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Au même titre que la microscopie au XVIème siècle, des outils et des moyens techniques permettant d’améliorer la façon dont on étudie et évalue la biodiversité sont actuellement développés. S’ils étaient appliqués à l’entomologie et plus précisément au domaine de la conservation des insectes, ces technologies permettraient de gagner en précision et

d’améliorer la pertinence les stratégies actuelles de conservation. Mais au-delà de ces défis

techniques, certes à relever, le cœur des enjeux de la conservation subsiste du côté de la société et de ses décideurs.

Jusque-là, l’analyse et le travail réalisé nous ont permis de montrer le fréquent refus, de ressort psychologique, auquel sont confrontés les insectes. Qu’il soit une réponse évolutive ou une construction culturelle, ce refus peut transparaître dans nos volontés à préserver cette biodiversité (études 1 et 2). De même, la perception des insectes peut s’immiscer dans les thématiques de recherche ou encore dans les instruments réglementaires pour la conservation (étude 3), même si la science et la réglementation ont vocation à être objectives.

Les biais liés à la perception sont effectivement très pesants dans les stratégies et fonctionnements actuels. Vouloir préserver l’entomofaune impose de poser la question des approches nécessaires pour mieux couvrir le groupe. De même que, si la prise en compte de la perception n’est pas suffisamment développée en conservation, les efforts scientifiques et institutionnels pour atteindre les objectifs dits de « perte nulle en espèces » (ie. Aichi : Funk

et al. 2017) seront vains.

L’étude 2 nous a permis d’établir une méthode qui permet d’avoir la représentation de la

diversité d’un groupe et d’explorer plus précisément la perception de l’entomofaune. A partir de cet exercice, il est possible d’ouvrir la porte du changement de perception. Afin

d’illustrer l’accompagnement de la perception des insectes, vers une image plus positive ou

encore une meilleure compréhension de l’importance écologique du groupe, nous allons dans un premier lieu commenter diverses démarches qui nous semblent pertinentes dans le cadre de la conservation des insectes. Car la conservation de l’ordinaire se doit d’être

117 Samways 2018) ; cela ouvrira des possibilités quant à la conservation de la biodiversité dans son ensemble.

Dans un second temps, nous reviendrons sur les nouvelles techniques de recherche qui nous permettraient de passer d’une conservation espèce-centrée et « vertébriste » (Helsdingen 1997 ; Warren et al. 2007), particulièrement sensible aux biais de perception, à une conservation holistique écosystème-centrée. Ce changement de paradigme, vers une conservation intégrative, est plus que jamais nécessaire, particulièrement si l’on veut couvrir des groupes « ordinaires » comme l’entomofaune (Mougenot 2003 ; Lanord 2004 ; New 2007 ; Drummond et al. 2010).

En effet, dans notre vision de la conservation des insectes nous postulons (i) que

l’entomofaune doit exister dans les consciences et être respectée en tant qu’une

biodiversité (animale) comme une autre, (ii) que son étude doit être accélérée, malgré le fait

qu’il sera impossible de lancer un programme pour chaque espèce décrite ou à décrire, et

enfin (iii) que l’entomofaune doit être incluse dans des démarches de conservation habitat

ou écosystème centrées, la conservation espèce-centrée étant un luxe que l’on ne peut pas

vraiment se permettre dans le contexte de crise actuelle.

1. Vers une relation positive entre le « grand public » et les insectes

« On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l'on aime » est une citation de Jean-Yves Cousteau40. Dans un ton légèrement différent, l’environnementaliste africain Baba

Dioum a dit « En fin de compte, nous ne conservons que ce que nous aimons, nous n’aimons

que ce que nous comprenons et nous ne comprenons que ce qu’on nous enseigne »41. Dans

la première citation, nous reconnaissons une dimension d’enchantement, d’admiration,

alors que dans la deuxième citation, nous retrouvons une dimension d’éducation. N’étant

pas opposés, l’émerveillement et l’éducation (ou également la sensibilisation) peuvent

survenir de façons indépendantes ou conjointes (Da Silva & Votre 2009). De même qu’elles

peuvent mobiliser l’attachement et l’empathie (voire l’amour). Alors, quels leviers pour

susciter ces émotions positives envers les insectes ?

