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Introduction au contexte social dans les romans de Burney, Austen et Ferrier

DES NOTIONS ESSENTIELLES

1- Introduction au contexte social dans les romans de Burney, Austen et Ferrier

Etant donné les limitations de l’espace féminin de l’époque, il est nécessaire de souligner au préalableque cette introduction peut sembler distordue ; en effet, le monde des romans féminins et de leur satire est touché de façon particulière par tous les facteurs qui composent le contexte. Ces rapports texte-contexte seront approfondis lors des analyses mais ici, l’intention est d’exposer un périmètre défini par la sphère des femmes en particulier et le monde dans lequel elles évoluaient en général. Les œuvres de nos romancières sont enracinées dans leur contexte par leur aspect générique (romans de mœurs, voire « Bildungsromane » ou encore « courtship novels » comme les romans de Austen sont parfois catalogués ) ; pour cette raison, nous devons délimiter la sphère sociale dans laquelle les intrigues se situent. La société vue par les femmes est évidemment restreinte et le sous-genre auquel appartiennent leurs romans exige deux sortes d’investigations : la hiérarchie sociale d’une part, que nous allons traiter à présent, et ce qui constitue la vie sociale pour Burney sous George III et sous son fils, qu’il soit Régent ou régnant, pour Austen et Ferrier. Une immersion dans la vie quotidienne de l’époque devient indispensable lorsqu’on étudie un roman de mœurs mais il le devient d’autant plus lorsqu’on traite de la satire. Ce lien avec le contexte est pour J.Paul Hunter une nécessité :

[Novels] are still deeply involved in a complex and distant social history that can be quite puzzling to modern readers. Novels in fact explicitly render manners, habits, customs, and beliefs that differ from culture to culture, and they depend heavily on the particulars of time and place.1

Quant à Wolfgang Iser, il précise que l’acte de langage est toujours contextualisé et que la dimension pragmatique d’un écrit n’est pas saisie sans une enquête sur les divers contextes de l’œuvre :

[…] le contenu propositionnel de l’acte de langage étant contextualisé, [l’acte ] est fixé par la situation et les conditions dans lesquelles sont émises ces propositions. […] la dimension pragmatique n’apparaît pas tant que l’on n’est pas attentif aux nombreux contextes qu’une œuvre de fiction est capable d’assimiler, d’associer et de contenir en vue de les communiquer par l’intermédiaire du texte écrit. […] les phrases écrites du texte de fiction débordent toujours – en tant qu’elles sont des expressions verbales – le texte établi pour placer le destinataire en référence extratextuelle.2

1 J.Paul Hunter, « The Novel and social/cultural history », The Cambridge Companion to the Eighteenth-Century Novel, Cambridge U.P. (1996) 2002, p.10.

2 Wolfgang Iser, L’acte de lecture, Théorie de l’effet esthétique, Mardaga, 1976, chapitre « Le répertoire du texte », p.103.

Notons cette pluralité de contextes qui, comme des poupées gigognes, sont contenus dans l’écrit. Cela s’accorde avec l’idée directrice de ce travail qui veut qu’une satire en cache une autre.

Comment peut-on ainsi relier le rapport immédiat d’un écrit et de son contexte socio-historique ? Parmi tous les facteurs extratextuels qui jouent sur l’écrit, il y a des raisons de croire que l’environnement social ne peut qu’influencer un romancier, à fortiori s’il s’agit de peinture sociale ou de satire. Suivant le même raisonnement, on peut tenir pour logique que les évènements d’un temps vont parler au lectorat original via le raisonnement critique tenu par le romancier, le lectorat possédant un savoir passif des évènements de son temps.

