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L’inégalité archivistique dans le couple : l’exemple de Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch

Dans le document Genre de l'archive (Page 150-164)

annette Wieviorka

En 2010, j’ai publié un ouvrage : Maurice et Jeannette. Biographie du couple Thorez1.

C’était une novation : jamais jusqu’ici un(e) historien (ne) n’avait tenté d’écrire la biographie non de l’un ou l’autre protagoniste, mais des deux ensemble, se posant la question de ce qu’était un couple en politique, politique devenue avec le passage du temps histoire. En ce domaine, le parti communiste français innova. Quand les femmes eurent le droit de vote et celui d’être élues, il envoya quelques couples à la chambre des députés. Il fallut ensuite la vague rose de 1981 pour que l’on vît réapparaître ainsi le couple en politique, l’exemple le plus célèbre étant celui de François Hollande et Ségolène Royal. Si j’ai pu écrire cette biographie de couple, c’est que des archives venaient d’être versées aux archives privées des archives nationales.

À la mort de Maurice Thorez, ses archives se trouvaient dans la résidence de Bazainville que le Parti avait achetée et mise à sa disposition. Elles compor- taient tout à la fois des papiers personnels et des dossiers de travail puisque depuis la période du Front populaire, Thorez, qui avait aussi un bureau au siège du parti, avait pris l’habitude de travailler chez lui.

Quand Jeannette se trouva en délicatesse avec la ligne politique du parti communiste et démissionna de toutes ses fonctions de dirigeante, elle conserva les archives. Elle les emporta, ainsi que la bibliothèque et les cadeaux, dans sa maison de Callian dont la construction avait été décidée dans les mois qui ont précédé la mort de Thorez. Selon Pierre Thorez :

« Elle réalisa l’essentiel du classement qui avait commencé du vivant de mon père. Dès la fin des années soixante, elle entreprit de dresser un inventaire systématique. Simultanément, elle réalisa une première mise en ordre des archives. Elle dut résoudre des problèmes matériels. En particulier, il lui fallut construire et aménager un local qui permette la conservation des papiers en bon état et leur conservation ».

Les archives ont donc été classées (reclassées ?) par les soins de Jeannette. Certains textes qu’elle jugeait particulièrement importants (les notes des entre- tiens Thorez-Blum de 1946-7 ; le journal de Thorez…) ont été dactylographiés du vivant de Maurice Thorez ou après sa mort.

À la mort de Jeannette, les héritiers furent l’objet de démarches leur pro- posant l’acquisition des archives. La décision, écrit Pierre Thorez, fut simple :

« Nous voulions maintenir l’unité du fonds, nous voulions qu’il soit entreposé dans un environnement sûr, nous voulions qu’un inventaire détaillé puisse être établi, enfin nous voulions que ce fonds puisse être consulté. Nous nous sommes tout naturellement tournés vers les Archives nationales. Elles rassemblent le patrimoine national. Nous pensions que nos parents y avaient leur place. Elles font partie du service public, sans finalité marchande, ce qui nous convient2. »

Et qui aurait convenu à Maurice Thorez.

Christine Nougaret, conservateur général du patrimoine alors en charge des Archives privés aux Archives nationales expertisa le fond à Callian. Elle pointa l’importance de papiers concernant Jeannette qui se trouvaient dans la maison et non dans le bâtiment des archives et qui ainsi furent sauvés. La convention signée, les archives « traitées » (certaines étaient menacées par un champignon), l’inventaire sommaire de quarante pages réalisé, ces archives furent mises à la disposition des chercheurs qui doivent, pour les consulter, obtenir une dérogation.

Ainsi, d’un point de vue archivistique, le couple est réuni. Ce n’est pas le seul. Les archives de Marie-Andrée Lagroua-Weill-Hallé se trouvent à l’Institut Pasteur, aux côtés de celles de son mari, Benjamin dont le nom est lié au BCG. On aurait pu imaginer pour cette femme qui combattit pour la contracep- tion un autre lieu, la bibliothèque Marguerite Durand, ou les Archives du féminisme.

La bibliothèque, les cadeaux et les films familiaux ont été déposés aux archives municipales d’Ivry-sur-Seine. Ce choix des héritiers s’explique par le fait que Maurice et Jeannette y vécurent de très longues années, et que Maurice en fut le député sans interruption pendant trente-deux ans.

Les responsables des archives municipales ont eu l’idée fabuleuse de construire un site internet unique à ma connaissance. Ce site comporte :

• L’inventaire de la bibliothèque. Pour chaque ouvrage, une fiche tech- nique, avec les annotations d’usage et l’indication de dédicaces et d’annotations. Quand l’ouvrage a été dédicacé, la dédicace a été scan- née. Quand le livre a été annoté, une page annotée à titre d’exemple figure sur le site. Pour aller plus loin (et lire par exemple les annota- tions portées par Maurice ou Jeannette sur les ouvrages qu’ils ont lus), il faut se rendre aux archives municipales, abritées à la mairie d’Ivry. • Un répertoire d’un millier de « cadeaux », avec, quand cela a été pos-

sible, des renseignements sur leur origine.

• Un parcours biographique du couple ; des « dossiers » thématiques (Thorez lecteur notamment) et trois entretiens filmés (avec Pierre

2. Pierre Thorez, « Le choix des archives nationales », dans Association des archivistes français, Les Archives des hommes politiques, Gallimard, 2006, p. 133-138.

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m Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch.

Thorez, l’historien Stéphane Sirot, et Henri Fontaine, vieil Ivryien, fils d’un des chauffeurs de Thorez).

Le fonds comporte aussi, numérisés donc consultables sur place, une dou- zaine de films concernant la vie familiale et certains épisodes de la vie politique du couple. Des captations d’images de ces films sont visibles sur le site3.

Maurice Thorez (1900-1964) et Jeannette Vermeersch (1910-2001) – elle deviendra Thorez-Vermeersch après la mort de Maurice – furent le couple politique par excellence comme le furent à la même époque en littérature Elsa Triolet et Louis Aragon ou Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir en philo- sophie4. Quand ils se mirent en ménage, le 3 février 1934 (« Je vais avec toi.

Chez toi. Et cette fois c’est pour toujours »5, aurait dit Maurice à Jeannette), ils

avaient déjà tous deux des responsabilités politiques au sein des organisations du parti communiste, section française de l’Internationale communiste. Celles de Maurice furent l’objet de bien des évocations, dans les biographies qui lui furent consacrées comme dans les histoires du parti communiste. Jeannette n’eut jamais le même honneur. Je voulais d’ailleurs en faisant ce travail la réha- biliter. Or la violence de ses positions, notamment sur la question du contrôle des naissances, a voué cette entreprise à l’échec. Néanmoins – et c’est aussi une forme de réhabilitation –, il était possible de lui rendre sa place dans l’histoire, une place totalement effacée, comme l’est son nom. Il n’y a dans notre pays aucun établissement ni aucune rue qui porte le nom de Jeannette Vermeersch. Pourtant, la toponymie communiste n’est pas chiche en nom de femmes. Loin derrière Danille Casanova, on trouve parmi les contemporaines de Jeannette, Maï Politzer ou encore, moins connue, Jacqueline Quatremaire, et pour celles qui ne sont pas mortes à Auschwitz, Marie-Claude Vaillant-Couturier. Parmi les historien-nes du parti communiste français existe un partage des tâches. Ceux qui se consacrent à la « grande » histoire du parti communiste ignorent pour l’essentiel celle des femmes qui y militèrent. À la marge existent quelques histoires des femmes communistes, évoquées aussi dans les histoires générales des femmes.

Or Jeannette avait déjà une vie politique avant de rencontrer Maurice. Née dans une famille nombreuse installée dans la région lilloise, Jeannette avait travaillé comme bonne dès l’enfance, puis comme ouvrière dans le textile. Elle avait rejoint la CGTU, été choisie pour faire partie d’une délégation reçue par l’Internationale syndicale rouge à Moscou. Elle y resta six mois. À son retour en 1930, elle avait suivi les cours de l’École centrale du parti, et était devenue permanente de la jeunesse communiste. Il est possible – c’est du moins mon hypothèse, que la rencontre avec Jeannette fut la condition de l’ascension vers le pouvoir de Maurice.

3. Le fonds Thorez-Vermeersch aux archives municipales d’Ivry-sur-Seine http://www.fonds-thorez.ivry94.fr/

4. Cette comparaison est le fait de Mona Ozouf, « Rouge baiser, une bio du couple Thorez,

Nouvel Obs., 3 juin 2010.

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« Et tandis que j’étais enceinte, lorsque je marchais dans la rue, j’avais l’im- pression d’avoir Thorez dans mon ventre6 ! », écrit Jeannette dans ses mémoires.

Fantasme curieux, marquant une confusion des rôles entre la mère et l’amante. Marquant aussi la puissance, voire le sentiment ou le désir de toute puissance de cette femme qui, non contente de mettre au monde des enfants, imagine aussi qu’elle enfante leur géniteur. Ce fantasme est récurrent chez Jeannette. Elle dit avoir passionnément aimé quand elle était à l’école primaire Robespierre et Saint-Just : « Il me semblait qu’une femme serait heureuse d’être mère de tels hommes7 ». J’ai fait de ce fantasme un indice qui me mettait sur le chemin

de cette double biographie. Ce fantasme d’accoucher Thorez fait sens dans la biographie du secrétaire du parti communiste français. Le moment où il se met en ménage avec Jeannette coïncide avec la mue du personnage qui, de leader contesté d’une secte isolée dans le paysage politique français, devient le leader incontesté et une figure nationale majeure à la tête d’un grand parti. Jeannette a peut-être bien, comme elle le fantasmait, accouché de Thorez.

Le poids Vermeesch fut aussi décisif dans la famille, dans la « sainte famille » (l’expression est de Paul Thorez), celle qui est mise en scène pour la propa- gande du parti. « N’oubliez-pas que vous êtes des Thorez8 », répétait sans cesse

Jeannette. Paul Thorez note l’ironie du propos. En effet, parce que Maurice Thorez tarde à divorcer de sa première femme, née Aurore Memboeuf, les deux aînés, Jean, né en 1936, et Paul, né à Moscou en 1940, portent le nom de famille de leur mère, Vermeersch, jusqu’au mariage de leurs parents, en 1947.

Maurice et Jeannette se rencontrent dans un endroit bien particulier : l’hôtel Lux, à Moscou, tout à la fois métonymie et métaphore du Komintern. Depuis sa création, c’est l’hôtel de l’Internationale communiste qui y loge perma- nents de toutes nationalités et hôtes de passage. Tout y est communiste. Tout y est hiérarchisé. Les petites mains – principalement de très jeunes dactylos – logent collectivement dans des chambres sous les combles. Le restaurant du rez-de-chaussée est divisé en deux parties, avec deux menus selon la hiérarchie des pensionnaires. Le Lux a vu passer tout le gotha du communisme fran- çais et international de Hô Chi Minh à Togliatti. Les Kominterniens, grands ou petits, logés luxueusement ou très modestement, vivent, travaillent, se dis- traient ensemble dans ce qui est un ghetto communiste en pays soviétique, avec son jardin d’enfants, sa polyclinique, son salon de coiffure…9.

En 1929-1930, Jeannette n’a pas encore les honneurs du Lux. Elle loge dans un petit hôtel de la rue Gorki, qui accueille les militants syndicalistes et les illégaux. Parfois, elle visite ses camarades au Lux. Elle a fait deux récits de sa rencontre avec Maurice, dans ses mémoires et dans l’entretien qu’elle accorda à la fin des années soixante-dix à André Harris et Louis Sédouy et dont les deux journalistes précisent qu’il n’a pas été relu. Ces deux récits,

6. Jeannette Thorez-Vermeersch, op. cit., p. 9 7. Id, p. 10.

8. Une voix presque mienne, p. 36 de l’édition Folio/Gallimard, 1986.

9. Sur le Lux, on consultera notamment Berthold Unfried, « Les passants de l’hôtel Lux »

dans Catherine Gousseff (dir), Moscou 1918-1941. De l’homme nouveau au bonheur totalitaire,

quoique contemporains, sont légèrement différents. Elle est à Moscou. Elle ne connaissait Thorez, pourtant de la même région, que de nom. Mais un de ses amis, Jean-Pierre Minard, qui avait été en prison à Nancy avec Thorez, lui en parle avec enthousiasme. Elle visite des camarades au Lux. « Un jour, une porte s’ouvre, un homme s’avance et, aussitôt, je me dis : “C’est lui !” Plus tard, Maurice, de son côté, me dira que lui aussi s’était dit : “C’est elle” ». Le 10 mai 1960, alors que Maurice attend Jeannette, il se souvient de leur rencontre, trente ans auparavant, « chambre 14 au Lux où était fixée la “Commune”. Nous étions à table, la porte s’entrouvre, une jeune fille grande et avenante vient à moi, la main tendue, “le camarade Thorez ? Bonjour”. Elle ne m’avait jamais vu, mais me connaissait tant Minard mon compagnon de geôle à Nancy, avait parlé de Maurice ! J’étais ébloui : ce fut le coup de foudre10. »

Cette vision d’un coup de foudre réciproque est écornée dans l’entretien donné à Harris et Sédouy :

« J’ai ouvert la porte de la chambre 14. Je vois un grand gaillard blond, avec des yeux lumineux et un sourire énorme (…). Moi, je n’avais vu que ses yeux. Ma mère nous avait donné des principes : il ne fallait pas se laisser tutoyer par les messieurs. Il ne fallait pas ceci. Il ne fallait pas cela… J’étais une vraie jeune fille… Donc je voyais en Maurice l’homme du parti communiste, mais absolument pas autre chose. Mais lui m’a souvent rappelé la robe que je portais à ce moment-là, il s’est tout rappelé. »

Non, il n’y eut pas de sa part de coup de foudre :

« D’abord, il avait dix ans de plus que moi, ensuite il était marié, toutes raisons qui m’auraient empêché (…). Mais nous avons sympathisé tout de suite : nous allions souvent nous promener ensemble ; j’allais prendre le café avec lui… Et puis, quand il a essayé de me faire des déclarations, j’ai dit : “Tu es marié, tu as un fils…”. Et ça s’est arrêté là11 ».

On peut raisonnablement considérer que dans cet entretien, Jeannette livre des souvenirs plus fidèles que dans ses Mémoires qui produisent une histoire édifiante du couple modèle. Jusqu’au 19 mars 1932, en effet, la relation entre Maurice et Jeannette reste platonique. En mars 1932, Jeannette est à Paris où se tient, du 11 au 19 mars 1932, dans la salle de la Bellevilloise, le VIIe Congrès

du parti communiste. Thorez en prononce le discours de clôture. Le couple de Maurice bat de l’aile. Maurice et Aurore se sont mariés très jeunes, dans des situations sociales équivalentes. Comme cela arrive parfois, les deux époux évoluent de façon différente. Maurice grimpe les échelons du pouvoir dans le parti et l’internationale. « Monté » à Paris, il a quitté sa région même s’il y reste attaché, s’insère dans d’autres réseaux de sociabilité que ceux des mineurs communistes. Il traverse, à partir de 1925, une longue période de clandestinité

10. Journal de Thorez, entrée du 10 mai 1960,

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qui se conclut par un séjour en prison. On peut imaginer que pour une jeune femme, en charge d’un enfant, la situation soit pénible à vivre si elle n’a pas chevillée à l’âme la conviction que la vie personnelle doit être absorbée par la Cause. Maurice a probablement besoin à ses côtés de quelqu’un totalement pris dans les mêmes passions et ambitions, qui approuve ses disparitions-réap- paritions, ne demande aucun compte, comprenne que sa vie soit dévorée par le militantisme. Aurore n’est peut-être pas cette femme-là. Mais il est bien difficile de le démontrer. Jeannette l’est. Cette certitude se lit dans le journal de Thorez. Chaque année, ponctuellement, et non sans un certain romantisme, Maurice célèbre le 19 mars qu’il qualifie dans son journal de « plus beau jour de sa vie », le jour où sa liaison a commencé. Il faudra encore deux années pour qu’ils se mettent en ménage. Et il explique que ce jour-là Jeannette « l’accom- pagna à la réunion d’Ivry en l’honneur de la commune de Paris ». Ainsi, aimer, c’est aussi célébrer ensemble la commune de Paris, dans la ville qui deviendra celle de sa famille et la ville symbole du communisme : Ivry-sur-Seine.

Le coup de foudre, qu’il soit réciproque ou ne le soit pas, est placé d’emblée sous le double signe de la politique et de l’URSS. La présence de l’un et l’autre à Moscou, à l’hôtel Lux, atteste à elle seule la puissance de leurs convictions. Ne résident alors à Moscou, que ceux qui sont en liens étroits avec les ins- tances de l’Internationale ou, comme Jeannette, de l’Internationale syndicale. La politique, qui s’identifie avec une Union Soviétique où ils passeront de longues années et qu’ils visiteront souvent, restera au cœur de leur relation. Le 26 novembre 1963, Thorez note dans son Journal un rêve probablement euphorisant : « J’avais rêvé que nous discutions tous deux… avec Lénine ».

La première mise en scène de la famille est celle qui figure dans un film publicitaire de cinq minutes, daté de 1937, Fils du peuple, probablement tourné par Jean Renoir12. Dans le contexte du Front Populaire, ce film est destiné

à accompagner la promotion de l’autobiographie de Maurice Thorez, une autobiographie dont la fonction est d’éduquer rapidement à l’histoire du parti commu niste ceux très nombreux qui l’ont alors rejoint. Le couple est filmé dans le pavillon qu’il occupe à Ivry-sur-Seine. On y voit Maurice mettre la dernière main à son autobiographie, Jeannette à la machine à écrire, mais aussi un très jeune garçon, Jean, leur fils. Bonheur typiquement bourgeois d’une famille française ordinaire, où les rapports de sexe sont conventionnels. Mais bonheur porté par le communisme, comme l’indique la chanson entraî- nante, véritable hymne du Front Populaire, Allons au-devant de la vie. Il s’agit aussi « d’aller au-devant de l’amour ». « Le bonheur est une idée neuve en Europe » : cette phrase de Saint-Just a été choisie comme exergue à Fils du Peuple. Le bonheur de Maurice et Jeannette est offert en exemple de ce que le communisme apporte. Ce film pourtant, à ma connaissance, n’a jamais été montré. Le fils aîné de Maurice, Maurice Junior, n’y est pas évoqué. Et Thorez est toujours marié avec sa mère, Aurore. La « presse bourgeoise » pourrait bien

12. Tous les renseignements sur ce film se trouvent dans la base de données de Ciné Archives, fonds audiovisuel du PCF Mouvement ouvrier et démocratique <http:www.cinearchives. org>.

se gausser de ce qui, de l’extérieur, pourrait être perçu comme de la bigamie. La première édition de Fils du peuple, à la différence des suivantes, ne comporte aucun é lément, ni dans le texte, ni dans l’iconographie, ayant trait à la vie familiale du leader communiste13.

Surtout, Thorez n’y est pas montré dans son bureau, au siège du parti commu niste, mais chez lui. C’est à son domicile qu’il travaille. Ainsi la fron- tière entre espace public et espace privé est-elle estompée.

Dès 1939, les choses pourtant changent. Le couple est désormais dépositaire de lourds secrets qu’il ne peut partager avec d’autres. C’est d’abord le secret des modalités de la désertion de Thorez, alors sous les drapeaux, le 3 octobre 1939 au soir. C’est Jeannette qui est venue le chercher. Puis celui du départ très rapide, Maurice d’abord, puis Jeannette et leur fils Jean, pour Moscou où

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