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II. Cadre théorique de la recherche

II.2 Approche psychologique et psychopathologique de la personnalité des auteurs

II.2.2 Les caractéristiques spécifiques des sujets structurés sur le mode de la perversion

II.2.2.1 Imagos parentales

II.2.2.1.1. La mère chez les sujets structurés sur le mode de la perversion

Comme nous l’avons rappelé plus haut, pour Dor (1987), la mère du futur pervers est

« authentiquement » séductrice. Cet auteur explique en effet que :

« Il faut comprendre que cette séduction est authentiquement entretenue dans la réalité par la mère et ne résulte pas seulement des débordements fantasmatiques de l’enfant. La plupart du temps, on identifie cliniquement un véritable appel libidinal de la mère aux sollicitations érotiques de son enfant. En retour, l’enfant ne peut accueillir les réponses de la mère que comme autant de témoignages de reconnaissance et d’encouragement aux activités érotiques qu’il nourrit à son endroit. »

De même que Dor (1987), Szwec (1993) affirme que, ce qui caractérise le discours des

« mères du pédophile » - structuré sur le mode pervers pouvons-nous ajouter - est « le refus de renoncer à l’objet incestueux, le déni de la place du père dans le couple, tout comme le déni de sa fonction paternelle dans l’encadrement de l’enfant et dans sa fonction pare-excitante du cadre familial. Le message maternel dénie ainsi pour le père toute possibilité de représenter une menace de castration, tout comme son rôle dans l’établissement de la loi. »

Enfin, selon Dor (1987), il existe une « double fantasmatisation de la mère » chez le pervers : elle est tantôt « non manquante », tantôt « castrée ». C’est l’expression du déni et du clivage.

« D’un côté, la femme peut incarner la mère phallique complètement idéalisée » donc « toute-puissante » et « vierge de tout désir. […] D’un autre côté, la femme peut tout aussi bien

métaphoriser la mère repoussante et abjecte ; mère sexuée d’autant plus répugnante, qu’elle est à ce titre, désirante et désirable au regard du père ». (Dor, 1987).

Enfin, Chasseguet-Smirgel (1990) décrit la mère du pervers de façon similaire à Viaux (1999) concernant les auteurs d’agressions sexuelles en général.

II.2.2.1.2. Le père chez les sujets structurés sur le mode de la perversion

Chagnon (2000) explique que « […] souvent le père est dénigré par la mère […], présenté comme non fiable, abandonnant, objet de mépris : en aucun cas la mère ne véhiculera en son nom de message de castration protecteur car au service de la prohibition de l’inceste et des instincts de conservation. » […] Il s’agit d’une identification dans la « communauté du déni » décrite par Fain (198117) […]. Qui dit déni du père étayant ou déni du désir du père, dit déni d’une portion de réalité, réalité qui forclose au dedans ne peut plus servir au système représentatif et fantasmatique, mais fait retour du dehors sous la forme d’une menace excitante non représentable. […] »

Ainsi, Szwec (1993) ajoute, concernant le père, qu’« Il ne lui reste plus qu’un « rôle érotique » qui entre en opposition avec le concept de paternité. C’est la figure du père tyran de la horde, qui ne respecte aucun tabou, aucune frustration et aucune réalité, qui est ici évoquée. »

« L’identification à un tel père, dit Szwec (1993), suppose une sorte d’inversion des valeurs.

