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Au Canada, les premiers cas de la maladie de Lyme furent identifiés dans les années 80 (Watson and

Anderson 1976, Bollegraaf 1988). Entre les années 1994 à 2011, environ 1 300 cas ont été répertoriés :

en 2011, 258 cas ont été rapportés selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada. Au

Québec, 138 cas ont été rapportés entre 2004 et 2012 et 31 de ces cas sont indigènes. Le nombre

annuel de cas déclarés est passé de 2 à 14 entre 2004 et 2008, est demeuré stable en 2009 et 2010,

puis a atteint 32 et 42 en 2011 et 2012 respectivement (MSSS 2013).

Les études réalisées au Canada dans les deux dernières décennies ont permis d’identifier de

nouvelles zones endémiques pour la maladie de Lyme dans les provinces de la Nouvelle-Écosse, du

Nouveau-Brunswick, du Québec, de l’Ontario, du Manitoba et de la Colombie-Britannique (Artsob

2010).

La tique I. scapularis a été identifiée au Canada pour la première fois en 1904 en Ontario (Nuttall and

Warburton 1911). Cette tique vectrice ou l’agent B. burgdorferi se retrouvent aujourd’hui dans toutes

Lindsay et al. 1999b, Banerjee et al. 2000, Scott et al. 2001, Scott et al. 2004, Morshed et al. 2006,

Ogden et al. 2006a, Ogden et al. 2009). Néanmoins, peu de sites où la tique I. scapularis est établie

de façon endémique sont identifiés. Le Consensus canadien sur la maladie de Lyme (Health Canada

1991) a défini un site endémique comme étant tout endroit où les trois stades de développement de

la tique sont présents pendant deux années consécutives. À ce jour, 13 régions sont reconnues

endémiques pour I. scapularis. Ces dernières se situent en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick,

au Québec, en Ontario, et au Manitoba.

Au Québec, les données du programme de surveillance passive du Laboratoire de santé publique du

Québec (LSPQ) rapportent plus de 10 000 tiques I. scapularis (immatures ou adultes) prélevées sur les

animaux domestiques ou les humains entre 1990-2011 (communication personnelle - Dre Louise

Trudel). Le programme de surveillance du LSPQ repose sur l’effort des cliniques vétérinaires

volontaires et des centres hospitaliers du Québec à envoyer les tiques retrouvées sur les animaux

domestiques ou sur les êtres humains. Les tiques prélevées sont acheminées au LSPQ pour une

première identification et les tiques I. scapularis sont ensuite envoyées au Laboratoire national de

microbiologie de l’ASPC pour détecter la présence de l’agent pathogène. Vu le nombre élevé de

tiques I. scapularis dans les régions de la Montérégie, de l’Estrie et de l’île de Montréal (régions du

Sud-Ouest du Québec), une surveillance active de terrain s’avérait nécessaire dans le Sud-Ouest de la

province. L’identification des zones endémiques de la tique, donc potentiellement de la maladie de

Lyme et de d’autres maladies vectorielles est possible suivant la mise en place des programmes de

Le spirochète

L’agent de la maladie de Lyme est la bactérie spirochète Borrelia burgdorferi. Le genre Borrelia

appartient au phylum Sphirochaetes, à l’ordre des Spirochaetales et à la famille des Spirochaetaceae

(Tilly et al. 2008). On retrouve deux complexes dans le genre Borrelia (Rosa 1997): i) B. recurrentis

associé aux fièvres récurrentes et ii) B. burgdorferi sensu lato associé à la maladie de Lyme. Avec leur

allure spiralée, les spirochètes sont des bactéries extrêmement mobiles. Des flagelles localisés dans

l’espace périplasmique contribuent au mouvement et à la morphologie de la cellule (Johnson et al.

1984). La bactérie mesure entre 10 et 30 m de longueur pour un diamètre d’environ 0,25 m

(Johnson et al. 1984, Barbour and Hayes 1986). Ces bactéries sont très efficaces pour pénétrer entre

les cellules endothéliales et envahir les tissus conjonctifs et les différents organes du corps humain

(Kimsey and Spielman 1990).

L’isolement de la bactérie à partir des tiques infectées s’est faite dans les années 80 aux États-Unis et

en Europe (Burgdorfer et al. 1982, Steere et al. 1983a, Schmid et al. 1984, Barbour et al. 1985). En

1975 à Old Lyme aux États-Unis (Connecticut), un foyer de cas d’arthrite inflammatoire et des lésions

cutanées chez des enfants furent reliés à des morsures de tiques (Steere et al. 1977). Il fut alors

reconnu que l’arthrite était une manifestation tardive d’une maladie transmise par les tiques. En

1981, le Dr. Willy Burgdorfer découvrit des bactéries spirochètes dans les intestins de la tique

Ixodes dammini (renommée plus tard I. scapularis (Oliver et al. 1993, Wesson et al. 1993)) collectée

dans l’état de New York. Il émit l’hypothèse que ces spirochètes étaient responsables des signes

cliniques observés (Burgdorfer et al. 1982). L’étiologie de la maladie fut prouvée par la suite. En effet,

une culture bactérienne à partir du sang de patients présentant des signes aigus de la maladie s’avéra

al. 1983b). Certains signes cliniques de la maladie (ex. : érythème migratoire, méningo-radiculite)

avaient déjà été observés en Europe et en Amérique au début du 20e siècle (Azfelius 1921, Garin and Bujadoux 1922, Scriment 1970, Halperin 2011). La maladie de Lyme existait donc bien avant la

découverte de l’agent causal (Persing et al. 1990).

B. burgdorferi sensu lato

Le complexe B. burgdorferi s.l. regroupe dix-huit génoespèces différentes : B. afzelii, B. americana,

B. andersoni, B. bavariensis, B. bissetti, B. burgdorferi sensu stricto (s.s.), B. carolinensis, B. garinii, B. japonica, B. kurtenbachii, B. lusitaniae, B. sinica, B. spielmanii, B. tanuki, B. turdii, B. valaisiana, B. yangtze et le groupe génomoespèces 2 (Baranton et al. 1992, Richter et al. 2006, Rudenko et al.

2011). On retrouve ces espèces en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Afrique du Nord.

Quatre espèces sont reconnues comme pathogènes chez l’Homme: B. burgdorferi s.s., B. garinii,

B. afzelii et B. spielmanii (Richter et al. 2006). Il est important de préciser que chaque génoespèce

pathogène peut causer différentes manifestations cliniques de la maladie de Lyme (Balmelli and

Piffaretti 1995).

Au Nord-Est du continent américain, B. burgdorferi s.s. est l’espèce pathogène responsable du

nombre grandissant des cas humains de la maladie de Lyme (Kurtenbach et al. 2006) (Tableau I).

Cette espèce de spirochète est également reconnue pour son expansion géographique aux États-

Unis et au Canada (Hamer et al. 2010, Ogden et al. 2010). D’après des études récentes, l’espèce

B. burgdorferi s.s. d’origine européenne a d’abord été introduite au Nord-Est des États-Unis, puis au

Midwest des États-Unis et Sud-Est du Canada (Gatewood et al. 2009). Au Canada, la diversité

al. 2010, Ogden et al. 2011). Peu d’études sont faites pour décrire les effets combinés de la

saisonnalité des tiques locales et des événements fondateurs stochastiques sur la diversité des

B. burgdorferi.