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de la communauté rurale

I. INTRODUCTION

L'intégration des leaders locaux dans les programmes de développement de la communauté rurale représente, à l'heure actuelle comme à l'avenir, une des nécessités urgentes. Les raisons en sont les suivantes :

• Pour la majorité des ruraux, les leaders locaux sont un axe de communication et une source d'avis et de conseils sur différents sujets exigeant des décisions spécifiques.

• Leur pouvoir d'influence sur la population rurale au cours des phases d'adoption des innovations, notamment pendant les phases où elle découvre leur intérêt et où elle les évalue.

• Ils sont des groupes de référence pour la population rurale, leur comportement constituant un exemple à suivre dans les différentes situations.

• L'importance de leur rôle pour la diffusion et pour l'adoption des innovations dans l'agriculture et dans la vie rurale. Ce sont les premiers, après les innovateurs, à les adopter et à les diffuser. Ils y parviennent par l'intermédiaire des différents contacts avec les particuliers, les groupes et les organisations auxquels ils appartiennent, et à terme à un grand nombre d'agriculteurs et d'habitants de ces zones (Effet multiplicateur).

• C’est par leur intermédiaire que les programmes et les projets de développement rural mis en œuvre par la vulgarisation agricole et parce que les leaders représentent la structure d’appui de la communauté locale.

• les leaders locaux influents jouissent d'une grande crédibilité qui les habilite à être une source fiable d'information et d'expérience. Les agriculteurs et les habitants ruraux ont besoin d’eux pour améliorer la production agricole et la vie de tous les jours dans ces zones.

• Ils jouent le rôle de catalyseur des contacts avec la population rurale. Ils aident les populations à entreprendre les différentes démarches qui mènent à des prises de décisions pertinentes concernant la manière de gérer les ressources naturelles disponibles, et notamment celles qu’elles ont en commun, comme l'eau d'irrigation.

• Vu l'impossibilité pour les agents de changement (le vulgarisateur agricole ou le spécialiste du développement rural) d'entrer en contact direct avec tous les habitants et les groupements ruraux, ils sont le meilleur moyen pour connecter les uns aux autres. A noter que les leaders ruraux représentent un maillon des différents processus de communication. Cet enchaînement commence au niveau des organes centraux chargés des activités de développement et de changement pour se terminer chez les masses rurales, ainsi que cela ressort de la figure suivante.

Figure 1.

Il est possible que le leader local joue le rôle d’assistant et d’homologue de l'agent de changement para-professionnel. Certains leaders en effet qui ont une forte influence et un grand pouvoir peuvent être choisis et formés pour exécuter des tâches spécifiques. Concernant les programmes et projets de vulgarisation agricole et de développement rural Ils peuvent notamment s’attacher à la gestion des ressources environnementales « critiques » (comme c'est le cas pour l'administration et l'entretien des services, des appareils et des machines d'irrigation). Certains chercheurs (Sandmann & Vandenberg, 1995) considèrent que la philosophie du leadership ne suffit plus pour résoudre les problèmes complexes dont souffrent, à l'heure actuelle, les communautés locales et les organisations. Cette pensée suppose implicitement que le leadership fait partie des personnes ayant la capacité d'inspirer les autres et de les influencer pour résoudre leurs problèmes et réaliser leurs objectifs. Un tel regard qui

Systèmes/organes de changement

(Exemples : ministère de l'agriculture, ministère des affaires sociales)

Agents de changement Vulgarisateurs agricoles

spécialistes de développement de la

communauté rurale

Leaders ruraux locaux

Groupements et organisations d'agriculteurs et habitants ruraux

Masse rurale

(Agriculteurs et population rurale)

fait du leadership un « héros » est souvent fondé sur le constat d’impuissance que l’on peut avoir vis à vis des changements qui doivent s’opérer chez les populations.

C’est ainsi qu’une nouvelle théorie a émergé, celle du leadership qui accompagne un mouvement qui va de la base au sommet (bottom-up) en s'appuyant sur le dynamisme et la structure de la communauté locale. Les deux chercheurs pensent que le développement du leadership au XXIe siècle est aussi un processus « holistique ». Ce processus focalise plus les activités sur les collectivités que sur les individus et repose donc plutôt sur le groupe. Par conséquent, les forces motrices qui vont faire changer le groupe sont essentiellement situées dans les communautés locales,.

