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L’industrie des services informatiques et logiciels repose, ainsi que nous le montrent les chiffres, en grande partie sur l’activité d’édition de logiciels et leur intégration par les ESN chez

les clients finaux. Le logiciel est donc à la base d’une large activité qui pèse lourdement dans

l’ensemble du secteur. Les activités liées aux logiciels (ou software en anglais) sont souvent

distinguées de celles liées au matériel (ou hardware en anglais). Le logiciel est un produit qui

connaît certaines spécificités et caractéristiques qu’il nous paraît important de souligner dans

l’exposé de notre recherche. En effet, ces caractéristiques vont notamment influencer nos

résultats et circonscrire leur généralisation. Dans la section suivante, nous nous appuyons sur

des travaux empiriques ainsi que théoriques qui permettent de décrire ces particularités.

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2. Les spécificités du produit « logiciel »

D’après Horn (2007), le logiciel représente l’âme du matériel informatique. Si

économiquement, les deux activités peuvent être comptées séparément (la vente de matériel est

comptabilisée distinctement de la vente de logiciel), leur synergie est essentielle. Dans cette

acceptation, le matériel n’est qu’un corps vide qui ne s’anime que sous la présence d’une âme,

le logiciel (Dréan, 1996).

Les logiciels, qui animent le matériel, sont destinés à résoudre des problèmes rencontrés par

l’activité humaine. Ce sont des solutions qui se positionnent entre l’homme et la machine. Le

logiciel est donc une sorte d’intermédiaire qui va permettre de traduire les besoins humains en

langage machine, afin que celle-ci puisse fournir et exécuter la solution (Horn, 2007).

« Un programme d'ordinateur est un message de l'homme à la machine. La syntaxe rigide et

les définitions méticuleuses n'existent que pour rendre l'intention de l'homme claire pour la

machine stupide » (Brooks, 1996, p. 142)

Dès lors, les logiciels sont partout. D’après la Business Software Alliance (BSA), qui représente

les acteurs du monde logiciel, les logiciels font aujourd’hui partie intégrante de notre vie

quotidienne. Ils nous accompagnent au travail à l’école, à la maison, en voyage, lorsqu’on

communique, etc. Le logiciel est au cœur de la révolution digitale que nous connaissons depuis

quelques années. Ils permettent le traitement des données, l’expression des idées et leur

exécution. C’est un objet frontière qui fait communiquer ce que Horn (2007) appelle « le monde

chaud » de la créativité humaine et le « monde froid » des machines.

Sur le plan pratique, on peut distinguer plusieurs caractéristiques aux logiciels. Tout d’abord,

un logiciel est une suite de commandes écrites dans un langage de programmation. L’ensemble

de ces lignes de commande représente le code source du logiciel. Les logiciels sont donc une

agrégation de connaissances humaines. Ils ont le statut d’une information. Ce statut leur confère

la particularité de pouvoir être modulaires, ce qui, nous le verrons par la suite, représente un

point très important dans notre recherche. Ensuite, ils sont considérés comme étant non-rivaux

et non-excluants. Et enfin, les logiciels, de par leur déploiement de plus en plus lié au

développement de l’Internet, sont sujets aux effets positifs des externalités de réseaux. Nous

développons ces caractéristiques dans les paragraphes qui suivent.

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Les logiciels propriétaires sont fournis sous forme de code objet. Les logiciels open source se

doivent pour leur part d’être fournis avec le code source compréhensible, afin de garantir les

droits liés à leur modification et redistribution.

Selon Brooks (2006), les logiciels font partie des entités les plus complexes développés par

l’être humain. La quantité d’informations que peut contenir un logiciel est extrêmement élevée

et les combinaisons issues de l’interaction de ces informations potentiellement infinies.

En ce qui concerne la propriété intellectuelle des logiciels, qui sont, nous le rappelons, un

ensemble d’informations, un débat long et animé a été observé en Europe et aux États-Unis. En

tant qu’œuvre de l’esprit, le logiciel relève du droit d’auteur au même titre qu’une œuvre d’art

ou un livre. Mais le fait qu’il permette de mettre en action du matériel, il peut prétendre à de la

protection via les mécanismes du brevet (Foray, 1995, 2000; Horn, 2007; Zimmermann, 1998).

Aux États-Unis, les brevets logiciels sont autorisés. En Europe, les logiciels relèvent

uniquement du droit d’auteur.

B. Le logiciel, une information digitale non-rivale

Un logiciel est par définition digital. L’information qu’il renferme peut alors être transmise soit

sur des supports physiques (CD-Rom, disquettes, clés USB), soit de façon dématérialisée par

Internet (Horn, 2007). Une des caractéristiques importantes d’un logiciel est que l’ensemble

des coûts de production sont concentrés sur la réalisation de la première copie. La reproduction

par la suite de cette copie se fait à un coût négligeable (Weber, 2000, Horn, 2007). Les coûts de

production sont finalement totalement indépendants du nombre d’utilisateurs. Par ailleurs, cette

reproduction peut se faire à l’infini. L’utilisation du logiciel par un individu ne réduit en rien

les possibilités d’utilisation des autres acteurs. Le logiciel est un bien qui ne se détruit pas par

l’usage (Horn, 2007). Ainsi, les logiciels sont non-rivaux car ils permettent une réplication et

une reproduction non limitée et à un coût extrêmement faible.

Dans le cas des logiciels open source, en plus d’être non-rivaux, les logiciels sont également

non-excluants. Autrement dit, leur mise à disposition non-discriminatoire permet une diffusion

non-excluante. Tout le monde a accès au logiciel, et ce, dans les mêmes conditions (Weber,

2000).

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C. Le logiciel, une information modularisable

Le logiciel, en tant que combinaison complexe d’informations et de connaissances, disponibles

sous forme digitale, est modularisable (Benkler & Nissenbaum, 2006). Un logiciel est par

définition modulaire. Il est composé de plusieurs séquences d’informations qui peuvent être

construites de façon isolée mais qui, infine, doivent pouvoir interagir en harmonie avec les

autres séquences afin que le logiciel s’exécute correctement. Un logiciel est donc divisible en

modules ou en composants. Cette caractéristique permet le développement incrémental et

asynchrone (Benkler & Nissenbaum, 2006; Weber, 2000), que ce soit au sein d’une entreprise

ou au sein d’une communauté de contributeurs extérieurs (Kogut & Metieu, 2001).

La possibilité de décomposer le logiciel en composants isolés permet d’envisager une