Chapitre II : Renforcement des sols par inclusions rigides
II.2. renforcement des sols par inclusions rigides
II.2.2. Les inclusions rigides
Les inclusions rigides verticales, appelés aussi les pieux, sont des éléments de
fondation apparentés à des colonnes, qui sont déposées verticalement (partiellement ou
totalement) dans le sol mou compressible et enfouis jusqu’à la couche dure en profondeur,
et servent à transmettre les efforts appliqués sur les fondations. [10]
Le procédé d’inclusions rigides a pour objet d’améliorer les performances du sol de
fondation de remblais et de structure type dallage, fondations superficielles ou radier, en
répondant aux spécifications suivantes :
- Augmentation de la capacité portante du sol.
- Reprise des efforts horizontaux et des moments par l’intermédiaire d’un matelas
intercalaire sous les semelles.
- Réduction des tassements. [11]
II.2.2.2 Réseau d’inclusion
Les inclusions rigides sont placées d’une manière régulière ou variable selon des
maillages triangulaires ou carrés, en lignes ou en groupes ou même de manière isolée. Cela
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dépend des caractéristiques du chantier, en appelant AP la section d’une tête d’inclusion et
As la surface d’une maille élémentaire (Figure II.4), le taux de recouvrement est la
proportion de la surface totale couvert par les inclusions et est défini par :
α = (II.1)
Figure II.4 : Différents types de maillages pour les réseaux d’inclusions rigides. [12]
II.2.2.3. Classification des inclusions rigides
De nombreux types d’inclusions rigides peuvent être envisagés suivant les propriétés
mécaniques et la géométrie de la couche compressible. Le module de déformation des
inclusions varie entre 10 MPa (inclusions de t ype Vibre concrète Column) et 2 0 0
GPa (pieux métalliques ) [8]. Les inclusions sont généralement classées en deux
catégories :
II.2.2.3.1. Inclusions préfabriquées
Cette catégorie reprend tous les pieux qui sont fabriqué avant d’être amené sur place. On
peut en distinguer de trois natures différentes.
- Pieux en bois : probablement la plus vieille méthode de renforcement des
fondations. Pour des longueurs d’ancrage ne dépassant pas 12m.
- Pieux en béton : utilisables pour une grande gamme de charge qui dépend de la
géométrie du pieu, de la résistance en compression du béton et des armatures. Le
béton a l’avantage d’être utilisable dans les sols corrosifs. On les utilise sans
raccord jusqu’à 15 m dans le cas de pieux en béton armé, jusqu’à 40m dans le cas
des pieux en béton précontraints et à des profondeurs supérieures pour des pieux
avec des raccords.
- Pieuxmétalliques : profilés en H ou tubes cylindriques. Les longueurs usinées vont
de 12 à 21 m. Pour une même longueur de pieu, les pieux métalliques sont plus
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coûteux que le pieux béton, mais ils ont une plus grande capacité de reprise de
charge pour un poids donné, ce qui peut réduire les coûts de mise en œuvre.
Avantages et inconvénients de l’inclusion préfabriquée
Avantage
- Contrôle possible avant l’insertion dans le sol.
- Stabilité dans les sols compressibles.
- De très grandes longueurs de pieux peuvent être mises en œuvre.
Inconvénients
- Risque de casse lors de la mise en place.
- Peu économique si le choix et donc le coût des matériaux est guidé par les
contraintes de mise en œuvre plutôt que par les contraintes en service.
- Impossibilité d’insérer de gros diamètres.
II.2.2.3.2. Inclusions construites in situ
Cette catégorie reprend tous les pieux qui sont fabriqué sur le site même. Ils sont
directement moulés dans le sol. On ne retrouve donc uniquement des pieux en béton. Les
méthodes de fabrication et de mise en place de ces pieux sont nombreuses. Certains
procédés sont même bien particuliers à la société qui s’occupe du chantier.
Pieux battus ou forés
- A tube battu : Ce procédé consiste au battage par mouton d’un tube bouchonné
jusqu’à une cote prédéterminée. Le ferraillage et le bétonnage gravitaire se fait à
l’abri du tube. Le tube est ensuite extrait du sol. Ce procédé se fait par refoulement
du sol sans déblais.
- Forés simple : Ce procédé n’utilise pas de soutènement de parois. Il ne s’applique
donc que dans les sols suffisamment cohérents. Un forage est exécuté dans le sol
par des moyens mécaniques et ensuite rempli par du béton et des armatures. La
section du forage est circulaire grâce à un outillage spécial. Ces pieux sont réservés
aux charges exceptionnelles.
- Forés à tarière creuse : Le procédé des pieux forés à la tarière creuse se caractérise
par le forage du sol à l’aide d’une tarière jusqu’à la profondeur souhaitée, puis par
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l’injection du béton sous pression par l’axe de l’outil tout en remontant celui-ci. La
cage d’armature est mise en place par vibreur.
Pieux de type « Vibro Concrte Column »
La procédure de mise en œuvre consiste à introduire dans le sol un vibreur électrique
jusqu’à la couche dure. Le matériau de la couche dure est ensuite compacté par le vibreur.
L’instrument est alors légèrement remonté et le béton est introduit. La colonne est
construite en remontant lentement l’instrument. Cette technique est faite par refoulement
du sol et elle ne génère pas de déblai, elle permet dans certaines conditions d’améliorer les
propriétés du sol.
Dans un sol cohérent, les caractéristiques des VCC ne diffèrent pas de celles des
autres procédés. Par contre, dans des sols granulaires, la capacité portante de la colonne
peut être améliorée grâce au compactage du sol réalisé par la vibration.
Inclusion par mélange d’un liant avec le sol
Les inclusions par mélange d’un liant avec le sol permettent de réaliser des colonnes
de sols stabilisés qui peuvent s’apparenter aux inclusions rigides. Le but de ce procédé est
de réaliser dans un premier temps, un désordre dans la structure du sol, et ensuite,
d’injecter un coulis de ciment sous pression pour le stabiliser et former ainsi le pieu.
Avantages et inconvénient des pieux fabriqué in situ
Avantages
- Variation de la longueur pour mieux s’adapter aux conditions du sol.
- Insertion de gros diamètres.
- Pas de risque de soulèvement de sol.
Inconvénients
- Risque de striction dans les sols compressibles,
- Installation du béton non faite dans des conditions idéales,
- Élargissement du pied de l’inclusion impossible dans un sol sans cohésion. [10]
Les techniques de construction des inclusions rigides sont décrites par Briançon
(2002) et Kempfert (2003). Le Tableau II.3 résume les différents types d’inclusions
d’après leur module de déformation.
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Type d’inclusion E (MPa)
Pieux
Préfabriqués
Pieux bois 14 000
Pieux métalliques 200 000
Pieux béton 10 000-20 000*
In
cl
us
ions
fa
b
ri
qu
é
es
i
n
s
it
u
Pi
eux
b
att
us
e
t
fo
ré
s Battus
Mortier : 2000
7400
Béton B15 : 9000
Béton B25 : 10 815
Forés
Simples
Forés
Tubés
A la
Tarrière
Starsol
VCC 10 000
CMC 500- 20 000 **
Par
mixing
COLMIX 50-300 ***
Jet
Grouting
LCC 20-200
* fonction de la nature du béton et du renforcement.
** fonction de la nature du colis.
*** fonction de la nature du liant et du sol.
Tableau II.1 :Principaux types d’inclusions rigides (Briançon 2002).
II.2.2.4. Le mode de fonctionnement des inclusions rigides
II.2.2.4.1 Le fonctionnement d’une inclusion isolée
A présent on associe au sol compressible une inclusion rigide non ancrée dans le
substratum résistant. Quand s’éloigne de cette inclusion le sol se comporte comme
précédemment, le sol n’est pas renforcé et le profil de tassement est important. En
revanche, dans un périmètre proche de l’inclusion, le champ de contrainte et de
déformation est modifié. Quant au tassement de l’inclusion il est faible mais non
négligeable en raison d’une légère compression du matériau.
Dans le cas où l’inclusion est ancrée dans le sol résistant, le tassement est d’avantage
diminué. Attention toutefois à ne pas systématiser cet ancrage. Si cette disposition peut
paraitre la plus performante, elle peut en revanche amener à la concentration d’efforts de
traction en pied de l’inclusion rigide dans le cas d’efforts sismiques.
VOA 2018 17
Figure II.5 : Exemple de profil de tassement du sol et de l’inclusion rigide dans une zone
traitée.
La Figure II.5 nous montre que dans la partie inférieure le tassement du sol est plus
faible que celui de l’inclusion. A l’inverse dans la partie supérieure, c’est l’inclusion qui
tasse moins que le sol. Cette différence de comportement d’interaction met en avant un
phénomène faisant apparaitre un frottement négatif et un frottement positif, qui provoquent
à leur tour un report de la charge vers celle-ci.
La profondeur où les tassements de l’inclusion et du sol en place sont égaux est
appelée point neutre, et caractérise une inversion du signe du frottement (négatif Fn =>
positif FP).
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Figure II.6 : bilan des efforts sur une inclusion, d’après combarieu (1988).
En résumé, une difficulté majeure réside dans le fait que les actions sur l’inclusion
dépendent de son tassement relatif par rapport aux sols en place, étant eux-mêmes la
réaction suite au report de charge découlant de leur tassement relatif.
L’inclusion étant d’autant plus efficace qu’elle décharge le terrain environnant,
l’objectif est de lui transmettre les efforts moteurs maximaux. Pour cela il faut que la
capacité portance en pointe de l’inclusion soit la plus élevée possible. Ceci implique la
recherche d’un niveau porteur suffisant qui est lié à la qualité de sol dans lequel se situe la
pointe de l’inclusion.
Dans le cas où l’inclusion serait arrêtée dans un sol médiocre, l’inclusion tassera
frottement et la tête de la déformée relative sol-inclusion ne permettra d’obtenir qu’un
faible effort d’ancrage.
Combarieu définit que la géométrie du dispositif du renforcement par inclusion
rigide est régie principalement par :
L’épaisseur de la plateforme granulaire.
La distance entre axes des inclusions.
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II.2.2.4.2 Le fonctionnement d’un réseau d’inclusions
On comprend aisément que la capacité à dimensionner de manière faible un réseau
d’inclusions dépend de la capacité à déterminer le mode de répartition des contraintes.
Pour déterminer correctement cet équilibre, on doit impérativement prendre en compte les
déplacements et les tassements différentiels entre les inclusions et le sol qui créent des
efforts moteurs ou résistants dus au frottement négatif et positif.
De plus une inclusion rigide ne permet pas d’obtenir une réduction localisée des
contraintes et des tassements ; par contre en additionnant les réductions locales, un réseau
d’inclusions permet la diminution généralisée de cas effets. Par conséquent, à qualité et
épaisseur de matelas égale, la réduction est d’autant plus élevée que le maillage est faible.
Quant aux mécanismes, ils restent les mêmes que pour les inclusions isolées, l’effet
de groupe n’affectant que les intensités. La seule différence à noter concerne la capacité du
groupe d’inclusions à reprendre en tête tout l’effort mobilisé par l’effort d’encrage.
Ainsi bien que le réseau réduise significativement les tassements d’ensemble, la
capacité portant de chaque inclusion n’est pas optimisée. Il est donc nécessaire de définir le
maillage qui apportera un bon rapport Tassement/Résistance en pointe. [13]
VOA 2018 20
II.2.2.5. Domaine d’application des inclusions rigides
La technique du renforcement des sols compressibles par des inclusions rigides
verticales a connu un grand essor depuis les années 70 mais son utilisation n’est courante
que depuis une dizaine d’années. Actuellement, cette technique est utilisée principalement
pour fonder des ouvrages tels que des remblais routiers ou ferroviaires, des dallages et
fondations de bâtiments industriels, commerciaux et portuaires, des réservoirs de stockage
ou des bassins et ouvrages de stations d'épuration. La figure II.8 présente les différents
domaines d’application.
Remblais routiers ou ferroviaires : les remblais sur sols compressibles d'ouvrages
linéaires tels que les routes, autoroutes et voies ferrées constituent un grand
domaine d'application du renforcement par inclusions rigides verticales. Il est
utilisé tant en section courante, que pour des sections particulières telles que les
accès aux ouvrages d'art, où une attention particulière est apportée aux interactions
avec les fondations de l'ouvrage. Le renforcement par inclusions rigides verticales
permet d’accélérer la construction des remblais tout en limitant le tassement
différentiel.
Dallages et fondations de bâtiments industriels, commerciaux et portuaires :
l'exigence principale pour ces ouvrages est de minimiser le tassement différentiel
entre les fondations et le dallage, alors que des charges localisées importantes
(stockage de conteneurs, voies de roulement) peuvent être appliquées sur les
dallages. Ces ouvrages diffèrent des remblais par la faible épaisseur de la
plate-forme de transfert entre les têtes d'inclusion et l'ouvrage, qui doit être cependant
suffisante pour autoriser le développement de « voûtes ».
Réservoirs de stockage ou bassins et ouvrages de stations d'épuration : cette
dernière catégorie est proche de la précédente en termes de tassements admissibles
qui doivent être limités pour éviter tout désordre à l'ouvrage. Elle est caractérisée
également par la forte variation possible des charges en raison des variations du
taux de remplissage des réservoirs.
L'utilisation d'inclusions rigides peut s'étendre également au renforcement
d'ouvrages en zone sismique. En effet, sous sollicitation sismique, le renforcement
du sol compressible par des inclusions rigides prévient le développement de
surfaces de rupture alors que la plate-forme de transfert (couche granulaire) sur
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laquelle l'ouvrage peut éventuellement glisser sans dommage représente une zone
dissipatrice d’énergie. Ce principe a été utilisé à grande échelle pour les fondations
du pont de Rion-Antirion (Pecker et Teyssandier, 1998).
Les méthodes de renforcement par inclusions rigides verticales peuvent aussi être
utilisées pour la construction d'ouvrages sur d'anciens Centres de Stockages de
Déchets (CSD). L'application dans ce domaine est encore très peu développée, mais
il existe quelques réalisations telles que la construction d'un remblai d'accès à un
ouvrage d'art à Triel sur Seine (France). [15]
a – Voirie b – Remblai d’accès à un ouvrage d’art
c – Dallage et fondation de plate-forme d – Réservoirs industrielle
Figure II.8 : Domaines d’application. [15]
Dans le document
Etude statique et dynamique des sols renforcés par les inclusions rigides
(Page 33-42)