40 France-sur-mer : Un empire oublié, Philippe Folliot, Xavier Louy, éd. Editions du Rocher, p. 41

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a) « Pandariser l’ordinaire » : l’utilité des approches vertébristes de

sensibilisation pour l’entomofaune

Le marketing de la conservation est un levier de sensibilisation des « grandes masses » qui est souvent avancé comme pertinent et efficace (Wright et al. 2015). Cette discipline

s’attache à influencer les comportements des sociétés au bénéfice de la conservation au

travers de la théorie du marketing social (Wright et al. 2005 ; Attal 2016 ; Veríssimo et al.

2018). Elle part du principe qu’un groupe « promoteur » obtient ce qu'il veut et ce dont il a

besoin en créant, en développant, en donnant de la valeur, en promouvant ou en distribuant des produits, services et/ou des idées. Dans notre cas elle crée une vision, donne de la valeur à la conservation de la biodiversité ou à des objets particuliers de cette diversité, telle une espèce (Smith et al. 2010b ; Wright et al. 2015). En tentant d’influencer la perception, les

attitudes et les intentions, le marketing de la conservation ambitionne d’être catalyseur d’un

changement de comportement au sein d’une société (Veríssimo et al. 2018) (encadré #3).

Encadré # 3 : Changement de comportement et communication persuasive

Le comportement (ou les comportements) est un ensemble de réactions ou de réponses

qu’un individu exécute dans un contexte particulier (Charron et al. 2014 ; Cazalis & Granon

2017). C’est l’issue d’une addition de processus (ou facteurs) externes et/ou internes assimilés qui mènent vers une manifestation corporelle de l’individu (Doron & Parot 2011).

Parmi les facteurs externes l’on peut citer le contexte socio-culturel et physique de la

personne : en d’autres termes, son environnement. Pour ce qui est des facteurs internes, nous devons mentionner la connaissance, les valeurs, les représentations et l’attitude

(Clayton & Myers 2015).

La prise de décision qui mène vers un comportement passe par l’intégration de la cognition,

l’émotion et la motivation de l’individu (Masmoudi 2010). Ces trois canaux sont construits et

alimentés tout le long de la vie d’une personne à partir des facteurs externes et internes déjà

mentionnés. Une personne peut ainsi avoir une (ou plusieurs attitudes) face à une situation et

se comporter d’une façon opposée à sa vision du monde car un des canaux est en dissonance

(cf. dissonance cognitive) (Clayton & Myers 2015 ; Girandola & Fointiat 2016).

L’enjeu dans l’induction d’un comportement pro-environnemental est d’avoir l’intention

d’exécuter un comportement en accord avec une attitude pro-environnementale (Girandola

& Fointiat 2016). L’intention est en effet la volonté ou le désir qui précède une action (Doron & Parot 2011) (figure 25).

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Cette intention est malléable selon le contexte émotionnel de la personne, l’état des

connaissances qu’elle a ou encore la motivation que la personne ressent à l’heure d’exécuter

cette action. Prenons un exemple typique : Pour quoi perdre du temps à trier si l’on peut tout

jeter dans une seule poubelle ou même jeter les déchets par terre ? Peut-être car j’ai de

l’empathie pour les autres habitants de la planète (humains ou non humains). Peut-être parce

que je sais que c’est mieux pour la planète ou que les déchets peuvent être valorisés et recyclés, ou encore parce que ça ne prend pas plus de temps et j’ai l’impression d’être

gagnant.

Figure 25 : Interconnexions entre perception d’un stimulus, attention, émotion et motivation selon l’interprétation

de Masmoudi (2010). Vecteurs : freepik.com via Flaticon.

En jouant sur ces trois facteurs, la psychologie de la persuasion et de l’engagement tente de

changer les intentions et donc les comportements des personnes (Girandola 2003 ; Girandola & Fointiat 2016). La communication persuasive, issue de la recherche en psychologie de la

persuasion et de l’engagement, se trouve aisément dans les discours politiques, le marketing

et parfois dans l’éducation (Mucchielli 2009 ; Attal 2016).

En reprenant l’exemple du tri des déchets, plusieurs stratégies possibles de communication sont possibles. Une première jouant sur les émotions (l’appel des sentiments), une deuxième

sur le partage d’information et enfin une portant sur les coûts/bénéfices du tri pour ma

personne (concept d’ « affordance ») (Clayton & Myers 2015 ; Girandola & Fointiat 2016 ).

