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3.4.1 Les cultures de cellules issues de la SVZ sont capables de phagocytose in

3.5 Implication de la protéine Gas6 dans la rétinogenèse

La fonction et la viabilité des photorécepteurs de la rétine chez les vertébrés nécessitent la phagocytose journalière de leurs segments externes par l’épithélium pigmentaire rétinien adjacent (Young and Bok, 1969). Un défaut lors de ce processus mène à une dégénérescence rétinienne observée notamment chez le rat RCS (D'Cruz et al., 2000) qui présente une mutation du récepteur tyrosine kinase Mer. Ces données suggèrent que l’activation du récepteur Mer est responsable de l’ingestion des segments externes des photorécepteurs de la rétine par l’EPR et donc que la signalisation Gas6/Mer est essentielle à la survie des photorécepteurs (Hall et al., 2001). Néanmoins, et de façon surprenante, les souris knock-out pour la protéine Gas6 présentent une rétine normale. Des travaux montrent également que l’absence de la protéine Gas6 in vitro n’empêche pas la phagocytose du segment externe des photorécepteurs par l’EPR (Hall et al., 2005; Prasad et al., 2006b). Dans des conditions basales, il semble donc que l’absence de protéine Gas6 soit compensée par la présence de la protéine S.

Au vu de ces données, il serait donc intéressant de tester, dans des conditions non physiologiques de lésion rétinienne, si la présence de la protéine S suffit à compenser l’absence de la protéine Gas6 chez les souris dont le gène codant pour la protéine Gas6 a été invalidé (Gas6-/-). Pour cela, nous avons réalisé une irradiation au laser argon de rétines de souris Gas6-/- et de souris sauvages Gas6+/+ (groupe témoin).

3.5.1 La protéine Gas6 semble nécessaire à la prolifération des cellules suite à

une lésion de la rétine induite par un impact laser argon

Durant les sept premiers jours suivant la photocoagulation, le processus de réparation est accompagné de l’infiltration de cellules en prolifération Ki67 positives et de cellules F4/80 positives, marqueur spécifique des macrophages et des cellules de la microglie. Les cellules Ki67 (Figure 41aet b) et F4/80 (Figure 41cet d) positives sont retrouvées au niveau de la choroïde au centre de la lésion induite par le laser.

3.5 Implication de la protéine Gas6 dans la rétinogenèse

Figure 41 : Quantification de la prolifération cellulaire et de la réaction inflammatoire suite à un impact laser sur la rétine de souris sauvages ou de souris dont le gène codant pour la protéine Gas6 a été invalidé. (a, b) Immunodetection de Ki67 ou (c, d) de F4/80 (en

vert) et GFAP (en rouge) sur des coupes radiales de rétine (a, c) de souris Gas6+/+ et (b, d) de souris Gas6-/-. Les noyaux sont marqués en bleu par du Dapi. scl : sclère ; ch : choroïde ; epr : epithélium pigmentaire rétinien ; cne : couche nucléaire externe ; cni : couche nucléaire interne ; cpi : couche plexiforme interne ; ccg : couche des cellules ganglionnaires. Barre d’échelle : 50 µm. (e) Pourcentage de cellules Ki67 positives et (f) F4/80 positives en arrière de l’impact laser sur une zone de 3,5.10-4 cm2. * P<0,05 ; ns P>0,05.

Nous avons alors comparé la réaction à la lésion rétinienne de souris sauvages (Figure

3.5 Implication de la protéine Gas6 dans la rétinogenèse

Gas6 dans le processus lésionnel. Trois jours après l’irradiation, deux souris par génotype sont euthanasiées, leur œil est prélevé puis coupé. Les coupes de rétine sont alors révélées avec les anticorps anti-Ki67 ou anti-F4/80. Nos résultats montrent une diminution significative de 28% du nombre de cellules Ki67 positives sur les rétines de souris Gas6-/- par rapport aux souris Gas6+/+ (Figure 41e). Par contre, nous ne détectons pas de variation du nombre de cellules F4/80 positives au niveau de la lésion entre les souris sauvages et les souris dont le gène codant pour la protéine Gas6 a été invalidé(Figure 41f).

La protéine Gas6 est donc nécessaire à la prolifération cellulaire de cellules non- inflammatoires en vue de la réparation d’une lésion rétinienne induite par un laser argon.

