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B ILAN DES FACTEURS POUVANT AVOIR UNE INCIDENCE SUR LES HABITATS ET LES ESPECES

Dans le document 2007 - 2013 (Page 109-115)

Les points détaillés ci-dessous développent les facteurs existants ou potentiels pouvant avoir une influence sur l’état de conservation des habitats et leur gestion. Les tableaux suivants synthétisent ces facteurs.

Dynamique naturelle

La dynamique naturelle de la végétation peut engendrer la disparition ou l’appauvrissement d’un habitat à forte valeur patrimoniale et dont la conservation apparaît essentielle.

Cela peut être le cas des milieux humides et ouverts en général (landes, mares, tourbières…) qui sont en forte régression depuis plusieurs dizaines d’années à l’échelle nationale et qui subissent l’envahissement progressif et inéluctable des essences ligneuses tels que l’Aulne, le Bouleau… et ce, par manque d'entretien.

Ainsi, au fur et à mesure de la production et de l'accumulation de tourbe, la surface d'une tourbière s'élève progressivement. Ce processus se poursuit jusqu'à ce que la surface de la tourbière et sa végétation finissent par ne plus être en contact avec la nappe superficielle et s'affranchissent de son alimentation. Si les apports en eau ne sont pas suffisants, la tourbière se minéralisera et deviendra inactive, puis évoluera vers des stades de préforestation. Ces processus naturels d'évolution des milieux sont extrêmement lents. Ils s'opèrent à l'échelle de plusieurs siècles ou millénaires mais peuvent être considérablement accélérés par les actions anthropiques (Dupieux, 1998). Les tourbières situées en milieu boisé et dans les landes, comme cela est le cas sur la Corniche de Pail, ne sont généralement soumises à aucune activité agricole de type fauche ou pâturage. Leur évolution naturelle qui aboutit au boisement et à la disparition de leur richesse floristique constitue donc leur principale menace et est accélérée du fait des milieux environnants (arbres semenciers à proximité). Dans ce cas, les préconisations de gestion consisteront à la mise en place d'actions visant à limiter l'évolution du boisement (Thouin, 1990).

Les landes présentes sur le territoire du Parc Normandie Maine sont secondaires. Ce sont les exploitations forestières (alimentation des forges) et l'utilisation agricole de ces milieux, du 16ème au 19ème siècle, qui ont appauvri les sols déjà maigres (Thouin, 1990). Il s'agit donc essentiellement de landes régressives. La plupart, en l'absence d'entretien, subissent une dynamique progressive de colonisation par les ligneux. Elles évoluent alors lentement vers des fourrés préforestiers de bourdaines, saules, bouleaux dans les systèmes perturbés et peuvent se voir coloniser par les pins si des portes graines se trouvent à proximité. La fauche régulière, le pâturage, ainsi que les feux courants naturels ou provoqués, peuvent bloquer cette évolution progressive et maintenir l'habitat dans un état de conservation favorable (cahiers d'habitats, 2001). Cependant, les feux favorisent certaines espèces '"envahissantes" telles la Fougère aigle ou la Molinie. C'est particulièrement vrai pour les landes de la Corniche de Pail désormais colonisées le plus souvent par les fougères.

Enfin, les prairies humides à l’abandon, telles que les prairies paratourbeuses, peuvent évoluer en mégaphorbiaies ou friches humides puis en boisements.

Un autre problème de taille, qui se confirme à l’échelle nationale est le développement invasif de certaines essences exotiques (Budleïa, Renouée du Japon, Myriophylle du Brésil, Jussie…) le long des bords de cours d’eau et des étangs. Ce phénomène tend à appauvrir le cortège floristique des forêts riveraines, des berges et à en modifier la structure. Sur le site, le Myriophylle du Brésil a été recensé dans un étang.

Traitement sylvicole

L'exploitation sylvicole est une des composantes du site.

A l’échelle de la forêt de Multonne, les traitements en futaie régulière et en taillis codominent. Mais ils peuvent présenter plusieurs inconvénients pour le maintien de la biodiversité :

Enrésinement Les plantations homogènes de résineux peuvent induire des modifications édaphiques. Il convient par exemple d’observer l’absence de flore et l’épaisseur de la litière acidifiante d’aiguilles sous les jeunes plantations pour prendre conscience des possibles modifications sur le long terme.

Monospécifique, ce type de peuplement appauvrit nettement la biodiversité qui se limite à quelques espèces floristiques.

