Le on ept de transitions de phases doit son origineà la physique de lamatière
ondensée où il a été introduit pour étudier les ara téristiques des systèmes à
plusieurs orps. Pré isément, les transitions de phases sont asso iées à un hange-
mentqualitatifvoire brutaldes propriétés stru turalesdu système en fon tion d'un
paramètre ditde ontrle (température, pression, hamps magnétique, spin du sys-
tème,...). Ce hangement brusquede ertaines observables ara térisant lesystème,
généralementappelées paramètresd'ordre, estatteintàune valeurdu paramètrede
ontrle appelée point ritique [66℄.
Bien que es diérentes notions ont été tout d'abord appliquées à des systèmes
innis, elles sont également projetées à des systèmes à un nombre ni de orps
parfois appelés mésos opiques [67℄ tels que les noyaux atomiques, les molé ules ou
les polymers nis. De telles appli ations sont appuyées par l'existen e, dans es
systèmes, de transitions brutalesentre deux formes ou ongurations géométriques
diérentes.
Dans les noyaux atomiques,une transition de phase peut avoir lieuàl'état fon-
damentalouàbasses énergiesd'ex itation pour des valeursparti ulièresde
N
etdeZ
.Cependant, ilest très importantde noterqu'on ne parle pas d'unetransitionde phase quand il s'agit d'un seul noyau ar 'est une propriété qui ara térise touteune régionde masse.De plus, lestransitions de phaseauxquelles nous nousintéres-
sons au ours de e hapitre prennent pla e à une température
T = 0
etsont dites transitions de phase quantiques [68, 69℄.De nombreuses appro hes ont étéélaborées dans lebutde mettre en éviden ele
phénomènedetransitions dephasedans lesnoyauxatomiquesenparti ulierdans le
adredumodèlegéométrique (CGM)[1℄etlemodèledes bosonsen intera tion[19℄.
Enmodèle olle tif, trois appro hes ont été développées séparément par Ia hello et
portentsurl'étudedestransitionsdephaseenutilisantunhamiltoniendeBohreten
introduisant lanotion de symétries ritiques (relativement aubut de es appro hes
dedé rirelesnoyauxaupointdelatransitiondit ritique).Lapremière,notéeE(5),
onsisteàdé rirela transitionentre un vibrateursphériqueetun noyaudéformé
γ
- instable [70℄. La se onde est appelée X(5) et est onsa rée à étudier la transitiond'un vibrateur sphérique à un rotateur axial déformé [71℄. La troisième méthode,
notéeY(5),portesurl'étudedupoint ritiquelorsd'unetransitionentre desnoyaux
axialementdéformés et eux d'une déformationtriaxiale [72℄.
EnmodèleIBM,leste hniquesutiliséessontdiverses.Unepremièreméthodeutil-
iséedans etaxe onsisteà onsidérerunhamiltoniens hématiqueàdeuxparamètres
et fait appel au formalisme Q- onsistent [73, 74℄. Les deux paramètres du hamil-
tonien sont souvent traités omme des paramètres de ontrle dont la variation
permet de déterminer le as é héant le point de transition entre deux limites du
modèle. Une se onde appro he repose sur la théorie des atastrophes élaborée par
Gilmore [68℄. Elle onsiste à al uler la limite lassique du hamiltonien du modèle
IBMen utilisantlaméthodedes états ohérents[25,75℄.Laminimisationdupoten-
tielainsi obtenupar rapportauxvariablesde surfa e
β2
etγ2
permetde déterminer d'une manière rigoureuse les diérentes formes d'équilibre asso iées au potentielonsidéré. D'autre part, ette appro he ore la possibilité de déterminer l'ordre de
la transition (une transition de phase est dite d'ordre zéro si
Vmin
est dis ontinu au point ritique, du premier ordre si∂Vmin
∂η
(η
étant le paramètre de ontrle) est dis ontinu etelleest du se ond ordre si∂2V
min
∂η2
est dis ontinu).En évoquant les diérentes appro hes onsa rées à l'étude du phénomène de
transitions de phase dans les noyaux, on sera mené à poser la question : omment
unetransitiondephasepeutelleêtreidentiéeàtraversunerégiondemassedonnée?
En fait, plusieurs observables, parfois onsidérées omme des paramètres d'or-
dre, peuvent hanger leur omportement d'une manière brutale auprès du point
ritique. Dans les spe tres d'énergie, notamment eux asso iés aux noyaux lourds,
'est le rapport
R4/2
= E(4
+
1)/E(2+1)
qui en est le premier indi ateur. Ses valeurs évoluent deR4/2
= 2.0
dans les noyaux sphériques àR4/2
= 3.33
dans un rotateur rigide ouR4/2
= 2.5
dans un noyau déforméγ
-instable. Une étude systématique de e rapportpeutalors montrerune augmentation rapideaupointde latransitionsphérique-à-déformée.D'autresrapportsd'énergies omme
E(0
+
2)/E(2+1)
quimesure la déformationdu premierétat0
+
ex ité etE(2
+
γ)/E(2+1)
, où2
+
γ
est lemembre dumultiplet à deux phonons dans les noyaux sphériques et est le premier état de la
bande quasi-
γ
dans les noyaux rotationnels, peuvent également jouer le même rle queR4/2
.Par ailleurs, une transition de phase implique un réarrangement des nu léons
onstituant lenoyau puisqu'une onguration géométrique diérente deviendra én-
ergétiquementfavorisée. Seulement, e sontsurtoutlesnu léons de valen equi par-
ti ipentà e mouvement olle tif quiaurapoureetde modierl'énergielesreliant
au noyau. Ce hangement brutal de l'énergie de liaison des noyaux en fon tion de
leur déformationest fréquemmentillustrédans lesnoyaux pair-pairsen onsidérant
l'énergie de séparation de deux neutrons
S2n
(qui est dénie par la diéren e des énergies de liaisons entre deux noyaux su essifs). L'eet de la déformation sur lamassenu léairenous renseigneàson toursur l'o urren ed'unetransitionde phase
à travers une région de masse [76℄.
Lestransitionséle triquessontégalementtrèsutilesquantaudis ernementd'une
transition de phase. Citons par exemple l'étude des rapports de probabilités de
transitionsquadripolaires
B(E2)
dans lesisotopesdu62
Sm quiamontréun hange- ment brusque du omportement au point de la transition[77℄. Par ailleurs, il aétémontré aussi bien expérimentalement que théoriquement que les plus importantes
transitions monopolaireséle triques
E0
sontasso iées auxnoyaux quipossédentun mélange de deux ongurations géométriques diérentes [78, 79℄. De plus, lesdeuxmodèles GCM et
sd
-IBM prédisentdes transitionsE0
rapides dansles noyaux bien déformés [1,80℄.Comment les transitions monopolaires peuvent-elles être onne tées à la forme
du noyau? Quel est leur omportement vis-à-vis de la déformation nu léaire? La
réponseà esquestions onstituel'obje tifprin ipalduprésent hapitre.Unemanière
depro éderestd'établirunerelation onsistanteentrelestransitions
E0
etlesrayons nu léaires qui sont dire tement liés à la forme du noyau. Notre étude sera menéedans le adre du modèleIBM-1. Nous hoisissonspour nos appli ations lesisotopes
pair-pairsdanslarégiondes terresraresde
Z = 58
àZ = 74
.Cesnoyauxontlapro- priété de hanger de formede sphérique à déformée.Ce hangement étant abruptedans la plupartdes haînes onsidérées, témoigne de l'existen e d'unetransitionde
phase.
Nous ommençons par établir un al ul systématique des spe tres d'énergie des
diérents isotopes. Les fon tions d'onde obtenues par la diagonalisation du hamil-
tonien nous serviront par lasuite à al uler simultanément les rayons nu léaireset