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En guise d'introduction à cette section, je propose de commencer par une immersion dans l'un des circuits de l'économie matérielle les plus complexes qui soit, celui qui se déploie autour d'un matériau devenu quasiment incontournable dans le monde de la construction : le ciment, et son acolyte de toujours, le béton (d'ailleurs appelé ciment armé à ses débuts). C'est un matériau bien connu, qui a fait l'objet d'une documentation importante, et dont les aspects historiques, techniques, culturels et esthétiques ont été étudiés dans le détail13. La présente recherche ne re-prendra pas ici ces considérations qui se développent en général sur un plan diachronique, mais tentera plutôt de faire sentir la complexité présente des configurations d'acteurs, de dispositifs et de registres axiologiques qui se tissent aujourd'hui autour de ce matériau (ou plus exactement, de ces matériaux puisque la fabrication du ciment nécessite un certain nombre de matières pre-mières).

L'objectif de ce chapitre, c'est d'offrir une première illustration des formes que peuvent prendre les circuits de l'économie matérielle. Quand un concepteur prescrit l'utilisation du béton pour l'édification d'une partie de bâtiment, quand un constructeur se fait livrer une palette de sacs de ciment sur son chantier ou s'il commande quelques mètres cubes de béton frais à un pro-ducteur, ces acteurs mettent en branle un réseau complexe qui étend ses ramifications en

direc-13 Cf. notamment, Simonnet C., Le béton : histoire d’un matériau. Économie, technique, architecture, Marseille, Éditions Parenthèses, 2005 ; Forty A., Concrete and culture: a material history, London, Reaktion, 2012.

tions de beaucoup d'acteurs très différents. Sans le vouloir, et parfois même sans s'en rendre compte, ils voient tout d'un coup leur propre position liée à toutes ces dimensions. La façon dont ces expériences sont relatées, la façon dont tous ces acteurs sont mis en scène, influence di-rectement la façon de se responsabiliser face à de tels enjeux.

Les acteurs de l'industrie cimentière

<biodiversité>

Mai 2009, l'une des plus grosses entreprises de ciment au monde organise une journée porte-ouverte dans l'un de ses sites belges, la carrière de Leffe. L'objectif de la journée ? Présenter au grand-public les efforts entrepris par la société pour préserver la biodiversité. Depuis quelques années, 35 hectares parmi les 150 hec-tares du site de la carrière ont en effet été confiés à l'organisation de protection de la nature Natagora. Sous l'impulsion de subsides européens pour la préservation de la biodiversité (le programme LIFE14), cette organisation met en place des pro-grammes de préservation et de restauration des milieux naturels à large échelle. Alors qu'une réserve naturelle située non loin de la carrière est devenue une zone protéfée « Natura 2000 » en 2005, la société cimentière a proposé d'étendre cette zone de protection en y ajoutant une partie de son propre site, inutilisée depuis plu-sieurs années. Ces opérations ont permis de restaurer des pelouses sèches, no-tamment grâce à la ré-introduction de troupeaux de moutons15. Une faune et une flore rares, typiques des pelouses calcaires, comme l'hélianthème des Apennins, le cétérach, des massifs de buis, des frênes, des érables, l'épine vinette, le cornouiller mâle ou encore la viorne mancienne16, ont ainsi vu leur territoire protégé.

Ces opérations, largement diffusées par la presse et par les services de commu-nication de l'entreprise, s'inscrivent dans une dynamique générale du secteur de l'industrie extractive. Celle-ci s'est lancé dans une campagne visant à réduire ou à compenser les nuisances liées à l'exploitation des carrières – une activité tradition-nellement décriée pour les bruits, les vibrations, les poussières et le trafic routier qu'elle occasionne.

