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INSCRIPTIONS DE LOLEI

Dans le document Thèse de Doctorat (Page 62-80)

Ce fut lui (Indravarman) qui érigeat dans une maison de pierre un liṅga d’Īśa sous le vocable de Śrī-Indreśvara, de plus six images à la fois d’Īśa et de Devī, et qui creusa le magnifique (étang) Śrī-Indrataṭāka207.

[…] Śrī Yaśovarman a érigé ensemble ces statues de Gaurī et du seigneur, qu’il a faites lui-même208.

Avec le temple montagne de Bakong, le temple de Preah Kô et le site vraisemblablement palatial de Prei Monti, le Baray de Lolei, l’Indrataṭāka, est l’un des éléments constitutifs principaux du site de Roluos et donc de l’ancienne ville de Hariharālaya, l’une des premières capitales de la période angkorienne. Ce site est situé à une quinzaine de kilomètres à l’est de Siem Reap (ill. 218 et 219, p. CX).

Ce grand bassin artificiel mesure 3 km de long sur un axe est-ouest et de 800 m de large, nord-sud. Selon Jacques Dumarçay, un premier aménagement hydraulique constitué de trois digues pourrait avoir été mis en œuvre dès le règne de Jayavarman II, mais cette hypothèse n’a pas encore été démontrée par des fouilles (DUMARÇAY 1994).

L’auteur de son achèvement est en revanche bien connu. En effet, les inscriptions de Bakong et de Preah Kô ne laissent pas de doute quant au fait qu’Indravarman s’en attribue l’installation, à la fin du IXe siècle de notre ère.

Un sanctuaire important, dit Lolei, se trouve au centre de ce bassin, placé dans l’axe nord-sud du temple montagne de Bakong (LUNET DE LAJONQUIÈRE 1911, p. 275 ; IK 589). Il est composé d’une vaste terrasse carrée formée de deux gradins en latérite et comportant un accès sur les quatre faces ; à l’intérieur de cet espace, quatre tours placées sur deux rangs et ouvertes à l’est s’élèvent sur une autre terrasse de petites dimensions (ill. 221, 222, p. CXI, CXII), comportant des accès à l’est et à l’ouest dans l’axe de chaque tour209.

207 K. 95, st. XV (811 śaka), stèle digraphique de Phnom Preah Bat, trad. Abel Bergaigne, ISCC, p. 365, 370. En plus du Baray de Lolei, c’est vraisemblablement à Bakong et Preah Kô qu’il est fait allusion.

208 K. 324 B, st. I, (Lolei ; 815 śaka), trad. Abel Bergaigne, ISCC, p. 327-328 ; le début de la stance précise la date de l’installation des divinités par un horoscope. Elle a été calculée par Roger Billard. Il s’agit du dimanche 8 juillet 893 de notre ère (BILLARD & EADE, 2006, p. 406). Selon J. C. Eade :

« Billard did not refer to the Sanskrit stanza in his file. But in one of his memoranda to C. Jacques, he translated it and added that the Khmer text intends the same date and hour. Indeed, his time seems to derive from the Sanskrit and not from the Khmer ».

209 Pour une description complète de ce sanctuaire, cf. PARMENTIER 1919, p. 33-42.

Contrairement au Baray, s’il faut en croire l’épigraphie, ces quatre tours ont été construites sous le règne de Yaśovarman, le propre fils d’Indravarman. On peut alors s’étonner du fait qu’Indravarman n’ait pas installé lui-même un temple et des divinités à cet endroit.

En novembre 1951, Henri Marchal dégage la base d’un gopura intermédiaire entre la façade Est du prasat Nord-Est et le perron d’accès Est à la terrasse ainsi que celle d’un premier mur d’enceinte en brique que ce gopura interrompait (ill. 220, p. CXI.). Il fait alors remarquer que cette entrée, comme celles des accès Est et Ouest de la terrasse en latérite, était placée dans l’axe des tours Nord et des perrons d’accès Est et Ouest de la terrasse (RCA nov. 1951-janv. 1952). Si les traités d’architecture indiens imposent bien un excentrement du sanctuaire central et une légère dissymétrie du plan d’ensemble, le cas de Lolei se place bien au-delà des normes habituelles210. Suivant une hypothèse proposée d’abord par Fournereau et reprise par Lunet de Lajonquière, Marchal supposait donc plutôt que les tours Nord étaient considérées comme le centre d’une composition d’ensemble inachevée qui aurait comporté six tours, comme dans le cas du temple de Preah Kô211.