Ainsi Burney nous présente dans Evelina un personnage secondaire d’aristocrate débauché (qui est aussi régulier dans le roman du 18ème siècle que celui du petit-maître) et égocentrique, un hypocrite immoral : Lord Merton. Ce n’est probablement pas un hasard si plusieurs scandales aristocratiques ont été reportés par les journaux un peu avant que ne soit écrit Evelina. Ainsi avons-nous Lord Baltimore jugé pour viol en 1768, et la duchesse de Kingston jugée pour bigamie en 1776. Enfin, le jeune Lord Lyttelton1 se construisit une renommée de débauche et d’excès lors de son grand tour d’Europe, avant de mourir prématurément en 1779. Il est naturel de penser que Burney comme ses lecteurs avaient dans leur connaissance passive l’écho de frasques semblables.2

C’est volontairement que l’introduction à la société Georgienne sera tout au long de la thèse limitée aux points essentiels dans une mise en rapport avec les romans analysés.

Commençons par le choix que font nos romancières de situer héros et héroïnes dans la société dite « polie ». L’ancien mot français « honnête » avait du 17ème siècle et jusqu’à la révolution une signification voisine, incorporant raffinement de l’esprit, courtoisie et droiture3. Néanmoins, le mot ayant changé de sens, nous conserverons la transcription de

« poli » étant donné qu’en Angleterre, la société « polie » avait peut-être de l’esprit et un sens de la courtoisie très variable, mais la droiture ne faisait pas forcément partie de la panoplie. Le choix de la société « polie » est presque automatique dans le monde du roman féminin de l’époque, à moins d’étude particulière sur les classes pauvres. En plus de la société « polie », nos romancières observent la gentry et se hasardent dans la noblesse –

1 Jeune, par opposition à son père George, Lord Lyttelton, célèbre pour sa piété, sa culture et son raffinement.

2 Nous retrouvons les mêmes fracas sociaux dans Mansfield Park, avec Tom Bertram qui faillit en perdre la vie, sa sœur qui fuit le lit conjugal pour retrouver son amant, et, en filigrane, les curieux principes de Miss Crawford.

3 Comme dans La princesse de Clèves de Madame de Lafayette.

souvent pour des piques satiriques. Quant à Burney, elle parle du monde du « Ton »1, autrement dit le monde qui se plie aux lois des modes, sans faire de distinction entre les classes moyennes riches, la gentry ou l’aristocratie.

Ce mélange de divers paliers sociaux qui se rejoignaient dans les mêmes lieux, les mêmes salons et les mêmes bals, est particulier ; cela est vrai pour toute cette période de découvertes et de nouveautés, d’ouverture sociale grâce aux progrès de l’alphabétisation, de soubresauts fantasques où les fortunes s’assoient tandis que d’autres s’écroulent, d’extravagance dans les fêtes et les costumes comme dans les premières manifestations de ce phénomène nouveau qu’est la mode, le tout en parallèle avec des divergences fortes entre milieu rural et milieu urbain, pauvres et riches.

Les dernières décennies du 18ème siècle voient se constituer plusieurs catégories sociales, dont celle des ouvriers que l’on nomme encore « journeymen and labourers », et celle de classes moyennes encore mal définies. Nous avons très peu affaire à la classe des ouvriers chez les romancières, et nous allons donc nous attarder surtout sur les classes moyennes (ou « the middling sort »)

Une partie de cette classe est composée des premiers employeurs qui, tout comme les ouvriers qui commencent à connaître les difficultés du travail en manufacture, voire usine (pour les grandes forges), voient se transformer leur façon de vivre à une cadence accélérée. En parallèle avec ces premiers « industriels » des filatures, des importateurs, des artisans les plus célèbres comme l’ébéniste imaginatif Chippendale et le porcelainier Wedgwood, les grands artistes comme Reynolds et le Dr Burney en fin de carrière, des médecins ou des juges voyaient leur statut social progresser à la même vitesse que celle du déclin des « cottagers » qui n’avaient plus moyen de faire paître leur unique vache en lisière des grandes propriétés à cause des enclosures.2 De fait, pour Paul Langford, la particularité majeure du 18ème siècle est l’apparition d’une vaste classe sociale, hétérogène et polymorphe, qui s’installe entre les très pauvres et les très riches.3 Pour Leonore Davidoff et Catherine Hall, l’idéal domestique devenait plus répandu dans la classe moyenne parce que celle-ci en avait enfin les moyens, mais elles précisent que la pauvreté en sources premières

1 En français dans le texte, avec toutes les nuances implicites de modes importées de France que l’emploi d’un tel mot français peut avoir.

