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IV. METHODES D'EVALUATION D'IMPACTS

V.3. Impacts locaux

V.3.1. Toxicité humaine

Ces impacts de l’activité humaine sur la santé sont à l’origine les polluants générés par les activités anthropiques et les processus naturels. Les polluants concernés sont (Belhani, 2008): - Les microorganismes pathogènes : virus, bactéries, champignons, etc.

- Les métaux lourds : mercure, nickel, cadmium, chrome, zinc, etc.

- Les composés traces organiques : dioxines (PCDD) et furanes (PCDF), pesticides,

hydrocarbures (HAP, organochlorés), etc.

- Les composés gazeux: ammoniac, acides chlorhydrique et sulfurique, hydroxyde de soufre, oxydes de soufre et d'azote, COV, poussières, etc.

Toutefois ce n'est pas la seule présence ou l'absence de ces composés qui va provoquer une allergie ou une maladie mais la dose admise au sein de l'organisme. La toxicité d'une substance dépend de la concentration et l'évolution de l'agent toxique, de l'individu exposé, de la durée et de la voie d'exposition (Chevalier, 1999).

V.3.2. Ecotoxicité

Les polluants chimiques et biologiques ont des effets désastreux sur la faune et la flore puisque la capacité de résilience de ces dernières est faible et lente. On distingue l’écotoxicité pour les milieux aquatiques (eau douce ou bien eau de mer), les milieux terrestres et les sédiments. L'écotoxicité tient en compte des facteurs suivants (Renou, 2006):

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- L'effet d'un toxique: il est variable d'une espèce à l'autre, et souvent même à l'intérieur d'une même espèce en fonction du stade de développement (larve, alevin, adulte...). L'écotoxicité touche l'ensemble de la faune et la flore : ceci rend l'évaluation des impacts éco-toxicologiques plus difficile et dans certains cas impossible. Par conséquent les spécialistes ont permis de simplifier les études par l’analyse d'espèces particulièrement sensibles ou représentatives d'un état écologique du milieu.

- Le transfert des polluants: il aboutit à des évolutions importantes de la concentration du polluant de la source d'émission à la cible. Ainsi on observe des phénomènes de bioaccumulation dans les organismes, ou de dilution des toxiques dans le milieu...

- L'évolution du toxique : les produits toxiques peuvent subir des transformations dans le milieu, ce qui modifie leur toxicité.

VI. PROBLEME D'ALLOCATION DANS LES ACV

L’allocation est l’un des phases les plus critiques de la méthodologie ACV. En effet, souvent les processus de production et de traitement des déchets sont des systèmes à produits multiples. Ainsi, lors de l'évaluation de ce type de systèmes, une méthode d’allocation doit être choisie afin de répartir les données d'inventaire du cycle de vie et les charges environnementales entre les différents produits. En effet on ne cherche à déterminer que la part des impacts du processus imputables à la fonction à laquelle on s'intéresse.

Généralement, les problèmes d'allocation interviennent dans trois cas (Ekvall et al., 2001) :

(1) Coproduction : lorsqu'un système génère plusieurs produits ou services tandis qu'un seul de ces flux sortant contribue à la fonction étudiée.

(2) Co-traitement: lorsqu'un système traite plusieurs déchets simultanément tandis qu'on cherche à étudier le traitement d'un seul de ces déchets.

(3) Revalorisation : elle consiste à donner une valeur socio-économique positive à un déchet. Plusieurs méthodes sont utilisées pour résoudre les problèmes d'allocation aucunes d'elles n’est générale. Parmi ces méthodes on trouve :

- Méthodes d'allocation fondées sur un paramètre physique : les impacts sont répartis entre les produits suivant le paramètre physique choisi (la masse, le contenu énergétique ou le volume). Chaque impact est alors alloué de la même façon.

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- Méthodes d'allocation fondées sur un paramètre socio-économique : les impacts sont

répartis entre les différents produits suivant un tel paramètre. Il peut être d'un ressort plutôt économique, comme le prix de marché du produit ou le coût de production ou plutôt social, comme le nombre d'utilisateurs du produit.

- Méthode d'affectation par impacts évités (appelée également par élargissement du

système) : le principe de cette méthode est que la quantité de coproduit du système est substituée à une quantité équivalente d'un autre produit assurant la même fonction. Ainsi, les impacts qu'aurait engendré ce produit alternatif sont soustraits du total des impacts de premier système.

Le choix d'un mode d'allocation doit être étudié selon les cas en lien avec le contexte et les objectifs de l'étude. Par conséquent, une étude de sensibilité sur les règles d'allocation choisies est préconisée par la norme ISO pour déterminer leur influence sur le résultat final.

VII. LIMITES DE L'ACV

La caractéristique essentielle de l'ACV est sa nature «holistique». Elle est à la fois sa force majeure et, en même temps, sa limitation. En effet, cette exigence de globalité implique pour sa faisabilité un certain nombre de simplifications.

En outre, dans sa version de base, l’ACV met l'accent sur les aspects environnementaux des produits et n’évoque pas leurs caractéristiques économiques ni sociales. Les impacts environnementaux sont souvent décrits comme des «impacts potentiels», parce qu'ils ne sont pas spécifiés dans le temps et dans l'espace et qu’ils sont liés à une unité fonctionnelle souvent définie arbitrairement.

Ainsi, on dit que l’ACV a vocation à évaluer la capacité d’un système à causer des effets indésirables pour l’environnement (impacts potentiels) plutôt que la réalisation réelle de ces effets dans un environnement parfaitement identifié et spécifié (impacts réels).

Bien que l'ACV vise à s'appuyer sur des bases scientifiques, elle implique certaines hypothèses et des choix techniques. De plus les différents indicateurs de catégorie d’impacts ont des degrés de robustesse plus ou moins élevés. Notamment, il est reconnu que les indicateurs «toxicité humaine» et «écotoxicité» sont sujets à de très fortes incertitudes. Par conséquent, les résultats sur ces indicateurs doivent donc être interprétés avec la nuance requise.

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Les limites d’ACV concernent non seulement l’état de l’art mais aussi la disponibilité des données. En effet, les bases de données sont en cours d'élaboration dans divers pays, et le format des bases de données est en cours de normalisation. Mais dans la pratique, les données sont souvent obsolètes, incomparables, ou de qualité inconnue.

L'ACV est caractérisée comme étant un outil d'analyse dans la mesure où elle fournit des informations servant comme étant un support de décision. L’ACV ne peut pas remplacer le processus de prise de décision. En effet on ne peut pas dire: «L'ACV a prouvé que cette décision doit être prise». Mais on dit plutôt « basé sur une étude de l'ACV et autres arguments de preuve, la décision suivante a été prise».

Les limitations de l'ACV telles que présentées ci-dessus peuvent être prises en compte en élargissant l'analyse et/ou en faisant appel à d'autres outils d'analyse. L'utilisation complémentaire de différents outils est impératif si on s'intéresse à d'autres aspects d'un nouveau produit, telles que les aspects sociaux et économiques. Enfin, l'objectif est de fournir «une boîte » à outils qui offre des opportunités de différents types d'analyse, en rapport avec les besoins conformément aux circonstances étudiées. Les limitations décrites dans la section précédente se réfèrent non seulement à l'état de l'art des différents outils, mais aussi à la disponibilité des données correctes. Cette boîte à outils est donc un objectif à long terme, plutôt qu’à court terme. Néanmoins, le but de combiner l'utilisation de différents outils dans une situation de décision est valide et possible.