Selon ces nouvelles idées, le leadership est passé d'un ensemble d’éléments axés sur l'individu à un fait résolument collectif.

Sept principes d’action sont à la base de cette théorie :

1.

Développer une vision commune : le groupe oeuvre pour édifier et développer une vision participative commune axée sur l'avenir et reposant sur les points forts du groupe.

2.

Diriger ensemble : tous les membres du groupe participent aux processus de direction et chacun porte a une part de responsabilité dans le travail et dans l'action collective.

3.

Apprendre ensemble : le développement d'un leadership efficace dépend du savoir qu’il possède. C'est lui qui fournit la matière nécessaire pour le développement de la vision et pour l'orientation de l'action.

4.

Bâtir la communauté locale : La modernisation d'une collectivité se fait grâce aux relations fortes qui émanent de la confiance existant entre les groupes. Ce sont des relations qui se développent pendant que la vision commune se précise, par l’exercice des responsabilités directives et de l'apprentissage de l'action collective.

5.

Développer l'énergie : accroître l'énergie collective, c'est à dire la capacité du groupe à rechercher ou à intensifier les ressources nécessaires pour atteindre son objectif.

6.

Agir ensemble : en mettant en œuvre des activités axées sur l'énergie collective dans le cadre de la vision élaborée par le groupe. Cela exige un travail en groupes.

7.

Communiquer : il s’agit de renforcer et d’entretenir des relations personnelles profondes entre les individus. Pour améliorer la communication, une formation sur l'initiation au dialogue et à l'écoute pour comprendre les problèmes communs aux différents groupes.

D'après ce nouveau point de vue (Langone, 1992), diriger la communauté locale peut être défini comme étant "un leadership qui inclue l'influence, l’énergie, l'apport des ressources extérieures nécessaires à la mise en œuvre du processus de prise des décision générales dans un seul domaine d'activités ou dans plusieurs".

Le recours aux leaders et aux personnes influentes dans la communauté locale est considéré comme une des stratégies visant le changement de ces communautés. Suivant cette stratégie, cela se fait par les procédures suivantes1* :

• Savoir qui sont les leaders et les personnalités principales influentes dans la communauté locale.

• Comprendre comment ils influent sur le processus de prise de décision ou comprendre comment ils contrôlent ce processus.

• Etablir une relation étroite fondée sur l'amitié et l'entente avec eux. Les individus et les groupements qui proposent et qui planifient des programmes de changement dans la communauté locale ont besoin d'intégrer ou de consulter de tels leaders et de telles personnes influentes au cours des différentes phases de la planification. Si cette

1 Six process for comm. change

intégration n'est pas réalisée avec succès, les planificateurs du programme de changement risquent l'échec ou l'arrêt du programme.

Un des exemples représentant l'application de cette stratégie est celui d'un vulgarisateur agricole qui étudie les personnes influentes pouvant exercer leur prestige dans un lieu ou dans un site ciblés pour la mise en oeuvre d'un programme de développement ou d'un programme visant le changement. Pour renforcer l'efficacité des activités mises en oeuvre en vue de produire le changement social, le vulgarisateur agricole devrait effectuer les opérations suivantes :

• Savoir comment identifier les personnes influentes dans la communauté locale (leaders).

• Faire connaissance des personnes à consulter ou à intégrer dans le processus de planification et de mise en oeuvre des nouveaux programmes de changement.

Comprendre les dynamiques du processus de prise de décision sur les lieux ou sites prévus pour l'exécution du nouveau programme. Un mécanisme composé de huit démarches pourrait être proposé. Il viserait à intégrer des leaders locaux dans le processus de vulgarisation et à tirer profit de leurs pouvoirs et de leurs aptitudes à exercer un effet sur le comportement des autres ruraux. Il viserait aussi à orienter les activités vers la réalisation des objectifs des programmes et des projets de développement rural durable. L'illustration suivante permet de bien distinguer les différentes étapes de ce mécanisme.

Figure 2. Mécanisme proposé pour le choix du leadership et pour intégrer les leaders locaux influents dans les programmes et les projets de développement rural durable

On trouvera ci-après une explication sommaire des différentes démarches successives permettant la mise en oeuvre de ce mécanisme.

II. DEFINIR ET IDENTIFIER LE PROBLEME ET LA TACHE A