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INSTITUTIONS OFFICIELLES

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I« - mterventions particulières.

Si quelques Etats seulement ont institué jusqu'ici de vé­ ritables services publics de loisirs, très nombreux au contrai­ re sont ceux qui exercent déjà un contrôle partiel sur certai­ nes entreprises de récréation et de culture. Par l'institution

de bibliothèques publiques, les pouvoirs officiels intervien­ nent dans la propagation des livres; ils contrôlent les émis­

sions radiophoniques, le cinéma également est soumis à leur cen­ sure.

Depuis l'introduction de la journée de huit heures, les bibliothèques publiques, reconnues comme un des meilleurs ins­ truments de formation intellectuelle pour les adultes, se sont considérablement développées. (1) Leur utilisation est commode et accessible à tous. En Angleterre, les livres circulent par colis postaux; aux Etats-Unis, il suffit de téléphoner à la bibliothèque publique pour obtenir à domicile tout renseigne­ ment ou tout ouvrage demandé. En Belgique, pour évaluer l’effet

de la loi sur les bibliothèques publiques, promulguée en 1921, on peut comparer les chiffres suivants: en 1922, il y avait 370 bibliothèques reconnues par l'Etat, et disposant d'un million

et demi de volumes. En 1924, un peu plus de deux millions et demi d'ouvrages avaient été prêtés. En 1934, il y avait 2388

(1) Jusqu'ici cinq pays ont favorisé ou même rendu leur création obligatoire par une loi; la Tchécoslovaquie en 1919, la

Belgique en 1921, en 1928 la Finlande, en 1930 le Danemark et la Suède. En Russie et en Italie, elles sont instituées suivant un plan d'ensemble élaboré. Aux Etats-Unis et en

bibliothèques publiques qui disposaient de plus de quatre mil­ lions de livres et avaient prêté au cours de 1^année 8,200.000 volumes (1). Un peu partout, des bibliothèques itinérantes, des caisses de livres atteignent les villages les plus reculés, attendent les marins aux escales, pénètrent dans les usines et les hôpitaux.

La bibliothèque publique met à^la portée de tou^ sans con­ sidération de fortune, les ressources infinies de la produc­ tion littéraire et scientifique. Elle a 1*avantage de ne pas se restreindre comme les cours au cadre limité d*un programme, elle peraet l’étude personnelle, l’initiative originale et in­ dépendante. Une attention spéciale doit être accordée aux bib­ liothèques enfantines, car il faut cultiver dès la jeunesse le goût de la lecture. lAi enfant du peuple qui a pris l’habitude régulière de manier des livres, la gardera devenu adulte; celui

qui n’aura pas subi cette formation progressive ne pourra l’ac­ quérir plus tard qu’avec difficulté, et le plus grand déchet.

Les bibliothèques de type "populaire” doivent se garder avant tout, de tomber^sous prétexte d’attirer le public, dans les collections commerciales à bon marché, ou dans la vulgari­ sation scientifique de fantaisie.

Le but d’une organisation publique en ce domaine est de compléter, de développer, de contrôler les initiatives locales;

Grande-:^etagne, elles sont particulièrement encouragées. (î)Annuaire Statistique de Belgique. 1935.

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d’assurer les ressources suffisantes pour former de bons bib- - liothécaires (1), établir un aménagement matériel favorable, et répondre aux divers besoins. <

it

■>‘-Dans le domaine du cinéma, s’il existe dans presque tous les pays une censure officielle, celle-ci paraît préoccupée du contrôle des films qui pourraient porter atteinte à l’ordre é- tabli, ou émouvoir trop fortement l’opinion publique devant cer­ tains aspects de la réalité, beaucoup plus que du niveau culturel et artistique des productions. Il ya quelques années à peine, les films russes de la plus haute valeur artistique étaient prohibés dans nos pays d’Occident. Il est connu, en Belgique, que la cen- suœ interdit certains films aux enfants à la première présenta­ tion, et qu’elle autorise fréquemment leur présence dans les cas de reprises.

