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Espèce du genre Strophoahonetes (Ctenochonetes)

III - DONNEES PALEOECOLOGIQUES

1 - Rôle des épines

En 1962, H.M. Muir-Wood donne peu d'indications sur le mode de v i e des Chonetacea ; l'auteur évoque essentiellement le problème de la fonction des épines considérées comme organes de fixation. Cette hypothèse, la premiëire admise, n'est plus défendue actuellement. Les épines des Chonetacea croissent: par leur extrémité distale (ouverte ?) pourvue d'un épithélium générateur. L a présence de lignes de croissance sur les épines de spécimens appartenant â deux familles différentes a permis de mettre ce fait en évidence et de confirr— mer par là l'hypothèse de A. Williams (P.R. Racheboeuf, 1973).

En 1970, M.J.S. Rudwick pense que les épines des Chonetacea p e u v e n t avoir eu une fonction sensorielle. En 1969, H. Boger leur attribue un rôle d e balancier, destiné à maintenir 1 'organisai en position d'équilibre lorsque

les valves de la coquille sont ouvertes ; l'auteur tente une démonstration mathématique basée sur les observations faites sur

Protoohonetes striatellus

du Silurien de Gotland.

L'hypothèse actuellement la plus simple et qui semble la plus s a t i s ­ faisante est celle de R.B. Wilson (1966) qui envisage l'action des épines c o m m e celle d'un trépied s'appuyant sur le sédiment et empêchant la coquille de b a s ­ culer lorsque les valves sont écartées. Cette idée est reprise par C.H.C.

Brunton en 1972 qui fait intervenir, en outre, l'action possible des c o u r a n t s marins. Si les hypothèses d'un rôle de balancier ou de trépied sont satisfai­

santes pour les Chonetacea présentant des épines perpendiculaires à la char­ nière ou formant un angle élevé avec celle-ci, elles ne semblent guère a p p l i ­ cables aux espèces pourvues d'épines presque parallèles à la charnière ; s u r ­ tout lorsque les coquilles sont fortement convexes. Il est vraisemblable qu * i l ne faut pas attribuer une fonction unique aux épines des Chonetacea qui, en plus d'un rôle mécanique, peuvent avoir assuré une fonction organique au m o i n s aussi importante : sensorielle (cf. M.J.S. Rudwick) ou autre.

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-2 - Chonetacea et faciès

Dans le Dévonien du Bassin de Laval, des Chonetacea ont été r e c u e i l ­ lis dans tous les lithofaciès des formations étudiées. Dans les calcaires de la Formation de Saint-Cênéré, les coquilles sont le plus souvent désarticulées. On les rencontre soit éparses dans la masse des bancs carbonatês, soit en l i t s d'accumulation couvrant la surface des bancs. Au sommet de la coupe des L a s n e — ries, des niveaux carbonatês épais de 10 à 20 cm sont de véritables lumachelles constituées par des accumulations de coquilles complètes ou désarticulées d ' e s ­ pèces du genre

Plebejoahonetes

: les coquilles présentent alors des traces

d'usure : angles cardinaux et ornementation émoussés, épines brisées. Les s p e ­ cimens les mieux conservés des calcaires proviennent des niveaux carbonatês

argileux (marno-calcaires) de la base de la coupe de Saint-Cénérë et de la p a r t i e moyenne de celle des Lasneries. Au sommet de la Formation de Saint-Cênéré, à

Saint-Pierre-sur-Erve, les niveaux de calcarénites décalcifiées ne livrent q u ' u n matériel friable, fragmentaire et grossièrement fossilisé.

Les niveaux de lutites argilo-micacées de la Formation de S a i n t - C ê n é r é renferment de nombreux petits lits d'accumulation peu épais dans lesquels l e s coquilles de Chonetacea couvrent toute la surface des strates ; c'est le c a s notamment des "niveaux à

Chonetes tenuicostatus"

décrits par D. Oehlert en

1883. Un niveau homologue a été retrouvé dans la coupe de l'Asnerie (banc 2 4 2 ) ; il renferme de très nombreuses coquilles dont la plupart ont encore leurs deu.x valves en connexion ; les parties proximales des épines sont conservées.

