4.3.b. Carte du couvert végétal forestier à l’époque
précolombienne
4.3.c. Carte de l’état du tapis végétal et structuration de l’espace vers 1770
Source : Joseph 2010.
0 5 Km
Source: Philippe JOSEPH, Thèse de Doctorat(Dynamique, Ecophysiologie végétales en bioclimat sec, juillet 1997)
Sylve sempervirente saisonnière tropicale d'horizon inférieur, dans son faciès le plus xérique
Sylves sempervirentes saisonnières tropicales type et d'horizon supérieur Sylve ombro- sempervirente saisonnière tropicale
Sylve ombrophile montagnarde et ombrophile submontagnarde
St Pierre Le Lorrain St-Marie Le Robert Le Vauclin St-Anne Le Diamant Fort-de-France Le Lamentin
Document réalisé à partir de la carte de Moreau du Temple (ingénieur géographe du Roi) et du recensement terrier de la Martinique 1664-1681. Source : Philippe JOSEPH
Macouba Ste-Marie Trinité Le Robert Le Vauclin Rivière Pilote Le Marin Ste Anne Anses d'Arlet Trois Ilets Rivière Salée Le Lamentin Case-Pilote Le Carbet Le Prêcheur Le François Ducos Fort-de-France Grand-Rivière Presqu'île de la Caravelle
Noyau de végétation primitive Zone fortement cultivée Végétation secondaire arborée Zone cultivée, moyennement arborée Zone cultivée, faiblement arborée Zone moyennement cultivée
Montagne Pelée
Montagne du Vauclin Pitons du Carbet
Morne Bigot Morne Jacob
Une forêt aujourd’hui majoritairement non plantée
Tous les acteurs s’accordent pour dire que le degré de naturalité des forêts de Martinique peut être considéré comme élevé puisque la surface forestière est constituée à 95 % de forêts non plantées, pas ou peu exploitées. Cependant, le concept de naturalité élaboré pour la métropole (Maaf et IGN, 2016) s’avère difficilement applicable à la Martinique. Les forêts, même exploitées ou détériorées, présentent en effet une richesse et une diversité bien plus forte qu’en métropole. De plus, la notion de forêt non perturbée par l’Homme depuis plus de 50 ans (selon la définition des Indicateurs de gestion durable des
forêts de métropole) est encore débattue au sein de la
communauté des acteurs de Martinique. Enfin, l’âge réel de certains peuplements demeure inconnu ou difficile à estimer sur certaines parties du territoire. Des îlots de forêts considérées comme primitives subsisteraient actuellement au niveau de certaines zones très difficiles d’accès de la montagne Pelée ou des pitons du Carbet ainsi que dans certaines ravines.
Cependant, les surfaces concernées n’ont pas été évaluées ou documentées et la définition varie selon les acteurs. Par exemple, certaines forêts considérées comme « globalement primitives » par l’ONF (2012)14
hébergent selon la Deal Martinique des espèces exotiques envahissantes, à l’instar de certaines zones situées à plus de 750 mètres dans la montagne Pelée où l’on rencontre certaines essences telles que le saint sacrement (Heliocarpus donnellsmithii Rose ex Donn.Sm. Malvaceae), une espèce arborée échappée du jardin botanique de Saint-Pierre qui poursuit son expansion. La Deal mentionne également la présence sur certaines zones de caféiers, de manguiers et de cacaoyers, des espèces aujourd’hui considérées comme locales (naturalisées) qui ont été introduites par les colons (plantées autour de leurs habitations et en forêt) et se sont depuis largement disséminées (Bargier et Araminthe, 2011 ; Devauchelle et al., 2016 [1]). À l’inverse, en l’absence de données, toutes les forêts non plantées de Martinique sont actuellement considérées dans le rapport de la FAO (Doré, 2014)
14 L’ONF Martinique semble considérer une forêt comme celle de la montagne Pelée comme totalement naturelle et "globalement primitive" au-dessus de 400
comme des forêts de type « autres forêts naturellement régénérées », c’est-à dire comme des forêts où les traces d'activité humaine sont clairement visibles (secondaires ou semi-naturelles). Les données de 2004 sont considérées comme valables pour la période de 1990 à 2015, les variations de superficies étant jugées négligeables sur cette période.
Des plantations peu nombreuses
Les plantations sont composées majoritairement de peuplements de mahogany à grandes feuilles (Swietenia macrophylla) sur une surface totale de 2 400 hectares dont une grande partie n’a plus d’objectif de production. S’y ajoutent moins de 30 hectares de plantations de mahot bleu et de pin des Caraïbes.
En résumé, le degré de naturalité des forêts de Martinique est considéré comme élevé, bien que seuls quelques îlots de forêt primitive, mal répertoriés, subsistent dans des zones très difficiles d’accès (montagne Pelée, pitons du Carbet, ravines...). Faute d’indications plus précises, toutes les forêts non plantées de Martinique (95 % de la surface forestière de l’île) sont considérées comme « peu ou pas exploitées », autrement dit « semi-naturelles » ou « secondaires ».
Références bibliographiques et précisions méthodologiques
Bargier N. et Araminthe P., 2011. Diagnostic sur l’invasion biologique aux Antilles françaises, Stratégie de suivi et de
prévention. Phase 1 : état des lieux des connaissances. Version 3 – novembre 2011. Deal Guadeloupe, Basse-Terre, et
Deal Martinique, Schœlcher, PARETO, IMPACT MER, ASCONIT Consultants, Baie-Mahault. 143p.
Devauchelle V., Félicité O., Boulet I., Azagury A., Hébert G., Baulac S., Bouchart M. et Lurel F., 2016 [1].
Schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Volet a : état des lieux et identification des enjeux. Caraïbes
Environnement Développement Réf. n°: P3DZ-R0131/VD du 28 avril 2016 (VF5), Collectivité territoriale de Martinique et Deal Martinique. 98p.
Doré R., 2014. Evaluation des ressources forestières mondiales (FRA 2015) : Rapport national Martinique. FAO, Rome. 89p.
Jospeh P., 2009. La végétation des Petites Antilles. Synthèse biogéographique et écologique, bilan et perspectives. Editions Karthala, Paris. 490p.
Joseph P., 2010. La végétation des Petites Antilles (le cas de la Martinique) : structures et dynamiques écosystémiques. Cartes sur http://www1.univ-ag.fr/aihp-geode/ea929/images/posters/poster6.pdf.
Maaf et IGN, 2016. Indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines, édition 2015, Résultats. Maaf- IGN, Paris. 343p.
ONF, 2012. Milieux naturels et peuplements forestiers de la montagne Pelée.