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2.3. Interventions nutritionnelles ciblant les personnes âgées

2.3.3. Interventions communautaires

2.3.3.1. Interdisciplinarité et travail en équipe

Le terme interdisciplinarité désigne toute forme de collaboration entre deux disciplines ou plus sans que l’une d’elles ne soit modifiée. L’approche interdisciplinaire dans le domaine de la santé implique la participation de médecins et de professionnels de la santé qui œuvrent ensemble dans un but commun (Choi et Pak, 2006). De plus, il est généralement admis que les interventions qui regroupent plus qu’une discipline apportent des résultats positifs et efficaces. Les bénéfices observés dans le travail d’équipe incluent une meilleure organisation au sein du groupe, une meilleure utilisation des ressources

financières et l’amélioration de la performance au travail (Mickan, 2005). Les aspects positifs sont également perçus au niveau des participants à travers leur implication dans le groupe et le réseautage social (Choi et Pak, 2006; Mickan, 2005).

Plusieurs interventions, aux niveaux clinique ou communautaire, ont recours à l’approche interdisciplinaire pour améliorer l’état de santé des patients et pour modifier les habitudes de vie. L’intervention interdisciplinaire est particulièrement importante chez les PA puisqu’ils sont plus à risque que d’autres groupes populationnels de souffrir d’une dénutrition et d’avoir une présence concomitante de maladies chroniques (Johansson et al., 2010).

C’est dans cette perspective que le programme communautaire PACE (Program of

All Inclusive Care) a été développé aux États-Unis depuis plus de vingt ans (Mui, 2001). Ce

projet vise à limiter le recours à des soins hospitaliers par les aînés à travers une prise en charge multidisciplinaire. En effet, l’équipe est formée de pharmaciens, de médecins, d’infirmières, de diététistes, de thérapeute en réadaptation physique et de travailleurs sociaux. Plusieurs services sont offerts aux aînés soit une évaluation nutritionnelle, une surveillance des médicaments, un dépistage de la dépression ainsi qu’une évaluation de la sécurité du domicile de l’aîné. Les auteurs jugent que le programme a réussi à diminuer le recours des participants aux hôpitaux, et à favoriser leur maintien à domicile et à améliorer leur qualité de vie (Li et al., 2009; Wieland et al., 2010).

Les bénéfices d’une intervention en équipe ont également été soulignés par Huang et al. (2002). Les auteurs ont développé une étude quasi-expérimentale afin de promouvoir la promotion de la santé chez 140 aînés âgés de 60 ans et plus. Des diététistes, des infirmières et des éducateurs physiques collaboraient ensemble pour présenter des sessions éducatives aux participants. Les thèmes abordés par l’équipe étaient la prévention des maladies chroniques, l’adoption d’un mode de vie sain, la nutrition, les médicaments et les bienfaits de l’activité physique. L’intervention a conduit à des résultats positifs puisque 60% des patients ont rapporté une amélioration du contrôle de leur glycémie et de leur tension artérielle à la fin de l’intervention. L’étude a ainsi réussi à transmettre des

informations sur la nutrition et sur l’importance du contrôle de la glycémie et de la tension artérielle chez les participants.

Le projet pilote du programme NA, qui s’est déroulé en septembre 2005, a eu des répercussions positives sur les comportements alimentaires des participants (Bouchard et al., 2005). L’équipe était formée d’une physiothérapeute, une travailleuse sociale, une nutritionniste, un ergothérapeute ainsi qu’une intervenante communautaire. Durant les trois mois du programme, les intervenants soulignaient l’importance d’offrir un programme interdisciplinaire ciblant les PA à mobilité réduite et habitant le territoire de Verdun. L’évaluation finale du projet a indiqué que les participants ont retrouvé un plaisir à cuisiner (92%), que leurs repas étaient devenus plus réguliers (62%) et qu’ils ont commencé à intégrer des aliments de base à leur alimentation (92%).

D’autre part, Crogan et al. (2006) ont démontré l’efficacité d’une approche interdisciplinaire dans le but d’améliorer l’état de santé de 81 PA vivant dans un centre de santé pour aînés sur une durée de six mois. Les sujets de l’étude étaient randomisés en deux groupes distincts : un groupe (n = 41) était pris en charge par l’équipe interprofessionnelle et un autre groupe (n = 40) obtenait la prise en charge habituelle du centre de santé. Le panel d’experts, formé d’une nutritionniste, d’une infirmière et d’un pharmacien, référait chaque résident du groupe intervention à une discipline selon ses problèmes. Parmi les observations rapportées à la fin du programme, nous citons un changement des habitudes alimentaires (par la nutritionniste), une meilleure prise en charge des médicaments (par le pharmacien) et un meilleur positionnement lors du repas (par l’infirmière). Une amélioration du statut nutritionnel a été observée après six mois chez les sujets appartenant au groupe traitement. En effet, les chercheurs ont noté que les participants ont rapporté une amélioration de l’appétit ainsi qu’une augmentation des taux sériques d’albumine et de pré- albumine (n=35%).

Un autre exemple soulignant le travail en équipe était le projet SENIOR (The Study

of Exercise and Nutrition in Older Rhode Islanders). Ce projet comprenait une équipe

psychologie, gérontologie et santé publique (Clark et al., 2002). Le but du projet était d’examiner l’efficacité d’une approche multidisciplinaire sur l’état de santé global des sujets. Au cours de l’intervention qui a duré douze mois, les membres de l’équipe partageaient leur expertise dans leurs domaines respectifs dans le but de changer les comportements de 1300 PA vivant dans la communauté. Les auteurs ont déduit que le travail en équipe apportait des bénéfices supplémentaires, tels que l’amélioration de la qualité de vie des aînés ainsi que de leur capacité fonctionnelle, par rapport à une approche traditionnelle qui ne préconise pas le travail en groupe.

Enfin, l’approche interprofessionnelle est largement répandue dans le domaine de la santé et plus particulièrement dans le cadre des interventions nutritionnelles. À titre d’exemple, elle est couramment utilisée dans la promotion de la saine alimentation et de l’activité physique pour prévenir les maladies cardiaques (Pazoki et al., 2007), dans le traitement de l’obésité (Kamga-Ngande et al., 2009; O'Keeffe et al., 2008), dans la gestion du diabète (Manchester, 2008) et même dans le traitement des troubles alimentaires chez les adolescents et les adultes (American Dietetic Association, 2006).

Nous avons exposé ainsi dans cette section les interventions qui s’adressent aux aînés se trouvant en milieu clinique ou en milieu communautaire. Ces programmes tiennent compte les divers changements physiologiques, fonctionnels et aussi psychologiques et sociaux qui touchent les PA. Ils visent principalement la promotion des bonnes habitudes alimentaires et la pratique d’activité physique modérée de façon régulière. Ils mettent également l’accent sur l’importance d’un mode alimentaire équilibré répondant aux besoins spécifiques des aînés en macro et micronutriments.