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2 Utilisation de différents réacteurs pilotes pour l’étude de l’influence des paramètres

2.2 Influence du débit : réacteur CPC

2.2.1 Résultats cinétiques

La pompe magnétique équipant le réacteur CPC permet des variations assez importantes de débit de recirculation de l’effluent traité. Le flux d’effluent entrant dans les

18 L/min. L’influence du débit sur les cinétiques de traitement est une information intéressante en vue du dimensionnement d’un procédé de traitement photocatalytique.

Les expériences suivantes ont été réalisées dans le réacteur CPC, équipé d’un collecteur portant 5 tubes à barreaux coaxiaux recouverts de Média 1049. Le volume de solution traité est de 25 L et la concentration initiale en phénol est fixée à 20 mg/L. La Figure 16 ci-dessous présente les cinétiques de dégradation du phénol obtenues aux débits de recirculation étudiés. 0 5 10 15 20 25 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Temps (min) [Phé no l] (mg /L) Recirculation : 5 L/min Recirculation : 10L/min Recirculation : 15L/min Recirculation : 18L/min

Figure 16 : Dégradation du Phénol par média 1049 dans le réacteur CPC à différents débits de recirculation. Le volume de solution traité est de 25L

Les courbes obtenues sont d’allure semblable. Pour plus de précision, les vitesses moyennes de dégradation du phénol ont été calculées et rassemblées dans le Tableau 10.

Débit de recirculation

(L/min)

Vitesse moyenne de dégradation du phénol à 120 minutes (mg/L/min)

5 0,037 10 0,019 15 0,033 18 0,027

Tableau 10 : vitesse moyenne de dégradation du phénol calculée à différents débits de recirculation de la solution dans le réacteur CPC.

Comme le montrent le Tableau 10 et la Figure 16, il n’y a pas de corrélation nette entre la vitesse moyenne de dégradation calculée sur 120 minutes et le débit de recirculation de l’effluent à traiter dans le réacteur CPC.

2.2.2 Influence sur le régime d’écoulement

Lorsque l’on augmente le débit de recirculation, on augmente la vitesse du fluide dans le réacteur et donc la turbulence. La turbulence du fluide favorise le transfert de masse au sein de la solution et donc le transfert des molécules de phénol à la surface du catalyseur. Le changement de débit pourrait engendrer une différence de turbulence suffisante pour modifier la mise en contact du polluant et du catalyseur. Pour comprendre pourquoi le débit n’a pas eu d’influence dans la gamme de variation considérée, le nombre de Reynolds a été calculé dans un tube du collecteur. Le nombre de Reynolds caractérise la nature du régime d’un écoulement (laminaire, transitoire ou turbulent) dans une canalisation. Il représente le rapport entre forces d'inertie et forces visqueuses qui s’exercent dans le fluide. Le nombre de Reynolds est un nombre sans dimension dont l’expression est la suivante :

µ ρVh

Re= (4)

Avec :

ρ : masse volumique de l'eau (kg/ m3) µ : Viscosité dynamique de l'eau (kg.s-1.m-1) V : vitesse de l'eau (m/s)

h : dimension caractéristique de la géométrie de l’écoulement (diamètre dans le cas d’une canalisation ou d’un tuyau de section circulaire).

A 25°C le rapport µ ρ

de l’eau a une valeur de 1,116.106 s/m2. Un tube de collecteur a

les dimensions suivantes :

- Diamètre du tube : 6 cm

- Diamètre du barreau interne : 4 cm

Avec ces caractéristiques on calcule les vitesses d’écoulement correspondantes aux différents débits que l’on a testés :

On choisit comme dimension caractéristique l’épaisseur de la bande de fluide comprise entre le barreau et le tube ; elle est de 1 cm.

D’où il vient :

Re 5 L/min =421,4 Re 18 L/min =1517,8

Lorsque le nombre de Reynolds est inférieur à 2000, on est dans le cas d’un écoulement laminaire. Le contact entre polluant et catalyseur n’est pas amélioré à débit fort de 18L/min par rapport au débit faible de 5 L/min. Il faudrait pouvoir augmenter le débit du fluide au delà de 20 L/minute pour changer le régime d’écoulement dans les tubes. On constaterait alors peut être une accélération de la cinétique de dégradation due à la variation du débit. Dans la gamme de débit étudiée, ce paramètre n’a que peu d’influence sur les cinétiques de dégradation.

