Pour connaître leur point de vue, nous les avons également interrogés sur l’idée d’un
contrôle systématique de la conduite automobile à partir d’un certain âge en France.
L’essentiel des médecins se montraient favorables à un dépistage systématique
M2
« à partir de 80, on devrait systématiquement avoir un contrôle clinique, une visite
d’aptitude au permis de conduire. Avant, en fonction du passé médical. La personne qui a
fait un AVC, qui a un Alzheimer, qui a des troubles psychologiques, psychiatriques, plus tôt.
A ce moment-là, ça doit déclencher l’indication d’une visite d’aptitude au permis de
conduire »
M3
« je suis assez volontaire pour que les gens soient disposés à un contrôle de leurs qualités de conduite »
M4
« Pour moi, un truc devrait être obligatoire, c’est à partir de 70 ans, une visite obligatoire pour tout le monde tous les 5 ans, puis on en cause plus ! »
M5
« Je pense qu’il faudrait (…) des examens périodiques comme dans certains pays »
M7
« Je me dis « pourquoi pas ? » Ça pourrait aussi être un moyen un peu plus « soft », sans
stigmatiser non plus. Pour tout le monde ce serait pareil. C’est probablement un entre-deux
qui me semblerait pas mal. » « moi je trouve que c’est une très bonne idée (…) je suis assez
d’accord. »
M8
« Ça pourrait être une solution qui mettrait tout le monde d’accord ! Le patient parce que
c’est la loi et c’est ainsi, et le médecin pour sortir de son rôle, justement, de médecin
traitant, et pour assumer une décision qui n’est pas toujours facile à prendre. C’est encadré
par la loi et c’est comme ça ! »
M9
« Ce serait une chose qui ne serait pas choquante. Ça pourrait permettre aux gens de se
préparer »
« Je pense que ça pourrait être bien (…) je suis plutôt favorable à ça, oui »
« Par contre, si c’est après 75 ans, tous les 5 ans, ça me paraît long…(…) Pas tous les ans,
mais tous les 2 ans »
« Ben oui, tout à fait. Et puis ça permettrait peut-être aussi de voir les gens qui ne
viendraient pas spontanément
« de la même façon qu’on voit les gamins. Les certificats de sport, ça a cet avantage-là »
« Je trouve que c’est pas mal car ça ne met pas le médecin traitant en porte à faux
complètement. C’est pas mal (…) ça peut être intéressant, tout à fait. »
M10
« c’est le cadre légal qui nous manque » « C’est sûr que si on nous dit, « vous pouvez, vous
devez ! », et bien c’est plus clair ».
« Si en plus, on a les moyens, par un examen obligatoire qui se répète, et que si on a un
doute, on puisse faire appel à un confrère expert… Ça me paraîtrait assez facile à
présenter. »
« qu’à partir de tel âge, de telle année, les patients devront s’acquitter d’un médecin
obligatoire, dans un premier temps chez leur médecin traitant »
M11
« Alors moi je pense que c’est important, plutôt qu’une dénonciation auprès du canton ou
je ne sais quoi, de prescrire un examen soit obligatoire à partir d’un certain âge, soit selon
la vision du médecin. C’est-à-dire que si quelqu’un de 35 ans a telle pathologie… et bien que
nous, on puisse prescrire un examen qu’il doit faire pour voir s’il est apte ou pas à la
conduite »
M12
« Je pense que ce serait bien que quelque chose soit acté : à tel âge, un truc obligatoire »
« Le secret médical est sacro- saint en France, on ne veut pas y toucher. Je pense que c’est
un peu ça la chape de plomb qui fait que ce n’est pas systématique »
Selon lui, cela permettrait d’éviter les différences entre les différentes situations de
patients : « Tout le monde est contraint de le faire, c’est peut-être une privation de liberté,
soit. Mais en même temps, tout le monde est mis dans le même panier »
M14
« Je trouve que ce serait bien, tout à fait » « Que le patient y aille avec sa liste de
pathologies, vers un médecin agréé. Les pathologies en cours, les traitements… etc. Il y a
aussi le risque des traitements. Qu’il y ait un minimum de données transmises par le
médecin traitant au médecin agréé, et que ça se fasse systématiquement. » « on n’y pense
pas systématiquement, et c’est ça qui est peut-être dommage »
Certains médecins se montraient favorables tout en émettant quelques réserves
M1
« ça leur saperait le moral » ;
« Ils ont déjà du mal avec le dépistage du cancer colorectal à 50 ans et tout un tas de
trucs » ;
« Je pense que ce serait par contre super mal accepté en France. Je pense que la population
le vivrait encore comme une atteinte aux droits, au contrôle etc… mais je pense que ça
règlerait tous les problèmes » ;
« ça hurlerait et qu’ils se sentiraient dépossédés… mais en même temps c’est pour leur
sécurité et celle des autres ! » ;
« on ne se poserait plus la question (…), ce ne serait plus du fait du médecin qui suit, qui
impose ou qui dénonce, c’est obligatoire tout le monde y passe. C’est quelqu’un d’extérieur
qui va donner son avis » ;
M6
« Je pense que c’est bien. Mais une fois de plus, c’est bien pour les séniors qui vivent en ville pour qui il n’y a pas de problème. Pour les séniors isolés, ce sera un isolement de plus pour
eux » « vu qu’on a un pays rural… c’est les isoler de plus en plus »
M13
« C’est peut-être une solution aussi. C’est vrai… »
« ça pourrait être un moyen, effectivement, d’avoir des gens sur la route avec des aptitudes
temporaires, et qu’on surveille »
« Ouais, je ne sais pas. Moi j’en reviens au fait que l’information des médecins généralistes
est insuffisante »
« Si c’est à partir de 65 ans… Non je ne pense pas » « Je ne suis pas sûr que l’âge soit
réellement un critère… Enfin, moi je ne sais pas. J’approche bientôt des 65 ans. Pour
l’instant, il ne me semble pas trop avoir de problèmes. »
L’essentiel des médecins interrogés (13/14) se montrait favorables à un dépistage
systématique des limitations à la conduite chez les séniors.
Notons que M2, M4 et M5 ont même évoqué la notion de dépistage systématique
comme solution, dès le début de l’entretien, avant même qu’on leur ait soumis le sujet.
M3 apportait des précisions. Il pensait que ce contrôle présenterait plus d’intérêt si
étaient également évalués des aspects pratiques, en condition réelle de conduite. Selon lui,
ce contrôle devrait plutôt être réalisé, certes de manière systématique, mais surtout par des
spécialistes de la conduite automobile. M7 était également de cet avis, refusant d’être
évaluatrice.
M6 et M13 étaient en faveur de cette mesure tout en émettant quelques réserves.
M6 craignait d’isoler d’avantage les populations rurales par une telle mesure. M13 quant à lui
était sceptique sur les compétences des médecins généralistes dans ce domaine. Selon lui, le
préalable nécessaire serait de les former à ce dépistage.