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CHAPITRE IV: ESTIMATIONS, RESULTATS ET INTERPRETATIONS

4.6 Interprétation

Les résultats des régressions sur le modèle étudié montrent que les fluctuations des importations et des exportations du Sénégal sont le fait essentiellement du niveau du produit intérieur brut et de la demande mondiale. La compétitivité est absente dans les relations conunerciales entre le Sénégal et les principaux pays partenaires. L'analyse de la demande mondiale, en tant que variable importante du modèle, a montré une perte de paris de marché, à partir d'une certaine période. Ces résultats, combinés aux trois règles d'or des échanges intemationaux35, inspirent les réfl~xions suivantes :

4.6.1 Exportations

Malgré le fait que la balance commerciale du Sénégal chroniquement déficitaire sur toute la -période étudiée, le pays a toujours su bénéficier de ses exportations en satisfaisant la demande mondiale qui lui est adressée. Ce constat est valable jusqu'en 1996. A partir de 1997, il y a eu retournement de situation, comme nous la montre l'analyse comparative effectuée, entre les courbes de la demande mondiale et des exportations, sur la période 1970-2001. On y constate un rétrécissement progressif des parts de marché de 1970 à 1996, puis, une perte de part de marché à partir de 1997. La cause de cette perte de parts de marché est à rechercher dans la ' structure des exportations du Sénégal.

En effet, celles-ci sont constituées dans l'essentiel de l'arachide et ses produits dérivés, des phosphates et des produits de la pêche. Des devises sont générées à travers le secteur touristique. Cette structure diverge de celle des principaux produits demandés dans le monde, qui sont surtout des biens industriels et des produits manufacturés. Il y a alors une faiblesse du nombre d'unités industrielles orientées vers la production de biens d'exportation.

Aussi, tme étude récente sur la compétitivité au Sénégal (Cabinet de Consultance Afrique Etudes' 2004), enseigne t-elle qu'il existe un niveau de demande intérieure élevé, notanu11ent de biens et services pouvant être produits sur place mais qui sont plutôt satisfait en grande partie par des importations.

Donc, malgré une demande mondiale en progression constante, le potentiel industriel n'est pas assez important pour maintenir constant ou relever le niveau des parts de marché. Plus préoccupant est la non satisfaction de la demande intérieure en biens pouvant être produits sur place. Cette faiblesse du potentiel et donc de la production et la divergence constatée entre les

35 (i) Les gains à 1 'échange sont le résultat des importations ; (ii) Les gains à 1 'échange nécessitent le plus souvent une spécialisation; (iii) Les gains à l'échange n'ont pas de rapport avec tm excédent de la balance commerciale.

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principaux produits échangés à travers le monde et ceux exportés par le Sénégal expliquent peut-être aussi que la variable de compétitivité ne soit pas significative dans la fonction d'exportations.

Par ailleurs, l'ouverture du pays au marché international s'effectue au moment où il n'est pas prêt pÔ ur la concurrence selon les propres termes d'un responsable du patronat sénégalais36.

Les Petites et Moye1mes Entreprises du pays sont confrontées à des difficultés d'ordre interne et exteme. Les difficultés externes sont relatives aux différents accords conclus avec l'OMC ; les difficultés internes relatent 1' environnement des affaires allant de la fiscalité aux infrastructures. Malgré les réformes politiques, le secteur de l'industrie n'arrive pas à

«décoller». Le début de la libéralisation de l'économie, la bonne gestion de l'après dévaluation n'ont pu éliminer les signes observés d'un essoufflement. Confrontée à des contraintes multiples dont la plus importante est 1 'inefficacité et le coüt élevé des services d'infrastructures, l'industrie nationale se diversifie très peu.

Alors, une réflexion doit être ouverte sur les possibilités d'améliorer les exportations du Sénégal, en insistant du côté de 1' offi·e, notamment en améliorant les infrastructures, en éliminant les barrières aux exportations, en réduisant l'impôt et en améliorant la qualité des produits, et aussi sur la capacité du Sénégal à attirer de nouveaux investisseurs.

S'appuyant sur la deuxième règle d'or des échanges intemationaux, qui enseigne qu'tm gain net maximal à l'échange exige une spécialisation, il est envisageable que la politique commerciale fasse la promotion de produits pour lesquels le Sénégal détient un avantage certain en termes de coûts de production et qui bénéficient de prix plus élevé sur les marchés étrangers.