Sur les 115 hectares restant, la carrière de Leffe continue à produire près de 550 000 tonnes de concassés calcaires par an17. Ces produits sont essentiellement utilisés dans la production du ciment et des bétons prêts à l'emploi, deux activités

14 http://mineralsday.eu/sites/mineralsday.eu/files/Holcim_Granulats_Belgique__sheep_re introduction_.pdf

15 ATECMA S.L. et Ecosystems LTD, L’extraction des minéraux non énergétiques et Natura 2000 - Document d’orientation, Luxembourg, Union européenne, 2011, p. 138. 16 ED, « L’industrie des carrières développe la biodiversité », Béton, décembre 2012,

vol. 217, pp. 36-44 ; http://biodiversite.wallonie.be/fr/107-devant-bouvignes.html? IDD=251659541&highlighttext=Devant-Bouvignes+&IDC=1881

qui ont lieu dans d'autres sites de la même entreprise, répartis un peu partout en Belgique et dans le reste monde. Holcim, le groupe cimentier a qui appartient au-jourd'hui la carrière de Leffe s'est imposé comme l'un des plus importants au monde, avec des activités dans pas moins de 70 pays, ce qui représente une pro-duction de 200 millions de tonnes de ciment par an et un personnel de 85 000 per-sonnes18. En Belgique, l'entreprise possède 32 sites dont les activités se concentrent sur la production des matières premières destinées à l'industrie de la construction : le ciment, les granulats et la préparation de bétons prêts à l'emploi. Étant donné qu'il s'agit de matières premières relativement lourdes et peu aisées à transporter sur de longues distances (le béton frais, par exemple, ne peut pas sé-journer plus de quelques heures, au grand maximum, dans le réservoir du camion malaxeur sous peine de durcir), le groupe cimentier tente de regrouper géographi-quement les différentes étapes nécessaire à la fabrication de ses produits.

La carrière de Leffe n'a pas toujours appartenu à Holcim. Le début de son ex-ploitation remonte aux années 1950. Elle a été gérée pendant deux générations par une entreprise familiale du nom de Carrière André Michaux (CAM). En 1995, la car-rière est rachetée à parts égales par deux société anonymes, la S.A. Gralex et la S.A. Ciments Luxembourgeois. Elle change alors de nom pour devenir la S.A. Car-rières de Leffe, dont l'actionnaire principal est la S.A. Gralex19. Le mercredi 9 juillet 2008, les deux actionnaires du groupe Gralex, HeidelbergCement et Holcim, se réunissent lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire et, dans une volonté d'auto-nomiser leurs stratégies de développement respectives, décident de scinder les ac-tivités du groupe Gralex. La scission devient effective à partir du 1 janvier 2009 et le site de Leffe passe alors sous la gestion exclusive du groupe Holcim20. Ce passage d'une petite entreprise familiale vers de vastes conglomérats internationaux est un schéma récurrent dans le domaine de l'extraction des matériaux pierreux en Bel-gique, où les entreprises actives tendent à se concentrer dans les mains d'un nombre d'acteurs de plus en plus réduit. De cette façon, les groupes cimentiers in-ternationaux assurent leur ancrage territorial sur des filières de production de plus en plus complètes.

Ce schéma est toutefois assez différent dans le cas des sites d'extraction de pierres ornementales. Quoique ne représentant que 20 % environ de la masse de pierre extraite21, ces éléments possèdent une beaucoup plus haute valeur ajoutée du fait du travail intensif qu'ils requièrent. Les entreprises actives dans ce secteur sont généralement organisées autour de structures plus petites et familiales. Bien que les mêmes termes d'industrie extractive désignent ces deux activités, celles-ci

18 http://www.holcim.be/fileadmin/templates/BE/doc/press_pers/Holcim_Ltd_2009.pdf 19 http://www.artistones1.be/collection_j_evlard/calcite/belgique/leffe/leffe.htm 20

http://www.heidelbergcement.com/NR/exeres/ABEBE100-31BF-4C62-8DC4-4706D68C700D.htm | http://www.gralex.be/

