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CHAPITRE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

B. Adhérence de C. albicans

2. Interaction de C. albicans avec les constituants du sang et de la matrice

La dissémination de C. albicans implique obligatoirement le passage des levures dans

la circulation sanguine. La levure se retrouve alors en contact direct avec les diverses cellules sanguines et les protéines plasmatiques. Certaines protéines plasmatiques ainsi que celles

constituant la matrice extracellulaire sont directement impliquées dans le devenir de C.

albicans chez son hôte. Le champignon exprime des récepteurs aussi bien pour des protéines circulantes telles que le fibrinogène ou la fibronectine, que pour des composants insolubles de la membrane basale lui permettant d'établir une niche écologique.

a. Facteurs du complément

C. albicans est capable de se lier directement à certaines sous unités du complément

fonctionnel. Un récepteur (CR3-like) pour le C3bi a été mis en évidence à la surface de C.

albicans (93). L’interaction de ce récepteur avec le C3bi requiert la présence de Ca2+ (260).

Un récepteur (CR2-like) fixant le C3d a aussi été identifié à la surface de C. albicans (24,

299).

b. Fibrinogène

Le fibrinogène est une molécule de très grande importance dans l'organisme. Sous forme monomérique, il est soluble et disponible dans tout l'organisme, sous forme polymérisée insoluble la fibrine constitue un matériau essentiel de l'hémostase et de la réparation des tissus lésés. Il peut aussi interagir avec des microorganismes tels que

Staphylococcus aureus (50).

La fixation du fibrinogène sur C. albicans et particulièrement sur les tubes germinatifs

a été bien étudiée (12, 13, 172, 290). Elle implique des adhésines fongiques comprenant des constituants de 60, 68 et supérieurs à 200 kDa (1, 28). La fixation est spécifique, réversible et possède une constante d'affinité élevée.

La fixation du fibrinogène sur les éléments fongiques a été aussi démontrée in vivo

chez l'animal (229), son rôle dans la physiopathologie des candidoses est envisagé.

c. Fibronectine

Plusieurs travaux ont établi la présence d'un récepteur pour la fibronectine sur C.

33 s'aggréger ou se polymériser (132). Ce récepteur pourrait être antigéniquement lié aux intégrines 5 (240).

d. Laminine

Des récepteurs pour la laminine ont été décrits à la surface de C. albicans. De même

que pour le fibrinogène, cette fixation est spécifique, réversible et la constante d'affinité est élevée. Il apparaît que les molécules fongiques responsables de la fixation sont identiques à celles impliquées dans la liaison au fibrinogène mais elles sont aussi analogues à celles responsables de l’adhérence des tubes germinatifs au plastique (polystyrène), conduisant à la notion d'adhésine multifonctionnelle (14, 150).

e. Plaquettes sanguines

Les plaquettes sanguines sont connues pour jouer un rôle dans l’hémostase et la première réponse à un dommage vasculaire consiste en une adhérence des plaquettes sur la paroi du vaisseau endommagé ou sur les composés d’un tissu dégradé. Elles sont aussi impliquées dans les mécanismes de défense de l’hôte. Les plaquettes sanguines circulent comme des cellules inertes, discoïdes jusqu’à leur activation par plusieurs facteurs physiologiques tels que l’adénosine diphosphate (ADP), la thrombine ou le collagène qui sont tous responsables d’un changement de forme des plaquettes (61, 249). L’agrégation plaquettaire qui suit cette activation est généralement réalisée par le fibrinogène qui se fixe sur le complexe activé GPIIb-IIIa composé des deux glycoprotéines GPIIb et GPIIIa (164, 188, 204) La présence de deux sites de fixation sur le fibrinogène permet cette agrégation. Le complexe GPIIb-IIIa est le récepteur plaquettaire d’adhérence le plus abondant parmi toutes les glycoprotéines présentes à la surface des plaquettes. C’est un hétérodimère, calcium dépendant, qui est un récepteur pour le fibrinogène, la fibronectine, la vitronectine, le facteur de Von Willebrand et la thrombospondine. Il intervient dans l’agrégation plaquettaire, l’adhérence et la propagation de l’activation plaquettaire. Les plaquettes adhèrent à des protéines subendothéliales exposées à la suite d’une blessure ou d’une infection et s’activent par la suite. Les plaquettes activées s’agrègent entre elles pour former un bouchon plaquettaire, relarguer d’autres molécules activatrices permettant le recrutement d’autres plaquettes et ainsi augmenter le thrombus. L’activation plaquettaire mène à un changement conformationnel du complexe GPIIb-IIIa augmentant ainsi son affinité pour le fibrinogène soluble et d’autres molécules adhésives contenant le motif RGD.

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Plusieurs études in vitro suggèrent que les plaquettes interagissent avec Candida.

Maisch et Calderone ont démontré l’adhérence de C. albicans au caillot fibrino-plaquettaire

(159, 160). D’autres auteurs ont montré que les fragments de paroi cellulaire de C. albicans

étaient capables d’agréger les plaquettes (252). Klotz et al. ont étudié l’adhérence de C.

albicans aux cellules endothéliales et à la matrice extracellulaire de ces cellules et ont montré que l’interaction entre la levure et les plaquettes se réalisait après l’agrégation plaquettaire (128, 131). Cependant, bien que ces auteurs aient détecté une agrégation plaquettaire avec le cytosol des blastospores, ils ont été incapables de produire une agrégation plaquettaire avec

des levures viables. Une étude de Willcox et al. (308) conclut qu’à l’inverse des autres

espèces, les plaquettes sont incapable de s’agréger autour de C. albicans. Cette étude montre

également la capacité des plaquettes à tuer les espèces de Candida excepté C. albicans.

Cependant, Yeaman et al. ont montré que les plaquettes sont activées par les différentes

espèces de C. albicans et sécrétent des peptides plaquettaires microbicides actifs sur Candida

(315-317).

Les interactions in vivo entre les espèces de Candida et les plaquettes ont été

partiellement étudiées. Holder et Nathan (88) ont observé que l’injection d’un extrait obtenu

par sonication de Candida chez des souris produisait une agrégation plaquettaire. Dans un

modèle d’endocardite chez le lapin, causée par une destruction traumatique des valves

aortiques, Calderone et al. (22) ont montré la présence de Candida dans le caillot

fibrino-plaquettaire. L’activité plaquettaire anti-Candida a été décrite et jouerait un rôle dans la

sévérité de l’endocardite expérimentale à C. albicans (316).

Parallèlement, d’autres études in vitro sur les relations entre les plaquettes et C.

albicans ont permis de mettre en évidence, à l’aide de plaquettes natives d’origine humaine et en absence de protéines plasmatiques, que l’interaction fait intervenir un constituant fongique de 45 kDa se fixant sur le complexe GPIIb-IIIa. Les plaquettes activées peuvent aussi se fixer sur C. albicans par la thrombospondine externalisée pendant le processus d’activation (157, 158, 231). Tous ces phénomènes d’adhérence plaquettaire sont beaucoup plus intenses à la surface des éléments mycéliens qu’à la surface des formes blastospores (157, 158). L’étude de cette fixation par microscopie électronique à balayage montre que les plaquettes subissent des modifications morphologiques qui traduisent l’activation des plaquettes. De la forme discoïde caractéristique des plaquettes au repos, celles-ci s’arrondissent et émettent des pseudopodes adhérant à la surface des éléments fongiques. Elles s’étalent ensuite sur le champignon (Figure 10). La microscopie électronique à transmission montre bien l’intimité de la relation