I n g é n I e r I e , p r o c é d é s d e s é c u r I t é
1 - Enjeux et prospective
Le département Ingénierie, Procédés et Sécurité a conduit trois appels à projet qui se situent au carrefour d’une recherche allant de l’amont à la R&D et de plusieurs préoccupations sociétales majeures, toutes liées aux évolutions du monde (contraintes environnementales de toutes natures, contraintes dues à la complexité et la densité des sociétés modernes, contraintes économiques).
Ces appels à projet sont essentiellement partenariaux, car c’est probablement la seule démarche, associant recherche universitaire et entreprises, qui peut conduire à des résultats significatifs, à court et moyen terme, avec une certaine pérennité, face aux défis de ce début de siècle. En effet, l’association du monde académique et celui de l’entreprise permet, en général, de mieux focaliser la recherche amont dans un contexte d’objectifs ciblés, et de fortement accélérer la mise en appli-cation des innovations issues des recherches. Cette démarche conduit à un fort effet de levier des programmes. La pérennité de l’action est assurée par le mélange des acteurs autour d’un objectif partagé et par la formation de doctorants et de postdoctorants.
Les appels à projets proposés en 2009 sont :
• Chimie et Procédés pour le Développement Durable
• Concepts, Systèmes et Outils pour la Sécurité Globale
• Matériaux Fonctionnels et Procédés Innovants
Matériaux et procédés et Chimie s’inscrivent dans une large thématique liée au développement du-rable. En effet, le monde de l’industrie a intégré la réalité d’un certain nombre de contraintes (coûts énergétiques, crédits CO2, maîtrise des rejets, recyclage, réglementation REACH, …) et un travail considérable de R&D est nécessaire pour trouver des solutions durables et compétitives. De plus, la compétitivité des entreprises implantées en France (et donc des emplois) dépendra à terme de la pertinence de ces solutions.
En ce qui concerne le programme Mat et Pro, un des enjeux est de fédérer les acteurs scientifiques de domaines très variés comme la science des matériaux, le génie des procédés, la chimie, la mé-canique, la physique, les mathématiques, autour d’un objectif commun qui est le développement de matériaux et de procédés conduisant à des produits plus performants. Les critères définissant la
«performance» sont variables en fonction des industries, mais il est possible d’identifier des objectifs communs:
• les économies d’énergie et de matière
• l’efficacité énergétique et réduction des émissions de CO2
• les procédés innovants conduisant à une meilleure compétitivité
L’aspect transverse des matériaux et procédés associés, fait que ce programme touche des do-maines industriels importants et très variés allant des transports (terrestre et aérien), la production d’énergie, l’industrie manufacturière, le bâtiment, …
Ce programme est arrivé à la fin d’un cycle de 3 ans en 2010 et des évolutions seront proposées pour les années à venir, en fonction d’une analyse prospective conduite par le comité scientifique sectoriel. Outre les forces motrices pérennes (énergie, émissions de CO2, compétitivité, …), il est vraisemblable qu’un programme futur insistera sur une plus grande intégration matériau/procédé/
produit pour conduire à une amélioration des performances. Il est également probable que les dé-marches d’analyse de cycle de vie devront être mieux intégrées. D’autres aspects, allant du «design»
à la disponibilité des ressources naturelles sont à prendre en compte.
Dans le domaine de la chimie, une recherche de base permettant la chimie de demain d’intégrer la protection de l’environnement est considérée comme essentielle, que ce soit par les citoyens et l’état (Grenelle de l’environnement) ou par les industries chimiques directement. En effet, celles-ci se sont engagées dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou dans l’in-troduction de 15 % de matières renouvelables dans leurs approvisionnements d’ici à 2017. Le règlement européen REACH (effective depuis le 1er juin 2007) vise à fortement réduire l’impact et les risques liés aux produits chimiques, et ceci nécessite la mise en place de nouveaux outils d’évaluation des risques, de modélisations quantitatives de la relation structure-activité (QSAR) afin de prévoir l’éventuelle toxicité, de méthodologies d’analyse (et réduire l’expérimentation ani-male), … Pour les produits soumis à autorisation (CMR, PBT, vPvB...) la recherche de produits de substitution est devenue un enjeu majeur dans de nombreux domaines.
En terme de prospective, il est clair que l’avenir de l’utilisation de substances et produits chimiques nécessite d’une part une bien meilleure évaluation de leur impact sur l’homme et sur l’environnement, et d’autre part une meilleure utilisation des ressources naturelles (éner-gie, eau, ressources renouvelables, ressources fossiles, …). L’avenir des industries chimiques, ainsi que des industries utilisatrices de ces produits dépendra de réponses proposées face à ces enjeux. Un nouveau programme, essentiellement partenarial, intitulé «Chimie Durable, Industrie, Innovation» (CD2I) prend la suite de CP2D qui s’est terminé en 2009. La définition des axes de ce nouveau programme a largement pris en compte les travaux de l’Atelier de Réflexion Prospective Pro REACH, ainsi que la démarche de chimie verte.
Le programme Concepts, Systèmes et Outils pour la Sécurité Globale (CSOSG) vise des enjeux tout aussi importants, mais de nature très différente. Nos sociétés modernes sont de plus en plus complexes, très spécialisées, mondialisées, interconnectées et donc de plus en plus vulné-rables. Dans ce contexte il est impératif de mettre en place une approche globale et d’ensemble de la sécurité des biens et des personnes dans un espace de liberté et de justice.
Selon le périmètre large de la protection des personnes, des infrastructures d’importance vitale et des réseaux (transport, énergie, informatique…) de la gestion de crise, quelle que soit son origine (malveillance, catastrophe d’origine naturelle ou accidentelle), le programme CSOSG a créé un cadre qui permet de proposer une approche interdisciplinaire scientifique structurée pour aborder ces problèmes. La recherche en sécurité couvre en effet de très nom-breux domaines et disciplines scientifiques, qui sont appelés à concourir à l’amélioration de la sécurité, tant l’interdépendance entre les technologies, les modes d’organisation et l’Homme conditionne l’efficacité de tout système de sécurité.
Une des très grandes réussites de cette démarche est d’avoir permis à une communauté scientifique et technique de se mettre en place. Le succès grandissant des colloques annuels WISG (Workshop Interdisciplinaire sur la Sécurité Globale) témoigne de la réalité et de la vita-lité de cette communauté. Un autre point fort de ce programme est le parti pris de proposer une vision globale et transverse des problèmes et non pas sectorielle. Ceci conduira à l’émer-gence de concepts génériques et d’outils communs. L’aspect partenarial du programme participe à une structuration des acteurs industriels, y compris de nombreuses PME, de ce domaine. Il est également essentiel de maintenir le fort couplage de cette recherche avec les acteurs de la sécurité publique et civile.
Le programme vise aussi à promouvoir les équipes françaises au niveau communautaire (7ème PCRD / Sécurité). Plusieurs succès significatifs ont déjà été obtenus en la matière et sont à mettre au crédit du programme CSOSG.
Les principales évolutions du programme porteront d’une part sur le renforcement de son caractère international, en complément du partenariat stratégique avec le programme allemand de recherche en sécurité, et d’autre part, sur la prise en compte des enjeux, sans cesse renouvelés et prégnants, de sécurité tant au niveau national qu’international.
2 - Bilan 2009
Programme Nombre de projets
soumis
Nombre de projets
financés
Nombre de projets de
pôles
Nombre de partenaires
Nombre d’entreprises
Taux de sélection (%)
Budget (M€)
CP2D 58 20 8 62 8 34,5 12,4
CSOSG 56 14 10 68 32 25 12,7
Mat et Pro 85 22 16 105 46 25,9 19,4