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dans la globalisation ?

1.2 Université et formation des élites

1.2.1 La formation des savants

l'autre, la raison finit par l'emporter car, si la rigueur est parfois défaillante, l'honnêteté est rarement en cause et si c'était le cas, le coupable serait rapidement exclu de la communauté académique.

1.2 Université et formation des élites

Renouant avec la pratique du Moyen-âge, l'université est, à nouveau, en mesure d'assurer partout la formation des élites du monde global.

Il s'agit, tout d'abord, de former les savants – et cela nul ne le contestera – mais aussi les acteurs, c'est-à-dire l'immense armée des gens éclairés qui conduiront, à un niveau ou à un autre, les organisations privées (entreprises, syndicats ou associations, …) ou publiques (administrations, exécutifs, gouvernements…), qu'elles soient locales, nationales ou internationales.

1.2.1 La formation des savants

Même si le développement des sciences expérimentales est reconnu depuis le XVIe siècle, ces dernières existent depuis l'antiquité. Beaucoup de philosophes grecs sont connus comme mathématiciens ou astronomes. Il faut se rappeler qu'il s'agissait, pour eux, de découvrir l'ordre et la raison (logos) sous-tendant le cosmos, et donc de faire de la « logique » philosophique ou philosophie de la connaissance.

1.2.1.1 La communauté scientifique

Des écoles d'Athènes jusqu'à l'Université contemporaine en passant par l'Université des maîtres et étudiants du Moyen-âge ou celle des sciences du XIXe siècle, la primauté de la

(16) ème

On l'a vu au XX siècle avec les canaux martiens, la théorie de la relativité, la dérive des continents. On l'observe aujourd'hui avec la grippe H1N1 en France ou le volcan islandais en Europe.

liberté de pensée et d'agir a généré des conflits avec le pouvoir politique, surtout quand il était « absolutiste ». Ainsi, de la suppression des écoles d'Athènes en 539 à celles des Universités françaises en 1792 en passant par les innombrables conflits entre Eglise, Villes, Etats et Universités, entraînant d'ailleurs parfois l'autodissolution de ces dernières, la liste est longue et on n'y reviendra pas. On observera, simplement, que si l'absolutisme a toujours cherché à asservir l'Université, la globalisation semble lui permettre de retrouver, avec des fortunes diverses liées à la culture et à l'histoire, la liberté et l'autonomie, aux quelles elle aspire plus que jamais.

Comme on l'a vu plus haut la communauté scientifique est aujourd'hui universelle, ce qui a deux significations essentielles :

- Au sein d'une même discipline, les connaissances sont à la disposition de tous les membres de la communauté et la controverse, à travers les revues, permet à la science d'avancer. Contrairement à certains arguments, que l'on peut lire ici ou là, cette controverse n'est pas limitée à la discipline et de nombreuses publications émanent de savants, spécialistes d'autres sujets, car la méthodologie repose toujours sur les mêmes règles : primat de

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l'observation, reproductibilité des expériences, publications, sous le contrôle des pairs …En outre, le recours généralisé à l'outil informatique ouvre, à l'infini, le champ de la critique, dans la mesure où il permet d'avoir recours à des modèles de plus en plus complexes et à des outils statistiques de plus en plus élaborés.

L'ennui vient de ce que ceux qui utilisent ces modèles et ces outils n'ont pas toujours une parfaite connaissance de leurs conditions d'utilisation et peuvent, donc, en faire un mauvais usage, aboutissant ainsi à des résultats erronés. Cette science fausse, assez courante, pourrait être ainsi réfutée tout aussi légitimement par les spécialistes de ces méthodes d'analyse. Certes, le cloisonnement des disciplines protège, parfois, les auteurs pendant quelques temps, mais tôt ou tard, les vrais spécialistes se trouvent amenés à expertiser, soit parce que le sujet a un certain retentissement, soit parce que la controverse amène les sociétés savantes, voire certaines organisations gouvernementales, à en demander l'évaluation.

On peut prendre pour exemple la fameuse « crosse de hockey » du réchauffement

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climatique (MBH, 98). La controverse, qui s'en est suivi avec Mac Intyre et qui n'est pas close à ce jour, a abouti à la mise en place d'un comité dirigé par le statisticien Wegman, dont le rapport a mis en pièces la méthode statistique utilisée. Dans le même temps, l'Académie des Sciences des Etats-Unis a fait procéder à une étude, qui a abouti à la même

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Benoît RITTAUD, le mythe climatique, éditions du seuil, 2010. P182

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M. Manu, R. Bradley & M. Hughes, «Global Scale temperature Patterns and Climate Forcing over the Past Six Centuries » Nature, 392, p779, 787, 1998.

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conclusion. Certes cela est survenu en 2006, huit ans après la publication, mais, on constate

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dans le rapport du GIEC de 2007, que la courbe en crosse de hockey a disparu .

En fait, dans de nombreux cas, les modèles utilisés reposent sur ce que l'on appelle des

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hypothèses sous-jacentes qui, pour être généralement ignorées des utilisateurs , n'en doivent pas moins être respectées pour obtenir des résultats pertinents.

Plus généralement, il faut rappeler ici qu'une vraie science doit répondre au critère formulé par Karl Popper, il y a soixante ans. Celui-ci considère qu'une science, pour être reconnue comme telle, doit être « falsifiable », c'est-à-dire que l'on doit pouvoir réaliser une expérience qui puisse montrer qu'elle est fausse. La science sera considérée comme en accord avec les observations passées, aussi longtemps qu'on n'aura pas démontré expérimentalement qu'elle est fausse. En revanche, on ne pourra démontrer qu'elle est vraie pour toujours.

La communauté scientifique ne se limite pas aux universitaires et elle inclut, naturellement, les étudiants qu'elle forme et les amateurs, qui s'intéressent à elle, même si leur apport est en général marginal. Toutefois, aujourd'hui où elle se trouve au cœur des grands enjeux de la société planétaire, il est impératif que ses méthodes et ses valeurs soient reconnues par l'ensemble des décideurs et des communicants afin que les informations qui sont diffusées à son sujet, et, par voie de conséquence, les décisions à portée scientifique qui sont prises, soient respectueuses du savoir scientifique et permettent à l'humanité de suivre le chemin de crête sur la voie du progrès. Pour s'assurer de ce résultat, le développement international des universités constitue un enjeu majeur qu'il convient d'analyser.

1.2.1.2 Le développement international des universités

Comme on vient de le voir, la communauté scientifique est loin d'avoir le poids, qui devrait être le sien dans une société dite « de l'intelligence ». Il y a à cela plusieurs raisons :

Même si cette communauté est universelle, son mode de fonctionnement, dans l'établissement du savoir, est lent, chaotique, semé d'allers-retours et difficile à comprendre pour les personnes extérieures. On l'a bien vu, dans le cas du réchauffement climatique, avec le système des rapports « gigognes », mis en place par le GIEC et comprenant une version adaptée aux décideurs, sorte de vulgarisation devant faciliter la prise de décision par les politiques. Si l'idée est louable, le résultat pêche, comme on le voit à travers les controverses qui font actuellement rage. Sans prétendre à l'exhaustivité, on peut observer d'une part, que le comité qui rédige ce rapport comporte une large proportion de non- académiques et d'autre part, que les propositions sont décidées par consensus. Ce qui semble satisfaisant.

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Benoît RITTAUD, op. cit. p66

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Sur la composition du groupe, on voit bien qu'il ne permet pas de donner une caution scientifique réelle au rapport. Certains cherchent à minimiser l'influence des non-scientifiques en précisant que le comité décide par consensus, sous-entendant ainsi qu'on ne peut rien imposer aux scientifiques présents.

Sur le consensus, en octobre 2009, plus de 160 physiciens ont envoyé une lettre au Sénat américain, insistant sur le fait « qu'un consensus n'est pas un test acceptable de validité scientifique ». Ainsi donc, même lorsque les décideurs cherchent à associer la communauté scientifique, les problèmes de cohérence et de rigueur méthodologique n'en disparaissent pas pour autant.

La méthode scientifique fonctionnant par essais et erreurs, il est impossible d'éviter, sur le front de l'évolution des connaissances, des avancées et des reculs créant, dans le public, un sentiment de flottement. Il est donc nécessaire que la globalisation du savoir soit améliorée par une communication informelle beaucoup plus développée. Pour ce faire, le processus d'internationalisation des universités doit être facilité, afin de multiplier les contacts entre les enseignants de tous les pays et avec les étudiants de toutes origines.

Le développement des séjours à l'étranger, notamment pour les études doctorales et les post « docs », induit nécessairement des interactions au niveau de la recherche et a pour effet de développer, chez tous les acteurs, une plus grande ouverture aux autres, une meilleure connaissance de ce qui se fait ailleurs. Le processus d'avancement de la recherche s'en trouve mécaniquement accéléré.

De plus, ce développement international entraîne la création d'un nombre croissant de réseaux, à une échelle de plus en plus grande jusqu'à devenir planétaires. Dans le domaine de la science, ceux-ci doivent conforter les grandes organisations et en créer là où le besoin s'en fait sentir, afin d'optimiser le processus de controverse et d'accélérer la vitesse d'avancement des connaissances.

On se prend à rêver qu'un jour, ce dispositif – devenu universel et planétaire – puisse émerger comme interlocuteur (au sens de comité d'experts institutionnalisé) d'une gouvernance politique mondiale naissante et d'une opinion publique en voie de globalisation, pour tendre vers ce que l'on appelait jadis « la sagesse des nations »