Il est possible de rapprocher le marketing de la conservation et l’utilisation des espèces

emblématiques et/ou charismatiques en conservation. En effet, leur rôle est de toucher les

120 devrait conduire à un comportement congruent avec cette posture (Clayton & Myers 2015).

Guiney & Oberhauser (2009) invitent à s’appuyer sur certains insectes (les papillons de jour,

bien aimés du « grand public », et des groupes fournissant des services écosystémiques,

comme les pollinisateurs) afin de promouvoir la conservation de l’entomofaune. Ces auteurs suggèrent l’utilisation de supports photographiques pour captiver le public et l’intéresser sur

ces espèces. Par la suite, les travaux de Barua et al. (2012) vont confirmer le potentiel des papillons comme des espèces emblématiques. Néanmoins, nous restons sur les papillons de

jour (rhopalocères), c’est-à-dire 0,6 % de la diversité entomologique en France…

Dans plusieurs campagnes de conservation de la biodiversité, nous pouvons ainsi remarquer une vision réductionniste de la biodiversité, mettant en lumière que des espèces très charismatiques (figure 26).

Figure 26. Différents moyens de communiquer sur les enjeux de conservation font appel au marketing de la

biodiversité. (A) Publicité Greenpeace dénonçant le changement climatique par le biais d’une espèce: l’ours

polaire. Mais quid des microorganismes, des poissons, des anémones et autres taxons de l’arctique ? (B) Autre publicité de Greenpeace qui dénonçait l’ouverture de l’exploration pétrolière en Arctique; sur l’affiche encore des mammifères (morses). (C) L’Infographie de Laura Cattaneo (disponible sur le site web du Natural History Museum) vise à démontrer le déclin de la biodiversité à travers le temps. Les espèces animales illustrées ? A

121 Nous pouvons donc questionner la pertinence d’une telle approche du fait qu’elle est contraire à notre vision holistique de la conservation de la biodiversité. Schönfelder &

Bogner (2017) proposent d’utiliser l’abeille domestique comme un emblème des

pollinisateurs dans une visée de marketing de la conservation. Pourtant cela réduit

l’entomofaune pollinisatrice à une espèce, par-dessus tout, domestique ! Dans un article sur

l’évaluation des services écosystémiques fournis par les insectes, Noriega et al. (2017)

remarquent que le « grand public » n’identifie que les hyménoptères, voire que l’abeille

domestique, comme pollinisateurs. Les autres taxons pollinisateurs ne sont ni connus ni reconnus pour cette fonction. Parfois même, des pollinisateurs (comme les guêpes) ne sont pas reconnus par leur rôle fonctionnel, mais sont « haïs » du « grand public » (Sumner et al.

2018).

Le marketing de la conservation peut donc avoir un effet « simplificateur » de la problématique réelle voire tout simplement enfoncer des portes ouvertes en matière de perception ou connaissances sur la biodiversité. Cette approche laisse démunies des espèces moins charismatiques et ne s’inscrit pas dans des dynamiques pérennes de sensibilisation (Wright et al. 2015). Pourtant la crise d’extinction actuelle touche tous les taxons.

Dans les faits, le marketing de la conservation peine d’ailleurs à démontrer son efficacité. Courchamp et al. 2018 ont démontré l’étonnant déclin d’espèces de vertébrés considérées comme charismatiques et largement médiatisées. Non seulement le marketing pour la conservation de la biodiversité doit faire ses preuves (Bekessy et al. 2018 ; Veríssimo et al. 2018) et la véritable interrogation est en quoi les approches classiques utilisées pour les groupes charismatiques est pertinente pour la conservation de la biodiversité ordinaire, voire pour la biodiversité tout court ?

« Nous ne pouvons pas tous être des pandas »42 (ou autres taxons charismatiques) ; ou alors,

il serait nécessaire d’être soit persuasifs, drôles ou provoquants afin de pandariser

l’ordinaire ou le méconnu (figure 27).

Si la vulgarisation des connaissances scientifiques est essentielle pour une communication « grand public », il nous semble crucial de ne pas dériver vers une communication simpliste.

L’information doit rester proche du réel (Bickford et al. 2012 ; Coquidé 2015).

42Référence à l’ouvrage de S. Watt « The Ugly Animals: We Can't All be Pandas » (2014), The History Press,

122 Par conséquent, assurer la visibilité de la diversité et assumer la multiplicité des formes et des fonctions nous semble un pas important dans l’établissement d’une conservation plus intégrative (Lewis et al. 2007 ; New 2007).

