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CHAPITRE 2 : COMMENT ETUDIER LE RISQUE DE TRANSFERT DES PRODUITS

2. Q UELLE METHODE D ’ EVALUATION CHOISIR ?

2.3. Indicateurs

Considérant, les difficultés rencontrées dans les deux approches présentées dans les paragraphes précédents, une alternative a été envisagée : les indicateurs environnementaux. Ils utilisent souvent à la fois des résultats des expérimentations et des résultats de la modélisation. Ce sont des outils d’aide à la décision et de diagnostic pour évaluer les risques environnementaux à l’aide de variables pertinentes, facilement calculables et interprétables (Colin et al., 2000 ; Girardin et al., 1999b). (Girardin et al., 1999b) précise que les indicateurs sont souvent employés lorsqu’il est impossible d’effectuer des mesures ou de modéliser un phénomène.

Au cours des dix dernières années, on a assisté à une « explosion » des indicateurs (Riley, 2001). De nombreux indicateurs ont été développés à tous les niveaux. Au niveau national on peut citer par exemple des indicateurs de performance environnementale ou de risque aquatique (IFEN, 1997 ; OCDE, 2004). A l’échelle des exploitations agricoles, Girardin et al. (1997) a développé une série d’indicateurs agri-environnementaux parcellaires pour les grandes cultures dans le cadre de la méthode INDIGO®. Thiollet (2003) a développé selon la même méthodologie, des indicateurs pour le système de culture viticole.

D’après la littérature, les indicateurs sont des variables qui fournissent des renseignements sur d'autres variables plus difficiles d'accès. Ils servent de repère pour prendre une décision (Gras et al., 1989). Ils fournissent des informations au sujet d'un système complexe en vue de faciliter sa compréhension par les utilisateurs de sorte que ces derniers puissent prendre des décisions appropriées qui mènent à la réalisation des objectifs fixés (Mitchell et al., 1995).

D’après l’OCDE (2000) un indicateur est un paramètre ou une valeur calculée à partir de paramètres décrivant ou donnant des indications sur l’état d’un phénomène de l’environnement ou d’une zone géographique alors que (Weber et Lavoux, 1994) définit un indicateur comme la traduction synthétique d’une action, d’une situation ou de son évolution.

Ainsi, la multiplicité des indicateurs et leurs définitions peuvent être différents, toutefois nous pouvons extraire deux caractéristiques fondamentales :

L’indicateur est toujours une variable qui correspond à une valeur statistique, une mesure, une série de statistiques ou encore une série d’éléments quantitatifs ou qualitatifs. Positionnée par rapport à une référence, cette variable devient un indicateur.

L’indicateur a pour objet de répondre à un objectif de façon claire et lisible afin de permettre un diagnostic et une aide à la décision.

Plusieurs auteurs s’accordent sur la définition des caractéristiques fondamentales à l’élaboration d’un indicateur (Girardin et al., 1997 ; OCDE, 2000) : l’indicateur doit être adapté à l’objectif fixé, spécifique de cet objectif, validé, fiable, précis, mesurable, facile à utiliser tout en restant pertinent.

2.3.2. Indicateur : types, construction, validation

Les indicateurs agri-environnementaux sont souvent employés comme outil de diagnostic pour des objectifs précis (Girardin et al., 1999b). Les indicateurs peuvent être de deux types : simples ou composites. L’indicateur simple est issu de mesures directes ou d’une estimation obtenue à partir d’un modèle (Bockstaller et Girardin, 1999) tandis que l’indicateur composite provient de l’agrégation de plusieurs variables ou de plusieurs indicateurs simples mesurés ou estimés. Pour les agrosystèmes, les indicateurs composites doivent être flexibles et pragmatiques tout en restant basés sur les connaissances scientifiques (Girardin et al., 1999b).

Ces derniers sont construits à l’aide de plusieurs variables dont l’importance varie selon son impact supposé sur l’environnement (Girardin et al., 1999b). C’est de cette façon qu’a été construit un indicateur de gestion des produits phytosanitaires (Van Der Werf et Zimmer, 1998).

Par souci de lisibilité et de clarté pour les utilisateurs, les indicateurs sont exprimés sur une même échelle après transformation mathématique : en classes (Girardin et al., 1999a) ou en rangs (Aurousseau et al., 1998). Cependant (Girardin et al., 1999a) constatent que classer les variables peut aboutir à un biais sachant que les classes sont des entités limitées et que leur amplitude est déterminée plus ou moins empiriquement. De ce fait, il traduit son

résultat d’indicateur sous forme d’un indice3 calculé par rapport à une référence. De cette façon grâce à l’indicateur, nous pouvons suivre la déviation de la situation étudiée par rapport la référence. (Girardin et al., 1999a), présentent les indicateurs de la méthode INDIGO® sur une échelle de 0 (risque maximal pour l’environnement) à 10 (risque minimal pour l’environnement) avec une référence à 7 (risque pour l’environnement acceptable par la société). La fixation de la valeur de référence (7) résulte de processus de consensus entre les références bibliographiques et des avis d’experts. La validation des indicateurs fait partie intégrante de leur construction. (Bockstaller et Girardin, 2003) présentent 3 niveaux de validation des indicateurs : la validation de la conception, la validation de sortie et la validation d’usage (Bockstaller et Girardin, 1996, 2003 ; Girardin et al., 1999a).

2.3.3. Classification Pression - Etat - Réponse

Pour une utilisation internationale ou nationale, les indicateurs environnementaux sont souvent organisés selon différentes structures : Pression - Etat - Réponse ((OCDE, 2000)), Force motrice – Etat - Réponse (FER-CIDD, cadre pour les indicateurs du développement durable) et Force motrice - Pression - Etat - Impact - Réponse (FPEIR-AEE, Agence Européen de l’Environnement). (Maurizi et Verrel, 2002) et (Colin et al., 2000) utilisent la notion de PER de l’OCDE et expliquent que l’activité agricole est la pression environnementale principale exercée sur le bassin versant étudié. Par exemple, la quantité de produits phytosanitaires épandus constitue un indicateur de pression. La qualité de l’eau à l’exutoire du bassin versant représente l’état de l’environnement relatif au phénomène envisagé, la concentration d’un produit phytosanitaire est un indicateur d’état. Les décisions relatives aux usages des produits phytosanitaires comme la dose réglementaire d’application, sur le bassin versant correspondent à des indicateurs de réponse.

2.3.4. Indicateurs composites

Parallèlement aux indicateurs simples (CORPEN, 2003) et aux indicateurs reposant sur une combinaison de variables qui intègrent mal les mécanismes de pertes ou d’impact (Jouany et Dabène, 1994), il existe des indicateurs plus complexes, les indicateurs composites résultat d’un croisement entre l’exposition et la toxicité (Girardin et al., 1999a). Certains des indicateurs composites résultent de la simplification d’un modèle (Reus et al., 2002 ; Vercruysse et Steurbaut, 2002 ).

Parmi tous les indicateurs disponibles actuellement pour l’évaluation environnementale de la qualité des eaux de surface vis-à-vis des pesticides, certains d’entre eux proposent une évaluation environnementale des eaux de surface tout en étant très rarement calculé à l’échelle du bassin versant (Keichinger et Girardin, 2004) alors que c’est l’échelle privilégiée pour l’étude du ruissellement (Ambroise, 1999 ; Banton et Bangoy, 1997

; Bockstaller et al., 2004 ; Keichinger et Girardin, 2004 ; Levitan et al., 1995 ; Reus et al., 1999 ; Van Der Werf, 1996)

3 indice : valeur numérique sans l’unité

2.4. Approche simple à l’échelle bassin versant