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Intervention auprès d’adolescents

Chapitre 1 : Contexte d’intervention

1.3. Intervention auprès d’adolescents

Notre intervention s’effectue auprès de garçons nés en 2006, âgés de 12 ou 13 ans, vivant ainsi le début de leur adolescence. Période charnière, décrite dans la littérature comme étant une « période sensible du développement », l’adolescence est une période de la vie où la sensibilité à l’environnement est accrue et où les remaniements psychocorporels sont importants.

L’Organisation mondiale de la santé définit l’adolescence comme une « période de croissance et de développement humain qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans. Elle représente une période de transition critique dans la vie et se caractérise par un rythme important de croissance et de changements »140.

Étymologiquement, adolescence provient du latin « adolescere », qui signifie grandir vers – ou devenir – laissant suggérer qu’il s’agit d’un processus, et non d’un état. Catherine Potel décrit l’adolescence comme un « passage symbolique, temps de vie intermédiaire et organisateur. L’adolescence concerne tout le monde, et a des effets sur tous. […] L’adolescence va avoir ses effets de tumulte et de bouleversement, qui vont impliquer un changement corporel et des transformations psychiques, nécessaires à l’intégration de ces changements »141.

D’après Henri Wallon, le développement de l’enfant est discontinu et se réalise selon des stades pendant lesquels une fonction ou un comportement est prépondérant. Les stades se suivent dans une alternance entre des phases centrifuges142 et centripètes143.

L’adolescence serait une période centripète, une période d'opposition, d’évolution vers – et par – l’indépendance où les comportements auraient pour but une recherche d’identité et d’affirmation de soi.

Marquée dans certaines civilisations par des rites initiatiques, l’adolescence reste dans notre société une période charnière, transitoire, avant la vie d’adulte. Bien que les rites évoluent, les adolescents citent parfois plusieurs « premières fois », des étapes par lesquelles

140 D’après https://www.who.int/maternal_child_adolescent/topics/adolescence/dev/fr/ 141 Potel, C., (2015) Corps brûlant, corps adolescent, p 19

142 Périodes de construction de l'intelligence, de développement des connaissances et d’ouverture vers le monde

extérieur.

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ils estiment devoir passer pour « prouver » qu’ils deviennent adultes, comme le premier téléphone, le premier baiser ou parfois la première cigarette, etc.

L’adolescence est marquée par des transformations corporelles, mais c’est aussi par ce corps en changement que les adolescents clament leurs différences et leur volonté d’exister. Alors que les modifications de son corps lui sont imposées, l’adolescent peut asseoir sa maîtrise de lui-même en cherchant à s’individualiser et en se tournant vers d’autres repères que ceux de ses parents. Il ajoute à cette première identification familiale une identification au même groupe d'âge, aux héros collectifs, mouvements d’appartenance pouvant faire contenance. Nous pouvons donc observer chez l’adolescent le désir de se différencier, engendrant parfois des conflits, et dans le même temps de trouver un semblable. Cette nouvelle identité en construction peut être affichée grâce à la « peau » qu’il arbore : ses vêtements, son style, etc.

Ces mouvements d’identifications peuvent être particulièrement présents dans notre contexte d’intervention. Les joueurs s’identifient particulièrement aux joueurs de football professionnels, et se comparent beaucoup entre eux. Il paraît important d’être attentif à ces processus identificatoires.

L’adolescence est également marquée par une crise sexuelle, intrinsèquement liée à des remaniements corporels et psychiques. Via l’acquisition de la maturité génitale, les caractères sexuels secondaires se développent. Dans ce contexte, « l’accès à la génitalité, c’est à dire à un corps sexué et capable de reproduction, fait chanceler l’équilibre de la phase de latence, met en doute le sentiment de soi, dans sa relation aux autres »144. Ainsi, ceci participe

également à une mise en doute de l’identité de l’adolescent. D’importants changements musculaires, de poids et de taille sont à l’œuvre.

Ainsi, en termes de développement psychomoteur, il « semble que, chez les garçons, la précocité de la puberté soit associée avec l’excellence des performances motrices au moment de l’adolescence »145. De manière générale, il apparaît que les acquisitions

psychomotrices sont davantage en lien avec la puberté qu’avec l’âge. Durant le pic de

144 Potel, C., (2015) Corps brûlant, corps adolescent, p 78

145 Benois-Marouani, C., Jover, M., Miermon, A., (2015) Le développement psychomoteur. Dans Manuel

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croissance, en moyenne à 14 ans chez les garçons, la taille augmente rapidement et semble influer de manière significative sur les coordinations motrices. L’adolescent doit mettre en place de nouvelles stratégies d’équilibre et de posture. Généralement, ces stratégies sont opérantes et permettent une augmentation de la rapidité d’exécution motrice.

Pour faire face à tous ces changements, l’adolescent trouve ainsi souvent un nouvel équilibre et peut renforcer son identité. Il pourra par exemple se passionner pour une activité. L’adolescent peut également ne pas réellement faire de « crise », peuvent alors advenir des regrets à l’âge adulte comme s'il avait fait l’économie de se différencier et de s’individualiser. Certains adolescents peuvent manifester des conduites pathologiques, Catherine Potel indique que « les conduites pathologiques (mise en danger, prise de risque, attaques du corps …) sont toujours des tentatives de résolution et une recherche de soulagement des tensions internes. Ces pathologies "adolescentes" vont devenir un appel à soins et interventions tierces autres que l’intervention affective et éducative des parents »146.

Notre intervention a donc lieu au cœur d’une « découverte personnelle », où le corps est en changement, mouvant, et dans une période où les capacités d’apprentissages sont particulièrement performantes, la plasticité cérébrale étant, à ces âges, particulièrement efficiente. En somme, l’adolescence est une période de potentialités et de vulnérabilités, qu’il nous est nécessaire de prendre en compte.