

J’accompagnais une patiente de 86 ans aux toilettes. Elle débutait sa rééducation et avait du mal à se déplacer. Un aide-soignant me rejoint pour me proposer son aide. Face à la difficulté dans la marche de cette patiente, il me dit : « A ce moment-là, il n’y a plus qu’à sortir le fusil ». Je reste interloquée par son propos et le soignant sort de la chambre. La patiente me dit alors : « Je sais bien qu’il se moque de moi ». A mes yeux, la réaction de la patiente me confirmait ce que je pensais déjà : les paroles allaient à l’encontre même du principe de bientraitance. Je suis sortie de la chambre, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire ce que j’en avais pensé et à quel point cela était inapproprié et surtout blessant pour la patiente.

Cette situation fit l’objet d’une analyse de la pratique avec ma référente pédagogique.

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Pour la seconde, en fin de deuxième année, j’ai fait face à une situation parallèle vis-à-vis d’un médecin anesthésiste qui n’acceptait pas que sa patiente pleure de douleur pendant qu’il réalisait la rachianesthésie. Afin de lui faire comprendre son mécontentement et son incompréhension vis-à-vis de sa douleur il lui criait dessus : « Oh mais ça va, personne n’a mal d’habitude ! ».

Une infirmière m’a alors demandé d’aller m’occuper de la patiente en essayant d’aller la rassurer. Je me suis présentée à la patiente, je lui ai tenu la main, je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème, qu’elle avait le droit d’avoir mal et que la douleur était totalement subjective. J’ai dit cela au médecin de façon diplomate mais il s’est braqué et m’a crié dessus en m’obligeant à repartir d’où je venais.

o Le deuxième thème : La maltraitance dans les soins

Il est parti d’un constat que j’ai eu lorsque je travaillais en tant qu’aide-soignante pendant les vacances d’été. Lors de mes stages infirmiers, j’ai été confrontée à quelques situations de maltraitances physiques et verbales qui heurtaient mes valeurs du prendre-soin, de la bientraitance dont les situations citées en amont en sont l’exemple même. Cela m’interpellait et je me disais que je ne voudrais pas rentrer dans cette pratique.

Cependant, lorsque je travaillais pendant l’été, je suis restée étonnée par ma façon de faire.

J’avais tendance à moins prendre le temps, être un peu moins à l’écoute au fil des jours. Je me suis alors rendue compte que je m’approchais de ce côté maltraitant ordinaire qui me heurtait. Je me suis reconnue dans certaines manières de faire, vues dans les précédents stages. De ce fait, j’avais cette envie de pousser plus loin mon analyse sur ce sujet.

A la suite de la première guidance individuelle, j’ai fait le choix d’orienter le présent travail de fin d’étude sur le premier thème : Le positionnement professionnel des étudiants infirmiers en stage.

o Mais pourquoi ce choix ?

Finalement, mon choix s’est assez vite orienté. Je n’avais pas envie de me questionner sur la maltraitance. En effet, ce n’était pas le cœur de mes interrogations bien que ce sujet apparaisse dans les deux idées de thème.

En réalité, les situations de positionnement professionnel que j’ai décrites font partie des situations qui ne m’ont pas laissée indifférente lors de mon parcours de stage.

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Durant trois années, on nous répète que la place de l’étudiant infirmier est complexe.

Effectivement, je pense que si j’avais été professionnelle dans de telles situations, je n’aurais pas hésité à me positionner à l’encontre de telles pratiques. Cependant, en tant qu’étudiante, j’ai eu cette incertitude et je ne savais pas si je pouvais me permettre de prendre position.

Par ailleurs, lors des retours de stage en groupe, à plusieurs moments, j’ai perçu des situations similaires aux miennes qui laissaient les étudiants perplexes quant à la position qu’ils devaient prendre. A ce jour, je ne comprends toujours pas pourquoi. Mais pour quelles raisons un étudiant aurait-il du mal à se faire entendre par les équipes ? Est-ce-que son statut lui impose de tout accepter même si cela va à l’encontre de son faire et de son savoir-être enseignés durant ces trois années ?

C’est de cela dont j’ai envie de parler. Je veux essayer de comprendre ce qui se joue au niveau de l’étudiant. Je veux parler du statut de stagiaire auquel nous sommes confrontés pendant la moitié de notre formation, ce statut si compliqué à décrire et qui pourtant participe grandement au positionnement professionnel d’un étudiant. Du moins, c’est le constat que j’ai pu faire quand j’ai réfléchi à mes situations et à celles de mes collègues de promotion.

Au-delà de ces interrogations en suspens, j’ai l’impression que c’est un sujet qui peut m’ouvrir sur de vastes pistes de réflexions où j’aurais la chance de pouvoir allier les opinions des professionnels tout autant que celles des étudiants. Je trouve que d’avoir ces deux orientations ne peut que rendre plus riches les réflexions qui en découleront.

o Cheminement vers un questionnement initial

Cette thématique et les situations associées ont suscité chez moi les premiers questionnements suivants :

- Qu’est-ce-que le positionnement professionnel ? - Que représentent nos valeurs professionnelles ?

- L’ESI a-t-il le droit de se positionner vis-à-vis de ses professionnels encadrants ? Si oui, sur quoi peut-il se positionner ?

- De quelle manière le positionnement professionnel d’un stagiaire à l’encontre de l’équipe est-il perçu par cette dernière ?

- Peut-on refuser, en tant qu’étudiant une pratique courante ou non dans un service lorsqu’elle est à l’encontre de nos valeurs et des bonnes pratiques ?

De part ces questionnements, je viens à me poser la question de départ suivante : Dans quelle mesure l’ESI a-t-il le droit de se positionner face à une équipe?

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