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2. Ecosystème gastro-intestinal : description générale

3.2. Effets bénéfiques des probiotiques sur les fonctions extra-digestives

3.2.3. Les infections vaginales

La flore vaginale d’une femme en bonne santé regroupe une cinquantaine d’espèces différentes de micro-organismes. Elle est dominée par diverses espèces de lactobacilles, composant la flore de Doderleïn et formant un film protecteur naturel sur la muqueuse. Ces bactéries ont la capacité d’inhiber la croissance, l’adhésion et l’expansion d’autres micro- organismes. L’équilibre fragile de cette flore est parfois perturbé, notamment par l’administration de médicaments par voie orale et vaginale ou de dispositifs à usage local. L’administration orale ou vaginale de lactobacilles entraîne une colonisation durable de l’écosystème vaginal par ces micro-organismes. L’hypothèse qu’une supplémentation en lactobacilles pourrait avoir un intérêt dans le traitement et dans la prévention d’infections vaginales a alors été émise.

Une synthèse a regroupé les différents essais réalisés ces dernières années dans le but de chercher un effet des lactobacilles dans les vaginites. Elle concluait que le niveau de preuve de l’efficacité des lactobacilles sur la prévention et le traitement des infections vaginales est à ce jour insuffisant, notamment en raison du nombre insuffisant des patientes inclues dans les études (162).

Il est néanmoins prouvé qu’en cas d’infection urovaginale, Lactobacillus acidophilus inhibe la croissance des bactéries uropathogènes dont Escherichia coli. La prise par voie vaginale du probiotique paraît sûre et efficace d’après les mêmes auteurs.

Une étude a recherché un rôle des probiotiques dans la prévention des vulvovaginites induites par un traitement antibiotique administré pour une infection non gynécologique. Deux cent soixante-dix-huit femmes ont reçu un lactobacille par voie orale deux fois par jour ou par voie vaginale au coucher ou les deux à la fois ou un placebo. L’administration a débuté six jours avant la fin du traitement antibiotique et ce pendant dix jours. Les résultats prenant en compte les symptômes et le prélèvement vaginal pour recherche de Candida n’ont pas montré l’efficacité d’une supplémentation de lactobacilles pour prévenir ou contrer une vaginite, que les probiotiques soient administrés par voie orale ou par voie vaginale (163).

Une publication de 2001 a étudié l’effet de probiotiques chez 10 femmes ayant pour antécédents de nombreuses récidives de vaginoses ou de candidoses ou d’infections urinaires. Elles ont pris matin et soir un mélange de probiotiques (Lactobacillus rhamnosus et

Lactobacillus fermentum) pendant quatorze jours. Des prélèvements vaginaux après une à

quatre semaines et à deux et trois mois ont montré que la colonisation vaginale de ces 10 femmes par les souches ingérées était effective dès la première semaine et associée à une guérison (164).

Parmi les souches probiotiques connues, l’administration par voie orale de

Lactobacillus rhamnosus GR-1 et Lactobacillus reuteri RC-14 a montré un intérêt dans les

vaginoses basses. En effet, des essais ont rapporté que ces souches bactériennes sont capables de coloniser la cavité vaginale, d’inhiber la croissance et le développement de germes pathogènes, d’améliorer les vaginoses bactériennes et de prévenir les vaginoses bactériennes suite à un traitement antibiotique. Deux études randomisées menées en double aveugle ont confirmé ces résultats.

La première regroupait 64 femmes dont 32 consommant quotidiennement ce mélange de probiotiques à la dose de 109ufc et 32 femmes absorbant un placebo. Cet essai a duré 60 jours. Après un mois, dans le groupe probiotique, la population en lactobacilles de la flore vaginale a significativement augmenté et parallèlement, les levures et les coliformes ont diminué. Après deux mois, il y avait une amélioration des signes de la vaginose bactérienne et une restauration de la flore vaginale lactobacillaire (165).

La seconde étudiait le rôle de ces mêmes lactobacilles chez des femmes traitées par voie orale par un antibiotique pendant 10 jours pour une infection des voies aériennes supérieures. Vingt-quatre patientes ont été suivies pendant 21 jours, dont la moitié recevait le mélange de probiotiques à la dose journalière de 109ufc, l’autre moitié consommant un placebo. Dans le groupe probiotique, aucune patiente n’a développé d’infection vaginale alors que 3 dans le groupe témoin ont présenté une vaginose bactérienne.

Ces deux études montrent que ces deux probiotiques pris quotidiennement par voie orale favorisent le développement d’une flore protectrice et restaurent la flore vaginale lorsqu’elle est perturbée.

De nombreux compléments alimentaires ou dispositifs médicaux ayant pour revendication de maintenir la flore vaginale équilibrée et saine et de la restaurer ont été mis sur le marché ces dernières années et sont disponibles en pharmacie :

- Lactibiane Cnd 10M® (laboratoire Pileje), complément alimentaire dosé à 10 milliards de Lactobacillus helveticus LA 401 candisis. La posologie recommandée est de 2 gélules par jour;

- Physioflor® et Physioflor LP® (laboratoire Iprad Pharma), dispositif médical sous forme de gélule vaginale contenant 108 ufc de Lactobacillus crispatus IP174178. La posologie recommandée est d’une gélule vaginale de Physioflor® le soir au coucher

pendant 7 jours à renouveler si besoin ou d’1 comprimé vaginal de Physioflore LP® le soir au coucher à renouveler 4 jour plus tard;

- Florgynal® (laboratoire Iprad Pharma), médicament sous forme de gélule vaginale, composée de Lactobacillus casei var rhamnosus Doderleini, d’estriol et de progesterone ;

- Florgynal tampons probiotiques® (laboratoire Iprad Pharma), dispositif médical composé de 3 souches de lactobacilles. Ce tampon périodique doit être utilisé à raison de 3 tampons par jour pendant 3 jours de suite sur 3 cycles d’affilée ;

- Médigyn® (laboratoire Iprad Pharma), dispositif médical sous forme de capsules vaginales composées de 108ufc/gélule de Lactobacillus rhamnosus et Lactobacillus

gaseri. La posologie recommandée est 1 capsule vaginale par jour le soir pendant 8 à

10 jours ;

- Ergyphilus intima® (laboratoire Nutercia), complément alimentaire composé de

Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus gasseri, Lactobacillus rhamnosus GG, Lactobacillus fermentum et Bifidobacterium bifidum. La posologie recommandée est

de 2 à 4 gélules par jour en une prise le matin ;

- Hydralin flora® (laboratoire Bayer), dispositif médical sous forme de capsule

vaginale composée de 10 milliards de Lactobacillus plantarum P17630. La posologie recommandée pour restaurer la flore vaginale est d’1 capsule vaginale pendant 6 jours consécutifs puis en prévention des récidives d’ 1 capsule par semaine pendant 4 semaines ;

- Gynophilus LP® (laboratoire Besins Healthcare), dispositif médical sous forme de

comprimé vaginal composé de Lactobacillus casei rhamnosus Döderleini. La posologie recommandée est d’1 comprimé vaginal le soir au coucher tous les 4 jours. D’après certains auteurs, une « bactériothérapie » est envisageable pour traiter mais aussi pour prévenir les infections vaginales récurrentes. Les lactobacilles ont montré de nombreux effets sur la flore vaginale, notamment plusieurs « pouvoirs » d’inhibition de l’invasion par des micro-organismes exogènes. Cette thérapie associerait plusieurs lactobacilles viables en forte concentration et à propriétés complémentaires, comme c’est le cas dans le vagin (166).

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