fonctionnent très différemment. L'extraction de roches non ornementales travaille dans une logique de fractionnement des éléments pierreux, qu'elle transforme en granulats de différents diamètres. La production de roches ornementales, quant à elle, cherche à conserver l'intégrité physique d'éléments les plus grands possibles, qu'elle découpe ensuite selon diverses formes (seuils de fenêtres, dalles de sol, marches d'escalier, etc.) et sur lesquelles elle applique différentes finitions. Les deux secteurs sont cependant liés dans la mesure où les déchets de l'un servent de ressource à l'autre. En l'occurrence, la production d'éléments pierreux ornementaux occasionne une production élevée de déchets. Ceci est lié au fait que des couches rocheuses moins solides doivent être déblayées pour arriver aux veines de meilleure qualité ; les processus de production proprement dits occasionnent aussi beaucoup de chutes et de restes22. De ce fait, des entreprises de concassage sont généralement présentes sur ces sites afin de traiter ces fractions résiduelles (qui re-présentent entre 50 et 80 % de la masse extraite23). Cette relation entre deux sec-teurs industriels proches mais au fonctionnement différent est à sens unique : il n'ar-rive quasiment jamais qu'une carrière exploitée pour ses gravats soit soudain ex-ploitée pour des éléments plus élaborés. En revanche, la réciproque est très fré-quente et de nombreux sites historiques d'extraction de pierre de taille ne pro-duisent plus que des gravats destinés à la fabrication de bétons ou d'enrobés rou-tiers. C'est le cas notamment des carrières de porphyre, situées à Quenast. Autre-fois réputées pour leur pavés routiers, elles ne produisent plus aujourd'hui que des granulats. Ironiquement, ceux-ci comptent parmi les quelques ingrédients néces-saires à la fabrication d'enrobés asphaltiques qui sont utilisés dans la construction routière. Il arrive fréquemment que ces enrobés d'asphalte soient posés directe-ment sur des voiries pavées de porphyre. Cette rencontre entre le porphyre-enrobé et le pavé de porphyre est souvent fatale pour ce dernier, qui se trouve ainsi immo-bilisé sous une gangue d'asphalte. Alors que le pavé de porphyre était traditionnel-lement un élément facile à démonter et à reposer, il voit là son cycle de réutilisation quelque peu compromis.

Quoique la veine rocheuse qu'exploite la carrière de Leffe ait été utilisée au moyen-âge dans la production d'ornements en pierre, ce site précis ne doit son existence qu'au développement des filières du ciment et du béton. Les gravats qui sont produits sur place sont destinés à la production de béton et aux travaux rou-tiers ainsi qu'à des applications spécifiques en métallurgie. Même si la carrière de Leffe travaille pour d'autres clients, une bonne partie de sa production est utilisée dans d'autres sites de production du groupe Holcim. Les gravats sont acheminés par voie d'eau ou par route vers des centrales à béton. Ils y sont mélangés à du

22 Cnudde C., J.-P. Majot et J.-J. Harotin, Pierres et marbres de Wallonie, Archives d’Architecture Moderne, 1987.

sable et du ciment, qui proviennent également d'entreprises appartenant aujour-d'hui à Holcim.

<combustibles de substitution>

Le conglomérat exerce donc un contrôle sur une grande partie du réseau d'ac-teurs et de matières premières utilisées dans la production du béton. Ce monopole sur l'ensemble de la chaîne lui permet d'éviter les phénomènes de concurrence entre les diverses étapes. C'est également dans un objectif d'indépendance vis-à-vis des ressources extérieures que l'industrie du ciment a lié son destin à une série de produits plutôt inattendus.

Pour fabriquer du ciment, il faut en effet cuire à de très hautes températures de l'argile et du calcaire. Portées à une température de ~2 000°C, ces substances se combinent pour former du clinker qui, une fois broyé, deviendra de la poudre de ci-ment. Pour atteindre de telles températures, les cimentiers sont dépendants de sources de combustibles hautement calorifiques. Depuis la seconde crise pétro-lière, l'augmentation constante du prix des énergies fossiles les a poussé à se tour-ner vers des combustibles de substitution. L'une des solutions couramment adop-tée aujourd'hui consiste à brûler des déchets tels que des solvants souillés, des huiles usagées, des résidus de peinture, des hydrocarbures, des boues d'épura-tion, des déchets agricoles, des pneus de voiture ou encore des farines animales. Une entreprise du groupe cimentier se charge de collecter tous ces éléments et de les préparer afin de leur conférer un aspect physique homogène et de les rendre aptes à être introduits dans les fours à ciment. La capacité à faire « disparaître » ces éléments a conféré aux fours à ciment une aura d'oubliette ultime : c'est là qu'ont par exemple été envoyés les poulets contaminés par des farines contenant

Illustration II: vue des cuves de préparation des combustibles de substitution pour les fours à ciment. Source: Rotor asbl.

de la dioxine. C'est aussi dans les fours à ciment que les autorités font disparaître les objets récoltés lors d'une saisie, comme des faux billets24.

Certaines molécules contenues dans tous ces éléments se libèrent lors de la combustion et se mêlent au ciment pour lui conférer des caractéristiques qui étaient auparavant obtenues par l'ajout de matières premières supplémentaires. Cette ca-ractéristique est appelée co-processing ; un terme largement porté par l'industrie ci-mentière. Elle l'utilise pour décrire un mode de gestion des déchets présenté comme plus intéressant que l'incinération. En effet, l'incinération se contente de ré-cupérer les calories contenues dans des déchets. Le co-processing, par contre, va-lorise également certaines molécules présentes dans les déchets. Il ne s'agit plus d'une valorisation indistincte des propriétés calorifiques de la matière mais bien d'un procédé qui profite de l'incinération pour récupérer non seulement des calories mais aussi certaines molécules se libérant lors de la combustion. Celles-ci consti-tuent des ingrédients de base dans la production du clinker. En ce sens, le co-pro-cessing se profile comme une pratique plus proche du recyclage dans le sens où elle vise à ramener les déchets à leur état de matière première et à réutiliser celle-ci dans de nouveaux processus de production. Le fait de faire reconnaître les vertus du co-processing par les autorités compétentes permet à l'industrie cimentière de toucher certains subsides liés à la réduction des déchets. Cela lui permet égale-ment de se profiler égaleégale-ment comme un acteur concurrentiel dans le secteur du traitement des déchets.

Si certaines molécules contenues dans ces préparations de déchets dangereux sont effectivement utiles à la production du clinker, d'autres s'avèrent potentielle-ment plus problématiques. Les sites de préparation des combustibles de substitu-tion veillent à garder la quantité de ces substances dangereuses sous des seuils fixés par la réglementation. De longues préparations sont nécessaires pour produire des mélanges stables et dont la combustion ne libère pas trop de gaz probléma-tiques. Toutefois, même si ces seuils sont scrupuleusement respectés, cette orga-nisation reste basée sur un modèle de dispersion, dans lequel les substances dan-gereuses sont diluées dans des substances moins dandan-gereuses. Chaque mètre cube de béton qui est coulé quelque part contient donc une petite fraction de ces substances potentiellement dangereuses, de sorte que les concentrations sont ré-parties sur l'ensemble du territoire25. Aussi longtemps que ces molécules restent

24 Billiet L. et Ghyoot M. (Rotor), « Le ciment », A+, avril 2012, vol. 235, pp. 86-87. 25 L'autre grand principe de traitement des déchets nocifs consiste au contraire à

rassembler les résidus ultimes et à les stocker dans des endroits bien connus, comme des anciens puits de mines : c'est la méthode du confinement. C'est sur ce principe que sont notamment censés être traités les déchets radio-actifs. À ce propos, cf. Garcier R., « One cycle to bind them all? Geographies of nuclearity in the uranium fuel cycle », Alexander C. et Reno J. (dir.), Economies of recycling. The global transformation of materials, values and social relations. Londres, New-York, Zed Books, 2012, pp.

76-stables et prises dans leur gangue de béton, elles ne posent en théorie pas de pro-blèmes. Mais certains scientifiques s'inquiètent des risques de lixiviation ou des risques de libération de ces molécules lors de nouveaux travaux de démolitions.