Dans certains pays, en Allemagne, en Italie, en Hongrie, les cinémas sont obligés cependant d’inclure des films éducatifs

dans leurs programmes. En U.R.S.S., le cinéma est devenu un véri­ table service public, sous la dépendance de l’Etat. Les metteurs en scène et les artistes n’y sont limités par aucune puissance financière; mais leurs productions sont soumises aux critiques d’un conseil formé de membres des syndicats, du parti coranuniste,

(1) En Belgique, les écoles de service social répondent à ce be­ soin en formant des auxiliaires spécialisés dans la matière.

tioo. Là oà cette organisation est aux mains de içpcdûm truste

Gosaaerciauxy cotame aux Stats«4!nle, per exenplei le niveau des

âmieeione ne dépaece guère celui des produotione les plue in* férieures d*2ioll^'Wood. Quand l^instltuticn» telle la **3ritiah droadeaeting Corporation**» ne e'onbarraese pas de considéra­ tions de profit et de concurrexu^e éconcxdLquei les prograsiaee e<mt au contraire dirigée dans un but d’intérêt public et d*é*

ducation populaire* Uq exaaple de nnopole d’2tat déEaocrati<|ue

(1) L'éfdointion de l'art draeaatique» le cinéaa* * PubUeatione de l'Institut Supérieur Ouvrier. * Parisf 1933. p.47.

 c5té pouvoir officiel» certaines organisatlone socia­ les non comercialee chez*chent exissX à faire reotplir au cS> néiaa sa fonction éducative et culticrelle, En Allœftagne et

en Autriclie» les organisatione c^yndicalee fabriquaient elles-^n^aee» 4^um^'a cee dernières années » leurs filme scientiflquee ou professiomele « üïi rï*ance» des ftlns de

géogTistphie ont été tournés pour l'«uoseignea«ut primaire et l'enseigzidtôent professlonzielî ainsi que de z^breuses ben- des scientifiques et médicales.

Un institut International du Cinéma Educatif, fondé an 192Z» a pour but de «favorissr la prodoction, la diffusion et l'é- cbange» antre les différents pe^s» des filme éducatifs

ayant trait à l'instruction, aux arts» à l'orlentatic» et à 1 * enseignement professlonnei» à la propagande d'ii^giène et d'éducativm sociale”.

/Eevue Internationale du Cinéma TSduoateur. Juillet 1939* K* Z.

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est. donné par le Danemark. (1) La radiodiffusion ne présente pas, dans ce pays d’aspect de direction unique, et de soumis­

sion aux intérêts gouvernementaux, d'Etats dictatoriaux, tels que l'Allemagne, l'Italie, l'U.R.S.S./(. Relevant du ministère des travaux publics, elle est dirigée par un conseil radiopho­ nique de 15 membres: deux représentants du ministère des tra­ vaux publics, un du ministère de l'instruction publique, deux représentants de la presse, quatre parlementaires appartenant aux différents partis, et enfin six représentants des associa­ tions d'auditeurs (sans-filistes neutres, socialistes, chré­ tiens, etc.). Cette organisation publique, mais démocratique paraît donner les meilleures garanties d'impartialité et de

qualité. ^ ^

En plus des interventions dans l'organisation des biblio­ thèques, du cinéma, de la radiodiffusion, les pouvoirs publics

se préoccupent aussi,parfois, des problèmes généraux de la for­ mation populaire intellectuelle et esthétique.

Dans le domaine de l'art, les bibliothèques ouvri tous l'accès aux chefs d'oeuvre de la littérature, la radio permet à la musique de pénétrer jusque dans les moindres villages, les musées ont collectivisé la jouissance des plus grandes produc­

tions de la peinture et de la sculpture. Les "bibliobus" usités dans plusieurs pays, les théâtres ambulants d'Italie, les expo­ sitions itinérantes qui, à travers l'Espagne, font connaître à

(1^ Ce pays possède, proportionnellement à sa population, le plus grand nombre de postes récepteurs,

cf. A. Habaru: L'organisation Internationale de la radio­ diffusion. - Bruxelles, l'Eglantine, 1931. p.I2.

ce pays les chefs-d*oeuvre de sa peinture, résolvent les diffi­ cultés de 1*isolement des campagnes.

Il ne s’agit plus désormais que de généraliser, compléter, systématiser les initiatives existantes: gratuité des musées et manifestations artistiques abordables à tous; cours et confé­

rences de formation générale.

'•J’ai vu à Leningrad, une excellente mise au point de cet­ te scolarité d’un type nouveau: quand les ouvriers d’un syndi­ cat ou d’une usine doivent se rendre au théâtre ou au ballet, des maîtres, adaptés à cet enseignement, leur donnent des le­ çons sur la pièce ou sur la choré^graphie, de telle façon que les spectateurs ne soient pas des étrangers et n’arrivent point, dans la salle, démunis et désemparés” (l).^^^ns le domaine de l’éducation populaire supérieure, exception faite des quelques pays possédant une véritable organisation publique^des loisirs, l’intérêt officiel ne s’est guère manifesté Jusqu’ici que sous forme d’encouragements partiels et avarement distribués. Nous ne pouvons mieux faire ici que de rappeler la magistrale étude de Charles Andler sur ”L’humanisme travailliste” (2). L’auteur élabore dans cet ouvrage l’idée d’"Instituts du Travail" natio­ naux attachés aux universités et aux grandes écoles, enseignant les mêmes matières, mais de façon nouvelle. Le but serait

d’of-(1) R. Dupierreux: L’art et les loisirs du travailleur. - Rap­ port présenté au Congrès International des Loisirs du Tra­ vailleur. p.2. Bruxelles, Juin, 1936.

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frir aiix ouvriers un complément d'instruction accessible à tous, mais réellement supérieure -e$ cela aussi bien pour les armer en vue de la bataille économique et de la vie civique, que pour leur donner la culture intellectuelle nécessaire à leur équilibre psychologique et moral. Les Instituts du tra­ vail centraliseraient l'apport des sciences à l'amélioration de la vie sociale. Ils comprendraient quatre facultés, dont Andler dresse un programme précis. La preniière serait celle de la médecine et de la pharmacie; elle exposerait avant tout l'art de l'hygiène; les résiiltats nouveaux des sciences natu­ relles appliquées à l'homme. Elle en poursuivrait la diffusido, chercherait à les enraciner dans l'opinion. Elle contribuerait à l'étude de l’amélioration des conditions du travail, de

l'hygiène dans la vie et l'habitation, du surmenage des en­ fants et de l'éducation physique, de l'alimentation rationnel­ le des effets de l'alcoolisme et des poisons industriels; elle enseignerait aux femmes les dangers des maladies vénériennes, les suites mortelles de l'avortement.

La deuxième faculté, des sciences et de la technologie, tiendrait le monde ouvrier au courant des inventions et des applications sans nombre de l'industrie. Elle constituerait un véritable conservatoire des arts et métiers.

La troisième faculté se consacrerait à l'économie et au droit. Elle enseignerait une économie politique réaliste; la science d'organisation des usines, le mécanisme de la gestion

Enfin, la faculté des lettres enseignerait à la fois 1*histoire des faits sociaux et des idéaux, les conceptions religieuses et morales, la géographie physique, humaine et éco­ nomique, l»histoire du travail, l’histoire du commerce, des

luttes de classes, des régimes politiques et des institutions* Elle dispenserait la connaissance des belles lettres et des arts qui n’est pas un luxe, mais une Joie et un raffinement de la vie.

Si les institutions autonomes d’éducation ouvrière sont in­ dispensables dans la société actuelle, un enseignement populai­ re général, et réellement supérieur, ne peut être que national}

seuX,,la collectivité dans son ensemble peut obtenir les maîtres qualifiés et les dispositifs matériels perfectionnés dont elle a besoin.

2° - S£ryiç.$g,.g}.ifa3.jL.ss. .lpAgj,ra.i.

Des services publics destinés spécialement aux loisirs po- < pulaires n’ont été organisés. Jusqu’ici, que dans quatre pays,

où ils répondent d’ailleurs à des conditions bien différentes: l’Italie, l’Allemagne, l’U.R.S.S., la Belgique.

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En Italie, ”L*Opera Nazionale Dopolavoro”,(1^0*N«D.) (1) de­ vint institution officielle en Mai 1926, dans le but de " promouw voir, établir et coordonner les institutions susceptibles d*élever au point de vue physique et moral les travailleurs manuels et intâp lectuels pendant leurs heures de loisir ".L*institution dépend di- rectenant du ministère des corporations* A l'office national, se rattachent des offices provinciaux et commimaux. Il existe égale - ment une organisation professionnelle et sociale : un Dopolavoro

des grandes entreprises d'Etat,, un Dopolavoro colonial, rural,des- oôurs féminin. Ce dernier notamment possède des salles de materni­ té, organise des cours d'I^giène, de couture, d'éducation culturel­ le et professionnelle.

L' O.lî.D. exerce ies activités dans quatre grandes direc - tiensî Elle veut développer le sport populaire et le tourisme et stimuler le goût des voyages’st poursuivre l'éducation artistique de la population au moyen de société dramatiques et musicales, du cinéma de la radiodfffusion ,* rénover par l'organisation de grandes fêtes populaires, l'ésprit traditionnel du folklore italien. Les trois "Chars de Thespis", troupes dramatiques itinérantes vont ,jus- qué dans les moindres villages, faire connaître à la population les

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chefs d'oeuvre du théâtre national. L'O.IT.D. cherche/^développer l'instruction et la culture générale. Elle organise non seulement des cours de sténo-dactylographie, de dessin et de langues, des le­ çons élémentaires pour analphabètes et quasl-illêtrés, mads aussi à

(1) A. Starexee t L'Opéra ITazionale Dopolavoro, Mandadori 1933. Documehtation du Bureau International du Travail.

un degré eupérieur, des cours de politique coi^orative, et de perfectionnement professionnel. Elle propage et organise enfin

systématiquement l'assistance sociale et hygiénique; elle veut assurer le bien-Stre indispensable à l'épanouissement de la fa- mille, -elaaer des équipes de premier secours à l'usine, créer

des institutions d'allaitement des bébés, des colonies de vacan­ ces, des cités-jardins... (1)

L'organisation dJâ&loisiriallemande (2), quoique d'origine toute récente, nepose néanmoins sur certaines traditions. Ses dirigeants ont su utiliser les organisations et les moyens d'ac­ tion préexistants à la révolution nationale-socialiste: asso­ ciations sportives, anciennes écoles syndicales, bibliothèques populaires, oeuvres de jardins ouvriers sont reprises et centra­

lisées par l'Etat hitlérien.

(1) L'O.N.D. vient de célébrer son lOe anniversaire, et à cette occasion des chiffres ont été publiés siir le développement de l’institution: le nombre des inscrits était, il y a 10 ans, de 280.584; il est aujourd'hui de 2.108.227. Il y a- vait alors 164.employés et II6.I77 travailleiirs manu­

els membres de l'Oeuvre. Il y a maintenant 795.729 employés et 1.312.498 travailleurs manuels. Les activités du dopola- voro (spectacles d'amateurs, représentations à ciel ouvert, par les Chars de Thespis, radio, excursions, sports, voya­ ges...) ont atteint au cours de la première année le chiffre de 1660. Elles s'élèvent à présent à 913.456. De 113 compa­

gnies d'amateurs, on est arrivé à 2.415; de 614 groupements musicaux, à 9.239. Les cours d'enseignement professionnel

sont passés de 157 à 649. Les bibliothèques de 80 à 3.156 et les volumes de 24.000 à un million. Les manifestations spor­ tives qui étaient au début de 1.563, arrivent maintenant à 203.284. Le nombre des associations faisant du sport, s'est élevé de 467 à 8.025. (Documentation du Bureau Internatio­ nal du Travail).

L*organisation "Kraft durch Ereude", fondée officiel­ lement en automne 1933, comporte six offices, chargés respeo tivement de la culture nationale, des voyages et des excur­ sions, des vacances ouvrières, de l’assistance mutuelle, de l’instruction, et enfin de la dignité et de la beauté du tra­ vail.

L’office de la culture est tenu à organiser la vie in­ tellectuelle selon le système corporatif (1). Toutes les ma­ nifestations de culture sont placées sous le contrôle de l’Etat; la participation à l’organisme collectif est obliga­ toire pour tous les citoyens intéressés. D’après les documents officiels, l’office se subdivise lui-même en six chambres: (2)

La prenière s’occupe de l’administration intérieure de l’offi­ ce. La seconde, la chambre des beaux4arts, organise des expo­ sitions et des locations de tableaux, des visites guidées dans les musées et des conférences artistiques. La troisième cham­ bre est celle de la musique; elle met sur pied des concerts populaires et des représentations d’opéra; elle crée des or­ chestres itinérants qui vont faire connaître, à travers l’Alle­ magne, les chefs-d’oeuvre de la musique nationale.

(1) Berliner Tageblatt - 28 Novembre 1933. (2) Der Deutsche - Berlin, 13 Décembre 1933.

butions viennent se ranger les bibliothèques publiques,les cours et les conférences littéraires. La cinquième organise les repré­ sentations théâtrales et cinématographiques à prix réduit (60 pii à 1 mark), les jeux de masse et les grandes fêtes populaires.La de: nière chambre enfin est celle de la radio et de la presse, toutes deux entièreraent centralisées par l’Stat.

