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Chapitre 4 : Champ des Possibles 113

4.4 Implication citoyenne et consultations publiques 126

Il est toutefois important de mentionner que, tout au long du processus menant au projet de revitalisation du secteur, la population a été invitée à participer, et cela dès 2003, lors des discussions portant sur le Chapitre de l’arrondissement du Plan d’urbanisme de la Ville et, en 2004, dans le cadre des consultations publiques de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) pour l’adoption du Plan d’urbanisme. Les fonctionnaires et les élus ont établi - après le Sommet de citoyens de Montréal - des orientations pour le patrimoine, les parcs et espaces verts, etc. Par la suite, un comité d’une douzaine de personnes a proposé, sous l’initiative de l’arrondissement, des thématiques pour les soirées du Plateau. Le comité a proposé notamment de discuter du secteur Saint-Viateur Est et de l’enjeu de la cohabitation entre les fonctions industrielles et résidentielles. Durant ces discussions, plusieurs citoyens se sont plaints du bruit provenant d’une usine donnant sur Henri-Julien. Il y a alors eu des discussions avec la Ville pour modifier le zonage d’industriel à résidentiel. L’arrondissement, désireux de garder des emplois dans le secteur, a rapidement mis à contribution la CDEC Centre-sud/Plateau Mont-Royal. Entre-temps, il y a eu des changements de propriétaires dans les mégastructures présentes dans le secteur. Plusieurs artistes ont alors commencé à s’inquiéter quant à leur avenir. Cela s’ajoutait à la crainte de voir le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) s’installer dans la partie sud de l’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie, ce qui aurait pour conséquence possible d’entraîner de la spéculation foncière dans le secteur Saint-Viateur Est.

En 2005, une autre consultation publique a été tenue, cette fois par la Commission de l’aménagement urbain et du développement durable du Plateau (CAUDD). Elle portait sur le sixième objectif du Chapitre de l’arrondissement dans le Plan d’urbanisme de la Ville : encourager, dans les secteurs à transformer, un développement durable présentant une mixité des usages et une mixité sociale. Toujours en 2005, lorsque la Ville a discuté lors de séances d’information de deux projets résidentiels qui allaient être construits au sud-est du secteur, des citoyens se sont montrés à nouveau inquiets. Pour eux, c’était évident qu’il y avait d’autres projets à prévoir. Cela a convaincu le Comité de citoyens du Mile End d’être vigilant et de s’investir davantage dans les discussions entourant l’avenir de ce secteur.

Puis en 2008, après que la Ville ait annoncé publiquement les investissements qu’elle comptait faire dans le secteur, le Comité des citoyens du Mile End a invité l’arrondissement du Plateau Mont-Royal à présenter et à préciser sa vision de l’avenir du secteur aux citoyens. Cette assemblée publique, qui a eu lieu le 9 avril 2008, a marqué le début d’une démarche citoyenne ambitieuse. En effet, voyant qu’ils avaient un certain leadership au sein du Comité des citoyens du Mile End, plusieurs citoyens se sont alors dit qu’il était peut-être important d’aller «plus en profondeur, [de] donner le ton et de ne pas juste critiquer, s’opposer. Quel genre de vision du quartier on aimerait avoir ?» (Élu 2). Par la suite, le comité de coordination du Comité des citoyens du Mile End a organisé une marche sur l’histoire du quartier (25 mai 2008) et une autre sur la sécurité des femmes (11 juin 2008). Puis, il y a eu des présentations sur le développement du secteur et sur le développement durable des quartiers (26 novembre 2008) afin de lancer les cafés citoyens qui allaient commencer en janvier 2009. D’autres présentations ont suivi. Par exemple, l’une d’elles, donnée par deux représentants de la Ville, portait à nouveau sur la vision municipale du développement du secteur Saint-Viateur Est. Par la suite, il y a eu plusieurs cafés citoyens comprenant des présentations et des discussions sur les thématiques suivantes : transport (19 janvier 2009), habitation (26 janvier 2009), culture (9 février 2009), économie/services (23 février 2009), patrimoine (9 mars 2009) et environnement/quartier vert (23 mars 2009). Chaque café citoyen a attiré entre 50 et 100 personnes.