Figure 27 : (A) Campagne de la WWF pour susciter l’intérêt pour la conservation du Thon. Sur l’affiche nous

pouvons lire « Serais-tu plus concerné [par ma conservation] si j’étais un panda ? ». (B) Campagne publicitaire pour Micropolis, la Cité des Insectes : dans ce cas les noms des insectes ou même leurs formes sont détournées dans des jeux de mots afin de les rattacher à des espèces charismatiques. Ici un coléoptère coprophage du genre Copris est comparé à un rhinocéros à cause de sa corne frontale.

b) Multiplier les approches sensibles, multiplier les rencontres humain-insecte

Au-delà de l’inondation médiatique des papillons, coccinelles et autres « insectes-panda »,

nous faisons l’hypothèse que les approches sensibles sont une meilleure solution au défi de

perception de la conservation de l’entomofaune, voire de la nature dans son ensemble

(Terrasson 1991 ; Clavel 2017). Car la volonté de préserver des insectes force la société à

dépasser les émotions primaires qu’ils évoquent : la peur et le dégoût (chapitre 1).

Autrement, comment s’émerveiller, s’attacher et aimer quelque chose qui, naturellement ou

culturellement, ne peut l’être ? Une fois cela dépassé, nous voilà au carrefour de différentes

voies vers l’éducation/la sensibilisation à la conservation des insectes.

i. Vers une désensibilisation sociétale

Afin de proposer des approches sensibles pour la volonté de protéger les insectes, il y a un

premier point à résoudre. Il s’agit de la diminution de la peur des insectes (Knight 2008 ;

Lockwood 2013). Lors de l’étude 2 nous avons évoqué le mécanisme de démystification : par

123 renseignements neutres ou positifs (Matthews 1997 ; Schultz & Kaiser 2012). En effet, Almedia et al. (2017) incitent à changer les perceptions négatives via l’éducation : ils soulignent que les connaissances scientifiques, supposées neutres, peuvent positiver la

vision d’un animal a priori craint. Ils mettent cependant le lecteur en garde sur les

variabilités interindividuelles et interculturelles. En effet, la perception peut dépendre du sexe (Prokop & Tunnicliffe 2010 ; Shapiro et al. 2017 ; Musila et al. 2018), de l’âge (Hosaka et

al. 2017) ou encore de l’origine culturelle (Bang et al. 2007).

Ces travaux sont en accord avec les résultats de Cailly Arnulphi et al. (2017) à propos du Condor43 et ceux de Pepin-Neff et Wynter (2018) sur des requins44 : un discours neutre, couplé à une exposition à cette faune (sous conditions contrôlées) a permis de diminuer la peur des participants et a engendré des sentiments pro-conservation en faveur des sélaciens.

Bien que ces résultats soient encourageants, ils restent « vertébrés-centrés ». En effet,

relativement peu d’études se sont intéressées à la façon de diminuer la peur des

invertébrés, et notamment dans des milieux éducatifs (Wagler & Wagler 2012) ou alors ils

l’abordent de façon théorique (Simaika & Samways 2010, 2018). Matthews (1997) va inciter

l’utilisation des insectes comme «outils d’enseignement » : ils nécessitent peu d’espace, se

reproduisent assez vite et permettent d’aborder la diversité du vivant, au niveau espèce,

mais également habitat et écosystème (Lynch et al. 2018). Or, la peur que les insectes (et

autres invertébrés) engendrent chez les enseignants va être un blocage à l’incorporation de

ces êtres vivants dans des séquences d’éducation (Wagler & Wagler 2012). En conséquence,

les auteurs de ce résultat vont recommander de travailler avec des espèces charismatiques,

comme les papillons. Or, ceci ne ferait qu’appuyer un biais déjà existant, laissant toujours de

côté ceux qui ont un potentiel charismatique faible (voir encadré #2).

Les travaux de Frančovičová et Prokop (2017) vont donc être particulièrement intéressants :

se concentrant sur un groupe d’invertébrés qui provoquent du dégoût (Cloportes), plus que

la peur, ils démontrent qu’exposer ces êtres vivants à une classe d’enfants et les faire

manipuler durant des activités pratiques, augmente l’envie de conserver ce groupe. Ces

travaux sont d’autant plus intéressants que ce sont les participantes féminines qui ont

exprimé une plus grande diminution du dégoût envers les cloportes au cours de

43Oiseau charognard de grande taille dont souvent les individus ont la croyance qu’il attaque le bétail comme

un oiseau de proie.