L'office de la culture a pour but de diriger la vie spiritiü le de tout le peuple, de créer une culture proprement nationale, dont l'idéal serait, d'après le Dr. Ley, chef de l'Arbeits-R:*ont,

"le mariage de l'esprit héroïque avec les lois éternelles de l'art,' Le deuxième office, dirigeant l'organisation des voyages et des excutsions est complété par le troisième qui s'occupe des va­ cances ouvrières. Leur but est de faire connaître aux travailleurs les ressources et les beautés de leur pays.

L'office de l'assistance mutuelle semble directement inspiré par l'exemple du Dopolavoro italien: création d'oeuvres hygiéniques

et sanitaires, protection de l'enfance etc..

L'office de l'instruction et de l'éducation vise au perfec­ tionnement professionnel , et surtout à la foianation de fonction­ naire du régime , à la diffusion de l'idéologie nationale-socislist

eieeeupe-pas-du-temps-lifepe Le sixième office dit " de la dignité et de la beauté du travail " (3^) est une invention spécifia quement allemande; s'il ne s'occupe pas du temps libre proprement

profes-(2) Abschrift der Deutschen Arbeiterfront. Berlin,13 juillet 1934.

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sion, a rendiûe.au travail béauté et dignité par l’hygiène, et âê- me plus, par le souci esthétique à l’atelier•l’ofYicB étudie l’in:

fluence des couleurs sur les dispositions psychologiques; il orgrâ nise des concours pour les plus beaux lieux de travail.

Le but de la nouvelle organisation, dit le Docteur Ley, à l’inauguration du "Kraft durch Kreude", est de créer un peuple aux nerfs forts; de faire participer tous les Allemands à l’art, à la musique, au théâtre, aux beautés du pays, participation qui ne doit pas dépendre de la richesse et de la propriété, mais uniquement des aspirs-tions à la, cultLire. (1)

Si l’on compare les institutions allemandes et itcd„ien- nes, on ne peut douter que la "Kraft durch Pi'eude" se soit

fortement inspiré du Dopolavoro, bien qu’il s’en défende. On trouve cependant certaines différences. En Italie, l’oeuvre s’adresse uniquement aux ouvriers et aux employés; à côté de la subdivision locale, il existe une subdivision profession­ nelle. En Allemagne, toutes les professions fusionnent, et les

employeurs se mêlent, en principe, aux mêmes distractions que les employés. Ce n’est par une organisation de classe, ni une organisation professionnelle; ce doit être une communauté na­ tionale solide et solidaire, d’où ces séparations sont bannies. Le caractère encore récent de l’oeuvre oblige cependant à cer­ taines réserves, quant à l’étendue de ses réalisations.

L'O.N.D. italien, le “Krait. dur ch Freude” allemand repré­ sentent une des manifestations unitaires et centralisatrices du fascisme, et se séparent nettement, en apparence, tout au moins de Inorganisation commerciale des loisirs et de la culture col­ lective traditionnelle, en se disant bAsés sur des valeurs tel­ les que l'esprit de solidarité et de communauté, la dignité du travail, /diffusion plus larjge de la culture Individuelle. Mal­ heureusement, si l'on obeeirve la réalité, ces notions apparais­

sent détournées de leur signification propre, de leurs fins pri­ mitives; elles ne représentent pas tant des valeurs humaines dés­

intéressées, que des instruments au service d'un régime politi­ que à la recherche de prestige et de popularité.

On veut créer l'esprit de solidarité sans supprimer les éléments d'opposition, car l'inégalité des classes sociales sub­ siste. La coimnunauté n'est pas faite de fraternité et de compré­ hension largement humaines, mais d'orgueil nationaliste. L'orga­ nisation des loisirs n'a pas comme but le développement désinté­ ressé de l'individu, mais la formation de rouages perfectionnés au service d'un régime, de producteurs toujours plus qualifiés, et surtout de citoyens obéissants et disciplinés. Elle est consi­ dérée comme un moyen et non pas comme une fin.

L'O.N.D., Le Kraft durch Preude enciwe plus, tout en voulant offrir dhenseigner au peuple le moyen d'employer avec fruit son temps libre, négligent le fondement essentiel du loisir: la

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cité d^apprécier et la liberté dans le choix. Malgré 1*éten­ due de leurs prestations matérielles, des loisirs imposés*, ne pourront jamais devenir ceux d'hoimûes libres et conscients.

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