Le père de la horde, père pédophile, devient l’idéal du père. Un idéal d’homme qui a dû être désiré ainsi, pédophile par la mère, et aussi tenu à l’écart par elle à travers une accusation portée contre lui. Le raisonnement qui conduit à l’affirmation d’un père pédophile et sadique comme modèle de père s’appuie sur le message délivré par la mère à son sujet. Un message qui dénie au père la possession d’un pénis pouvant satisfaire la mère et qui dénie la complémentarité des sexes de la mère et du père. Un message qui affirme que l’objet phallique désiré par la mère est l’enfant, et que lui seul peut la combler. »

Cependant, Faoro-Kreit (1998) précise que « dans la réalité, même si cela peut se rencontrer, le père du pédophile est plutôt absent ou mort, et en tout cas –et ceci est de la plus haute importance car fréquemment constaté- il est très dévalorisé dans le discours de la mère. » II.2.2.2 Position dépressive et fragilité narcissique chez les individus structurés sur le mode de la perversion

Bergeret (1996b) affirme que « parmi tout le groupe des aménagements limites, c’est le pervers qui se défend contre l’angoisse dépressive la plus dramatique ; c’est lui qui se

17 Fain, M. (1981). Diachronie, structure, conflit oedipien. Revue française de psychanalyse, 4, 986-997.

rapproche le plus près du morcellement psychotique sans pouvoir toutefois bénéficier du repos restructurant qu’apporte paradoxalement un véritable délire. ».

Il s’appuie sur Pasche (196218) qui « a montré que le pervers ne pouvait jamais se montrer complet ; malgré son déni spécifique, il se réfère sans cesse au phallus maternel. Son angoisse profonde demeure fixée à l'incomplétude narcissique devant les gens-sans-phallus […] ».

Bergeret (1996b) introduit un élément explicatif différent de ceux invoqués par Dor (1987) concernant « la mère du pervers » : « ce dont [elle] se croit privée, ce n'est pas tellement d'un pénis, mais d'un phallus. Elle s'estime carencée narcissiquement et son angoisse est existentielle, non sexuelle. C'est une confusion entre le sexe et le narcissisme qu'elle transmet à son enfant (garçon ou fille). […] Du même coup, chez la mère du pervers, comme chez le pervers lui-même, le narcissisme primaire se trouve ainsi mal intégré et figé au niveau de l'attrait pour un objet partiel plein de mystères, dans une évolution affective restée indécise entre un auto érotisme qui n'a pas été encore complètement dépassé et un stade objectal à peine halluciné et qui ne s'est jamais trouvé réellement atteint. ».

En ce qui concerne le deuxième courant théorique de la perversion, auquel nous avons fait allusion plus haut, les hypothèses concernent « les avatars des processus de séparation et d’individuation ».

Selon Faoro-Kreit (1998), « On peut poser […] que la pédophilie est une organisation perverse où la nécessité du passage à l’acte permet de maîtriser un sentiment d’anéantissement, une angoisse primordiale ; celle-ci relève d’un traumatisme précoce soit par excès d’excitation, soit par défaut de persistance et de continuité dans le « holding » maternel nécessaire. ». Bauduin et Bouchet-Kervella (2003) rappellent ainsi qu’ « André Green avance l’idée que la privation maternelle réelle puisse, tout autant que la séduction excessive, créer une « aspiration ardente à retrouver ce dont on a manqué très tôt : ce qui n’a pas eu lieu peut engendrer des effets qui ressemblent à s’y méprendre à ce qui a eu lieu » ».

En effet, « Ce défaut précoce dans la constitution d’une continuité du Soi aboutit à ce que la séparation tout comme la différenciation d’avec la mère soit vécue comme catastrophique.

L’enfant est pris alors dans le paradoxe suivant : soit il reste attaché à la mère et donc il n’existe pas, soit il s’en sépare mais subit des angoisses catastrophiques –angoisses d’annihilation dira Anzieu, expression plus juste qu’angoisse de mort puisque ici l’identité du sujet n’est pas encore advenue » (Faoro-Kreit, 1998).

18 PASCHE, F. (1962). Régression, perversion et névrose. Revue Française de Psychanalyse, XXVI, 161-178.

De même, pour Balier (1996), à l’origine de « l’organisation psychique de l’élément pervers », il existerait « une angoisse d’anéantissement, de mort imminente, acquise très tôt lors de perturbations des premiers mois de la vie, réactivées souvent plus tard par un ou des traumatismes en général de nature sexuelle. »

« Dans cette impasse, les relations sexuelles, dit Mac Dougall (1996), risquent plus tard d’avoir le rôle dramatique et inéluctable d’empêcher la désagrégation de l’image narcissique.