Peupler—Tracer

Un matériau aussi essentiel pour l'industrie de la construction que le ciment voit ainsi son destin lié à celui des moutons paissant sur les berges de la Meuse ou à celui de l'hélianthème des Appenins, tout deux signes d'une haute bio-diversité, mais se trouve aussi étrangement lié à la trajectoire des déchets les plus rebutants, souvent labellisés comme nocifs. Ce petit exemple donne un aperçu de la façon dont un élément a priori assez banal et courant, comme le ciment, implique en fait une multiplicité d'acteurs très différents et parfois franchement contradictoires (le petit récit produit ci-dessus accentue évidemment à dessein ce caractère presque manichéen). Si l'on veut rendre compte de ce que représente l'action de « mettre en œuvre du béton », il semble bien qu'on ne puisse pas se contenter de parler des acteurs humains et institu-tionnels tels que les multinationales à la tête des entreprises assurant toutes les étapes de la tra-jectoire de production du matériau, mais qu'il faille aussi prendre en compte, d'une façon ou d'une autre, des acteurs à première vue plus modestes (tels ces paisibles moutons broutant le long de la Meuse ou ces huiles usagées préparées en vue d'alimenter les fours à ciment).

<écologie>

Faire apparaître tous ces éléments étroitement liés au destin du béton est une première étape dans le sens d'une approche se revendiquant de l'écologie politique. Le terme « écologie » ne se réduit pas ici à une signification uniquement tournée vers la protection de la nature – au sens où, par exemple, les programmes Life ou Nature 2000 évoqués ci-dessus peuvent être considérés comme des programmes environnementaux. L'écologie politique dont il est question ici se défi-nit à un niveau plus général comme une volonté de « prendre en charge, de façon encore plus complète, encore plus mêlée, une diversité […] d'entités et de destins26 ». Cette démarche, Bru-no Latour, l'un des porteurs de ce projet, l'associe à un processus d'« écologisation » (tout en précisant qu'un meilleur terme serait à trouver). Pour lui, « écologiser veut dire créer les procé-dures permettant de suivre un faisceau de quasi-objets dont les liens de subordination demeurent incertains et qui obligent donc à une activité politique nouvelle adaptée à leur suivi27 ».

Quoiqu'elle ne s'y réduise pas, cette proposition n'est pas sans lien avec l'environnementa-lisme ; un éclaircissement de la dernière citation va permettre de le montrer. Le terme « quasi-objet » que Latour utilise ci-dessus renvoie à l'une de ses propositions selon laquelle la distinc-tion moderne entre nature et culture doit être revue. Selon lui, cette concepdistinc-tion moderniste s'avère en effet incapable de prendre en compte de nouveaux phénomènes hybrides, inclassables

97.

26 Latour B., « Moderniser ou écologiser ? À la recherche de la 7è cité », op. cit., p. 17. 27 Ibid., p. 27.

dans cette grille de lecture trop binaire. Incidemment, c'est l'écologie (comme activité scienti-fique autant que comme mouvement militant) qui a attiré l'attention sur bon nombre de ces hy-brides et, par extension, sur les limites de l'épistémologie moderne28. Si l'on ne dispose que de deux catégories exclusives (la nature et la culture), où classer un phénomène tel le trou dans la couche d'ozone, qui relève à la fois de la nature et des activités humaines ? Comment qualifier tous les processus caractéristiques de ce que certains géologues ont appelé l'anthropocène – une ère géologique qui verrait l'activité humaine affecter durablement les structures géologiques, cli-matiques et géographiques de la planète Terre ? Comment comprendre un matériau tel que le ciment, qui touche à la fois à des question de gestion des ressources naturelles et à des aspects plus « culturels » comme l'industrie auquel il donne lieu, les usages qu'il permet, etc. Pour Bru-no Latour, il s'agit de sortir de ce type d'impasse et, pour cela, il est nécessaire de forger de

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