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1-2 : De l'importance de la diffusion en saison dans la chronologie de la diffusion

Partie I-Le contexte audiovisuel et les formats narratifs du « premier » au

Chapitre 1 : Le paysage télévisuel étasunien et ses mutations créés durant

I- 1-2 : De l'importance de la diffusion en saison dans la chronologie de la diffusion

La consommation de programmes télévisuels a longtemps suivi la logique de programmation et de diffusion qu'offraient les chaînes de télévision. Comme nous l'avons vu plus haut, ce rythme a été adapté ce celui de programmation existant déjà à la radio. Le cycle de vie des séries télévisées étasuniennes a longtemps été le même : un auteur inscrit à la Writers' Guild of America, dépose un scénario auprès de son syndicat (qui se sépare en deux régions : un bureau de référence pour l'ouest et un autre pour l'est des États-Unis79). Cet auteur présente

son idée à un studio de production pour que celui-ci le propose à une chaîne de télévision80. Comme nous l'avons vu précédemment, les chaînes sélectionnent les

projets en fonction du type d'audience qu'elles souhaitent attirer. Les pitchs retenus par les chaînes se retrouvent, environ un an avant leur possible diffusion (en novembre pour une diffusion fin septembre), dotés d'un budget afin de tourner un épisode pilote81. Ces épisodes pilotes, qui doivent mettre en place l'intrigue, les

personnages et le ton d'une série télévisée, serviront aux projections tests que les chaînes effectueront devant un panel de spectateurs représentatif de leur audience. Chaque année, les chaînes se dotent ainsi de plus de série qu'elles ne pourront en

79 "Frenquently asked questions", Writers' Guild of America, http://www.wga.org/the- guild/about-us/faq#general1 consultée le 12/03/2017.

80 Sarah Sepulchre (dir), Décoder les séries télévisées, op. cit., p. 55 81 Alain Carrazé, Les Séries télé, op. cit., pp. 140-155

diffuser82. Ce taux si bas de réalisation de projets finis peut s'expliquer par le fait

que pour chaque pilote tourné, une équipe entière de créatifs et de techniciens devra être réunie : « produire un pilote est une vraie gageure car il faut donner une idée extrêmement précise du potentiel de la série, montrer les différentes facettes des personnages, présenter les germes des épisodes suivants »83.

Les séries télévisées sont alors mises en production : la distribution est arrêtée, ainsi que les décors, les costumes, les bureaux de la production, le planning de tournage, etc84. Le tournage d'une série se fait généralement durant les

semaines d'avril et de mai, qu'elle en soit à sa première saison (année de diffusion) ou qu'elle ait été renouvelée. Paradoxalement la décision finale de diffusion étant arrêtée vers la fin du mois de mai, la chaîne devant avoir fait son choix dans les séries qui seront diffusées à la fin du mois de septembre pour pouvoir en commencer la promotion et finaliser la grille horaire. Certaines séries se voient annulées après leur tournage. Cette annulation entraîne ainsi des fins de séries qui n'ont pas été pensées comme telles85. Les grilles des programmes des networks

sont présentées durant le upfront (troisième semaine de mai), une conférence devant les annonceurs qui se déroulent à New-York. Environ à la même période, durant le L.A. Screening, les plus gros studios de productions effectuent une projection des épisodes pilotes des séries télévisées qui seront diffusées à la rentrée devant de potentiels acheteurs internationaux86.

Une saison de production de séries télévisées se décompose comme suit :

82 En 2012, on pouvait relever un maximum de 500 pitchs proposés par network, dont 80 à 100

scenarii étaient commandés, desquels découlaient 10 à 20 pilotes tournés dont 2 à 3 séries

étaient diffusées.

"La production de fiction aux Etats-Unis", Commission de réflexion sur l'évolution des

programmes, Paris, CSA, mis en ligne en 07/2012,

www.csa.fr/content/download/28233/378363/file/PPT%20FICTION%20US.pdf , consulté le

24/04/2016, p. 27

83 Sarah Sepulchre (dir), Décoder les séries télévisées, op. cit., pp.55-56 84 Sarah Sepulchre (dir), Décoder les séries télévisées, op. cit., p.57 85 Sarah Sepulchre (dir), Décoder les séries télévisées, op. cit., p.58

86 "La production de fiction aux Etats-Unis", Commission de réflexion sur l'évolution des

Une saison de production à la télévision87

Entre septembre et novembre, les seasons premiere sont diffusés pour lancer les nouvelles saisons des séries télévisées en cours. À la même époque, les nouvelles séries s'ouvrent sur le series premiere. En novembre, février et mai, l'institut Nielsen propose un étude poussée de l'audimat, qui influence le prix des espaces publicitaires88 : pendant ces sweeps, les chaînes diffusent des épisodes plus

importants que d'habitude, en invitant des acteurs plus importants par exemple89.

Une pause dans la diffusion, hiatus, est instaurée aux alentours des fêtes de fin d'année et l'été, permettant aux tournages d'être en pause pendant quelques semaines. La fin de la saison est diffusée en mai, un peu avant que les upfronts ne viennent annoncer officiellement si la série est renouvelée pour une nouvelle saison ou si celle-ci est annulée.

Ce rythme de saison utilisé depuis les années 1950 et toujours en place de nos jours sur les chaînes de télévision, a permis la production industrielle de séries télévisées. Une grande partie du tournage se déroulant pendant la diffusion

87 D'après le schéma "une saison de production télé" dans Eric Vérat, "Etats-Unis : le règne des saisons et la galaxie des auteurs", Médiamorphoses, Hors série, janvier 2007, ina, Armand Colin, Paris, p. 19

88 Sarah Sepulchre (dir), Décoder les séries télévisées, op. cit., p. 220

89 Robert Del Valle, The One-Hour Drama Series Producing Episode Television, Silman James Press, Los Angeles, 2008, p. 229

d'épisodes de la même saison, la production peut donc, dans une certaine mesure, s'adapter à l'actualité et à l'avis des spectateurs. Des événements de l'actualité ont ainsi pu être intégrés dans le déroulement d'une série télévisée, où comme par exemple dans la série Friends les attaques de New-York en 2001 ont influencé le montage final de l'épisode 2 de la saison 8 (The One Where Rachel Tells) où une scène faisant de l'ironie sur les bombes dans les aéroports a été supprimée. De même, des événements calendaires de la culture populaire étasunienne (Halloween, Thanksgiving, Noël, le Super Bowl, etc.) sont souvent inclus dans les épisodes pour correspondre aux diffusions d'origine.

Conclusion du chapitre :

Ainsi, entre les décennies 1940 et 1970, la télévision a évolué d'un média émergeant diffusant des adaptations d'autres médias dominants (comme la radio), à un média de masse à part entière, voire dominant, pour lequel ont été développées des fictions sérielles, aux formats spécifiques, par l'industrie télévisuelle étasunienne qui les a financé.

La chronologie de diffusion des fictions sérielles aux États-Unis a longtemps été déterminée par le rythme des saisons. Ce rythme de diffusion auquel se soumet l'industrie télévisuelle, a donc induit un certain rythme de consommation des œuvres. Les formats de ces œuvres sérielles n'ont pas eu a évolué depuis la mise en place de la chronologie exposée précédemment : les soap

operas en milieu de journée et les dramas en soirée, chacun reprenant l'intrigue

d'une semaine à l'autre, entrecoupés d'espaces publicitaires dont l'arrivée est préparée dans l'écriture même des épisodes diffusés.

La télévision, lorsqu'elle devient un média de masse, passe d'une situation oligarchique où les formats admis, qui découlent de la radio, ne sont pas remis en question, à une période d'éclatement de la demande qui conduit l'industrie a un changement dans l'attractivité qu'elle doit développer pour garder ses spectateurs. Émergent alors différents formats, pour toucher différents publics et proposer aux annonceurs différentes visibilités pour différents produits.

Chapitre 2 : Le contexte télévisuel étasunien et les formats narratifs