L’acte sexuel sert alors non seulement à éliminer toute charge affective et à réparer l’image narcissique endommagée de l’identité sexuée, mais aussi à détourner l’intensité de la rage infantile pour protéger l’image de soi ou des objets internes de la destruction ».

Stoller (1978) parle, quant à lui, « d’une symbiose centrée sur la sexualité de l’enfant qui entraîne un développement difficile de l’identité masculine. L’acte pervers est un acte d’agressivité vis-à-vis de la mère –pour éviter une régression fusionnelle et ainsi éviter la perte de l’identité sexuelle. C’est une façon de maîtriser son identité. ».

Enfin, en ce qui concerne le lien entre fétichisme et perversion, Gourlaouen-Couton (2002, p.34), citant Tomassini (199219) et Balier (1988), s’interroge sur le fait que, « pour certains, le fétiche se substituerait à l’absence de la mère totale et non pas à son absence de pénis » : pour ce chercheur, une telle conception du fétiche pose, en particulier, la question de la différence qui existerait alors entre fétiche et objet transitionnel.

II.2.2.3 Évolution libidinale et problématique oedipienne

II.2.2.3.1. Scène primitive et scénario pervers chez les sujets structurés sur un mode pervers Gourlaouen-Couton (2002) rappelle que « L’idée communément admise, reprise par Balier (1996), est que l’acte pervers reproduit la scène primitive : « il s’agit en fait, écrit cet auteur, de tenter de maîtriser des fantasmes hautement excitants ».

Neau (2001, p.38) déclare, en se référant à Balier (1996), que « les pervers élaborent en les mettant en scène les fantasmes liés aux relations entre les imagos parentales, tandis que les agresseurs sexuels pénètrent beaucoup plus directement et crûment dans la scène primitive elle-même. »

Faoro-Kreit (1998) explique que, selon Ruth Mack Brunswick (citée dans Laplanche et Pontalis) « La compréhension que l’enfant a du coït parental et l’intérêt qu’il lui porte trouvent un appui dans ses propres expériences corporelles préœdipiennes avec sa mère et dans les désirs qui en résultent. ».

19 TOMASSINI, M. (1992). Désidentification primaire, angoisse de séparation et formation de la structure perverse. Revue française de psychanalyse, 5, 1541-1614.

Chagnon (2000) affirme, quant à lui, que « la saisie, l’emprise sur un enfant correspond à des aménagements pervers (Bergeret, 1974/ 1996b) qui, à l’instar de ce qui a été décrit dans les authentiques perversions sexuelles (Chasseguet, 1984 ; Mc Dougall, 1978), constituent une recréation de la scène primitive, le sujet délinquant sexuel occupant grâce à son objet pédophilique et fétichique toutes les places de la scène primitive, déniant la « castration » (ou mieux la menace de castration), la sienne et celle de sa mère […] ».

Il « insist[e] sur le risque de perte d’identité qu’une telle opération fait encourir. […] » ainsi que « sur les nécessités d’appel désespéré au père qu’une telle scène pédophilique comporte en rapport avec le conflit non dialectisable dans lequel est pris le sujet : le déni de la différence des sexes et des générations est une manière de dénier les prérogatives paternelles en maintenant l’illusion que l’enfant est apte avec son petit pénis à combler sa mère, donc de dénier la scène primitive ; mais cette position expose à la terreur de la perte d’identité, d’où l’appel au père contre la mère toute-puissante et à la restauration phallique compris dans l’acte.[…]».

