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Des hétérogénéités significatives de la surface couverte sont observées chez les hommes dans notre étude. Ils présentent des variations marquées dans la journée dans les différentes condition de test, alors qu’aucune différence est observée chez les femmes. L’analyse post-hoc montre que les patients masculins ont une plus petite surface couverte au début de l’après-midi que ceux testés en début et fin de matinée à la fois lorsque la vision est absente ou faussée et que la proprioception est perturbée. Il n’y a qu’une différence significative entre les patients masculins et féminins dans la même session de test. Les femmes ont une plus petite surface d’oscillation que les hommes en début de matinée.

Dans une étude longitudinale, il a été constaté que les femmes ont un plus grand risque d’avoir de l’arthrose que les hommes. Cette constatation serait liée à l’âge, à l’IMC, au tabagisme, aux blessures, à la chondrocalcinose, à l’arthrose de la main, et aux activités physiques [Felson et al., 1997]. D’autres études montrent également que l’arthrose du genou est plus fréquente chez les femmes [Anderson & Felson, 1988 ; Davis et al., 1989 ; Van Saase et al., 1989]. L’arthrose bilatérale est deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes [Davis et al., 1989], mais aucune différence entre les sexes n’est observée dans la prévalence de l’arthrose unilatérale. Anderson et al. constatent que, parmi les personnes âgées de 35 à 74 ans, la prévalence de l’arthrose du genou augmente avec l’âge chez les deux sexes ; chez les personnes âgées de 45 à 54 ans, elle est plus marquée chez les femmes que chez les hommes [Anderson & Felson, 1988].

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Dans l’enquête de Zoetermeer, l’athrose sévère est beaucoup plus répandue chez les femmes [Van Saase et al., 1989].

Le sexe peut influencer l’arthrose du genou par des voies multiples, y compris les influences hormonales sur le métabolisme du cartilage, la variation entre les sexes dans les risques de blessures, et les différences entre les sexes dans l’environnement mécanique du genou [Sharma et al., 1999]. C’est à cette période de la vie qu’intervient un phénomène de grande importance : la ménopause chez la femme. Ce qui nous amène à envisager le rôle protecteur ou non des hormones mâles et femelles, sur lesquelles nous reviendrons. Jusqu’à l’âge de 45 ans, l’arthrose est rare et un peu plus fréquente chez l’homme. Entre 45 et 55 ans, les deux sexes sont quasiment atteints à part égale. Au-delà de 55 ans, l’arthrose devient nettement plus fréquente et sévère chez les femmes (Figure 14). Chez les sujets âgés de 55 à 64 ans, l’épidémiologiste anglais Lawrence a montré que parmi les sujets qui souffrent d’une arthrose de quatre articulations et plus, on trouve 47% de femmes et seulement 25% d’hommes [Lawrence et al., 1966]. L’influence des hormones sexuelles, en particulier les oestrogènes, est encore débattue. Certains pensent qu’ils protègent la femme de l’arthrose et que le traitement substitutif de la ménopause l’est aussi. D’autres pensent que ces hormones pourraient, au contraire, l’aggraver. En effet, à l’inverse de ce qui se passe dans l’ostéoporose, l’os sous-chondral est plus dense dans l’arthrose [Dequeker et al., 1997]. Les femmes arthrosiques ont moins de fractures du col fémoral. Etant donné que l’arthrose est caractérisée par l’augmentation de la densité de l’os est née l’idée qu’elle rend celui-ci plus rigide et diminue sa capacité à absorber les forces de contrainte qu’elle reçoit. Dans ce cas, il n’est pas favorable au contrôle de l’équilibre lors de la marche ou pour maintenir une attitude debout. II s’ensuit une disposition plus grande à l’arthrose et donc un cercle vicieux d’aggravation de la maladie.

Mais cela ne signifie pas que les femmes ont une capacité plus faible que les hommes à contrôler leur équilibre. Nos résultats suggèrent que l’impact de l’arthrose sur le contrôle postural est plus marqué chez les hommes. Les patients masculins dans cette étude ont démontré une plus grande variation du contrôle de l’équilibre que les femmes, avec une performance plus faible dans la matinée. Même si les femmes représentaient la majorité des sujets, elles n’ont pas montré de variation marquée du contrôle de l’équilibre en comparaison aux hommes.

Du point de vue de l’imagerie, l’os arthrosique est aussi plus dense à la radiographie. Sa densité mesurée par des appareils spéciaux, les ostéodensitomètres, est augmentée.

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Dans une étude transversale portant sur un échantillon de commodité, dans lequel 15 % des hommes et 19 % des femmes ont une arthrose radiographique, les hommes ont un plus grand volume de cartilage tibial et rotulien que les femmes. Les différences sont réduites (même si certaines différences persistent) après ajustement des différences entre les sexes, la taille du sujet, le poids et la taille de l’os [Ding et al., 2003]. Dans une autre étude chez des jeunes avec les genoux sains, Faber et al. ont révélé que la différence entre les sexes sur le volume du cartilage est principalement provoqué par la différence de la dimension de surface articulaire mais pas par la différence de l’épaisseur du cartilage [Faber et al., 2001]. De plus, les activités physiques font que les hommes ont des muscles squelettiques plus robustes et une récupération plus rapide après la fatigue ou une blessure. Ces avantages sont également accompagnés d’inconvénients. Le poids corporel plus élevé chez les hommes entraîne une usure plus importante des cartilages articulaires du genou et les activités physiques plus intenses mènent à une fatigue physique et mentale qui est également défavorable à la stabilisation du corps. Deschamps et al. démontrent que l’exercice et la tâche exigeant hautement l’attention pourraient provoquer des variations du contrôle postural [Deschamps et al., 2013]. Bien que les sujets dans leur recherche étaient étudiants de sexe masculin, nous pouvons conclure qu’un contrôle satisfaisant de l’équilibre nécessite de bonnes conditions physiques et mentales.

En bref, le sexe peut influer le contrôle postural chez les patients porteurs de gonarthrose par des voies multiples, y compris les hormones, la densité de l’os, la sénescence, la structure de cartilage, les activités physiques, même le stress mental...Ceux-ci pourraient provoquer une variation de la stabilité postural chez les hommes dans la journée, selon les résultats de nos études. Cependant, le contrôle de l’équilbre chez les femmes semble plus stable dans la journée par rapport aux hommes.

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Figure 14. Fréquence de l'arthrose en fonction de l’âge et du sexe.

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