2 L’unique vache est un exemple. Etant donné le choix délibéré de nos trois romancières, les « cottagers » n’entrent pratiquement pas en ligne de compte sauf dans certains passages non satiriques (heureusement) chez Burney.

3 Paul Langford écrit : « The true conclusion, one substantially achieved by the middle of George III’s reign, was not a nation of gentry, but a powerful and extensive middle-class. » Paul Langford, A Polite and Commercial People, England 1727-1783, Clarendon Press, Oxford, (1989), 1998, chapitre “Progress of Politeness”, p.67-68.

pour cette époque et dans le contexte des classes moyennes nous invite à éviter toute généralisation. D’après elles, plusieurs sphères séparées commençaient à se mettre parallèlement en place. Ceci dit, la conclusion de leurs recherches démontre que l’on peut tendre à rétrécir cette classe moyenne autour du commerce :

New work on consumption has brought those middling people into a different perspective as we have grasped the diversity of their tastes, the elaboration of a consumer culture and the relation between that commercial world and urban politics.1

C’est cette grande classe sociale qui constitue le berceau de bien des écrivains et procure aux romans féminins un grand nombre de lectrices (et de lecteurs), notamment par une convergence de préoccupations quotidiennes. L’alphabétisation, bien qu’inégale entre ville et campagne, avait énormément progressé. En sus de l’école, un grand nombre de manuels permettaient d’apprendre à lire par soi-même, tandis que la couche plus aisée de cette même classe moyenne, apprenaient à lire à la maison comme l’ont fait Burney et Ferrier. Les éditeurs commencèrent à bien vivre de leur travail au milieu du 18ème siècle, la plupart étant situés à Londres.2 En 1777 sortaient les premiers « livres de poche »3 et dans la décennie suivante les éditeurs se mettaient aux soldes et à la vente au rabais pour certains livres invendus.4 La lecture était à la mode parce que, pour appâter les lecteurs, on publiait sur toutes sortes de sujets. En outre, les conférences qui avaient régulièrement lieu dans les villes et portaient souvent sur les sciences, poussaient les gens à en connaître davantage sur ce qu’ils avaient entendu. Un conférencier de l’époque, Benjamin Martin, proclamait :

« Knowledge is become a fashionable thing and philosophy is the science à la mode ! », et un autre, James Ferguson, conférencier entre 1760 et 1770, devint un chef de file dans la publication de manuels de sciences.5

1 Leonore Davidoff, Catherine Hall, Family Fortunes, Men and Women of the English Middle Class 1780-1850, Routledge, London & New York, (1987) 2002, p.xx. Elles donnent une courte bibliographie sur le même sujet, que voici: Margaret Hunt, The Middling Sort. Commerce, Gender and the Family in England 1680-1780 (University of California Press, 1996); John Smail, The Origins of Middle-Class Culture: Halifax, Yorkshire, 1660-1780, (Cambridge U.P., 1998); Katherine Wilson, The Sense of the People. Politics, Culture and Imperialism in England, 1715-1785 (Cornell U.P., 1994).

2Avec quelques notables exceptions, comme Collins à Salisbury, qui vendait ses livres dans tout le pays.

D’autres éditeurs étaient spécialisés, dans les sermons et les textes sacrés par exemple, comme les Rivington.

3 Ainsi la Vie des Poètes (Lives) publiée par John Bell.

4 Paul Langford précise que c’est un dénommé James Lackington qui adapta aux livres des techniques de vente qui permirent à la fin du siècle de multiplier par quatre la vente de livres en l’espace de vingt ans. Voir : Paul Langford, A Polite and Commercial People, England 1727-1783, Clarendon Press, Oxford, (1989) 1998, chapitre « The Progress of Politeness », p.94.

5 Rapporté par Roy Porter, English Society in the Eighteenth Century, Penguin (1982) 1991, chapitre « Having and enjoying » p.240.

Avec le recul, on voit se manifester le désir d’apprendre et forcément de lire et d’écrire, de toute une masse de gens, autant par les conférences que par les romans à la mode. Le latin et le grec demeuraient les domaines exclusifs des lettré(e)s. Apprendre était autant un geste à la mode que toute autre démarche pour se hisser sur l’échelle sociale – comme nous le décrit Austen de Mr Martin dans Emma, via le discours rapporté de Harriet – et accessoirement1, vers l’état de « gentility », autre terme dont la signification se situe entre « poli » et « gentry », et un état où la subordination est censée peser moins lourd. Ce désir d’apprendre touche en particulier les gens qui révèrent l’éducation, peut-être parce qu’ils n’en ont pas eu eux-mêmes, et veulent en faire bénéficier leurs enfants.2

Avec l’alphabétisation d’une partie grandissante de la population vint l’époque où les livres firent partie du quotidien à la mode : c’était l’avènement des bibliothèques, avec pour commencer les « circulating libraries » dont la définition est donnée plus haut3 ; on trouvait ces « librairies-bibliothèques de prêt » dans les villes (les villes d’eau en avaient toutes) et elles servaient aussi bien d’outil social comme on le voit dans Northanger Abbey, permettant aux lecteurs à la recherche de livres de se rencontrer dans leurs locaux. Mais il y avait mieux que les « circulating libraries » : des bibliothèques plus sérieuses (elles offraient des livres pour ceux qui recherchaient une connaissance plus avancée dans des domaines autant littéraires que scientifiques ou philosophiques) se multiplièrent sous George III, et l’on en trouvait généralement une dans chaque grande ville.

L’importance de la lecture était évidemment considérable parce que les livres permettaient d’instaurer un terrain commun à des membres très divers de la société. De fait, dans les romans de Burney, Austen et Ferrier, la lecture est le passe-temps féminin privilégié et ce n’est qu’ensuite que vient la musique. Les romans peuvent être vus comme l’un des moyens de relier les divers éléments sociaux. Dans le texte comme dans la réalité historique, ils pouvaient être lus des diverses strates sociales comme c’est le cas de Burney – lue par le Dr Johnson, Mrs Thrale, Elizabeth Montagu aussi bien que par la reine Charlotte et les princesses royales – ou des romans gothiques comme ceux d’Ann Radcliffe ou de Matthew Gregory Lewis dont le genre inonda vite le marché. Certains de ces romans ont un aspect didactique prononcé, comme cela a déjà été mentionné, et il sera revenu sur ce

1 Et aussi avec beaucoup de chance. Très peu réussissaient le bond social entre obscurité et lumière comme ce fut le cas du capitaine James Cook, fils d’un journalier, ou du paysagiste « Capability » Brown, fils d’un petit commerçant.

2 C’est pour cette raison que les écoles privées se multiplient au 18ème siècle, y compris, en fin de siècle, les écoles de filles comme celle que tenait Wollstonecraft à Newington Green, où l’on y apprenait pas autre chose que lire, coudre, dessiner et s’occuper des enfants. On ouvrit également des écoles « charitables » pour ceux qui ne pouvaient pas payer l’éducation des enfants.

3 Dans I-1.

sujet. Il est important de souligner un fait très particulier et dont Leonore Davidoff et Catherine Hall ont fait le sujet de leurs recherches : au fur et à mesure que s’installait l’ère du progrès technique et de la Révolution Industrielle, les quelques libertés d’expression dont disposaient les femmes devinrent encore plus rigidement encadrées par le pouvoir patriarcal, ce qui se reflète dans deux domaines : les possessions et l’apparence. A partir des années 1780, les possessions immobilières et autres des femmes s’amenuisèrent.1 La femme devint encore davantage la chose à montrer – d’où l’importance croissante de la parure par exemple. Et donc, il est fort naturel d’en conclure que les romans devinrent la seule aire échappatoire que la femme pouvait considérer sienne. Le pouvoir de l’écriture comme relais de sentiments bafoués ou comme source d’évasion devint probablement aussi important pour les jeunes femmes que pour les jeunes filles. Les femmes depuis longtemps mariées devaient appartenir à la sphère privilégiée des femmes aisées – et encore – pour trouver le temps d’apprécier un roman tant la tenue d’une maison et les grossesses successives ne pouvaient leur laisser de loisir. Lynne Agress commence ses recherches à la fin du 18ème siècle et donc ses conclusions ont plutôt trait au 19ème siècle ; néanmoins nous en tiendrons compte puisque ses réflexions s’ajustent parfaitement à des femmes comme Mrs Thrale, par exemple.

The novel provided women with an escape from idleness and boredom – even though, ironically, many novelists stressed women’s idle, domestic, and passive role.[…]

Once a man reached marriageable age he kept remarrying whenever he found himself without a wife. Consequently, fertility in England from the mid-eighteenth century through the nineteenth was higher than in previous time. Author William Thompson brutally substantiates this statistic: “The house is his (the husband’s) with everything in it; and of all the fixtures the most abjectly his is his breeding machine, the wife.’’2

1 Leonore Davidoff explique comment le processus puis l’aboutissement de ses recherches la conduit à ouvrir le débat : « The centrality of marriage has meant that, unlike the case of men, historians of women have been looking in detail at the position of women in relation to property. Although these investigations cover a variety of periods, regions, strata and groups, the general drift of development is clear. Even those sceptical about the actual practices of women, admit that ‘research on property-holding for England, from the early modern period to the nineteenth century, indicates a decline in women’s rights and status regarding property to the constrained mid-Victorian times.’ » Leonore Davidoff, Catherine Hall, Family Fortunes, Men and Women of the English Middle-Class, 1780-1850, Routledge, London & New York, (1987) 2002, p.xxviii. Cet ouvrage très intéressant interroge diverses situations de la femme, et établit un lien entre les femmes mariées et assujetties à leurs maris, et les veuves par exemple. Etonnamment, cet état de fait se retrouve comme une confirmation de ces recherches dans Evelina avec Mrs Mirvan comme femme mariée, et deux riches veuves, l’une raisonnable et l’autre refusant catégoriquement de sacrifier ses plaisirs. Dans ce dernier domaine également, l’ouvrage de Davidoff & Hall est pertinent car il jette un éclairage d’historiennes sur la barrière qui empêche la femme de se livrer au plaisir. Nous sommes donc très loin du libertinage et de Laetitia Pilkington.

2 Citation de William Thompson : An Appeal of One Half of Human Race, Women against the Pretensions of the Other Half, to Retain Them in Political, and Thence in Civil and Domestic Slavery ; in Reply to a Paragraph of Mr Mill’s Celebrated ‘ Article on Government’, London : Longmann, Hurst, Rees, Orme, Brown & Green, 1825. In: Lynne Agress, The Feminine Irony, Women on Women in

Sous la classe des « polis », dont la lecture de romans, de sermons, de traités scientifiques etc. faisait partie des agréments, et plus bas encore que les « journeymen », ces anciens ouvriers, le petit peuple connaissait, lui, peu de progrès et les Lumières ne les éclairaient pas vraiment ; en fait, la condition du petit peuple empirait à la campagne, notamment à cause des enclosures qui détruisaient les droits coutumiers1. Ces droits comme le pacage ou le glanage après la moisson disparaissent une fois les terres clôturées et découpées pour les besoins d’une agriculture en évolution technique et pour la rentabilité.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres.2 Le petit peuple allait donc diversifier les lieux où il cherchait du travail et beaucoup se dirigèrent vers les filatures : ce fut un changement social majeur car dans ces filatures, femmes et enfants travaillaient autant que les hommes à une cadence et dans des conditions qui endommageaient leur santé.3

Les artisans constituaient la seconde classe d’activité, du point de vue du nombre, et

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