Enfin, Bouchet-Kervella (1992) introduit, quant à elle, la dimension des scénarii pervers à ce niveau-là. Elle met en évidence que, dans le cas des individus structurés sur le mode de la perversion, « La confrontation au partenaire sexuel de la mère dans la scène primitive bouleverse le sujet, et a l’effet d’une déferlante pulsionnelle dominée par la désintrication, atteignant le seuil traumatique, dépassant les capacités de liaison, et aboutissant à une désorganisation de l’appareil psychique, et un vacillement de l’autoreprésentation. Répéter des scénarios sur-érotisant le non-génital aurait pour but la maîtrise du traumatisme lié à l’altérité maternelle sexuée ».

II.2.2.3.2. Problématique oedipienne chez les individus structurés sur le mode de la perversion

Les pulsions partielles et le plaisir d’organe prédominent chez les individus structurés sur le mode de la perversion et renvoient à la notion d’enfant « pervers polymorphe » de Freud.

II.2.2.3.2.1 Instances surmoïques

Pour Bergeret (1996b), « le surmoi du pervers n'a pu être formé dans le sens post-œdipien du terme. […] on sait déjà que dans toute organisation limite le surmoi demeure bien incomplet, faute de vécu oedipien suffisant sur le plan organisateur ; à plus forte raison dans un aménagement si proche de la lignée psychotique».

Husain (In : Tychey (de), 2007) parle, plus radicalement, d’« absence d’instance surmoïque » chez ces sujets qui se traduit, selon elle, en particulier, sous la forme d’une « érotisation de la

transgression ». Cette caractéristique est citée aussi par Chabert (ibidem) qui y associe, en outre, l’absence de culpabilité.

II.2.2.3.2.3. Identifications secondaires chez les individus structurés sur le mode de la perversion

II.2.2.3.2.3.1. Identification sexuelle

Dor (1987) et Chagnon (2000) affirment que « L’identification des individus structurés sur le mode de la perversion est féminine en tant qu’elle représente la mère phallique agressive ou incestueuse. ».

Comme le rappellent Dollander et de Tychey (2002), citant Fénichel (1953), cette identification féminine est retrouvée dans « l’homosexualité mâle » en tant que « perversion particulière » (au même titre que le fétichisme, l’exhibitionnisme…).

II.2.2.3.2.3.2. Différence des sexes et déni de la différence des sexes

En ce qui concerne la différence des sexes, elle est déniée de façon durable par le sujet pervers afin de ne pas « se déprendre […] de son identification phallique imaginaire et ainsi renoncer à son statut de seul et unique objet du désir de la mère » comme le précise Dor (1987).

Bauduin et Bouchet-Kervella (2003) rappellent que, pour Aulagnier, Mc Dougall et Chasseguet-Smirgel, « le désaveu concerne, non pas la réalité de la différence des sexes, mais la fonction symbolique de cette différence comme signifiante du désir et de la complémentarité des deux sexes dans les relations sexuelles des parents ».

Il est ainsi plus pertinent de parler, pour ces sujets, d’« homoérotisme », au sens de Bergeret (1996b, 1999) que de sexualité : « sexualité vient du latin secare (couper en deux) et implique la nécessité de la dualité sexuelle : deux sexes de valeur narcissique égale, différents et complémentaires. » (Bergeret, 1996b).

II.2.2.4. Mécanismes de défense

Bergeret (1996b) affirme à propos des mécanismes de défense des sujets pervers : « On se retrouve […] devant deux séries parallèles de défense : l'une porte sur l'intérieur du sujet (refoulements et mécanismes annexes), l'autre concerne ce qui lui est laissé à l'extérieur (déni et forclusion). »

II.2.2.4.1 Déni de la castration féminine et clivage

Chabert (In : Tychey (de), 2007) rappelle que le déni de la castration féminine (un « déni de la réalité » « focalisé à un seul genre de représentation […] que l’on dit être l’absence de pénis chez la femme » selon Bergeret, 1996b) et le clivage seraient deux mécanismes de défense

« typiques » des organisations perverses. Dor (1987) précise qu’il s’agit là d’un clivage du moi.