Cependant, aucune trace de ces sanctuaires latéraux n’a pu être mise en évidence au nord et le tracé actuel du muret mouluré qui délimite la terrasse n’était manifestement pas destiné à en accueillir. Par ailleurs, plusieurs inscriptions précisent clairement qu’en 815 śaka (893 de notre ère), le sanctuaire de Lolei ne prévoyait d’accueillir que quatre divinités212.

Si un premier projet de construction a ainsi été abandonné moins de quatre ans après l’accession au trône de Yaśovarman Ier, on peut supposer que le plan initial et les premières constructions étaient l’œuvre d’Indravarman Ier et que le projet a évolué après la mort de ce souverain. Pourtant, on peut tenir pour acquis qu’aucune divinité n’avait alors été installée. En effet, l’inscription K. 323 précise que les donations ont été faites le jour de l’installation des divinités, et donc le 8 juillet 893 de notre ère, de plus les inscriptions digraphiques de Yaśovarman Ier datées de 811 śaka ne font aucune allusion à ce site. Quoi qu’il en soit, une nouvelle campagne de fouille serait nécessaire pour

210 Le Mayamata prescrit par exemple un très léger déplacement du liṅga du centre vers le nord-est (XXXIII.37b-40). Au Cambodge, on sait que cette asymétrie volontaire se retrouve à Angkor Vat où l’on constate un décalage du temple par rapport à l’axe est-ouest : la galerie Nord de la face Ouest de la troisième enceinte comporte en effet vingt piliers contre dix-huit pour la galerie Sud.

211 Ill. 221, p. CXI: l’implantation supposée des tours Nord est restituée sur ce plan.

212 K. 323, st. LIX ; ISCC, p. 399, 408 ; K. 329, cf. p. 527-528.

mieux comprendre la genèse de ce site.

Si plusieurs fragments de statuaire ont été trouvés aux abords des tours, seule une divinité féminine a été retrouvée en place dans la tour Sud-Ouest213. En revanche, l’épigraphie nous renseigne précisément sur les divinités qui étaient installées dans ce temple.

On a déjà vu que l’inscription K. 324 mentionnait l’installation d’images de Gaurī et du seigneur214, K. 323 est plus précise puisqu’elle rapporte à la stance LIX l’érection de quatre images de Śiva et de Śarvāṇī pour l’accroissement des mérites des parents de Yaśovarman Ier 215. Les noms de ces divinités nous sont donnés par les piédroits Sud des portes orientales des quatre tours. Ils s’agissait de représentations de Śiva et de sa parèdre, images respectivement des parents de Yaśovarman Ier : son père le Vraḥ Kamrateṅ ’Añ Śrī Indravarmeśvara (Indravarman Ier) et sa mère Śrī Indradevī216 et de ses grands parents en ligne maternelle, le Vraḥ Kamrateṅ ’Añ Śrī Mahīpatīśvara et la reine-mère défunte Śrī Rājendradevī217.

Le corpus épigraphique du temple de Lolei est inhabituellement riche, même pour un sanctuaire de cette importance, puisque dix-sept inscriptions y ont été inventoriées.

Celles qui étaient gravées sur des éléments architecturaux, bien que très endommagées, sont encore sur le site. En revanche, en dehors de K. 323, K. 337 A et K. 947, toutes les autres inscriptions semblent avoir très tôt disparu puisqu’elles ne sont déjà plus mentionnées par Lunet de Lajonquière (LUNET DE LAJONQUIÈRE 1911, p. 279).

Malgré cette abondance de textes, nous verrons que plusieurs éléments laissent pourtant penser que plusieurs inscriptions de ce sanctuaire n’ont jamais été découvertes à moins qu’elles n’aient tout simplement pas été inscrites. Néanmoins, elles donnent un panorama complet des biens dont le temple était doté et constituent donc une source inestimable pour préciser bien des aspects de son fonctionnement.

213 Un cliché de Charles Carpeau a été publié en 1919 dans le BEFEO (PARMENTIER 1919, pl. IV B, p. 42). La statue a été déposée au DCA en 1925 (RCA juin 1925) ; ill. 223, p. CXII.

214 Cf. p. 449.

215 ISCC, p. 399, 408. Le texte des autres inscriptions digraphiques (yaśodharāśrama) précise que quatre statues de Śiva et de son épouse on été érigées « sur la rive » du baray de Lolei par Yaśovarman « pour le bien de ses ancêtres (pitṛ) » (K. 95, st. XXXII, ISCC, p. 367-373). Dans l’inscription K. 323, le terme guru est employé à la place de pitṛ.

216 K. 324 et K. 330, tours Nord, 1er et 2e rangs ; ill. 224, p. CXIII.

217 K. 327 et K. 331, tours Sud, 1er et 2e rangs.

D’un point de vue paléographique, il faut remarquer que le règne de Yaśovarman se distingue par l’utilisation de caractères très réguliers dont le corpus de Lolei est un très bon exemple. L’écriture des inscriptions de son père, Indravarman, en est assez proche, mais il faut reconnaître qu’un soin particulier a été observé à l’époque de Yaśovarman.

Ceci est intéressant si l’on pense que son règne est le seul où l’on ait essayé d’introduire un autre alphabet au Cambodge et que l’habileté du roi pour l’écriture (lipi) est célébrée dans son éloge, parmi d’autres mérites (K. 323 ; st. LI, ISCC, p. 407, n. 3).

La dernière stance de toutes les inscriptions digraphiques le désigne d’ailleurs comme l’inventeur de cette écriture, ou en tout cas de la forme qu’elle adopte à cette époque218.

Nous donnerons ici une nouvelle lecture de l’ensemble des listes de biens et donc de l’essentiel de ce corpus, à l’exception de l’inscription K. 323, que nous ne présenterons ici que brièvement, mais dont des extraits seront repris pour illustrer les autres textes.

Entièrement en sanskrit, elle a été publiée par Abel Bergaigne à la fin du XIXe

siècle (ISCC, p. 391-411). Il s’agit d’une des inscriptions digraphiques qui sont caractéristiques du règne de Yaśovarman (ill. 223, p. CXII). Cependant, alors que les autres inscriptions de ce type présentent, a priori, toutes le même texte219, l’inscription K. 323 fait figure d’exception. Elle est beaucoup plus longue (les deux faces comportent respectivement 49 et 53 lignes au lieu de 32 et 34) et seules les stances relatant la généalogie de Yaśovarman sont identiques220. L’éloge de Yaśovarman y est d’abord beaucoup plus détaillé, mais la différence essentielle est qu’au lieu de relater la fondation d’un yaśodhararāśrama dédié à une divinité et de rapporter les donations et le règlement qui y étaient associés, cette stèle commémore la fondation du temple lui même (st. LIX).

La suite du texte rapporte différentes donations sur lesquelles nous reviendrons (st. LX, LXIV), puis indique la règle de la fondation221. Les stances LXV à XCII sont

218 Ill. 225, p. CXIV. À ce sujet, cf. ISCC, p. 402, 411 et NIC II-III, p. 27-28.

219 On rappellera que ces inscriptions présentent le même texte sur les deux faces, mais dans deux écritures différentes. À ce sujet, cf. ISCC, p. 346-390.

220 Il s’agit des stances III à XVII de K. 323 et II à XVI des autres inscriptions digraphiques. Elles sont précédées d’une invocation à Śiva : deux stances vasantatilakā dans le premier cas, un śloka dans le second.

221 Cœdès invitait à considérer que le règlement donné par les autres inscriptions digraphiques devait plus

ainsi riches d’enseignements concernant le fonctionnement d’un sanctuaire. On y précise tant les règles vestimentaires et de comportement que devaient suivre ceux qui entraient dans l’enceinte, en fonction de leur statut, que les personnes qui étaient autorisées ou non à y pénétrer pour honorer les divinités, ou encore les amendes prévues pour les contrevenants à cette règle, en fonction, encore une fois, de leur position sociale ou religieuse.

La dernière partie de ces prescriptions est particulièrement intéressante puisqu’elle traite des infractions concernant l’activité cultuelle du temple proprement dite et plus exactement « le culte, les ustensiles de culte, le temps des cérémonies et la pureté requise » (st. LXXXIII à LXXXVIII). Elle mentionne alors les noms sanskrits d’une partie du personnel du temple, ce qui permet une intéressante comparaison avec les fonctions énumérées dans les textes en khmer du corpus de Lolei. L’inscription s’achève en exhortant les futurs rois du Cambodge à préserver cette fondation.

Avant d’aborder les listes de donations proprement dites, il faut noter que Bergaigne devait ignorer que ce temple se trouvait au centre d’un Baray. Il s’étonnait en effet du fait que l’éloge du roi ne mentionne pas la fondation de quatre images dans une île de l’Indrataṭāka (ISCC, p. 393), omission assez naturelle quand on sait que c’est l’objet même de l’inscription.