La partie supérieure de l'affleurement de la Chapelle S a i n t e - T r ë c h e , au Sud de Saint-Jean-sur-Mayenne dans la Formation de Montguyon, est c o n s t i t u é e par des lutites argilo-micacées dans lesquelles s'intercalent de nombreuses l e n ­ tilles de grès à stratifications obliques. L'épaisseur des lentilles varie d e 5 à 10 cm : leur face inférieure convexe et mamelonnée évoque des moulages d e ripple-marks. Les fossiles sont tous décalcifiés ; peu abondants dans la m a s s e des lutites, ils constituent des lits d'accumulation à la base des lentilles gréseuses. Dans les lutites, les fossiles (surtout des Chonetacea) sont g r o u p é s

en ’’nids" ; les coquilles sont souvent complètes mais déformées. Â la base d e s lentilles, les coquilles sont désarticulées* disposées sans orientation mais

classées ; on trouve surtout' des valves de grande taille. {Sehizophorias A cT p o& p i—

T%fers S* (Cfenochonetes) aremorieensis n» sp») tandis qu’à la partie- supérieure

les articles de Crinoïdes, les Tentaculites et les .petits Chonetacea (P l i o a n a

plia) abondent* Ces observations permettent d ’imaginer le milieu de depot comme,

une vasiëre parcourue de chenaux dans lesquels les courants apportaient c o q u i l ­

les et éléments détritiques grossiers enlevés à la surface de la vase*

Dans la partie supérieure de l ’affleurement de Montguyon, les n i v e a u x gréseux sont peu développés, réduits à trois ou quatre petits bancs ; l e s ' f o s ­

siles y sont rares ou absents. Ils sont épars dans la masse des lutites a r g i l e -

micacées ou groupés dans des lits d ’accumulation peu épais, constitués e ssen­ tiellement par des coquilles désarticulées de Chonetacea et des columnales d e Crinoïdes. Entre les niveaux d ’accumulation les fossiles se rencontrent s o u v e n t

groupés en ’’nids” d ’individus conspêcifiques• Parmi les organismes trouvés

dans ces conditions, figurent notamment les Blastoïdes (Beloarinus oottaldrty

e t les Chonetacea. Les uns et les autres sont déformés mais ne présentent q u e

peu ou pas de traces de transport ; les Blastoïdes en particulier ont conser­ ve leurs braehioies. L ’abondance des restes de Crinoïdes, fréquemment repré­

sentés par des capsules dorsales complètes, témoigne également d ’un matériel

enfoui rapidement sans déplacement notable (?). Les observations faites sur la coupe de Sablé semblent d ’ailleurs montrer que les Chonetacea sont parti­ culièrement nombreux quand abondent les Crinoïdes.

Si les niveaux carbonates de la Formation de Saint-Cënéré ont les caractères symmigies (cf. C. Babin 1971, p. 128), les niveaux supérieurs de la Formation de Montguyon présentent des associations qui semblent avoir p e u subi d ’actions mécaniques. Sans que l ’on puisse affirmer que les organismes trouvés dans les ’’nids” sont conservés in situ, l ’abondance et l’excellente conservation des Blastoïdes, des Crinoïdes et des Chonetacea suggèrent que ces organismes aient pu appartenir à une même biocénose. Celle-ci peut être

reconstituée comme une "prairie" de Blastoïdes et de Crinoïdes hébergeant u n e faune de Brachiopodes constituée, par ordre d ’importance, de Chonetacea, d ’Orr- thidinae et de Spiriferida, vivant sur un benthos vaseux en eau peu profonde et modérément agitée.

I N T E R E T S T R A T I G R A P H I Q U E

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