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Quels indicateurs pour la gestion adaptative de la biodiversité ?

LA CO-GESTION ADAPTATIVE DE LA BIODIVERSITE

Section 1 Quels indicateurs pour la gestion adaptative de la biodiversité ?

a- Classification des indicateurs

De nombreuses espèces utilisent des indicateurs, pour se déplacer – le champ magnétique terrestre ou la position du soleil et des étoiles sont utilisés par de nombreuses espèces d’oiseaux pour s’orienter lors de leurs migrations –, se nourrir – la couleur de certaines familles de papillons telles que les écailles est un indicateur d’incomestibilité pour les

insectivores –, se reproduire – la couleur du bec du merle noir, plus ou moins jaune orangé, donne une indication à la femelle sur la capacité du mâle à produire des petits. L’homme est cependant l’espèce qui en utilise le plus et de loin. Les indicateurs font partie des outils qui l’aident à décrire, comprendre et gérer le monde qui l’entoure en stabilisant des connaissances dans un environnement incertain. Ils offrent un moyen détourné pour approximer un phénomène qu’il est trop coûteux de mesurer directement.

Le mot indicateur est utilisé dans différentes disciplines et dans différents champs thématiques, pour de nombreux objets. Il existe ainsi un grand nombre de domaines scientifiques ou non, qui l’utilise aujourd’hui (Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, 1984, p.5543) : la botanique, la géométrie, l’aéronautique, l’industrie automobile, la bourse, l’écologie, la chimie analytique, la linguistique, la thermodynamique, la mécanique industrielle, la métrologie, etc. Son usage a pourtant fortement évolué au fil du temps. Personne à la solde de la police ou petit oiseau d’Afrique tropicale au XVIIIème siècle, il ne prend sa signification moderne qu’au début du XIXèmesiècle. Tour à tour, brochure contenant certains renseignements (l’indicateur des rues de Paris), instrument destiné à fournir les mesures nécessaires à la conduite et au contrôle d’une machine (indicateur de vitesse), dispositif donnant un renseignement (clignotant), procédé permettant d’obtenir une information par un processus quelconque (indicateur coloré suite à une réaction chimique), l’« indicateur » n’apparaît dans sa version moderne qu’à partir de la deuxième moitié du XXèmesiècle.

Le mot indicateur vient du latin indicator, du verbe indicare – indiquer. L’étymologie du mot

indicateur renvoie à l’acte d’annoncer, de faire remarquer, de révéler, de notifier des phénomènes (Bouni, 1998).

Pour Edwyn Zaccaï et Tom Bauler (2002, p.1), « un indicateur est un signe ou un signal

utilisé pour représenter des évènements ou des systèmes complexes. Toujours défini au moyen

de règles et deconventions, il fournit une interprétation empirique de la réalité68. »

La propriété essentielle de l’indicateur par rapport aux autres instruments de mesure69, est de disjoindre le signifiant (la mesure) et le signifié (l’objet à mesurer) en les reliant par des termes de correspondance variés (Desrosières, 2003a). « Ainsi lesindicateurs et les indices ne

prétendent pas mesurer directement quelque chose, comme le ferait un physicien ou un

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Cette définition met l’accent sur le fait que l’indicateur doit être adapté aux perceptions des acteurs en insistant sur les notions de signal et d’interprétation.

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Un instrument de mesure est « un dispositif de mesurage » sachant que lemesurage est une « opération ayant

pour but de déterminer la valeur d’une grandeur », que lavaleur est entendue ici comme « une expression de la

grandeur sous un certain nombre d’unités », que la grandeur est « un attribut permettant de distinguer

qualitativement un corps ou un phénomène » et que l’unité est une « grandeur conventionnelle permettant

d’exprimer la valeur d’une grandeur de même dimension » (Perdijon, pp.93-99).

Si nous prenons l’exemple de la biodiversité, l’unité retenue pour la qualifier ne peut être qu’une unité de

référence du vivant : l’individu, l’espèce, le gène... Compte tenu de l’importance de la diversité dans le concept de biodiversité, une valeur ne pourra être attribuée à la grandeur qu’à partir de la diversité, la variabilité ou

l’hétérogénéité, mais aussi l’abondance si cette dernière permet d’être elle-même un indicateur de variabilité. Ainsi, l’abondance d’une population traduit une variété génétique importante de cette population. Lagrandeur

exprimée par cette valeur sera la diversité du vivant mesurée à partir de la diversité spécifique, de la variabilité génétique ou de l’hétérogénéité des écosystèmes. Lemesurage pourra être la formule mathématique qui permet

de calculer la diversité spécifique à partir du nombre d’espèces pondéré par le nombre d’individus au sein de chaque espèce.

astronome70. Ils sont plutôt, selon les cas, des résumés (comme l’est une moyenne), des représentants, des porte-parole de choses muettes, complexes et hors de portée. Ce sont, d’une certaine manière, des fictions utiles » (Desrosières, 2003a, p.11).

Ces définitions permettent de souligner le fait que plus l’objet à mesurer est complexe et pluriel, plus la mesure qui en découle pourra être entendue comme appartenant à la catégorie « indicateur ». Ceci explique le succès des indicateurs aujourd’hui. A l’époque des changements globaux, du développement durable et des incertitudes, le recours à des indicateurs fondamentalement approximatifs mais permettant d’argumenter sur des phénomènes peu ou mal connus est une aubaine. En effet, l’indicateur respecte les espaces d’incertitude que la mesure n’admet pas. C’est aussi ce qui explique souvent un certain scepticisme à leur égard.

Un manque important qui existe aujourd’hui autour de la question des indicateurs est celui de l’analyse épistémologique de cet objet. Il est en effet multiforme, à l’interface de nombreux champs disciplinaires et utilisé de manières très diverses, pour ne pas dire à tort et à travers, sans qu’il existe de véritables bases à partir desquelles il est possible de penser son usage.

Notre point de départ pour développer une étude épistémologique des indicateurs est leur dimension approximative qui implique l’existence d’erreurs. Celles-ci peuvent être plus ou moins importantes et de différentes natures. Nous identifions trois catégories d’indicateurs à partir de ces erreurs :

Les indicateurs environnementaux renvoient à des erreurs de perception : ils répondent à un

besoin d’informations simplifiées sur le milieu biophysique et social environnant. Il s’agit des indicateurs que l’homme utilise, souvent de manière inconsciente, pour prendre des décisions routinières. Dans un sens, tous les stimuli auxquels l’homme est soumis sont des indicateurs environnementaux qui lui fournissent de l’information. Mais il existe aussi des indicateurs environnementaux qui ont été sélectionnés ou construits collectivement, du fait de leurs capacités à fournir des informations synthétiques sur des phénomènes difficiles à appréhender. Il peut s’agir du clocher d’une église ou d’un panneau de signalisation qui permettent de se diriger, de l’architecture ou du type de végétation qui indiquent l’arrivée

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« La notion d’ordre de grandeur est ambiguë, car elle est intermédiaire entre la mesure imprécise, qui relève

de la métrologie classique, et l’indicateur, qui disjoint la mesure et la chose mesurée. Elle ne choisit pas

dans une région, des attitudes d’un interlocuteur qui permettent d’orienter la conversation, etc. Leur fonction initiale n’était pas forcément de devenir des indicateurs.

Ces indicateurs permettent de souligner que l’on est souvent focalisé sur l’émission d’un signal lorsqu’on envisage la construction d’un indicateur alors que ce qui caractérise en premier lieu un indicateur, c’est la perception d’un signal qui fait sens pour un utilisateur. Ainsi la position des étoiles dans le ciel peut être un indicateur d’orientation très précis mais le point central n’est pas l’émission du signal. Ce sont le sens qu’il contient et les connaissances spécifiques qu’il requiert. L’identification de l’indicateur n’a pas été « pensée » de manière ex-ante. Sa construction renvoie à un long processus d’apprentissage impliquant : une intuition, des essais et des erreurs dans son utilisation, une concurrence avec d’autres indicateurs de position, une notoriété grandissante liée à une confiance générale dans son efficacité pour remplir une fonction.

Les indicateurs environnementaux sont les plus anciens indicateurs utilisés par l’homme et par le règne animal de manière générale. Ils sont de nature analogique. Ils ont permis de répondre au besoin d’informations synthétiques en stabilisant des connaissances et des savoirs sur un environnement naturel et social en perpétuel changement. En stabilisant les savoirs et les connaissances, ces indicateurs ont aussi permis de stabiliser des pratiques en rapport avec ces savoirs. Ainsi, l’orientation à partir des étoiles est devenue très vite une pratique conventionnelle permettant de s’orienter.

Une des particularités de l’homme par rapport aux autres espèces animales est cependant qu’il a la capacité de mettre en dehors de lui ses informations et ses connaissances en vue de les transmettre71. Cette extériorisation de l’information nécessite toujours un processus de codification (Cowan et Foray, 1998). « La codification des connaissances est le processus de conversion d’une connaissance en un message, qui peut être ensuite manipulé comme de l’information » (Cowan et Foray, 1998, p.303). C’est ce processus qui permet à l’homme de placer sa mémoire en dehors de lui. Les premières formes de codification étaient les dessins rupestres. Elles se sont ensuite complexifiées avec l’écriture, le recours aux mathématiques et aujourd’hui l’informatique. Les indicateurs mécaniques et myopes, que nous allons aborder maintenant, font partie de ces outils de codification.

Les indicateurs mécaniques renvoient à des erreurs de mesure : ils ont la particularité d’offrir

une mesure reconnue comme quasi-exacte et de transformer les qualités en quantités. Ces

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En effet, la plupart des informations transmises par les animaux sont liées à des informations génétiques internes ou des échanges directs entre individus.

indicateurs répondent à un besoin d’informations précises et ont souvent pour objectif de permettre une coordination des actions. Ils envoient des informations « objectives » considérées comme « vraies ». Ils sont de nature mécanique et numérique. Ces indicateurs peuvent être une montre, un baromètre, un clignotant, un niveau de batterie, un feu de circulation, une réaction chimique, etc. Ils sont construits par l’homme pour fournir des informations synthétiques sur des phénomènes à partir de mécanismes souvent fondés sur des stimuli physiques. La qualité de ces indicateurs est liée au niveau d’erreurs de mesure.

Il y a eu, au cours de l’histoire de l’humanité, un processus permanent de substitution des indicateurs environnementaux par des indicateurs mécaniques, de manière à ce que l’homme puisse maîtriser de plus en plus d’informations, les organiser et contrôler ainsi de mieux en mieux son environnement. L’objectif est de ne plus être dépendant d’indicateurs environnementaux dont l’usage est parfois délicat – les nuages ne permettent pas de voir les étoiles et donc de s’orienter. En se débarrassant de cette dépendance, l’homme devient ainsi moins vulnérable aux variabilités informationnelles. Ainsi les boussoles ont permis de se passer des étoiles pour se repérer géographiquement72 et elles sont aujourd’hui supplantées par les Guides Par Satellite (GPS) – de plus en plus en série dans les voitures et bientôt dans tous les téléphones portables.

Le corollaire de ce processus a été un déclin des connaissances éparpillées concernant les indicateurs environnementaux et le développement parallèle de connaissances techniques centralisées. Ces indicateurs renvoient à une recherche de contrôle des phénomènes. Les indicateurs mécaniques doivent permettre de tout mesurer de manière « scientifique ». Ils représentent un des principaux instruments de la rationalisation du monde.

Les indicateurs myopes renvoient à des erreurs de mesure et de perception : ils ont la

particularité d’être relatifs à des objets complexes dont ils offrent un résumé à partir d’un critère conventionnel partiel et partial. Ils ont permis d’étendre les systèmes d’information aux « questions de société ». Ils ont une dimension à la fois environnementale et mécanique. Ils sont en effet de nature analogique (approximation d’un phénomène complexe à partir d’un nombre limité de paramètres), mécanique (fondés sur un système d’agrégation et de pondération) et numérique (recours à des ratios, des indices, des formules mathématiques). Une de leurs propriétés, par rapport aux deux autres catégories d’indicateurs, est d’être

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Il en va de même du thermomètre, du baromètre ou de l’altimètre qui offrent une mesure quantitative d’un phénomène que l’homme peut directement percevoir à travers des indicateurs environnementaux mais de manière imparfaite et plus qualitative.

fortement « dématérialisés ». Ils sont apparus du fait de besoins politiques – recensement des populations pour pouvoir prélever les impôts ou mobiliser des armées – et se sont multipliés en même temps que les questions sociales modernes – espérance de vie, richesse, pauvreté… Ils se sont développés de manière parallèle aux statistiques – littéralement la « science de l’Etat » – et à la comptabilité nationale (Desrosières, 1993). Ils sont principalement de nature socio-économique mais s’ouvre aux sphères « environnementales » à mesure que la question environnementale devient une question de société.

Ces indicateurs peuvent être le seuil de pauvreté monétaire d’un pays, le quotient intellectuel d’une personne, un indice de développement, etc. c’est-à-dire des indicateurs dont la mesure est discutable aussi bien pour des raisons quantitatives que qualitatives. Ils permettent aux hommes de coordonner leurs représentations tout autant que leurs actions et de mesurer des phénomènes aux frontières incertaines. Le mécanisme permettant de synthétiser l’information est souvent une formule mathématique ou un indice statistique (tableau 10).

Tableau 10 : Exemple d’indicateurs environnementaux, mécaniques et myopes.

Nature des indicateurs Environnementaux Mécaniques Myopes

Besoin d’informations

(fonction) Position géographique pour serepérer dans le désert

Heure pour rdv QI d’un élève pour savoir s’il peut sauter une classe

Choix des critères et des méthodes pour la construction d’un indicateur de construction (construction) Routines et processus d’apprentissages individuels et collectifs dans l’observation du ciel

Construction par un technicien spécialisé (horloger) à partir de ses connaissances spécifiques

Sélection de critères par un spécialiste et d’une méthode de synthétisation par un métrologue

Mécanisme de synthétisation (instrument)

Socio-cognitif Mécanisme d’horlogerie Formule mathématique

Interface (instrument) Etoiles et ciel Cadran et aiguille Nombre

Signal (instrument) Position des étoiles dans le ciel Position des aiguilles sur le cadran

Résultat du test de QI

Erreurs possibles La confusion entre deux étoiles provoque une erreur dans le positionnement

Un mécanisme peu précis provoque une erreur dans l’évaluation de l’heure au bout d’un an

Une définition parmi d’autre de l’intelligence qui élude une part importante des capacités de l’élève

Il existe des controverses entre scientifiques à propos de l’usage des indicateurs, en particulier au sein des sciences sociales. A un extrême, il y a les économistes qui offrent des informations synthétiques sur l’état de la société à travers des indicateurs qu’ils voudraient mécaniques, mais qui restent fondamentalement myopes. En effet, les économistes éludent souvent les erreurs de perception générées par leurs indicateurs myopes (est-ce que la

pauvreté est exclusivement un phénomène monétaire ?) pour se concentrer sur les erreurs de mesure propres aux indicateurs mécaniques. A l’autre extrême, il y a les anthropologues qui refusent la simplification d’une réalité complexe et l’usage de toute information synthétique qui déformerait plus qu’elle ne réduirait les savoirs sur le monde. Mais en se concentrant sur les erreurs de perception des indicateurs, l’intérêt de l’indicateur qui est de fournir un outil pour les débats publics est négligé73. En fait, les deux positions se tiennent : la société a besoin d’informations synthétiques pour nourrir les débats publics mais il faut admettre le caractère souvent très réductionniste de ces informations.

Un point important est que les indicateurs doivent être interprétés pour pouvoir être utilisés. En effet, les signaux qu’ils envoient ne porteront une information pour les utilisateurs que si celle-ci peut être extraite grâce au sens que le récepteur – l’individu – va pouvoir lui accorder. Un problème qui apparaît avec le développement de plus en plus important des indicateurs mécaniques est l’économie de l’interprétation des signaux qu’ils permettent. Ainsi le GPS nécessite moins de travail d’interprétation pour le conducteur que les panneaux de circulation. Il s’agit de la même chose pour les expertises. En effet, l’objectif d’une expertise scientifique est souvent de proposer un nombre limité de solutions de manière à limiter le travail d’interprétation des décideurs pour lesquels cette expertise a été réalisée.

Or, le travail d’interprétation est essentiel pour plusieurs raisons. Tout d’abord car sans interprétation, il se crée une substitution de l’opinion des experts à la préférence des citoyens74 (Trannoy et Van Der Straeten, 2001). Ensuite car l’interprétation d’un rapport d’expertise peut être très variable. Par exemple, si l’on est soumis aux risques que le rapport décrit, on sera vraisemblablement plus sensible à son contenu. Enfin car l’interprétation est un élément clé de la liberté et de la démocratie. Avoir la possibilité de se forger une opinion sur des phénomènes, de la manière la plus libre possible, est essentiel. Ainsi, plus on réduit le

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Le refus de certains anthropoloques et sociologues d’entrer dans la quantification conduit ainsi souvent les économistes à avoir le monopole de la production d’indicateurs et les critères monétaires à avoir un poids prépondérant dans les décisions publiques. Ayant besoin de prendre des décisions rapidement, les décideurs publics vont en effet préférer les indicateurs aux longs rapports, même si cette information est très imparfaite. Pourtant, entre ces deux extrêmes, il est possible d’imaginer des solutions intermédiaires où les indicateurs produits le seraient à partir d’un arbitrage entre réalisme des informations et besoin de simplicité des signaux.

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Ainsi, la croyance selon laquelle la croissance du PIB est bon indicateur de bien-être, n’a pas pour origine l’opinion du citoyen mais celle des experts qui est ensuite devenue celle des décideurs politiques. Un travail important a dû être réalisé par les experts pour montrer que la croissance du PIB était reliée à une croissance de l’emploi et que l’indicateur « croissance du PIB » était bien le meilleur indicateur de bien-être d’un pays. Pourtant, les débats sur les liens entre croissance, emploi et dynamisme d’une économie ne sont pas clos et il existe de nombreux contre-exemples historiques (Pritchett, 1997 ; PNUD, 1997 ; Ranis, Stewart, Ramirez, 2000).

besoin d’interprétation d’un indicateur, plus on rend les personnes dépendantes de cet indicateur et plus il existe un phénomène d’aliénation.

b- Evaluation de la qualité des indicateurs : une question d’arbitrage

Les critères retenus par l’OCDE – qui est l’organisation à avoir le plus travaillé sur les indicateurs – pour évaluer la qualité des indicateurs sont : leur pertinence politique, leur solidité analytique et leur caractère quantifiable. Ces points peuvent être étayés grâce à six critères édictés officiellement par le Comité du Programme Statistique75(Desrosières, 2003a) :

1) Lapertinence qui implique une adéquation entre l’outil et les besoins de l’utilisateur.

2) Laprécision qui nécessite une proximité entre la valeur estimée et la vraie valeur.

3) L’actualité et la ponctualité qui renvoient aux échéances décisionnelles.

4) L’accessibilité des données statistiques et la clarté de leurs formes pour les instances

décisionnaires.

5) Lacomparabilité des données.

6) La cohérence qui est relative à la méthode de standardisation des données et aux

interprétations que ces données entrainent.

Cette approche est celle que l’on retrouve dans la plupart des rapports institutionnels et forme le cahier des charges permettant de standardiser les outils que représentent les indicateurs. Le problème est qu’il existe de nombreuses tensions entre ces différents critères d’évaluation. Prenons un exemple issu des sciences sociales.

La construction d’un indicateur à une échelle internationale implique de respecter les critères de qualité à cette échelle. C’est ce que cherche à faire l’indicateur de pauvreté extrême utilisé par la Banque Mondiale, lequel est la proportion de la population vivant avec moins de 1 $ PPA76 par jour. Cet indicateur répond à une demande sociale très générale des organisations internationales de développement qui souhaitent disposer d’un indicateur pour évaluer les résultats de leur politique de lutte contre la pauvreté et comparer les situations dans les PED. Pourtant, en répondant à une contrainte de réalisme à une échelle planétaire, on en arrive à un irréalisme total à une échelle locale que ce soit en ce qui concerne des questions de