Cependant, le clivage n’est pas spécifique à la perversion puisqu’il se retrouve chez tous les sujets états-limites (clivage du moi) et chez les sujets psychotiques (clivage de l’objet).

II.2.2.4.2. Répression

Husain (In : Tychey (de), 2007) cite la répression comme caractérisant la perversion.

Neau (2001, p.50 en donne la définition suivante : « la répression, à la différence du refoulement, est ce mécanisme inconscient ou préconscient de rétention, de censure des représentations, des fantasmes, des affects, à l'intérieur d'un même système intrapsychique, et se traduit dans la relation avec le clinicien par une érotisation de la relation, un jeu avec le non-dit, une manipulation du secret qui vise, en laissant voir que tout n'a pas été dit, à susciter l'énigme, à fasciner l'autre. ».

Husain (In : Tychey (de), 2007) ajoute qu’il « très peu élaboré » et qu’il « est parfois facilement levé » : « parfois le fantasme pervers « sort tout seul » après une légère hésitation, parfois il émerge à la suite des questions de l’examinateur ».

II.2.2.5. Symbolisation des pulsions

Roman (2007) et Rebourg-Roesler (2002, 2005) mettent en évidence la tendance des sujets ayant un fonctionnement pervers à l’utilisation de termes très crus en rapport avec la sexualité (Roman, 2007, parle de « réponses sexuelles crues » et de « scènes sexuelles ») mais aussi avec l’agressivité (Husain, In : Tychey (de), 2007).

Ceci peut être mis en relation avec les défaillances globales de la mentalisation, relevées chez tous les auteurs d’agressions sexuelles, mais également avec l’absence de censure du Surmoi (Husain, In : Tychey (de), 2007) et les spécificités de l’investissement de la relation d’objet comme nous allons maintenant le développer.

II.2.2.6. Le choix d’objet et la relation d’objet chez les individus structurés sur le mode de la perversion

II.2.2.6.1. Le choix de la victime : question du choix d’objet pédophilique

Bouchet-Kervella (1996a et b) propose « quelques hypothèses à propos du choix de l’enfant comme objet-fétiche ».

Elle se demande en effet « pourquoi les pervers pédophiles s’adressent […] à des enfants alors que les autres formes de perversion plus courantes se satisfont de partenaires adultes, pour

mettre en scène la relation spéculaire idéale mère-enfant» et propose les éléments de réponse suivants :

« Tout se passe chez eux comme si s’étaient conjugués, dans des proportions variables selon chaque cas, deux niveaux traumatiques (Bouchet-Kervella, 1996a) :

-d’une part, une carence de la « pédophilie » parentale primaire (Paul Denis, 1993), nécessaire à la fois à l’instauration de l’assise identitaire et à l’organisation des processus d’intrication pulsionnelle ;

-d’autre part des expériences de rejet brutal par le couple parental, souvent concrétisées par des séparations soudaines subies sans préparation, et ressenties comme vœu parental d’expulsion radicale demeurant inélaborable car dépassant en qualité et en intensité le vécu, finalement organisateur quoique toujours douloureux, d’une exclusion provisoire et convenablement modulée de la scène primitive.

La combinaison de ces deux éléments pourrait renvoyer à une confrontation excessive, à la fois trop précoce et trop massive, à la situation psychique considérée par C. et S. Botella20 comme la plus fondamentalement traumatique : « la disparition de la représentation de soi dans le regard de l’autre ». Dans cette perspective, on peut se demander si la désignation de l’enfant comme partenaire érotique d’élection pour un adulte ne serait pas avant tout destinée à dénier et remplacer l’insupportable représentation inverse : celle de l’enfant non désiré et indésirable, voire gêneur à éliminer. Le déni porterait ici sur un manque spécifique concernant, bien au-delà de l’absence de pénis sur le corps de la mère, les investissements narcissiques et érotiques par trop défaillants d’un ou des deux parents. »

Nous constatons donc là que Bouchet-Kervella se situe toujours dans la deuxième approche de la théorie de la perversion.