Broyage du Houx Lors de la régénération naturelle des peuplements de Hêtraie Chênaie à Houx, le broyage systématique du Houx (afin de favoriser la régénération et le développement des plans) peut porter atteinte au sylvofasciès typique de cet habitat.

Coupe rase Elle induit à un instant "t" une modification brutale de l’écosystème forestier qui peut avoir temporairement des effets négatifs : remontée de nappe, développement d’espèces héliophiles invasives (Molinie, ronces, fougères…) au détriment du cortège floristique caractéristique. Ces effets s'atténuent cependant avec le temps et la végétation originelle reprend vite place.

Age d’exploitabilité La phase de sénescence (vieux arbres) d’un peuplement, sylvofasciès essentiel pour la faune saproxylophage, est sous représentée puisque l’âge d’exploitabilité des bois est nettement inférieur à la longévité naturelle et ne permet pas d’obtenir de vieux individus.

Espèces exogènes L’introduction d’espèces non indigènes à la région peut porter atteinte au fonctionnement de l’écosystème (prolifération, concurrence avec les espèces autochtones…).

Exploitation forestière

La forêt de Multonne, en elle-même, possède un bon réseau de desserte qui permet d’organiser au mieux la récolte des bois. Cependant, les opérations d'exploitation forestière peuvent, si elles ne sont pas menées correctement, occasionner des perturbations :

- Le passage d’engins motorisés au travers de ruisseaux dégrade les habitats de cours d’eau et modifie brutalement la composition de l’eau. Cette pratique est réglementée par la législation sur l'eau.

- Certains habitats comme les zones humides (landes, tourbières) sont très sensibles au tassement du sol. Le passage d'engins sur ces milieux détériore le sol donc l'habitat.

- La création de pistes forestières sur ou à proximité de milieux sensibles (tourbières, cours d’eau) peut perturber le ruissellement des eaux et donc l'alimentation hydrique de ces habitats.

Fréquentation touristique & activité de loisirs

La fréquentation du public est une des composantes du site. Elle est indispensable, cependant, si elle devient trop importante, elle peut avoir un impact direct sur l’état de conservation des habitats, en particulier sur les habitats fragiles que sont les tourbières et les landes humides. En effet, le passage répété de personnes sur des milieux sensibles peut entraîner une disparition de la végétation au sol. De même, la pratique répétée de VTT ou de cheval hors des sentiers ou des pistes forestières peut dégrader certains milieux très sensibles : lande humide ou sèche, berge et lit d'un cours d'eau… Ce phénomène reste très anecdotique sur le site Natura 2000.

La gestion agricole

Les pratiques agricoles sont déterminantes pour la conservation des prairies du site.

La gestion extensive des prairies par fauche ou pâturage permet le maintien des habitats prairiaux d’intérêt communautaire.

Il apparaît cependant qu’un certain nombre de menaces ou de dégradations peuvent, à plus ou moins long terme, mettre en péril l’équilibre écologique indispensable au maintien des groupements végétaux caractéristiques des habitats d'intérêt communautaire présents sur le site.

Ces menaces sont toutefois peu présentes sur le site.

On peut ainsi citer :

- Le retournement et la mise en culture des prairies.

- L’abandon des pratiques de fauche ou du pâturage, notamment pour les parcelles les plus humides.

- La transformation en prairies artificielles (labours et semis).

La gestion hydraulique

La modification et la perturbation hydraulique des zones humides (tourbières, landes humides…) peuvent également être des facteurs perturbants pour le maintien des habitats d’intérêt communautaire. En effet, la mise en place de drainage ou de tout barrage à l'écoulement des eaux influent sur ces milieux, par exemple, la création de plans d’eau ou étangs artificiels ou le drainage de zones humides peuvent porter atteinte à certains systèmes tourbeux.

Chasse - Equilibre cynégétique

Une pression cynégétique trop faible peut être négative pour les peuplements forestiers. En effet, la pression de la grande faune herbivore (ongulés) sur les semis et les arbustes représente une véritable menace pour le bon déroulement des opérations sylvicoles, en particulier pour la régénération naturelle. L'équilibre entre populations d'ongulés sauvages et régénération naturelle peut être perturbé si les effectifs d'ongulés (Cerf, Chevreuil, Sanglier) deviennent trop importants.

La chasse permet de réguler ces populations afin d'obtenir un équilibre entre les populations d'ongulés et la production forestière.

De plus, les propriétaires et gestionnaires des terrains entretiennent annuellement des layons pour la chasse. Cette opération est favorable aux milieux et aux espèces puisqu'elle consiste à ouvrir le milieu (par fauche), donc à favoriser la biodiversité. Ainsi cette opération réalisée dans les landes permet le maintien de pelouses acidiphiles patrimoniales.

Tableau 14 : Tableau récapitulatif des facteurs ayant une incidence sur les habitats d'intérêt communautaire

JJ

: incidence très favorable

J

: incidence favorable

L

: incidence défavorable

(vide) : non concerné par l'opération Opérations pouvant avoir

une incidence sur les habitats

Landes mésophiles à sèches à Ajonc nain Landes humides hydromorphes ou tourbeuses à Erica tetralix Végétation pionnière des tourbières à Rossolis à feuilles rondes et Lycopode inondé Tourbières hautes actives* Tourbières boisées* Pelouses acidiphiles subatlantiques à nord atlantique* Prairies paratourbeuses à Molinie Prairies de fauche de basse altitude

Maintien de l'ouverture du

milieu

J J J J J J J J

Déprise (abandon de

l'entretien des parcelles)

L L L L L L L L

Dynamique naturelle Développement envahissant

de la Molinie ou de la

Fougère aigle

L L L L

Entretien du milieu contre l’envahissement des ligneux

(fauche, pâturage extensif)

JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ

Etrépage du milieu

JJ JJ

Pâturage extensif

J J J

Fertilisation

L L

Ensemencement,

amélioration de la prairie

L L L

Gestion agricole

Mise en culture

L L L L L L L L

Passage d’engins sur sols

fragiles

L L L L L

Boisement naturel ou

artificiel

L L L L L L L L

Creusement de plan d’eau

L L L L L L

Création de piste modifiant

l'écoulement des eaux

L L L L

Assèchement du milieu par

drainage

L L L L L

Modification du régime

hydrique (drains, curage…)

L L L L L

Hydraulique et qualité des eaux

Pollutions des eaux

L L L L L

Décharges, dépotoirs

L L L L L L L L

Extraction de tourbe ou de

matériaux

L L L L L

Feux

L L L L L

Entretien des layons de

chasse

J J

Autres

Fréquentation excessive du

public

L L L L

JJ

: incidence très favorable

J

: incidence favorable

L

: incidence défavorable

(vide) : non concerné par l'opération

Opérations pouvant avoir une incidence sur les habitats

Mégaphorbiaies mésotrophes collinéennes Boisements alluviaux résiduels à Aulne glutineux et Frêne commun * Chênaies à Myrtille Chênaie-boulaie à Molinie Eaux stagnantes oligotrophes à végétation vivance

Maintien de l'ouverture du milieu

J J

Laisser faire la dynamique

naturelle

JJ

Dynamique naturelle Développement envahissant de

la Molinie ou de la Fougère aigle

L

Ensemencement, amélioration de

la prairie

L

Gestion agricole Mise en culture

L L

Diversité d’essences dans le

peuplement

J J

Maintien de bouquets de Houx

J

Plantation de résineux

L L L L L

Eviter la répétition

d’enrésinements (Epicéa, Pin

sylvestre)

J

Age d’exploitation retardé

J

Maintien d’arbres morts ou sénescents (éloignés au maximum des chemins ou pistes)

J J J

Privilégier la régénération

naturelle

J J J

Irrégularisation des peuplements

J J J

Passage d’engins sur sols fragiles

L L L L

Limiter la superficie des coupes

rases sur sol engorgé

J J

Sylviculture et gestion forestière

Création de pistes forestières

L L

Creusement de plan d’eau

L L L

Création de piste modifiant

l'écoulement des eaux

L L

Assèchement du milieu par

drainage

L L L

Modification du régime hydrique

(drains, curage…)

L L L

Pollutions des eaux

L L L L

Maintien du caractère amphibie

(niveau bas l'été et haut l'hiver)

JJ

Hydraulique et qualité des eaux

Berges à pente faible

JJ

Tableau 15 : Tableau récapitulatif des facteurs ayant une incidence sur les espèces d'intérêt communautaire

Annexe II Annexe IV

Opérations

Triton crêté Lézard des

Murailles Grenouille

agile Triton

marbré Crapaud accoucheur Arrachage des haies à proximité des

points d’eau

L L

Comblement des mares existantes

LL L

Drainage des mares et des secteurs

humides

L L

Entretien des mares

JJ J

Pollution des eaux

L L

Décharges, dépotoirs

L L L

Fermeture des milieux secs ouverts

(landes)

L

JJ

: incidence très favorable

J

: incidence favorable

L

: incidence défavorable

(vide) : non concerné par l'opération

Dans le document 2007 - 2013 (Page 109-115)