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L’impact des ressources de pouvoir des associations sur les pratiques en relations industrielles de leurs membres

CHAPITRE 6 : L’INTERPRÉTATION DES DONNÉES

6.2 L’impact des ressources de pouvoir sur les logiques de représentation et d'action et les pratiques en relations industrielles

6.2.1 L’impact des ressources de pouvoir des associations sur les pratiques en relations industrielles de leurs membres

Tout d’abord, en ce qui a trait aux ressources de pouvoir internes des associations, nous avons identifié par la littérature trois types des ressources internes : l’offre de services à l’interne, les ressources financières ainsi que les ressources humaines (Traxler et Huemer, 2007). Selon les résultats présentés au chapitre V, les ressources internes des associations sont tout de même limitées (ressources provenant pour la plupart uniquement des cotisations de leurs membres). Pourtant, les associations hôtelières peuvent avoir un impact sur les pratiques en relations industrielles de ses membres, car elles peuvent mobiliser leurs ressources de pouvoir afin de fournir des services économiques ou des informations stratégiques à leurs membres lors des négociations. Par exemple, deux associations hôtelières se démarquent par leur mobilisation de leurs ressources de pouvoir et influencent davantage les pratiques en relations industrielles de leurs membres (l’AHQ et l’AHGM). Le personnel senior et spécialisé de ces deux associations fournit des renseignements locaux (statistiques, informations économiques, moyennes budgétaires) très intéressants par exemple lorsque leurs membres sont en négociations collectives. Bref, tout dépendamment des ressources de pouvoir dont mobilise les associations patronales (personnels possédant une expertise en hôtellerie, recherche spécifique effectuée suite à la demande d’un membre), ces dernières peuvent jouer sur les pratiques en relations industrielles. Ainsi, leurs membres adopteront leurs pratiques en relations industrielles selon l’aide apporté par leur association.

Or, précisons que tout dépendamment des ressources de pouvoir dont dispose les associations hôtelières, ces dernières vont influencer de manière différenciée les pratiques en relations industrielles de leurs membres. Par exemple, l’APHM disposant très peu de ressources de pouvoir (ses ressources financières sont limitées à la cotisation de ses 17 membres), n’a aucun personnel travaillant à temps plein afin de promouvoir les intérêts de ses membres. Ainsi, il est évident par exemple que l’influence de l’APHM et de l’AHGM sur leurs membres est bien différente. Également chez les associations hôtelières, une importance relative est vouée à la représentation des intérêts, car toutes leurs ressources (budget et personnel) sont allouées à cette activité. Ainsi, tout dépendamment de l’association hôtelière, cette dernière peut combler un besoin qu’une entreprise seule ne peut obtenir. Ainsi, plus une entreprise membre est petite, plus cette dernière sera influencée par les ressources de pouvoir de son association, car seule elle ne peut s’offrir des services. Ces résultats viennent appuyer les études de Traxler et Huemer (2007), du fait que les associations patronales peuvent grandement influencer les membres grâce aux services et activités qu'elles peuvent offrir. Par conséquent, les plus petites entreprises membres (hôtels) ayant des ressources limitées se tournent vers les services et programmes qu'offrent les associations, car elles représentent pour eux un moyen d'augmenter leur rapport de pouvoir en relations de travail (rôle de diffuseur d’informations, apporte un appui et des conseils lors des négociations collectives).

En ce qui a trait aux ressources de pouvoir externes des associations, rappelons que nous avons mentionné au chapitre II que ces dernières peuvent être représentées sous diverses formes et constitue tous les moyens extérieurs à l'association afin d'augmenter son pouvoir (Traxler et Huemer, 2007; Charest, Laroche et Hickey, à paraître). Nous avons en effet constaté que toutes les associations hôtelières sont affiliées à d’autres associations de leur secteur, afin d’augmenter leur visibilité (à l’exception de l’AHGM). Les associations peuvent également augmenter leur pouvoir par leurs affiliations en plus d’augmenter la gamme des services offerts à leurs membres. En conséquence, les ressources de pouvoir modèrent la relation entre les logiques de représentation et d'action et les pratiques en relations industrielles. Tel que nous l’avons décrit au chapitre précédent, les associations disposant de ressources moindres (l’APHM et

l’AHRQ) vont règle générale concentrer leurs actions sur une mission précise ou un intérêt spécifique (marché du produit ou marché du travail). Elles compensent toutefois leurs limites d’action et de représentation par leurs affiliations avec l’association provinciale (AHQ). Bref, tout dépendamment des ressources de pouvoir dont dispose les associations hôtelières et la façon dont elles les mobilisent, ces dernières vont influencer de manière différenciée les pratiques en relations industrielles de leurs membres.

De surcroît, nous avons constaté qu’en plus d’influencer certaines pratiques en relations industrielles, certaines associations patronales sont en mesure d’influencer le contexte institutionnel plus large dans lequel elles évoluent. En effet, en appui aux idées de Crouch (2005) et de Traxler et Huemer (2007) voulant que plus une association patronale soit en mesure de mobiliser ses ressources de pouvoir, plus elle est apte à influencer le contexte institutionnel dans lequel elle agit, de manière à maximiser ses intérêts. Nos travaux nous ont permis de constater que selon la capacité des associations patronales à mobiliser leurs ressources de pouvoir, certaines seront en mesure d’exercer une influence à un degré différencié au niveau institutionnel (par exemple, contribuer à des changements de politiques publiques tels que les factures obligatoires en restauration). C’est ainsi qu’une association, parmi les quatre interrogées, se démarque largement des autres : l’Association des hôteliers du Québec. En effet, cette dernière possède davantage de ressources financières et de personnel spécialisé, ce qui lui donne la capacité de représenter ses entreprises membres auprès de diverses instances. L’AHQ défend également des dossiers d’ordre politique de membres affiliés d’autres associations hôtelières (AHRQ et APHM) devant diverses instances (Chambres des Communes et Sénat). Dans le cadre de notre recherche, l’Association des hôteliers du Québec est définitivement plus en mesure de mobiliser ses ressources de pouvoir ainsi qu’être plus apte à influencer le contexte institutionnel et d’exercer une telle influence, compte tenu des ressources dont elle dispose.

Ainsi, les associations hôtelières détenant moins de ressources de pouvoir ont moins la capacité de transformer leur environnement institutionnel, et par conséquent de promouvoir leurs intérêts d’une manière effective. En conséquence, les ressources de pouvoir modèrent la relation entre les logiques de représentation et d'action et les pratiques en relations industrielles. Tel que nous l’avons décrit au chapitre V, les associations disposant de ressources moindres (l’APHM et l’AHRQ) concentrent leurs services sur un aspect (ou intérêt) spécifique de leurs membres, mais compensent leurs limites d’action et de représentation par leur affiliation avec l’association provinciale (AHQ). Ainsi, selon les données recueillies au chapitre V, nous pouvons constater que selon la capacité des associations patronales à mobiliser leurs ressources de pouvoir (internes et externes), ces dernières seront en mesure d’exercer une influence à un degré différencié sur les pratiques en relations industrielles de leurs membres.

6.2.2 L’impact des ressources de pouvoir des entreprises membres sur les logiques