2.2.3 Démonstration de l’indépendance de la cinétique de dégradation vis-à-vis du débit.

Le principe du réacteur CPC est présenté au chapitre 2, 3.2. Un schéma du réacteur en fonctionnement solaire, élaboré par la Plateforme Solaire d’Almeria (PSA), est fourni par la Figure 17. Une photo du prototype définitif est fournie en Annexe 4.

Figure 17 : Schéma du réacteur CPC fourni par la plateforme solaire d’Almeria.

Le collecteur, partie irradiée du système, est un réacteur en écoulement piston. Il est relié au réservoir de l’effluent à traiter. Une pompe assure la recirculation. L’ensemble est donc assimilable à un réacteur “Batch”. Compte tenu de la relativement faible concentration en phénol, la réaction de dégradation est d’ordre apparent égal à 150. Les concentration CAo et

CA en entrée et en sortie de collecteur sont liées par l’équation de premier ordre apparent suivante, obtenue après intégration de l’équation différentielle de vitesse :

CA / CAo = exp (-kt) (5)

A cause de la recirculation via le réservoir, CAo varie avec le temps selon l’expression (6) qui traduit une agitation parfaite du réservoir :

-V2 (dCAo / dt ) = Q (CAo - CA) (6)

où V2 est le volume du réservoir et Q le débit d’écoulement.

L’équation (6) implique que la vitesse - (dCAo / dt ) dans V2 est égale à une vitesse moyenne :

- (dCAo / dt ) = Q /V2 (CAo - CA) = (CAo - CA) / ∆t2 (7)

où ∆t2 est le temps de séjour dans le réservoir de volume V2 En combinant les équations (5) et (6), on obtient :

-V2 (dCAo / dt ) = Q [CAo - CAo exp (-kV1 / Q)] = Q CAo[1-exp(-kV1 / Q)] (8) où V1 est le volume du collecteur, c’est-à-dire le volume irradié du réacteur.

L’intégration de l’équation différentielle (8) donne :

[CAo]final = [CAo]initial exp[- (1-exp(-kV1 / Q))] . [Q.t / V2] (9) Si le débit Q est élevée et si kV1 n’est pas trop grand, l’équation (9) peut être simplifiée car la fraction (-kV1/Q) est petite :

exp (-kV1 / Q) = exp (-ε) ≈ 1- ε = 1-kV1 / Q (10)

d’où :

[CAo] = [CAo]initial exp [ (-kV1 / Q) . (Q / V2) t ] = [CAo]initial exp (-k(V1 / V2) t) (11) le temps de résidence tR dans le collecteur CPC est égal à :

tR = [V1/VT] t = [ V1 / (V1+V2 ) ] t = [r / (1 + r) ] t

avec : r = V1/V2 (12)

En déterminant le rapport r d’après la géométrie du réacteur, il est possible de calculer la constante cinétique de premier ordre k d’après les variations de concentration en fonction du temps de résidence.

D’après l’équation finale (13), il apparaît que la cinétique de disparition du phénol est indépendante du débit comme illustré par la Figure 16 et que le photoréacteur (collecteur + réservoir) se comporte effectivement comme un réacteur fermé à agitation parfaite ou “Batch”.

2.2.4 Conclusions concernant la non-influence du débit sur la cinétique

Bien que l’effluent s’écoule en régime laminaire dans les tubes du collecteur, ce qui pourrait nuire aux transferts de masse entre le polluant, l’oxygène et le catalyseur et étant donné que la vitesse de dégradation est indépendante du débit de recirculation, on peut en tirer les conséquences suivantes :

1- Il est inutile de travailler à un débit élevé, voisin du maximum autorisé par la pompe (18 L/min), qui pourrait conduire à son usure prématurée et à des tensions au niveau des joints de tubes.

2- Il est avantageux d’employer un débit de recirculation limité pour les raisons suivantes.

a. Un débit faible soumettra les catalyseurs supportés à une érosion moins forte liée l’écoulement de l’effluent. Le lit catalytique conservera ses propriétés plus longtemps.

b. Le régime laminaire pourrait induire des limitations cinétiques liées à la diffusion. Elles sont en partie compensées par l’agitation de l’effluent au passage dans les raccords en U reliant les tubes de verre entre eux.

c. Un débit élevé entraînerait une surconsommation énergétique de la pompe qui ne se traduirait pas par une augmentation de la vitesse (voir Equation (9)).