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Nous avons justement cherché à savoir si les professionnels interviewés s’estimaient

compétents pour assurer ce dépistage systématique ou bien si une formation supplémentaire

leur paraissait nécessaire. Certains ont eux-mêmes abordé le sujet. Pour les autres, nous leur

avons posé la question concernant leurs besoins.

Certains manifestaient le besoin de formations supplémentaires

M1

« Ouais je pense qu’il me faudrait des cases plus précises pour trancher »

M2

« tout à fait, si je suis formé » M2 évoquait des DPC « forment à l’aptitude au permis de conduire ».

M5

« ça me gêne d’autant plus, car je ne me trouve pas apte, n’ayant pas été formé là-dessus, à vraiment

déterminer dans des cas on va dire un peu tendancieux si la personne est en effet apte à conduire ou

pas »

« Il y a certains cas où on peut dire que la personne n’est pas apte. Il y en a d’autres ou je pense qu’il

faut avoir été formé pour avoir un avis là-dessus »

« si j’avais (…) une formation, je pourrais. »

« par manque de formation, je vais laisser venir »

D’autres n’en ressentaient pas le besoin

M9

Pas vraiment, il parlait simplement d’une « petite trame ». « un examen auditif, visuel de base, un examen neurologique de base… oui. Un examen minimum de

troubles cognitifs », sous réserve d’une « consultation dédiée »

M10

« Si si, je pense que oui. D’autant que ça s’accompagnera surement de grilles d’évaluation. C’est sûr que si c’est totalement subjectif… »

M14

Pas nécessairement de formation supplémentaire, mais une trame d’évaluation afin de ne rien

omettre d’important : « Avec peut-être des éléments pour nous aider. Pourquoi pas une grille… Il y a

peut-être des choses auxquelles on ne pense pas ».

Car si pour elle, on connait bien nos patients sur le plan médical et privé, on ne sait pas tout non plus

et on pourrait ne pas se rendre compte de l’ensemble des choses qui pourrait interagir avec la

conduite : « on connait les pathologies de nos patients, même leur vie quotidienne, en général on sait.

Mais il y a d’autres choses, pas forcément »

DPC : Développement Personnel Continu

6 médecins ont précisé avoir besoin d’une formation supplémentaire pour être

capables d’évaluer l’aptitude à la conduite des séniors (M1, 2, 5, 6, 7, 8). 4 autres affirmaient

ne pas en ressentir le besoin 5M4, 9, 10, 14).

M3 a répondu simplement ne pas avoir l’envie d’être formé à ce genre de pratique :

« je ne le souhaiterais pas » « Ça ne m’intéresse pas ! »

En ce qui concerne M13, nous ne lui avons pas posé la question. Établissant déjà, par

son agrément, des certificats d’aptitude ou de contre-indication, nous sommes partis du

principe qu’il n’avait pas besoin de formation.

Dans le cadre d’un contrôle systématique, nous leur avons explicitement demandé s’ils

se sentaient aptes à contre-indiquer des séniors de leur propre patientèle, ou si à l’inverse, ils

préféraient que cette tâche soit à la charge d’un confrère.

Certains estimaient pouvoir contre-indiquer leurs propres patients

M2

« j’aurais ma conscience pour moi et pour mon patient. (…) Je pense que ça fait partie du rôle du

médecin. C’est comme l’annonce d’une maladie grave. Ça fait partie de notre rôle de médecin de

donner des limites ».

« pourquoi à ce moment-là on ne refuserait pas de vacciner les gens ? Ben oui les enfants ils n’aiment

pas les piqûres. Pour les parents, on pourrait faire des faux certificats de vaccination en disant ben oui,

on peut considérer qu’il est vacciné parce qu’il n’y aura rien »

« on le fait parce qu’on a aussi notre conscience entre guillemets de « protection » de la santé

publique et cette action préventive est importante ».

M9

« À partir du moment où ce serait quelque chose d’obligatoire, et que ça rentre dans « les mœurs », non »

M10

« un rapport franc et humain que tu as toujours eu, t’es sensé lui dire « si j’étais votre fils ou votre petit fils… » » « serait pourtant plus franc. »

M13

« Moi ça m’arrive, parce que je ne suis pas d’accord avec ça, c’est-à-dire que je le fais contre les

recommandations. Dans la mesure où ce sont des gens que je connais bien, je connais parfaitement

leurs antécédents. Après, c’est aussi avec juste raison que si des gens mentent sur leurs antécédents,

ça peut être embêtant pour eux. »

Secondairement, il se contredisait un peu en expliquant qu’il pensait meilleur que ce soit la famille du

patient qui insiste auprès de lui en cas d’obstination : « c’est plutôt la famille qui prive le patient des

clés de la voiture, des choses comme ça… C’est mieux comme ça »

La plupart préféraient que leurs patients soient évalués par un confrère

M1

« Pas forcément »

« Comme on les connaît bien, ça peut être difficile je pense d’aborder le sujet »

« un avis extérieur tranché, ça peut nous aider à débloquer la situation »

« la décision finale je pense qu’elle est compliquée pour le médecin traitant »

« qu’ils pourraient un peu nous en vouloir ». Exception est faite pour les quelques cas « où c’est clair,

net et précis »

M4

« Tu sors de chez moi, tu ne prends plus la voiture. Sauf que… le moment où ça arrive, ça n’arrive pas

aussi brutalement que le couperet ».

« le moment où il faut décider du jour où ils ne peuvent plus conduire, ce moment-là, il n’est pas

simple ! ». M4 ne sentait pas capable d’être acteur responsable de ce moment où il dira « stop, c’est

fini », à l’inverse d’un événement brutal et marquant tel un AVC. Dans ce dernier cas, la situation

serait plus évidente.

« s’il y a possibilité de contourner la loi, elle sera contournée. Il faut une décision, point à la ligne (…)

Franchement ! Si (…) c’est toi qui a la possibilité, t’auras tous les patients qui vont te faire le siège »

M5

« Si c’était quelqu’un qui n’est pas mon patient que c’était un autre qui me l’envoyait pour déterminer, que je ne le connais pas, et bien je serais plus à même de le faire qu’en étant le médecin traitant du

patient »

M6

« Je préfèrerais envoyer à quelqu’un d’autre, comme un expert »

M7

« c’est compliqué quand ce sont tes patients ». « Il ne faut pas que ce soit nous »

M8

« j’estime que je suis médecin pour soigner, je ne suis pas là pour interdire de conduire »

« le droit d’interdiction répressif… je ne suis pas dans ce truc-là ». Toutefois il expliquait clairement

comprendre et se soumettre à un éventuel cadre légal de la chose : le « jour où c’est encadré et où il

faudra à tel âge faire une visite, oui ! »

M11

« que c’est vrai que si le couperet tombe à la fin de l’examen, et que je leur dis… (rire) « ça ne va pas

être possible ! »… c’est peut-être bien que ce soit quelqu’un d’autre »

« ce serait mieux qu’on ne le fasse pas forcément faire par le médecin traitant. En tout cas, que ce ne

soit pas le médecin traitant qui doit donner en dernier son avis sur la conduite automobile, et accepter

ou pas. »

« que nous on fasse l’examen de débrouillage, et ensuite si on voit qu’il y a soucis, on adresse vers

quelqu’un » « il faudrait quand même que ce soit une tierce personne extérieure qui donne la décision

finale »

M12

« ce verrou du médecin traitant qui connait son patient »

M14

faire appel au médecin expert et qu’on lui donne tous les éléments nécessaires du dossier, c’est que ce serait quelqu’un de neutre. Quelqu’un qui n’a aucun rapport affectif, comme vous dites, avec le

patient, et qui donne son avis.

Seulement 4 d’entre eux n’ont pas émis de difficulté pour contre-indiquer leurs

propres patients. 9 suggéraient plutôt de les faire évaluer par un confrère afin pour la plupart,

de préserver la relation médecin-malade.

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