Ce qui est en revanche plus étonnant, c’est la mention d’un étang (taṭāka) quadrangulaire à la stance LXII parmi les donations. Bergaigne considérait que le roi avait fait creuser un étang à proximité du temple en rappelant qu’il s’agit d’un élément indissociable de tout sanctuaire śivaïte. Cependant, il faut reconnaître que ce type d’installation semble moins nécessaire dans le cas de Lolei. À moins d’identifier une autre structure, il faudrait alors se résoudre à penser que cet étang est l’Indrataṭāka lui même, ce qui ne serait pas moins étonnant car alors, Yaśovarman Ier s’en attribuerait la réalisation après l’avoir attribuée juste avant à son père. Cette question semble pour l’instant insoluble.

Enfin, on remarquera que dans le tome VIII des Inscriptions du Cambodge

s’appliquer aux sanctuaires auxquels étaient donnés les āśrama qu’aux āśrama eux-mêmes (CŒDÈS 1932, p. 111). Cependant on remarquera que la règle du temple de Lolei est sensiblement différente, plus précise, et aborde la question des activités cultuelles proprement dites. Il est donc possible que l’opinion de Cœdès soit à reconsidérer.

(IC VIII, p. 132-133), George Cœdès datait cette inscription de 811 śaka, date qui est mentionnée dans la stèle de fondation (st. LVIII) comme celle de l’avènement de Yaśovarman Ier, mais qui ne correspond pas nécessairement à celle de l’édit. Or, la stance LXIV précise que la donation est effectuée le jour même de l’installation des quatre divinités. Il faudrait donc plutôt se résoudre à dater la stèle de fondation du temple de 815 śaka comme les autres inscriptions de ce temple. Cependant, ceci laisserait entendre que K. 323 est antérieure aux autres inscriptions digraphiques, puisque celles-ci mentionnent la fondation de Lolei dans l’éloge du roi. Pourtant, la stance XXXVI de ces textes précise bien que les Yaśodharāśrama on été donnés en 811 śaka.

Naturellement, il est peu vraisemblable que tous ces aménagements aient été installés simultanément l’année même du sacre de Yaśovarman Ier. Il faut alors peut-être penser que ces textes n’ont pas été rédigés à cette date, même si l’ordre prescrivant l’installation des ermitages a été promulgué au tout début de son règne. On peut également supposer que la construction des quatre tours de Lolei avait été elle aussi prévue à cette époque. Si, comme le pensait Cœdès, ces textes ont bien été rédigés en 811 śaka (CŒDÈS 1932, p. 108), ils ne faisaient alors qu’anticiper l’application d’une décision royale. Si c’est le cas, il faut remarquer qu’un éventuel projet initial comportant six tours – hypothèse très incertaine – devrait alors nécessairement être attribué au règne précédent.

Alors que l’inscription K. 323 était entièrement composée d’un long poème en sanskrit, le reste du corpus de ce temple est majoritairement en khmer et plus concret, plus administratif. Son étude est fondamentale pour qui souhaite avoir une vue d’ensemble des biens d’un temple et donc obtenir des informations pratiques sur son fonctionnement.

On y dénombre pas moins de 24 listes de donations dont 21 d’esclaves. Elles étaient réparties sur les piédroits des différents sanctuaires ainsi que sur des piliers d’édicules à l’est et à l’ouest des tours (ill. 224, p. CXIII).

Ces listes ont en partie été éditées par Saveros Pou222, mais nombre d’entre elles

222 NIC II-III, p. 62-87. Les parties sanskrites ont été publiées par Abel Bergaigne (ISCC, p. 319-331, 391-411). Deux premières études remarquables des parties khmères ont été effectuées par Étienne Aymonier (AYMONIER 1883 et 1904, p. 450-471) ; Michael Vickery en a également étudié le contenu sur la base des lectures de Saveros Pou (VICKERY 1999).

sont encore inédites. De plus, les lectures ont pu être améliorées ou complétées grâce à l’utilisation d’estampages plus anciens, non encrés, dis « Lottin de Laval », notamment ceux des collections de la Bibliothèque Nationale de France. C’est le cas en particulier des inscriptions K. 329 et K. 337. Il semblait donc important de refaire une lecture complète de ce corpus.

Les « biens » inventoriés peuvent être divisés en trois catégories223 :

• Donations de serviteurs

- Donations royales de serviteurs « spécialisés » : K. 324, K. 327, K. 330, K. 331.

- Donations royales de riziculteurs : K. 333, K. 334, K. 335, K. 336, K. 337, K. 338.

- Petites donations de serviteurs et de riziculteurs effectuées par des particuliers : K. 325, K. 326, K. 328, K. 332.