3.5.2 Effet de la protéine Gas6 sur l’apoptose des cellules suite à une lésion de la

rétine induite par un impact laser

Afin d’étudier l’effet de l’absence de la protéine Gas6 sur la survie des cellules de la couche nucléaire externe (cne) de rétines de souris Gas6-/- trois jours après un impact laser, en comparaison avec les rétines de souris Gas6+/+, nous avons réalisé un marquage Tunel sur ces dernières (Figure 42a et b).

Nos résultats montrent une augmentation non significative du nombre de cellules Tunel positives au niveau de la lésion rétinienne (Figure 42c).

3.5 Implication de la protéine Gas6 dans la rétinogenèse

Figure 42 : Quantification de l’apoptose suite à un impact laser sur la rétine de souris sauvages ou de souris dont le gène codant pour la protéine Gas6 a été invalidé. Réaction

TUNEL montrant les cellules apoptotiques (en vert) sur des coupes radiales de rétine (a) de souris Gas6+/+ et (b) de souris Gas6-/-. scl : sclère ; ch : choroïde ; epr : epithélium pigmentaire rétinien ; cne : couche nucléaire externe ; cni : couche nucléaire interne ; cpi : couche plexiforme interne ; ccg : couche des cellules ganglionnaires. Les noyaux sont marqués en bleu par du Dapi. (c) Nombre de cellules Tunel positives au centre de l’impact laser sur une largeur de 150 µm. Barre d’échelle : 50 µm. ns P>0,05.

3.5.3 Discussion

Dans la rétine, la protéine Gas6 et la protéine S stimulent la phagocytose des segments externes des photorécepteurs par l’EPR (Hall et al., 2005; Prasad et al., 2006b), fonction indispensable à la physiologie rétinienne. Cette fonction n’étant pas altérée chez les souris Gas6-/-, la protéine S, seul autre ligand connu des récepteurs TAM, pourrait se substituer à la protéine Gas6 (Prasad et al., 2006b).

Notre étude révèle une prolifération cellulaire moins importante chez les individus Gas6-/- par rapport aux individus Gas6+/+ en réaction à la lésion. Ces résultats sont en accord

3.5 Implication de la protéine Gas6 dans la rétinogenèse

avec un grand nombre d’études qui montrent que Gas6 stimule la prolifération cellulaire (Sainaghi et al., 2005; Stenhoff et al., 2004). Nos résultats ne montrent pas de variation du nombre de cellules inflammatoires au niveau du site de lésion entre les rétines de souris sauvages et de souris déficiente en protéine Gas6. Ceci suggère que la protéine Gas6, dans ce modèle de lésion rétinienne, n’est pas nécessaire à la prolifération des cellules inflammatoires résidentes de la rétine, les cellules de la microglie, ainsi qu’au recrutement de macrophages à partir de la circulation sanguine. Néanmoins, l’implication de la protéine Gas6 dans la régulation de la prolifération de cellules non inflammatoires dans la rétine lésée n’exclut pas l’implication de cette protéine dans le contrôle des processus inflammatoires. De récentes études montrent que la signalisation via les récepteurs TAM est impliquée dans la régulation du système immunitaire (Lu and Lemke, 2001; Sharif et al., 2006). Des interactions étroites entre les récepteurs TAM et les récepteurs aux cytokines mènent notamment à une inhibition de l’inflammation. La protéine Gas6 et la protéine S inhiberaient l’activation des récepteurs Toll-like localisés sur les cellules dendritiques (Rothlin et al., 2007).

La protéine Gas6 stimulerait donc la prolifération d’autres types cellulaires au niveau du site de lésion tels que des cellules endothéliales, des cellules vasculaires du muscle lisse, des fibrocytes et/ou fibroblastes ou des cellules de l’EPR (Espinosa-Heidmann et al., 2005). La quantification de la vascularisation 14 jours après la lésion rétinienne devrait permettre de répondre en partie à cette question.

Alors qu’un grand nombre de travaux montre que la protéine Gas6 stimule la survie cellulaire (Demarchi et al., 2001; Melaragno et al., 2004; van Ginkel et al., 2004), nos résultats montrent une augmentation non significative de la mort cellulaire au niveau de l’impact laser réalisé sur des rétines de souris Gas6-/- par rapport aux souris sauvages. Cette étude n’ayant été réalisée que sur un faible nombre d’individus, il serait nécessaire d’étudier un plus grand nombre de rétines lésées afin de confirmer ces résultats.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES