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2.1.3 - L'intérêt du grade de docteur

Le statut de docteur procure-t-il un avantage à son titulaire ? Le moins que l'on puisse affirmer, c'est que l'entrée dans le processus de préparation d'une thèse impose un premier acte d'humilité, celui de l'acceptation de conditions financières plus que modestes.

En France, près de 70 % des nouveaux entrants en thèse bénéficient d'un financement, principalement d'origine publique. Seuls 9 à 10 % de ceux qui disposent d'un financement de leur thèse relèvent d'une Convention Industrielle de Formation par la Recherche (CIFRE), autrement dit d'une prise en charge par des entreprises, ce qui est relativement faible. Ce qu'il convient de considérer comme une indemnité plus qu'un salaire est généralement d'un montant plus faible que le salaire que le doctorant aurait obtenu s'il était entré sur le marché du travail muni de son master ou de son diplôme obtenu dans une grande-école.

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Les données relatives à l'Allemagne n'apparaissent pas dans les figures 2.B et 2.C.

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L'Union Européenne dans sa configuration la plus étendue se prévalait de près de 4000 universités en 2000. « Le rôle des universités dans l'Europe de la connaissance », Communication de la Commission Européenne du 5 février 2003, version modifiée du 19 avril 2006,

http://europa.eu/legislation_summaries/education_training_youth/lifelong_learning/c11067_fr.htm

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Nombre d'établissements universitaires disposant d'une « graduate school ». Un peu plus de 130 d'entre eux représentent 80 % des doctorats américains délivrés (2000). « Université et recherche : le modèle américain en question », (2007), Futurible, AFSP, MSH-Paris, pp.12 et 30.

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Le tableau de 2.C indique les chiffres précis représentés par le graphique précédent (le 2.B). Il convient de préciser que la référence retenue par Eurostat est celle des étudiants CITE 6 qui se fonde sur une acception plus large que la seule catégorie des doctorants.

Dès lors, seule la perspective de revenus futurs plus importants peut éventuellement fonder rationnellement le choix de s'engager dans un tel processus à laquelle peut s'ajouter l'éventualité d'un emploi obtenu plus rapidement.

Au final, le recul de la France est indiscutable sur ce plan. Les restructurations récentes et en cours, tant des écoles doctorales que des PRES devraient peut être permettre le redressement de ce nombre, mais rien n'est moins sûr. Si l'on considère ce dernier aspect au travers du taux de chômage des docteurs, il est indéniable que le grade de docteur octroie un léger avantage au regard du grade inférieur de master. En effet, le taux de chômage des docteurs est inférieur à celui des titulaires d'un master puisqu'il s'établissait en 2010 à 10 %

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(pour les sciences et 12 % en LSHS) contre 12 % pour ces derniers .

Si l'on s'attache plus spécifiquement aux emplois de chercheurs ouverts aux docteurs en Europe, l'essentiel des opportunités est encore le fait des établissements d'enseignements supérieurs qui emploient près de 34 % de l'ensemble des chercheurs.

Toutefois, ce chiffre diffère d'un Etat membre à l'autre, ainsi il est de 26 % en

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Allemagne, 55 % en Espagne et 70 % en Grèce .

L'autre principal débouché offert en matière de recherche se trouve dans les entreprises. En 2000 et si l'on se limite aux domaines scientifiques et à l'Europe, le secteur privé accueillait près de 50 % des chercheurs. A titre de comparaison, c'est près des 2/3 au Japon et 83 % aux Etats-Unis.

L'essentiel des fonctions de recherche au sein des entreprises est assuré par des ingénieurs, précisément 53 %. Cette part tend à décroitre entre 1997 et 2007, comme

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l'indique le tableau 3 de l'annexe . A contrario, la part des docteurs a légèrement augmenté dans cette période pour s'établir à 11,1 %. Il convient d'y ajouter les autres diplômes universitaires, généralement des masters (ou anciennement des DEA et DESS), qui constituent l'étape initiale de la formation à la recherche à laquelle les universitaires participent de façon majeure. Leur part s'est fortement accrue passant de près de 14 % à près de 21 %.

De façon générale, la poursuite des études en master et en doctorat, constitue un investissement pour l'étudiant-e. A ce titre, il peut légitimement s'interroger sur le rendement

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«Note de Veille 189 : Les difficultés d'insertion professionnelle des docteurs » Conseil d'Analyse Stratégique, juillet 2010 et L'état de l'enseignement supérieur et de la recherche, n°5, édition 2011, p.60

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« Le rôle des universités dans l'Europe de la connaissance », Communication de la Commission Européenne du 5 février 2003, version modifiée du 19 avril 2006,

http://europa.eu/legislation_summaries/education_training_youth/lifelong_learning/c11067_fr.htm

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de celui-ci. Le Taux Interne de Rentabilité privé (TIRP) pour le titulaire d'un master ou d'un doctorat se situe à près de 8 % en moyenne annuelle contre 6 % pour le détenteur d'un diplôme de niveau inférieur. Mais, de ce point de vue, la France se situe en deçà de 13 des principaux pays de l'OCDE, bien qu'elle devance tout de même des pays comme

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l'Allemagne, la Norvège, la Suède et le Danemark . Ceci semble indiquer que plus les niveaux de qualification et de connaissance d'une société sont élevés et moins important est l'avantage de la possession d'un doctorat en termes de TIRP. Dans le cas français, il apparaît évident qu'un relèvement de ce taux passe plus par une amélioration des conditions de rémunérations futures et par une prise en charge financière des années de thèse meilleure que par une éventuelle bonification du coût de financement du parcours de thèse.

Au final, la part des universitaires dans la recherche en entreprises tend à s'accroître globalement. Ce mouvement devrait s'accélérer dans les années à venir pour les raisons suivantes :

Tout d'abord, l'effet des accords de Bologne (1999) notamment la fixation de la durée de la thèse à 3 ans. Les observations faites sur les délais antérieurs faisaient état de durées qui allaient de 3,6 ans à 4 voire 5, 6 ou 7 ans suivant les spécialités. La réduction de ces durées devrait avoir un effet mécanique à la hausse sur le Taux Interne de Rentabilité. Toutefois, cela ne manquera pas non plus de générer des effets négatifs, notamment pour certaines disciplines pour lesquelles une durée aussi faible est incompatible avec un travail de recherche d'envergure et de qualité, c'est principalement le cas dans le domaine des sciences humaines (littérature, ethnologie, psychologie etc.). On observe déjà depuis un moment la conséquence d'une telle limite (bien qu'il soit plus exact de la considérer plutôt comme fortement indicative que comme une limite au sens légal) dans de nombreuses disciplines ou le volume des thèses de doctorat tend à décroître rapidement dans des proportions non négligeables. Les regroupements des établissements d'enseignement supérieur en cours au titre des PRES puis des nouvelles configurations qui résultent de la fusion de ceux-ci, et la contrainte imposée aux grandes écoles de participer à la formation des docteurs. Ainsi donc, les centres de production de ces docteurs devraient là encore mécaniquement s'accroître et probablement induire le même effet in fine sur le nombre de docteurs générés par le système d'enseignement supérieur français. Ce mouvement étant plus Européen que purement français, il y a lieu de s'attendre aux mêmes effets dans les autres pays membres de l'Union et naturellement pour l'Europe, dans son ensemble.

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Enfin, il est un aspect qui peut, en apparence, relever du détail, mais qui a une importance non négligeable sur le plan institutionnel : la reconnaissance du grade de docteur dans les conventions collectives. Ce n'est pas le cas à l'heure actuelle et une modification de celles-ci pourrait contribuer à renforcer l'attractivité d'un tel grade.

A présent, considérons l'un des aspects majeurs de la production intellectuelle des universités: les brevets. Ce volet est intéressant, car il assure le lien entre la production de savoir et sa transformation en savoir appliqué.