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INTRODUCTION

Dans le document Direction de la faune et des habitats (Page 12-15)

À l’échelle mondiale, la régularisation et la détérioration des eaux des rivières exercent des impacts sur la qualité et la quantité des habitats aquatiques et riverains et, par conséquent, sur les communautés ichtyologiques et la dynamique des populations de poissons (Benke, 1990 in Freeman et Freeman, 1994). Les pertes d’habitats sont un des facteurs primordiaux du déclin de populations d'espèces indigènes en Amérique du Nord (Williams et al., 1989 in Freeman et Freeman, 1994).

Dans la foulée de la Stratégie mondiale de la conservation, le Québec s’est doté d’un projet de développement de la gestion intégrée des ressources renouvelables (forêt, faune et eau), lequel prend aussi en considération la protection du paysage (Gouvernement du Québec, 1991). Un de ses objectifs fauniques consiste à déterminer la disponibilité et la valeur des habitats pour différentes espèces.

L’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) est l’espèce la plus récoltée par la pêche sportive au Québec (MPO, 1994). Bien qu’il ait fait l’objet de nombreuses recherches dans la province, la majorité de ces travaux ont porté sur les populations lacustres. En effet, l’habitat et la biologie de l’omble de fontaine en rivière sont peu connus sur le territoire québécois. Or, les gestionnaires de cette ressource halieutique en rivière doivent occasion-nellement évaluer l'impact, sur celle-ci, de projets de développement ou d'exploitation, de sources de pollution ou d'aménagements visant sa conservation ou sa mise en valeur. Pour y arriver, ils disposent de moyens nécessitant un effort d'échantillonnage majeur comme les estimations de biomasse par électropêche ou par la technique de marquage-recapture. Ces méthodes sont particulièrement onéreuses, tant en ressources humaines que financières.

Certains outils ont été développés aux États-Unis et dans d’autres provinces canadiennes, sous la forme d’indice de la qualité de l’habitat (IQH), mais ils ne peuvent être utilisés au Québec en raison de leur spécificité locale. En effet, la validation de ces indices a démontré qu’il existe une très forte variabilité spatiale dans les évaluations qu’ils produisent et dans

l’influence relative de chacune des variables qui les composent, ce qui empêche leur exportation hors des régions où ils ont été mis au point (Bowlby et Roff, 1986; Fausch et al., 1988; Shirvell, 1989; Schmitt et al. 1993). Une forte variabilité interannuelle a même été mise en évidence pour une même rivière (Schmitt et al., 1993).

Le seul outil simple permettant d’évaluer la capacité de production et de récolte de l’omble de fontaine en rivière disponible au Québec est un logiciel, Potsafo version 1.1, qui se base sur les caractéristiques physiques de la rivière mises en relation avec des données de dynamique des populations réelles ou théoriques (Bérubé et Therrien, 1994). Cet outil est actuellement au stade d’essai et nécessite une validation in situ avant de pouvoir être utilisé in extenso. De plus, il présente deux contraintes majeures : l’évaluation s’appuie principalement sur le type de faciès d’écoulement (rapide, seuil, bassin, etc.) ainsi que sur la granulométrie du substrat (sable, caillou, gravier etc.) et il est calibré principalement pour les stades juvéniles. Malgré la mise en garde émise par les auteurs du logiciel à propos de la validation qui reste à faire, il a déjà été utilisé à plusieurs reprises, notamment dans le contexte d’évaluation d’impacts. Cela démontre le besoin qui existe pour un tel outil.

Dans le contexte du projet de développement de la gestion intégrée des ressources (GIR) et des mandats qui incombent à la Direction de la faune et des habitats, le ministère de l’Environnement et de la Faune (MEF) a jugé opportun de mettre au point un outil complé-mentaire qui serait plus performant pour le stade adulte et qui s’appuierait sur les variables jugées les plus déterminantes pour le Québec, parmi l’ensemble de celles utilisées dans les modèles existants. La revue des nombreux IQH utilisés en Amérique du Nord démontre qu’il existe, en plus du faciès et du substrat, d’autres variables omniprésentes dans la majorité des modèles déjà mis au point (Binns et Eiserman, 1979; Raleigh, 1982; Bowlby et Roff, 1986; Lanka et al., 1987; Bozek et Rahel, 1991; Modde et al., 1991; Schmitt et al., 1993; Stoneman et al., 1996).

Un tel outil pourrait servir, entre autres, à :

évaluer la perte de production halieutique lors de projets ou d’incidents qui entraîneraient une perturbation des habitats à omble de fontaine en rivière. Ce type d’information est requise en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune du Québec et de la Loi sur les pêches du Canada;

faciliter la gestion intégrée des ressources en ce qui a trait à l’exploitation forestière dans une région où il y a un potentiel de production d’omble de fontaine en rivière;

accorder la priorité à certains cours d’eau lors de projets de mise en valeur de la production de l’omble de fontaine afin d’optimiser la rentabilité des investissements con-sentis.

Le présent document couvre la phase I de ce projet, soit effectuer une revue de la docu-mentation disponible et choisir les variables jugées pertinentes. Il explique comment le choix des variables a été effectué en fonction des objectifs visés, décrit chacune des varia-bles retenues et identifie les activités requises pour valider l’outil avant de pouvoir l’utiliser.

Cette étape de validation constituera la seconde phase du projet et mènera à la production d’un outil souple utilisable dans l’ensemble de la province.

Dans le document Direction de la faune et des habitats (Page 12-15)

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