Gourlaouen-Couton (2002, p.137-138) parle quant à elle de « choix d’objet narcissique » chez le pervers en s’appuyant sur Balier (1996) et Freud (191421) : « l’individu s’identifie à sa mère à défaut de la prendre comme objet ».

II.2.2.6.2 Relation d’objet

II.2.2.6.2.1 Statut de la victime

Bouchet-Kervella (1996 a et b) affirme que « le diagnostic de perversion est retenu quand

« l’acte déviant s’inscri[t] dans cette organisation topique, économique et dynamique très particulière où la sexualité est utilisée, au-delà de la satisfaction érotique, à des fins narcissiques diverses concrétisées par la recherche d’une relation spéculaire idéalisée avec la

20 Botella, C. et S. (1995). Du perceptif aux causalités psychiques. Revue française de psychanalyse, 2.

21 Freud, S. (1914). Pour introduire le narcissisme. In : La Vie Sexuelle. Paris : PUF, 1989.

mère ». Elle ajoute que « Les perversions sexuelles peuvent être définies par la tendance compulsive à recourir, en guise de solution aux conflits intra ou intersubjectifs, à une jouissance orgastique, ritualisée selon un scénario immuable et répétitif, dont la mise en acte est fondée sur un mode relationnel prégénital idéalisé. »

Chagnon (2005) précise que « le déni de la différence des sexes et des générations permet de maîtriser le sentiment insupportable d'exclusion de la scène primitive (la mère unie avec le père) en la recréant sur un mode d'agir narcissique : le traumatisme majeur lié à la reconnaissance de l'altérité sexuée de la mère, sa féminité maternelle est ainsi contournée. Le commerce sexuel avec l'enfant confond érotisme et tendresse : les échanges plus maternalisés que génitaux visent à incarner une représentation de complétude entre mère et enfant auxquels le sujet ne veut/ peut pas renoncer, peut-être parce que perdu trop tôt. »

Cette position rejoint celle de Bouchet-Kervella (1996 a et b).

De même, C. Balier (cité par Martorell, Coutanceau, 1998b) « se positionne vis-à-vis des pédophiles « latéralisés », fixés dans leur investissement libidinal, n’investissant de façon prévalente qu’un choix d’objet pédophilique. » : « en fait, la pédophilie sans violences corporelles et sans contraintes (ou dite telle) s’appuie sur la force de la séduction narcissique terriblement destructrice. L’enfant « aimé » est soi-même, on le sait. Soi-même idéalisé dans le regard de la mère, reste de Soi […].Le pédophile s’intéresse à l’enfant en fonction de ses caractères féminins : les jolies bouches, les lèvres ourlées, la peau douce…Il retrouve sensuellement l’unité (mère-enfant) qu’il se refuse à perdre. Il en fait passer le message par sa victime. Nous retrouvons là le phénomène de « captation spéculaire ». C’est dire toute la puissance de la séduction qui aliène l’autre dans le narcissisme de l’agresseur […]. Cette

De même, C. Balier (cité par Martorell, Coutanceau, 1998b) « se positionne vis-à-vis des pédophiles « latéralisés », fixés dans leur investissement libidinal, n’investissant de façon prévalente qu’un choix d’objet pédophilique. » : « en fait, la pédophilie sans violences corporelles et sans contraintes (ou dite telle) s’appuie sur la force de la séduction narcissique terriblement destructrice. L’enfant « aimé » est soi-même, on le sait. Soi-même idéalisé dans le regard de la mère, reste de Soi […].Le pédophile s’intéresse à l’enfant en fonction de ses caractères féminins : les jolies bouches, les lèvres ourlées, la peau douce…Il retrouve sensuellement l’unité (mère-enfant) qu’il se refuse à perdre. Il en fait passer le message par sa victime. Nous retrouvons là le phénomène de « captation spéculaire ». C’est dire toute la puissance de la séduction qui aliène l’autre dans le narcissisme de l’agresseur […]. Cette

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