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III Influence des hormones sexuelles sur l’HS

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Revue bibliographique

MICI VERSUS SII : DEUX ENTITES INFLAMMATOIRES ?

D. III Influence des hormones sexuelles sur l’HS

Les données épidémiologiques indiquent que, en comparaison avec les hommes, les femmes sont sur-représentées dans de nombreux syndromes douloureux chroniques n’affectant pas les organes sexuels comme la fibromyalgie, la migraine et les TFI (Unruh, 1996). Ces différences liées au sexe sont bien décrites pour la douleur somatique (pression et électricité) (Unruh, 1996; Berkley, 1997; Barsky et al., 2001) mais sont aussi observées pour la douleur viscérale dans des tests de distension de l’œsophage (Nguyen et al., 1995) ou de l’estomac (Mearadji et al., 2001).

D.III.1.a. Douleurs chroniques coliques

Dans les maladies impliquant les viscères, la douleur est souvent liée aux mouvements intestinaux. Comme le temps de transit et les fonctions des sphincters peuvent être altérés par les hormones sexuelles (Hinds et al., 1989; Heitkemper and Jarrett, 1992), celles-ci modulent très probablement la douleur viscérale. L’influence des

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hormones sexuelles pourrait donc expliquer pourquoi les douleurs chroniques viscérales sont deux à quatre fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Chez le rat, l’influence du cycle menstruel est bien établie dans la douleur viscérale puisque les réponses sensorielles enregistrées pendant le test de DCR sont obtenues pour des seuils plus bas pendant la phase de proestrus (Holdcroft et al., 2000). Dans la même étude, les réponses viscéro-motrices des femelles sont également plus grandes. Dans un modèle de calcul urétéral artificiel, la sensibilité à la douleur urétérale chez la ratte est accentuée pendant les phases de metestrus/diestrus (Giamberardino et al., 1997). Les études animales suggèrent donc que la phase du cycle menstruel conditionnerait la sensibilité à la douleur chez la femelle.

Dans les MICI, bien qu’il n’y ait pas de prédominance sexuelle nette, il semble que les femmes soient plus atteintes lorsque les études cliniques se focalisent sur les cas familiaux (Baumgart and Sandborn, 2007). La comparaison des cas de MICI sporadiques et familiaux a montré qu’il existe une prépondérance féminine parmi les cas familiaux. Le ratio femme/homme est alors compris entre 1,23 et 1,68 pour la MC familiale (Peeters et al., 1996). Pendant la période pré-menstruelle, 93% des femmes rapportent une exacerbation des symptômes associés aux MICI (la plupart avec une MC) (Okoro and Kane, 2009). De façon très intéressante, l’émergence des MC pédiatriques est plutôt à prépondérance masculine ce qui pourrait laisser supposer que l’influence des hormones à la puberté renverse cette tendance. Dans la RCH en revanche, il n’existe pas de prépondérance liée au sexe.

La prédominance de SII chez la femme est très clairement établie par un ratio femme/homme de 2 à 3 selon les études. Les femmes sont également plus exposées aux maladies co-morbides du SII comme la fibromyalgie, la migraine, les symptômes rhumatologiques, les douleurs pelviques chroniques et les troubles urinaires (Walker et al., 1996) mais surtout il existe une forte corrélation entre SII et dysménorrhée (Altman et al., 2006). Les études cliniques dans l’ensemble ont échoué à montrer des différences de genre dans les seuils perceptifs à la distension du rectum chez les patients avec un SII (Ragnarsson et al., 1999; Berman et al., 2000; Sloots et al., 2000; Soffer et al., 2000). Cependant, les études sur les variations des symptômes du SII en fonction du cycle menstruel plaident fortement en faveur d’un rôle majeur des hormones (Heitkemper and Jarrett, 1992; Jackson et al., 1994). Il existe une altération de la motilité et/ou une perception augmentée des événements viscéraux normaux pendant la phase péri-

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stomacales et pelviennes, les nausées et les diarrhées sont plus fréquentes pendant les règles dans un groupe de femmes avec SII que dans un groupe contrôle (Heitkemper and Jarrett, 1992; Heitkemper et al., 1993). Ces données ne s’accompagnent pourtant pas d’une corrélation directe entre les taux d’hormones ovariennes plasmatiques et les symptômes péri-menstruels (Schmidt et al., 1991; Heitkemper and Jarrett, 1992) ce qui laisse penser que les patientes ont une altération plus généralisée de la perception viscérale de la douleur (Sanoja and Cervero, 2009).

D.III.1.b. Mécanismes des différences de genre

Les études expérimentales donnent des résultats conflictuels et les données existantes chez la femme sont encore rares. Même chez la femme en bonne santé, les seuils de perception aux stimulations viscérales expérimentales sont diminués par rapport aux hommes (Sloots et al., 2000; Mearadji et al., 2001). Ces différences pourraient être liées à des processus cognitifs comme l’hyper-vigilance. En IRMf, il apparaît que des stimulations viscérales activent préférentiellement le circuit attentionnel et émotionnel ACC-mPFC-AMG chez les femmes (Figure 26B) (Naliboff et al., 2003).

Figure 26. Représentation des circuits cérébraux activés par des stimuli viscéraux et cognitifs.

D’après Naliboff et al., 2003. Les zones grisées indiquent les régions présentant une plus grande activation chez les hommes (A) et chez les femmes (B) en réponse à des stimuli aversifs.

Les différences de sexe dans la perception de la douleur peuvent aussi refléter des différences structurales et fonctionnelles dans les voies nociceptives viscérales. En effet, le traitement de l’information douloureuse est très différent chez l’homme et chez la femme qui présente notamment un “wind-up” plus prononcé (Berkley, 1997; Fillingim et al., 1998).

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Il existe aussi des différences de genre dans les réponses autonome et neuro-endocrine à la distension viscérale (Tillisch et al., 2005).

Enfin, les hormones femelles et leur fluctuation peuvent contribuer à l’établissement et au maintien des altérations de la perception viscérale chez la femme. Les altérations hormonales associées au cycle menstruel produisent des effets centraux et périphériques multiples qui influencent la modulation de la douleur et la neuro-transmission (Bajaj et al., 2001). Les mécanismes sont encore mal compris mais la distribution des récepteurs aux hormones sexuelles dans toutes les régions du SNC impliquées dans la perception et l’inhibition de la douleur concorde avec cette hypothèse (Berkley et al., 2006). De plus, les stéroïdes sexuels modifient le traitement nociceptif spinal en régulant les niveaux des neuro-modulateurs de la douleur (Papka and Mowa, 2003). Les récepteurs aux stéroïdes sexuels sont présents dans tout le tractus gastro-intestinal où ils médient les effets directs des oestrogènes et de la progestérone sur les organes viscéraux (Waliszewski et al., 1997) comme la diminution de la motilité gastro-intestinale (Winborn et al., 1987).

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