• Aucun résultat trouvé

Inégalités dans l'accès au marché du travail : données tirées des études de cas Selon les données de la ENEU 2014 21 , des différences importantes d’insertion professionnelle

5. Production, reproduction ou réduction des inégalités

5.4. Universités privées, réussite scolaire et insertion professionnelle des étudiants

5.4.2. Inégalités dans l'accès au marché du travail : données tirées des études de cas Selon les données de la ENEU 2014 21 , des différences importantes d’insertion professionnelle

des diplômés sont observées entre les universités enquêtées. Leurs inégales qualités en termes de reconnaissance (prestige et positionnement dans les classements nationaux et internationaux), de liens avec le secteur éducatif et productif et de stratégies d'insertion professionnelle, ont un impact sur les opportunités d'emploi de leurs diplômés. Si l'on tient compte du fait que l'accès à ces universités est principalement différencié en fonction des capacités économiques des étudiants, de leur accès à l'enseignement scolaire privé ou public, et du niveau éducatif et professionnel des parents, la dynamique de reproduction des inégalités est enclenchée : les inégalités sociales se traduisent par des inégalités dans le système éducatif, et celles-ci à leur tour par des inégalités sur le marché de l’emploi.

Les diplômés de l’UEM en particulier — université dont le budget est beaucoup plus important que les autres, qui a un plus grand nombre d'accords avec le secteur éducatif et productif, et une orientation qui favorise l'insertion professionnelle — deviennent employeurs dans une proportion supérieure (11,4 %), à ceux de l'UAMU et l'UAL (1,4 % et 2,2 , aux budgets plus modestes et peu liées aux secteurs d'activité (Tableau 19). Les étudiants de l’UEM sont aussi proportionnellement plus insérés dans des entreprises privées (91,1 %), que ceux des deux autres universités (88,4 % et 81,1 % respectivement). A l’inverse, les diplômés de l'UAMU et l'UAL sont davantage insérés dans l'administration publique. Dans le cas de l'UAMU, cela peut être associé aux liens de l'université avec les municipalités et à la promotion qu’elle effectue pour que les étudiants se tournent vers des postes dans les services publics et du développe-ment régional. Le pourcentage plus faible d'étudiants de l'UPN qui travaillent ensuite dans l'administration publique peut, à son tour, être associé à la perception de ce secteur comme étant mauvais rémunérateur, corrompu et discrédité, comme l’ont mentionné certains des jeunes interrogés sur le terrain.

En général, le secteur privé représente pour les étudiants des trois universités un domaine offrant de meilleures possibilités d'apprentissage, de promotion et de salaire. Les plus grandes possibilités d'insertion dans ce secteur sont également considérées comme un

“privilège”. Au demeurant, aucune correspondance claire ne peut être établie entre les types d’universités et les différents secteurs d'emploi privé et public, car ils offrent des possibilités très hétérogènes en termes de salaire, de qualifications requises, de prestige et de respon-sabilités. D'autres secteurs d'insertion professionnelle, non spécifiquement envisagés par la ENEU (2014) mais notoires dans les entretiens réalisés, sont celui de l'enseignement et de la gestion au sein de l’université des diplômés. À cet égard, l'UEM offre là aussi de plus grands privilèges à ses diplômés : beaucoup d'entre eux, avant même d'avoir terminé leur diplôme, peuvent déjà être insérés comme “collaborateurs” dans l'institution. Presque tous les étu-diants interrogés (tous du neuvième ou dixième cycle) ont travaillé comme tuteurs ou collaborateurs administratifs à l'université. Dans le cas de l'UAL, aucun mécanisme similaire d'insertion professionnelle n'a été évoqué, et à l'UAMU, des programmes de volontariat existent mais ne s'adressent qu'aux étudiants nécessitant un soutien pour leurs frais de scolarité ; aucune des personnes interrogées n'avait participé à ces programmes pendant plus d'un semestre.

21 ENEU : Encuesta Nacional a Egresados Universitarios y Universidades, de l’INEI (Institut National de la Statistique et de l’Informatique).

65

Les conditions de travail des diplômés diffèrent aussi selon l'université dont ils sont issus et, là aussi, selon ses budgets, sa qualité, ses relations et son prestige (tableau 20). Selon les données de la ENEU 2014, l'UEM a également une proportion nettement plus élevée que les autres universités de diplômés travaillant sous contrat permanent (25 %, contre 15,9 % pour l'UAMU et 5,4 % et pour l'UAL). Les stratégies d’insertion des diplômés de la part des universités paraissent à cet égard jouer un rôle important : alors qu’un pourcentage élevé de diplômés de l’UEM ont obtenu leur premier emploi grâce à des mécanismes associés aux stratégies d'insertion universitaire, comme les tableaux d'affichage (17,4 %), les agences pour l'emploi (6,5 %) et le contact direct avec les employeurs (8,7 %), très peu de diplômés de l'UAMU et l'UAL ont bénéficié de la bourse du travail (7,3 % et 0 % respectivement) ou d'un contact direct avec les employeurs (2,4 % et 3,7 % respectivement).

66

Tableau 17 : Conditions de travail des diplômés des universités enquêtées et des universités privées et publiques

Source : Enquête sur les diplômés universitaires et les universités 2014.

UAMU UEM UAL Universités

67

Tableau 18 : Comment les étudiants des universités enquêtées et des universités privées et publiques ont obtenu leur premier emploi Source : Enquête auprès des diplômés des universités et des colegios 2014

UAMU UEM UAL Universités

publiques Universités

privées Population universitaire

Par les annonces dans les journaux, les stations de radio, les pages web

14 34.1 % 10 21.7 % 10 37.0 % 655 25.1 % 723 24.7 % 1 378 24.9 %

Par des professeurs

d'université 5 12.2 % 1 2.2 % 1 3.7 % 221 8.5 % 228 7.8 % 449 8.1 % Par la famille

et les amis 16 39.0 % 18 39.1 % 13 48.1 % 1 153 44.2 %

239 1 42.4 % 2 392 43.2 %

Par l'agence

pour l'emploi 0 0.0 % 3 6.5 % 0 0.0 % 13 0.5 % 24 0.8 % 37 0.7 % Banque d'emploi

universitaire 3 7.3 % 8 17.4 % 0 0.0 % 25 1.0 % 139 4.8 % 164 3.0 % Banque d'emploi

du ministère du travail

1 2.4 % 0 0.0 % 0 0.0 % 15 0.6 % 18 0.6 % 33 0.6 %

Contact direct avec des employeurs potentiels

1 2.4 % 4 8.7 % 1 3.7 % 176 6.7 % 172 5.9 % 348 6.3 %

Avoir réussi à créer une entreprise ou à travailler à son compte

0 0.0 % 0 0.0 % 0 0.0 % 13 0.5 % 14 0.5 % 27 0.5 %

Concours public 0 0.0 % 0 0.0 % 0 0.0 % 99 3.8 % 117 4.0 % 216 3.9 % Embauché

là où vous

avez fait votre stage

0 0.0 % 2 4.3 % 1 3.7 % 131 5.0 % 119 4.1 % 250 4.5 %

Je travaillais avant d'obtenir mon diplôme

1 2.4 % 0 0.0 % 1 3.7 % 108 4.1 % 128 4.4 % 236 4.3 %

Autres 0 0.0 % 0 0.0 % 0 0.0 % 0 0.0 % 1 0.0 % 1 0.0 %

68

Conclusions

Données disponibles et données construites :

approches du secteur privé de l’enseignement supérieur

De nombreuses études ont été réalisées au Pérou sur les inégalités d'accès et de per-formance (insertion professionnelle) du système éducatif, sur les différences entre les niveaux d'éducation (primaire, secondaire, supérieur non universitaire, supérieur universi-taire). Si certaines études analysent la relation entre les caractéristiques sociodémogra-phiques et l'accès différencié aux offres universitaires par type et qualité, ainsi que la relation entre la qualité des universités et l'accès au marché du travail, cette littérature a pour limite l'ancienneté des données ou la rareté des informations sur la qualité des universités et les caractéristiques des étudiants.

Dans cette optique, cette étude a eu pour objectif d'examiner la relation entre les ca-ractéristiques sociodémographiques de la population étudiante et les données plus récen-tes obtenues à partir du processus d’agrément (ou licence d’exploitation) des universités (statut de l’agrément, données sur les infrastructures, offres universitaires, expansion géographique, population étudiante et enseignante), que n'ont pas utilisé les études réalisées sur l’enseignement supérieur. En dépit des données fournies par cet indicateur de l’agrément, de nombreuses lacunes subsistent toutefois : manquent des données sur le volume et les sources de financement des universités, en particulier celles qui n'ont pas encore obtenu leur agrément ; sur le suivi, les performances, les interruptions et les abandons des étudiants ; ou encore sur l'insertion professionnelle en fonction des secteurs d'emploi, des salaires et des conditions de travail. Et, comme cela doit être rappelé, les données recueillies dans le cadre du processus d'autorisation institutionnelle des universités péruviennes sous la responsabilité de la SUNEDU sont soumises à des changements importants22. L’étude devra donc être complétée après actualisation de ce processus d’agrément.

Le secteur privé de l’enseignement supérieur : un champ divers et complexe L’un des objectifs clefs du projet ESPI a été de dresser une tyopologie des universités privées, dans la perspective de caractériser ce champ de l’enseignement supérieur. Quatre pa-ramètres ont ici été retenus pour parvenir à pareille typologie : l’agrément de l’université (agréée ou non, et moment de l’agrément), le type de gestion privée (associatif ou entrepreneurial), l’orientation académique (professionnelle ou généraliste-humaniste) et le niveau socio-économique des étudiants. Apparaissent des correspondances entre certains de ces paramètres, qui permettent d’analyser les inégalités dans le système universitaire privé. La première d’entre elles concerne l’agrément et le type de gestion : les universités associatives sont bien davantage agréées que les universités de type entrepreunarial.

22 Nous précisons bien que les données relatives aux agréments présentées dans ce rapport final correspondent à la dernière collecte d'informations de mars 2019, date à laquelle les universités devaient avoir terminé leur processus d’agrément ; les universités qui n'avaient pas encore obtenu d’autorisation ne remplissaient pas encore les conditions de qualité de base requises et étaient soumises à de longs processus d'adéquation, ce qui révèlait des normes de qualité moins élevées dans ces établissements. La catégorisation correspondant à mars 2019 est un indicateur important des différences au sein du système universitaire, mais cette analyse et les données quantitatives devront être mises à jour au terme de ce processus d’agrément.

69

L’analyse de la relation entre agrément de l’université et niveau socio-économique des étudiants a par ailleurs mis en évidence que les offres universitaires destinées aux po-pulations à faibles revenus et aux popo-pulations émergentes sont en grande partie de faible qualité et non encore reconnues par l'État. Et la plupart des universités destinées aux classes inférieures et émergentes ont une orientation professionnelle. En revanche, sur les huit universités classées comme élites ou semi-élites, sept avaient déjà obtenu leur agrément à la fin de 2018, dont deux depuis plus de 6 ans. Et l'offre universitaire destinée aux classes moyennes et émergentes était délivrée par 22 universités, dont seulement 7 n'avaient pas obtenu leur agrément.

Ces données mettent en évidence une diversité et une complexité du secteur privé de l’enseignement supérieur au Pérou. S'il est possible de distinguer les types d'universités à partir des dimensions proposées, ou de les caractériser à partir de données quantitatives sur les infrastructures, les populations étudiantes et enseignantes, etc., il serait erroné d’établir des caractéristiques homogènes au sein des types ou des catégories d’universités ; l'analyse de la complexité des stratégies, des orientations et des politiques des universités, est ainsi essentielle. Tout au long des discours recueillis auprès des trois universités sélec-tionnées pour la réalisation de monographies (l’une des méthodologies clefs du projet ESPI), sur le financement institutionnel, le profil sociodémographique des étudiants, les carac-téristiques de la population enseignante, l'offre académique, les stratégies de positionne-ment ou encore les alliances institutionnelles et le prestige, le système universitaire péruvien est apparu très divers et d’une grande complexité institutionnelle, similaire à celle évoquée dans le cas du Mexique étudié par ESPI.

Au sein d'une même catégorie, les universités peuvent en effet différer considérablement, tant dans leurs orientations (professionnelle et commerciale, humaniste, interculturelle, spécialisée dans un certain domaine…), dans leur prestige académique — que cela soit dans un champ disciplinaire de spécialité ou dans tous ceux proposés par l’université — dans les réseaux qu'elles tissent avec le secteur productif, commercial ou public, dans leurs stratégies de positionnement et de distinction (en raison de leur consolidation et de leur ancienneté), que dans les secteurs de l'insertion professionnelle, du type d’emploi et du sta-tut des diplômés (dans le secteur productif ou commercial, dans l'administration publique, dans leurs propres entreprises ou dans des entreprises familiales). En outre, les universités peuvent acuceillir des profils d'étudiants très hétérogènes selon les carrières, comme dans le cas des universités spécialisées dans les domaines de la santé.

Cette diversité et cette complexité apparaissent d’abord dans les volumes et les sources de financement. Bien qu'il faille s'attendre à ce que les universités entrepreneuriales (à but lucratif) gérées par le secteur privé gèrent des volumes plus importants que les universités privées associatives (à but non lucratif), les unes et les autres ont des sources et des vo-lumes de financement très variables23.

Les universités privées ont par ailleurs des stratégies différentes d'expansion géographique.

Elles peuvent par exemple n’avoir qu’un seul site, comme c'est le cas de la plupart d’entre elles, ou en avoir jusqu’à 32 — la majorité des universités ayant un seul siège n'avaient pas réussi à obtenir d’agrément en juillet 2019. Les entretiens qualitatifs réalisés ont aussi permis

23 L'analyse a été réalisée dans l’attente de la collecte et de la systématisation des informations sur le financement des universités, qui seront produites avec les données finales du processus d'agrément une fois que celui-ci aura été terminé.

70

de montrer que l'expansion géographique des universités répond parfois à des stratégies de groupes, généralement des congrégations religieuses, répondant à la demande d'enseignement supérieur dans des régions à faible niveau de développement et ayant besoin de professionnels dans certains domaines. Mais cet objectif d’expansion géogra-phique n’est pas partagé par toutes les universités. En outre, elle n’est pas nécessairement liée au volume de financement des universités.

Une troisième dimension de la diversité et de la complexité des universités est celle de leurs stratégies pour attirer les étudiants. Les trois universités enquêtées, apparemment similaires en termes de public cible — les jeunes du secteur émergent de Los Olivos à Lima —, ont ainsi des modalités et stratégies de recrutement différentes. L'UAMU, qui investit peu dans les médias ou la publicité, n'a pas pour objectif d'augmenter de manière significative le nombre de ses étudiants, mais de se positionner comme une université ayant une bonne qualité d'enseignement. Les autorités rechignent aussi à offrir des facilités d'entrée, à appliquer des examens dans les colegios, ou différentes modalités d'entrée directe, comme dans d'autres universités destinées aux jeunes des classes émergentes. Pour sa part, l’UEM, qui a fait de l'esprit d'entreprise et de la vision commerciale sa caractéristique distinctive et sa stratégie de positionnement sur le marché de l'enseignement supérieur, adopte une stratégie publicitaire plus organisée et plus agressive, avec un investissement élevé dans la publicité.

Elle met aussi en œuvre des stratégies plus directes pour attirer les candidats, comme l’organisation des événements "Campus ouvert" et la communication active avec les pa-rents. Enfin, l’UAL cherche à attirer des candidats par le biais des centres de formations pré-universitaires du groupe éducatif auquel elle appartient, avec des procédures d'entrée plus simples pour leurs étudiants, et avec de nombreux accords de bourses pour les travailleurs des entreprises liées au groupe éducatif ou les membres de leurs familles.

La diversité des objectifs et des orientations institutionnelles atteste aussi de la complexité de ce secteur privé de l’enseignement supérieur. Certaines universités choisissent de mettre l'accent sur une vision moderne et entrepreneuriale du monde du travail, qui s’accompagne de l’idéal de réussite individuelle (« être maître de son destin » pour réussir), de l'esprit d'en-treprise et de la compétitivité. Font force d’argument une insertion professionnelle rapide et des options d'études flexibles pour faciliter l'obtention des diplômes. D’autres universités préfèrent au contraire se focaliser sur l'inclusion sociale, et accordent de nombreux avan-tages et aides économiques aux jeunes issus de couches socio-économiques faibles ou appartenant à des communautés indigènes. Elles promeuvent également une éducation complète et humaniste. Enfin, d’autres universités définissent leur offre académique comme une proposition intégrale, de formation humaniste, de pensée critique, de formation artistique, absente dans d'autres universités, ou encore de recherche et d'engagement dans la réalité sociale.

Les différentes politiques et stratégies de lutte contre les inégalités sociales illustrent également la diversité de l’offre des universités. En particulier, les soutiens financiers offerts aux étudiants et les bourses ne sont pas nécessairement proportionnels à leurs volumes de revenus. En outre, les universités ont des politiques particulières de soutien académique aux étudiants, dans le cadre desquelles les mécanismes de nivellement et d'accompagnement sont notables mais qui, là aussi, sont très variables.

Une sixième dimension de la complexité du secteur privé est le prestige inégal des ins-titutions universitaires, en particulier sur le marché du travail. Certaines d’entre elles ont une offre académique très large mais ont des niveaux de reconnaissance académique et de

71

positionnement sur le marché du travail différents d’un domaine d'études ou de carrière à l’autre. Cela dépend non seulement de l'âge et de la position de l'institution, mais aussi de son orientation et de l'éventail de ses filières, ou encore du type d'alliances qu'elle a pu tisser.

En outre, le nombre de filères disciplinaires offertes n’entre pas en compte dans le prestige des universités. De même, leur dimension (effectifs d'étudiants et d'enseignants) ne peut être mise en relation directe avec leur qualité ou leur prestige. Les universités d'élite sont parfois des institutions dotées d’une offre académique large ou complète, dans d’autre cas des institutions plus spécialisées.

Les universités mettent ainsi en oeuvre une diversité de stratégies d'insertion professionnelle et d'alliances avec le secteur éducatif et productif. Certaines ont des stratégies agressives, des alliances et des accords pour les stages, des mécanismes informels pour insérer leurs étudiants dans des cercles d'affaires ou des secteurs spécifiques du marché du travail.

Parmi les universités pour lesquelles nous avons réalisé des monographies, l'Université privée du Nord, qui bénéficie de réseaux et d'accords académiques étendus à l’international, a par exemple comme avantage certains "privilèges" et connexions avec le domaine du travail. L'UAMU, en revanche, ne met pas en œuvre des mécanismes d'insertion profes-sionnelle d’égale importance et a moins de contacts avec le secteur du travail. Enfin, l'UAL, bien qu'elle ait moins d'accords institutionnels pour l'insertion professionnelle, offre des certifications équivalentes au niveau technique qui permettent aux étudiants d'accéder rapidement à des emplois moyennement rémunérés.

Inégalités d'accès et de réussite dans l'enseignement universitaire privé

La classification et la typologie des universités, tirés de l'évaluation des indicateurs dis-ponibles et de nos observations de terrain, révèlent la prégnance des inégalités au sein du système universitaire privé.

L’analyse du profil des étudiants sur la base des données du CENAUN 2010 met en évidence une correspondance entre les caractéristiques sociodémographiques des étudiants et les types d'université selon leur gestion (associative ou entrepreneuriale) et leur niveau d’a-grément officiel. Les universités agréées et à gestion associative accueillent une proportion plus élevée d'étudiants de haut niveau socio-économique, de jeunes issus de parents ayant une formation universitaire et de jeunes issus de parents actifs. À l'autre “extrême”, les universités privées entrepreneuriales (à but lucratif) et les universités non agréées forment des proportions supérieures d'étudiants issus de secteurs socio-économiques faibles ou émergents, d'étudiants de première génération et de parents exerçant des professions non qualifiées. Cependant, le profil socio-économique des étudiants diffère entre universités privées. Les trois universités enquêtées reçoivent un corps étudiant qui, bien qu'appartenant à la “classe émergente” des Olivos à Lima, est différenciée en termes de niveau socio-économique, de secteur d’éducation secondaire, d’éducation et d’emploi des parents, d’origine ethnique, etc. Les universités à bas coût (qui offrent également davantage de mécanismes de soutien financier) accueillent des étudiants issus de couches socio-économiques moins favorisées, ainsi que des proportions plus élevées d’étudiants de parents n'ayant pas fait d'études universitaires ou ayant des emplois sous qualifiés. Ces universités reçoivent également un public plus diversifié géographiquement, notamment des étudiants des départements de montagne et de la jungle (selva), plus défavorisés.

L'université la plus chère et la mieux placée accueille des étudiants de niveaux socio-économiques supérieurs, des étudiants nés de parents ayant fait des études universitaires,

72

et des départements de la côte ayant un niveau de développement plus élevé. Les colegios d'origine des étudiants diffèrent également : les universités à bas coût reçoivent un pour-centage beaucoup plus élevé d'étudiants provenant des écoles publiques que la moyenne de toutes les universités privées.

A ces critères socio-économiques et éducatifs de distinction se combinent des facteurs différenciés du choix des universités d’inscription ; entrent en compte une évaluation du prestige et de la qualité académique des universités et un calcul très précis des coûts et des possibilités. L’accès aux différentes universités résulte aussi du processus de préparation, des capacités de financement des études et de la régularité du parcours éducatif. Nos entretiens nous ont permis de déceler par exemple qu'un plus grand nombre d'étudiants de l'UAL et de l'UAMU ont fréquenté les centres de formation pré-universitaires avec l'intention de postuler à l'université nationale, sans succès. En outre, certains d'entre eux ont étudié

A ces critères socio-économiques et éducatifs de distinction se combinent des facteurs différenciés du choix des universités d’inscription ; entrent en compte une évaluation du prestige et de la qualité académique des universités et un calcul très précis des coûts et des possibilités. L’accès aux différentes universités résulte aussi du processus de préparation, des capacités de financement des études et de la régularité du parcours éducatif. Nos entretiens nous ont permis de déceler par exemple qu'un plus grand nombre d'étudiants de l'UAL et de l'UAMU ont fréquenté les centres de formation pré-universitaires avec l'intention de postuler à l'université nationale, sans succès. En outre, certains d'entre eux ont étudié