La troisième règle d'or des échanges internationaux indique qu'un gam à l'échange ne nécessite pas tm excédent conm1ercial. Cette règle se fonde sur 1' analyse selon laquelle, un déséquilibre chronique de la balance commerciale est le reflet d'un déséquilibre macroéconomique inteme entre épargne et investissement. Des mesures pour tme amélioration du niveau d'épargne est nécessaire de même que l'investissement.

4.6.2 Importations

Les résultats des estimations économétriques de cette étude montrent que les importations évoluent en fonction du produit intérieur brut, c'est-à-dire des richesses disponibles, la

comp~titivité intérieure ne joue aucun rôle. En d'autres termes, le modèle montre que la demande en produits importés est fonction du revenu intérieur et non du système de prix relatifs.

La première règle d'or du commerce extérieur indique que le commerce international n'apporte des gains que par les importations qu'il autorise. Ainsi, les produits qui sont localement inexistants ou qui sont plus onéreux à produire sur place qu'à l'extérieur, vont faire l'objet d'importations. Ces importations peuvent également créer des richesses, par le billet du contenu en technologie des importations, par l'épargne des ménages réalisée grâce aux réductions de prix ou encore, en suivant le cas du Japon, un petit pays sans beaucoup de ressources naturelles, mais dont les unités industrielles importent des matières premières qui servent à la fabrication de biens. Ces biens satisfont en partie le marché local, mais servent plutôt à être exportés.

Comme pour les expo1iations, la structure des importations donne une idée sur les gains ou l'absence de gains aux échanges. En effet, une part importante de ces importations est constituée de produits finis, de produits alimentaires smiout. Par exemple, les données statistiques sur les importations indiquent que la part du riz occupe tme place importante au Sénégal en général, et il semble que le pays est toujours obligé de l'importer du fait des habitudes alimentaires et des coûts de production du riz local. Chaque c'est près de six cent mille t01mes de riz représentant une valeur de quatre vingt milliards de f.cfa qui sont importés.

Alors, il faut explorer les possibilités pour développer la riziculture ou adapter les habitudes alimentaires à la production locale traditi01melle. Ce constat, combiné à la faiblesse du tissu industriel, fait que le pays tire peu profit de ses importations qui sont .consonm1ées presque entièrement.

Ce1iaines unités industrielles, comme les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) font figme d'exemple à suivre pour apporter des changements. L'exemple du Japon cité dans la revue de la littérature empirique édifie sur la façon dont tm petit pays disposant de peu de ressources naturelles peut tirer tm maximum de bénéfices de ses échanges extériems. Cet e emple montre comment les entreprises japonaises importent des produits inte1médiaires les utilis nt

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pour fabriquer des biens dont une partie se1i à la satisfaction du marché local et le reste est exporté.

L'absence d'effet de la compétitivité intérieure dans la« fonction importation» peut être due au fait que le Sénégal n'est pas un pays producteur de biens manufacturés lesquels, sur le plan national comme sur le plan intemational, peuvent entrer en concurrence avec les biens produits ailleurs. Au contraire, toute la consommation est composée dans 1' essentiel de produits en provenance de l'extérieur qui entrent dans le pays sans difficulté aucune d'ordre concurrentiel.

Dans la revue de la littérature, il est signalé une absence de politique véritable en matière de commerce extérieur dans la mesure où les actions effectuées dans ce domaine suivent les urgences que dicte l'actualité. En plus, les importations de biens de toutes natures, permettent à l'Etat de faire des recettes importantes, par le billet des taxes à l'entrée aux frontières du pays. La mise en place de politique freinant les importations pourrait en même temps amoindrir le niveau des recettes.

Pourtant, la mise en place de cette politique commerciale s'avère comme étant d'une urgente nécessité. L'Etat pourrait profitablement développer la capacité de production afin de satisfaire, d'une part une grande partie de la demande intérieure et d'autre part réorienter les importations afin qu'elles contribuent plus à la création de richesses. Il y aurait dans ce cas réduction des importations de produits alimentaires et facilitation des importations de biens d'équipement.

Ces résultats soulèvent donc une réflexion sur la faiblesse de l'offre en biens et services de notre économie. Panni les problèmes évoqués par les investisseurs on peut citer les contraintes liées aux infrastructmes et aux coùts des factems qui font l'objet d'analyse dans le paragraphe suivant.

CHAPITRE V: RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION