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IV. Discussion

IV.2. Interprétation des résultats

IV.2.1.1. Etude plongeurs

On constate qu’ils ont respectivement consulté dans 65,5% et 8,8% des cas leur médecin traitant ou un médecin généraliste. Si l’on admet que les médecins traitants sont tous des généralistes, cela représente 74,3%. En seconde place, les médecins fédéraux ont rédigé 15% des certificats. A partir de 2014, on peut donc penser que les chiffres ont nettement changé et indiquent un transfert de sollicitation du médecin du sport et du médecin fédéral vers le médecin généraliste, pas forcément au fait des problématiques liées à la plongée.

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Peu importe le niveau des plongeurs, ils consultent à proportion similaire leur médecin traitant, alors que l’on pourrait penser que les plongeurs émérites se tourneraient plus volontiers vers un médecin « compétent ».

On note que les choix du plongeur pour choisir son médecin ont été influencé dans 8,8% des cas par le club de plongée, 6,2% par un ami, 3,5% par le médecin traitant. Les clubs de plongée sont des interlocuteurs privilégiés pour « adresser » les plongeurs vers des médecins « compétent » en plongée. En regardant les réponses « indisponibilité de son médecin habituel » et « proximité du médecin », on peut s’interroger sur ces difficultés d’accès. Peut-être que le plongeur n’a pas suffisamment anticipé son certificat et son projet de plongée. Ce genre de situation pourrait être à l’origine d’une situation peu favorable pour la délivrance du certificat.

En discutant avec les plongeurs j’ai entendu des récits de certificats de « complaisance », certes largement minoritaires, mais inquiétants. Dans le premier cas, le patient n’avait pas été reçu par son médecin traitant, le certificat était disponible à l’accueil du cabinet. Dans le deuxième cas, il semblerait que la personne ait sciemment vu un médecin « non spécialiste » afin de contourner les examens demandés par un médecin fédéral. Le plongeur est décédé lors d’une remontée de plongée. Il est impossible de dire si les examens auraient permis de déclarer le plongeur inapte. Néanmoins, l’issue reste malheureuse.

Dans 29,2% des cas, la recherche d’accident de plongée n’a pas été faite. Il s’agit d’un point majeur de la consultation. Dans l’affirmative, le plongeur peut avoir besoin d’un avis fédéral, être contre-indiqué temporairement, avoir besoin d’examens spécialisés. Le médecin peut également donner des conseils pour tenter de prévenir des situations à risque. Seulement 1 médecin fédéral n’aurait pas demandé s’il y avait eu des accidents de plongée antérieurs.

Lors de l’examen clinique 26,6% des patients n’ont pas bénéficié de l’ensemble d’une auscultation cardio pulmonaire associée à une prise de tension. Ces résultats sont à pondérer avec les

certificats de plus de 6 mois. Le plongeur est bien souvent une personne en bonne santé. Malheureusement, aucun pan de la consultation ne doit être négligé.

28,3% des plongeurs n’ont pas eu d’otoscopie. Or, le tympan est l’organe le plus affecté par les variations de pressions. Comme précédemment, ces résultats sont importants et révèlent un manque de formation.

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48,7% des plongeurs ont bénéficié d’un ECG dans les 3 ans passés. Ces chiffres ont un lien

statistique avec les catégories d’âge des plongeurs. La population des plongeurs vieillissant, il faut s’attendre à une augmentation des consultation cardiologiques, d’épreuves d’efforts et

d’électrocardiogrammes.

74,3% des plongeurs n’ont pas été soumis à un auto-questionnaire ni à une fiche d’examen. De plus, on constate un lien statistique entre le fait de voir son médecin traitant et de ne pas bénéficier d’un auto-questionnaire ou une fiche d’examen. Ces résultats peuvent peut-être s’expliquer par le fait que le médecin traitant, connaissant bien son patient, pense pouvoir s’affranchir de l’auto-questionnaire.

Un levier important ici pour améliorer la qualité de la consultation pourrait passer par l’utilisation plus fréquente de cet auto-questionnaire. Ce dernier est assez exhaustif sur les symptômes, signes et situations d’alerte. Il peut être utilisé lors de la consultation par le médecin ou en amont, distribué dans la salle d’attente pour ne pas impacter le temps de consultation.

Une autre solution pourrait être que le club distribue aux plongeurs le certificat type de la fédération accompagné de l’auto-questionnaire, et de la fiche d’examen, comme le font déjà d’autres fédérations sportives. Leur recherche sur le site de la fédération et le temps de réponse par le patient, pourraient être un frein pour le médecin, car chronophage.

61,9% des consultations duraient entre 15 et 30minutes, fait attendu pour une moyenne de consultation en France de 18 minutes. Pourtant 29,2% ont duré moins de 15 minutes alors qu’il s’agit quelque part du même motif de consultation. On remarque que parmi ces consultations courtes, la recherche des accidents de plongée, de même que l’utilisation de documents supports sont moins fréquents. Compte tenu des spécificités de la consultation, il est étonnant qu’un si grand nombre de consultations puisse être aussi courtes. Cela peut s’expliquer par une consultation incomplète, que ce soit au niveau de l’interrogatoire ou de l’examen, lié probablement au manque de formation des médecins consultés.

IV.2.1.2. Etude médecins

Parmi les 20 médecins contactés, on relève que seuls les médecins fédéraux bénéficiaient de formations régulières dans le domaine.

Pour les médecins du sport, il est difficile dans cette étude de connaitre le contenu des formations théoriques et pratiques qu’ils ont reçu. Néanmoins, ils étaient sensibilisés à l’examen clinique médico-sportif de par cette formation.

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Par ailleurs, on constate que 9 médecins n’utilisaient aucun document support de consultation. 5 étaient des généralistes, 3 médecins du sport et 1 médecin fédéral.

En termes de volume de certificats, on peut estimer que les médecins non formés de cette étude pourraient ensemble être sollicités par environ 60 plongeurs par an. Pour les médecins du sport, il s’agirait d’environ 54 plongeurs par an. Pour les médecins fédéraux, on peut estimer qu’ils

verraient 72 plongeurs par an.

Les volumes sont à peu près similaires cependant l’offre de soin étant ce qu’elle est, on peut penser que les médecins généralistes seront, de ce fait, de plus en plus sollicités.

On note que 3 médecins n’ont jamais refusé de délivrer le certificat de plongée. Le questionnaire ne permettait pas de connaitre l’âge, la durée d’exercice, ou les raisons données. On sait qu’il s’agissait de deux médecins généralistes et d‘un médecin du sport. Peut-être qu’une installation récente et le peu de plongeurs vu n’a pas encore débouché sur un refus, ou peut être qu’il s’agit là d’un manque de considération des contre-indications.

Parmi les motifs de refus de certificat, on notait 3 fois « pas au-delà du niveau 2 ». 2 étaient généralistes et un était médecin du sport. Pour rappel, la règlementation interdisait auparavant aux généralistes de réaliser des certificats au-delà du niveau 1. Les médecins du sport pouvaient rédiger des certificats sans limite de niveau.

Les autres motifs de refus concernaient des raisons médicales.

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