• Denrées et fournitures : K. 329.

• Objets de culte : K. 947.

Les dons de serviteurs

nṛttagītādicaturāś ślāghyā naravarāṅganāḥ

samagrakaradagrāmagodharārāmāmamaṇdalam ||

« Des hommes et de belles femmes sans aucune tare, habiles au chant et à la danse, et tout l’ensemble des villages tributaires, des troupeaux, des terres et des jardins224. »

Cette stance extraite de la stèle de fondation K. 323 illustre bien les deux types de serviteurs représentés dans les dons de Lolei, mais ne reflète pas la grande diversité du premier groupe qu’elle évoque. En effet, nous verrons que les « villages tributaires » forment bien une catégorie homogène rassemblant plusieurs centaines de riziculteurs chargés d’approvisionner le sanctuaire en denrées variées, à commencer par du riz. En revanche, l’autre catégorie ne se limite pas à des fonctions artistiques, mais comprend au contraire des affectations très variées liées principalement aux différentes activités cultuelles du sanctuaire et à sa protection.

223 Les inscriptions encore inédites ou dans lesquelles les corrections les plus importantes ont été proposées apparaissent en italiques.

224 K. 323, st. LXIII, trad. Abel BERGAIGNE ; ISCC, p. 399-409.

Dons de serviteurs « spécialisés »

Ce type de don est représenté à Lolei par quatre textes inscrits sur les piédroits orientaux de chacun des sanctuaires. Ces inscriptions comportent toutes sept stances en sanskrit sur le piédroit Sud et deux sur le Nord. Ces textes sont tous identiques, à l’exception de la première stance du piédroit Sud. Ils ont été traduits par Abel Bergaigne (ISCC, p. 310-330) et nous n’en présenterons ici qu’un résumé succinct.

Après avoir précisé la date d’accession au trône de Yaśovarman Ier (811 śaka), la première stance de la première partie précise l’objet de la donation – des esclaves et le reste (kiṃkarādi) – avant de mentionner les quatre dieux bénéficiaires, dont il est précisé qu’il les a érigés lui-même. Ils sont respectivement désignés par :

• Parameśvara (K. 324, ~ Indravarmeśvara)

• Īśa (K. 327, ~ Mahīpatīśvara)

• Bhavānī (K. 330, ~ Indradevī)

• Devī (K. 331, ~ Rājendradevī)

Les six stances suivantes sont consacrées à adjurer les futurs souverains du Cambodge de respecter et de faire respecter l’œuvre de leurs prédécesseurs et d’en confier la garde à leurs princes et ministres.

Situées au début et à la fin du texte, les stances sanskrites du piédroit Est sont assez classiques : la première précise la date de la fondation des quatre divinités de Lolei, 815 śaka, et la dernière est une formule traditionnelle d’imprécation et de bénédiction destinée à ceux qui voleraient les offrandes et à ceux qui les défendraient.

Le texte khmer, qui correspond au véritable objet de l’inscription est, comme souvent, purement administratif. Il s’agit d’énumérations de serviteurs, mais contrairement à la majorité des cas où ces listes ne précisent pas explicitement leurs emplois, ces inscriptions nous en fournissent une liste très détaillée. Il s’agit ici manifestement de personnes servant souvent à l’intérieur du temple ou au moins dont les fonctions les placent hiérarchiquement très au-dessus des riziculteurs.

Dans son étude des inscriptions K. 464 et K. 568, Claude Jacques avait fait justement remarquer que les fonctions de ce type de serviteurs exigeaient leur présence au temple quotidiennement, et que les communes indiquées dans ces inscriptions ne devaient donc pas être éloignées (1970, p. 62). Bien que, comme nous le verrons, cette

présence n’était pas toujours parfaitement indispensable, le cas de Lolei va tout à fait dans ce sens puisque le lieu de résidence de ces serviteurs n’y est pas précisé, ce qui implique une concentration humaine importante aux abords immédiats du temple.

Les quatre sanctuaires avaient à leur disposition des équipes équivalentes, comprenant entre 350 et 400 personnes pour chaque sanctuaire, réparties en deux groupes, pour les quinzaines claires et sombres.

Ces listes sont divisées en cinq catégories manifestement hiérarchisées225 et souvent séparées par des signes de ponctuation. Elles sont introduites par l’en-tête :

Ces listes sont divisées en cinq catégories manifestement hiérarchisées225 et souvent séparées par des signes de ponctuation. Elles sont introduites par l’en-tête :

Dans le document Thèse de Doctorat (Page 62-80)

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