44Ensemble d’espèces appartenant au super-ordre des Selachimorpha. Ces prédateurs sont redoutés bien que

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l’expérience ; d’ailleurs c’est cette population qui a exprimé l’attitude la plus favorable à la

conservation à la fin de l’expérience. Monge-Nájera (2017) démontrera également l’effet

positif de l’apport de connaissances et de l’exposition à des photos sur la déclaration

d’intention positive vis-à-vis de la conservation des vers de terre, un autre groupe classique

« repoussant » et peu charismatique. Enfin, les travaux récents de Wüst-Ackermann et al.

(2018) viennent appuyer ces résultats sur la diminution du dégoût, cette fois ci concernant

des insectes. Travaillant sur l’exposition à des organismes vivants et à un discours sur les

insectes, les auteurs ont évalué le dégoût avant et après exposition chez des enfants. Ils ajoutent un facteur : l’exposition aux insectes à l’école ou en dehors ce cadre. Les résultats

prouvent une diminution du dégoût plus importante et une meilleure acceptation des insectes dans un cadre non-scolaire que dans le cadre scolaire, les deux étant sources de changement par rapport au groupe contrôle.

Figure 28 : (A) Photo prise par M. De Flores (via twitter) à la Maison des insectes (Opie) : au premier plan, une reproduction géante d'une puce ! (B) Photo prise par M. Vicente pour le Blog tourisme en Aveyron dans les installations extérieures de Micropolis. Deux jeunes filles font connaissance avec une sculpture de fourmi. Il semble donc possible, dans un premier temps, d’essayer d’augmenter le contact entre

humains et invertébrés dans des conditions contrôlées de façon à diminuer, la peur et/ou le

dégoût, augmentant ainsi la sympathie et l’envie de protéger cette diversité. Commencer

par des espèces charismatiques peut être un début, il serait souhaitable de ne pas se cantonner à ces formes seules ; aller vers des formes moins connues et moins appréciées est la clé pour une vision plus large des insectes (Snaddon & Turner 2007). Ce parti pris a été

porté par l’Opie depuis sa création en 1969 (Guilbot 1987). En septembre 2017, l’Opie a

ouvert la Maison des Insectes en Ile de France où des animations portant sur « Insectes et préjugés » sont proposées : les visiteurs sont invités à évaluer leurs émotions en début et fin de parcours, sachant que des insectes communément repoussants sont présentés sous

125 forme de sculpture (figure 28a). La démarche de la Cité des Insectes - Micropolis, dans

l’Aveyron, qui vise à sensibiliser sur la diversité des insectes et sur leurs mœurs, combine

également une approche « classique »et un parcours ludique (figure 28b).

ii. Développer des attitudes et des comportements pro-environnementaux

Le changement des représentations et des perceptions, la construction d’une attitude pro

-environnementale et l’adoption d’un comportement congruent avec ces attitudes ne sont

pas des choses aisées (encadré #3 ; Finger 1994 ; Girandola & Fointiat 2016). Les schémas mentaux45 sont constamment en mouvement, car ils sont issus des processus de mise en lien des représentations (Gineste & Indurkhya 1993). Or, ce sont eux qui vont permettre à une personne de prendre une posture face à une situation, in fine, à adopter une attitude et un comportement (figure 13). Comprendre cela permet de prendre la mesure de leur impact sur la considération et la conservation de la biodiversité (Fischer & Young 2007 ; Schultz & Kaiser 2012).

Hormis le contexte socio-culturel et les structures cognitives propres à un individu, certains auteurs ont démontré que notre attention pour la biodiversité, et donc les modèles mentaux

que l’on va construire à son propos, dépendent également de l’exposition à la Nature dès le

plus jeune âge (Chawla 2007 ; Myers 2012 ; Hosaka et al. 2017). Chawla (1999) démontre

ainsi durant une série d’entretiens que les personnes ayant décidé de prendre une voie

professionnelle pro-environnementale avaient eu une longue exposition à la nature et des facteurs sociaux les ayant rassurés dans leurs représentations et attitudes.

Certains auteurs notent un changement possible au niveau de la perception et des

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