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PARTIE 1 - CADRE THÉORIQUE

2.1.2.2 Des intentions au comportement effectif

La Théorie du Comportement Planifié (TCP) a été développée par Ajzen (1991), l’un des auteurs de la TAR. Il reprend son ancien modèle pour l’enrichir, le préciser, en ajoutant en particulier la dimension du contrôle comportemental perçu. Elle représente le sentiment qu’a l’individu de pouvoir ou non réaliser un comportement en évaluant les facteurs facilitant ou entravant celui-ci (Terrade et al., 2009). À travers cela, la TCP stipule que les individus n’ont pas toujours suffisamment de contrôle pour effectuer un comportement (Sheeran, 2002), des variables externes jouent également un rôle. De plus, l’ajout du contrôle effectif du comportement permettrait de prédire et expliquer le passage des intentions comportementales aux comportements effectifs. La TCP aurait une meilleure précision de prédiction de comportement que la TAR (Madden, Ellen, & Ajzen, 1992). Il est décrit dans la TCP (Figure 4) trois dimensions générales de l’adoption d’un comportement, qui se

décompose chacune en deux sous-dimensions (Ajzen, 2002, 2005).

La première dimension est composé des croyances comportementales sont le

degré selon lequel le sujet évalue (positivement ou négativement) les résultats du comportement (Ajzen & Fishbein, 2000). Elles résultent de la combinaison des

valeurs subjectives et des résultats attendus. Elles vont engendrer les attitudes

envers le comportement qui sont le degré selon lequel le sujet évalue (positivement ou négativement) le comportement (Ajzen & Fishbein, 2000).

La seconde dimension comprend croyances normatives renvoient aux

croyances du sujet quant à l’approbation ou non du comportement par autrui et en particulier les groupes ou personnes importantes pour lui. Elles contribuent à créer

les normes subjectives qui représentent la pression sociale perçue quant à la

production ou non du comportement (Fishbein, 2000).

Finalement, la troisième dimension intègre croyances de contrôle font référence

aux perceptions de facteurs (endogènes et/ou exogènes à l’individu) qui peuvent faciliter ou entraver la réalisation du comportement. Elles vont contribuer à former le contrôle comportemental perçu qui se réfère au contrôle que l’individu croit avoir sur la production de son comportement.

D’après l’auteur, ces trois facteurs influencent les intentions qui représentent une indication de la volonté d'une personne à adopter un comportement donné, elles sont considérées comme l'antécédent immédiat du comportement (Figure 4).

Comme dans les modèles précédents, le comportement est influencé par les intentions comportementales. Cependant, le contrôle comportemental perçu exerce directement une influence sur la réalisation du comportement tout comme la variable contrôle effectif du comportement. Cette dernière fait référence à la mesure selon laquelle une personne a les compétences, les ressources, et d’autres conditions préalables nécessaires à un comportement donné. Cela souligne le fait que le comportement n’est pas toujours sous le contrôle volontaire de l’individu (Chauvin, Letirand, & Delhomme, 2007), mais dépendrait également de variables externes. L’effet du contrôle comportemental perçu est tout de même discuté par certains auteurs (Armitage & Conner, 2001), car son influence serait dépendante du type de comportement et de la situation. Les individus seraient plus disposés à réaliser un comportement qu’ils pensent faisable (Bandura, 1977).

La TCP a été utilisée pour expliquer différents types de comportements (Fishbein & Ajzen, 2011), dont ceux liés à l’usage de l’automobile, montrant ainsi la diversité des cas d’application de ce modèle. Parmi ces études nous pouvons citer celle de Abrahamse, Steg, Gifford, & Vlek (2009) portant sur des prédictions de réduction d’utilisation de la voiture, en lien avec des préoccupations environnementales. Selon les auteurs, le contrôle comportemental perçu ou la perception par les individus de leurs capacités à mettre en œuvre le comportement, modère l’influence des normes subjectives liées à l’environnement. Ils montrent donc que les préoccupations environnementales ont une influence limitée sur les intentions de modifications de comportement d’usage des véhicules thermiques. Une autre recherche tendrait à confirmer cela. En effet, Peters, Gutscher, & Scholz (2011) ont utilisé le TCP dans une étude sur les déterminants de l’achat d’un véhicule thermique dans un cadre domestique. Ils exposent que les normes personnelles (similaires aux normes subjectives de Ajzen, 1991) n’ont pas d’effet significatif sur la décision d’achat d’un véhicule à faible consommation de carburant et faible émission de CO2. Lai, Liu, Sun, Zhang, & XU, (2015) quant à eux mettent en avant les préoccupations environnementales et la perception de la pollution comme influençant les intentions d’usage de la voiture électrique.

Les résultats de ces études montrent des différences quant au rôle joué par les normes subjectives liées aux préoccupations environnementales notamment en fonction du type de véhicule considéré. Même si les voitures électriques et

thermiques sont proches dans leur utilisation et ont la même fonction : permettre de se déplacer. Cependant, une des spécificités des voitures électriques est de ne pas rejeter de gaz polluant. De ce fait, elles ont une image de véhicule « propre », nous chercherons à approfondir si dans ces circonstances les préoccupations environnementales pourraient être un déterminant de l’intention d’usage.

La TCP comporte de nombreux ajouts par rapport aux modèles précédents. Ils pallient les manques de la TAR, en précisant les variables qui influencent l’intention comportementale et le passage des intentions au comportement effectif. Ce modèle reste ouvert à des extensions susceptibles d’accroitre la précision de ses prédictions du comportement et de l’intention comportementale (Ajzen, 1991; Armitage & Conner, 2001; Chauvin et al., 2007). Malgré ces apports, ce modèle a fait l’objet de critiques. Des études montrent qu’une grande part des intentions comportementales n’est pas expliquée par les dimensions décrites dans la TCP. Elle nécessiterait régulièrement des ajustements avec l’ajout de nouveaux facteurs (Giger, 2008). Ce modèle étant centré sur l'individu, il ne considère pas suffisamment le rôle que joue la technologie. Des modèles plus récents précisent les variables influençant les intentions d’utilisation.

2.1.3 Vers un modèle de l’acceptabilité dans un contexte

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