Forum citoyen

L’activité citoyenne la plus importante en 2009 fut sans aucun doute le forum citoyen qui s’est tenu le 26 avril. Lors de cette journée, environ 130 participants se sont rassemblés afin de discuter des propositions soulevées lors des cafés citoyens et des marches et d’établir des priorités. Les discussions lors du forum et les idées directrices qui en sont sorties ont «permis de savoir ce qui était important et où étaient les besoins» (Citoyenne 6). Les idées directrices discutées à cette occasion ont été rendues publiques dans un document en juin 2009. À ce moment-là, le comité de coordination du Comité des citoyens du Mile End a décidé de former le sous-comité du Champ des Possibles. Ce sous-comité comprenait une trentaine de citoyens (urbanistes, biologistes, artistes, architectes, etc.), dont huit membres réguliers. Il avait pour objectifs de faire connaître le Champ des Possibles et d’en assurer la sauvegarde. Les membres ont notamment organisé des ateliers sur le site et des kiosques d’information lors d’une Journée de la culture sur la rue Saint-Viateur. À la fin d’octobre 2009, le sous-comité du Champ des Possibles a présenté ses idées à la Ville et aux partis politiques juste avant les élections municipales. Au printemps 2010, les membres du sous- comité ont continué à se rencontrer à peu près à chaque deux semaines pour discuter des priorités et des dossiers chauds.

Pour le sous-comité, et pour tous les citoyens qui militaient pour que ce terrain demeure un espace vert, il s’agit d’une petite victoire puisqu’il a eu la confirmation de la part de l’administration précédente (un ancien élu avait d’ailleurs nommé l’espace le Parc des Possibles) et de l’administration actuelle que cet espace demeurera ouvert. La nouvelle administration semble particulièrement à l’écoute des citoyens, comme en témoigne le fait que le sous-comité du Champ des Possibles a obtenu le statut de comité officiel de l’arrondissement. Cette belle confiance serait redevable : «en grande partie au sous-comité du Champ des Possibles, à ses huit membres réguliers, qui ont travaillé très fort pour créer une proposition qui soit très crédible, très raisonnable, très fiable» (Citoyenne 5). Quant aux aménagements futurs du Champ des Possibles, les citoyens demeurent optimistes et confiants. Par exemple, concernant l’incertitude planant encore au sujet de la cour de voirie : «Moi ça ne m’effraie pas. C’est clair qu’on aura une argumentation qui fera le poids. À toute objection, on aura quelque chose» (Citoyen 7). Ils sont toutefois réalistes. Ils sont conscients que le processus peut être long et que le projet puisse évoluer avec le

temps : «C’est des processus très lents. Tu veux faire une collaboration avec la Ville, il faut être conscient que ça va prendre du temps, c’est bureaucratique comme processus, tu ne peux pas faire ça d’une façon anarchique» (Citoyenne 6).

Depuis le printemps 2010, les priorités du sous-comité ont été de former une OBNL, puis de présenter à la Ville différents modes de décontamination du site. Le premier objectif est atteint. En effet, un organisme, qui s’appelle Amis du Champ des Possibles, a été créé le 5 novembre 2010. Cet organisme est dorénavant indépendant du Comité des citoyens du Mile End. Pour ce qui est du second objectif, il y a actuellement (soit à l’hiver 2010-2011) un membre des Amis du Champ des Possibles qui :

«s’occupe de la question de la décontamination. Son mandat est qu’il rende ça clair, manipulable. Il doit proposer des idées comment procéder, suggérer plusieurs scénarios selon les parties. Par exemple, est-ce qu’on peut séparer les modes de décontamination selon les taux de contaminations ? On a déjà une bonne idée. On va avoir encore des rencontres spécifiquement là- dessus» (Citoyen 7).

Avenir

Les citoyens croient que les grands principes qu’ils ont mis de l’avant vont être respectés. D’ailleurs, plusieurs citoyens impliqués dans le Champ des Possibles sont maintenant membres du comité concepteur du Champ des Possibles, comité qui regroupe également des fonctionnaires et des élus municipaux. Pour cette raison notamment, les citoyens sont confiants en l’avenir : «Avec l’arrondissement, les carrés de sable sont partagés. C’était le but, là c’est fait. Donc, c’est véritablement un comité de conception. Moi je vois que de la confiance au projet de la part de l’arrondissement. Autant que je peux juger, ça avance comme ça devrait avancer. Le langage est de plus en plus partagé» (Citoyen 7). Si l’on se fie aux propos tenus par un élu, on ne peut que confirmer ces dires : «Tant que les Carmélites sont là, elles protègent aussi notre vision à nous. [sic] Je dis nous, elle [notre vision] est citoyenne aussi parce qu’elle fait une. On a la même vision. On est porteur de cette vision-là» (Élu 2). De plus, plusieurs questions ont été discutées au sein du comité concepteur, dont la question des passages, des aménagements paysagers, etc.