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b) Influence de l’événement sur la pratique médicale en général

I1 : (…) ça a influencé ma pratique médicale, énormément.

Ø Une meilleure prise en charge scientifique

Étant confronté à une problématique grave de santé chez l’un de leur proche, les praticiens interrogés reconnaissent s’être formés particulièrement sur le type de

pathologie le concernant, ce qui se ressent dans leur approche du soin aux autres patients. Parallèlement aux connaissances théoriques accrues, un tel événement peut

amener les praticiens à une meilleure prise en charge, parfois plus rigoureuse. Plus informés du parcours de soins correspondant à un type précis de pathologies, ils savent parfois mieux orienter leurs patients et font preuve de plus de vigilance.

• Accentuation de la formation, des connaissances

I1 : En fait elles m'ont formée sur la prématurité, sur les problèmes de développement psychomoteur. En fait je me suis plus formée avec elles que par le cursus « formation médicale », ça c'est une certitude.

I4 : (…), je me suis documentée aussi sur l'autisme (...)

I4 : (…) je pense que familialement, on est calés sur l'autisme ! • Plus de rigueur et de vigilance

I1 : D'ailleurs je suis beaucoup plus vigilante par rapport à ça, et les patients le ressentent. J'oriente plus facilement vers les spécialistes, les bilans... (…) Je cible plus facilement la prise en charge (...).

I5 : Mais le fait d'être loin, ça impacte sur les certificats à faire, que les gens me

demandent, les choses comme ça. Et du coup tu te dis « même pour ma famille je le fais pas parce qu'il est loin », (…). Et on a des patients qu'on connaît pas plus que ça, qu'on a vu 2 ou 3 fois pour des renouvellements ou pour des petites choses, qui te demandent des certificats médicaux pour X ou Y raisons, et moi je me dis « tu le fais déjà pas pour tes

proches » donc non, sans les voir, tu le fais pas.

I10 : Déjà j'étais vigilant au dépistage du cancer du sein chez la femme, là on peut dire que je le suis encore plus !

Ø Plus d’humanisme

L’implication émotionnelle et l’identification possible aux patients peuvent aboutir à majorer l’empathie de la part du médecin.

Le médecin est plus sensibilisé au vécu du patient lors des annonces et du reste de la prise en charge, avec aussi une attention particulière portée à l’ensemble « proche- entourage ».

• Une empathie plus marquée

I1 : J'ai de l'empathie et je me revois à travers ces mamans en difficulté, donc du coup ça a plus de poids quand je leur parle. Je n'hésite pas à leur dire que j'ai traversé.... alors je ne rentre pas dans les détails bien sûr... mais que je peux les comprendre parce que mes filles ont été préma, et que je suis passée par un parcours un peu similaire. Et du coup, ça aide.

I8 : (…) peut-être oui que forcément ça participe à l'empathie. Quand je vois quelqu'un qui est dans la même situation que celle que j'ai vécue, il y a un effet un peu miroir. Je sais que c'est difficile.

I10 : Je n'avais pas conscience de l'importance du traumatisme psychique, forcément, que ça implique. (…) Alors là je suis encore plus attentif. Oui. Ça a renforcé cette empathie, cet accompagnement que je peux avoir avec les femmes, enfin les femmes ou les hommes atteints de pathologies comme ça.

la place de la personne, donc je... Je ne dis pas qu'il ressent la même chose que moi. Mais je me dis que peut-être qu'il est submergé aussi, et quelque part, moi les mots qui m'ont fait du bien, du coup je les donne.

• Plus d'attention au vécu du patient et de ses proches

I2 : Peut-être d'avoir un œil un peu plus aigu sur les relations du patient qui a une pathologie grave avec ses proches. J'essaie d'être un peu plus attentif à ça, du fait de l'avoir vécu de l'intérieur.

I4 : Donc oui ça a sans doute changé ça quand même : être plus attentive aux annonces. I7 : Alors oui, parce que notamment dans l'accompagnement et les soins palliatifs (…) c'est écrit par la loi quand on parle de sédation profonde par exemple, que les décisions se prennent après discussion collégiale avec la famille, mais que c'est finalement une décision médicale, ça c'est clairement dit par la loi... Et en fait cette formule-là je l'applique très régulièrement avec les proches. C'est-à-dire que je discute avec eux, je leur dis « soyons clairs, la décision c'est moi qui la prendrai donc je ne vous demanderai pas de la porter. J'ai besoin d'entendre votre point de vue, d'entendre votre ressenti, votre vécu, d'entendre ce que vous savez des souhaits du patient etc., mais la décision, elle est médicale, et je ne vous demande pas de porter cette charge-là ».

I9 : (…) ça m'a conforté dans le fait qu'il fallait être dans l'échange.

Ø Orientation du choix professionnel

Pour l’une des participantes, l’expérience vécue auprès de proches a pu même influencer ses choix professionnels.

I4 : Peut-être le choix de la PMI ! Rire. Avec tout ce qui est l'enfance, le diagnostic, l'accompagnement de familles en situations difficiles, que ce soit handicap, social...

6.

FOCUS : LES RAISONS AYANT MOTIVÉ LA

PARTICIPATION À CETTE ETUDE

• Intérêt d'évoquer l'expérience des médecins...

I5 : Et c'est vrai que souvent dans les thèses qu'on voit ou même les recherches qu'on voit, on s'intéresse pas trop aux médecins, finalement. On s'intéresse soit, si, à sa pratique, soit à sa capacité de médecin, et là tu parles de capacité de la personne, les relations familiales qu'il peut y avoir, et... C'est vrai que c'est bien que certaines thèses parlent de nous un peu, au lieu de parler des autres !

• et de la partager ...

I1 : (…) et que je pense que ça peut servir à d'autres, surtout.

I7 : (…) je pense que faire partager son expérience, de toute façon quand on est médecin, c'est important. La médecine, ça s'apprend avec le compagnonnage, et pas que sur ce qui se passe dans la théorie ; on a besoin de partager notre expérience perso et notre vécu. C'est quelque chose qui est nécessaire.

I7 : (…) partager pour aider, parce que c'est des situations qui se rencontrent forcément dans un exercice de médecine générale. Donc si on n'est pas... j'allais dire « armé », c'est un peu exagéré, mais si on n'est pas un minimum préparé à ce que ça peut être et à la façon de s'en protéger pour rester à la fois aimant et lucide...

I8 : Et puis pour la curiosité, pour savoir comment les gens font, comment ils gèrent ; se sentir moins seule.