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Les entrepôts et plateformes logistiques assurent le stockage de composants, de produits divers et de matières premières afin de desservir les différents maillons de la chaîne logistique. Ces derniers peuvent correspondre à des plateformes intermédiaires, des distributeurs, des chaînes de production et de maintenance ou encore des magasins. Dans le cas de la chaîne hospitalière, les stocks peuvent être très élevés, allant jusqu'à plusieurs milliers de produits détenus par une même plateforme hospitalière.

Il est complexe, pour les gestionnaires, de suivre avec la même finesse et d'accorder une même importance à l'ensemble de tous les produits stockés. Il est ainsi important de pouvoir identifier, parmi la multitude des produits détenus, la classe des articles pilotes. Cette catégorie correspond en général à une petite fraction du stock (entre 10% et 20% des produits) et représente un taux financier élevé (autour de 80% du flux financier annuel de la plateforme). Un suivi rigoureux est généralement accordé aux produits appartenant à cette classe.

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Il est courant, en pratique, de procéder, périodiquement, à cette priorisation dans le but de séparer les articles phares du restant des produits. L'effort à dépenser pour le suivi et le maintien du stock est souvent modulé par cette catégorisation. Différentes règles de gestion peuvent, en effet, être adoptées selon la classe d'importance du produit. Cette démarche est fondamentale. La bonne appréciation, ou non, des classes d'importance peut avoir des conséquences considérables sur le bon fonctionnement de l’organisation.

La méthode de classification ABC classique est parmi les techniques les plus utilisées, en pratique, dans la priorisation des articles du stock. Les produits sont répartis en trois classes d'importance : produits de la classe A, considérés comme étant les plus critiques, produits de la classe B, moyennement importants, et les produits de la classe C, considérés comme non prioritaires.

Figure 11: Coubre ABC

Cette répartition est établie, dans la plupart des cas, sur la base d'un critère financier. Les articles du stock sont, généralement, classés en sens décroissant de leur montant financier annuel, critère connu sous l'appellation anglo-saxonne d'ADU et représentant le produit de la consommation annuelle de l'article par son prix unitaire. La classe A, correspond en général à une faible proportion variant entre 10 % et 20 % du total des articles et représentant une grande proportion du total financier. Les produits de la classe C sont les plus nombreux (autour de 60 % du total), mais ont un faible poids financier. La proportion intermédiaire correspond aux articles de la classe B.

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Cette méthode est très répandue auprès des gestionnaires et des pharmaciens. Elle est assez facile d'appréhension et très simple d'application. L'utilisation de classeur Excel permet facilement d'entretenir cette démarche. Elle est aussi souvent supportée par des modules de gestion de stock plus spécialisés.

Alors qu'elle est systématiquement appliquée en pratique, Ramanathan (2006) considère que l'approche de classification monocritère n'est pas toujours la mieux appropriée. Cette approche est justifiée dans le cas où les produits stockés présentent une certaine homogénéité et que la différence porte uniquement sur le critère financier. Ceci n'est pas forcément garanti dans le cas des produits pharmaceutiques. Les plateformes étant de plus en plus denses, desservant une grande variété de services de soins, les articles stockés présentent nécessairement une certaine disparité.

La méthode ABC classique a fait également l'objet de critiques dans les travaux de Guvenir &

Erel (1998), Huiskonen (2001) ou Partovi & Anandarajan (2002) lesquels ont reconnu que

cette dernière ne constitue pas en général une bonne méthode de classification.

L'approche humaine, basée exclusivement sur l'expertise du gestionnaire, peut constituer une alternative à la classification ABC monocritère. Une démarche intuitive, s'appuyant sur la connaissance du manager, peut souvent s'avérer effective et pertinente, elle s'appuie couramment sur l'expertise des managers dans la gestion de certaines opérations. Ainsi dans les plateformes hospitalières, les pharmaciens ont coutume d’intégrer en plus des critères de coût ou d’ADU, des critères complémentaires comme le délai de réapprovisionnement, ou encore la criticité qui est liée à la rareté d’un article avec dans le cas des médicaments la possibilité ou non de le substituer à un produit générique.

Partovi & Anandarjan (2002) considèrent que cette approche est aussi limitée, le jugement

humain, aussi avisé soit-il, n'est en aucun cas dépourvu de subjectivité et présente des risques d'incohérence.

En réponse à cette problématique, certains travaux ont considéré des approches de classification multicritères. Pour pallier les insuffisances du critère unique, plusieurs attributs ont été identifiés, comprenant en plus de l'aspect financier, le temps de

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réapprovisionnement, la criticité de l'article, son obsolescence ou encore le quota de commande. Le principe consiste à intégrer l'effet de tous ces critères en un score global pour aboutir à une classification plus juste. Pour ce faire, différentes techniques de calcul, issues de la littérature multicritères, sont applicables. L'enjeu est de réussir à prendre compte de l'ensemble des critères tout en remédiant à l'approche ad hoc basée intégralement sur l'expertise de l'humain. Nous proposons dans ce qui suit de revenir sur les principaux travaux ayant traité de la problématique de classification des articles du stock. Ceci nous permettra de recenser des modèles de calcul, de les comparer afin de définir ceux qui répondent le mieux à notre problème.