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III : DES DIFFERENCES GÉNÉTIQUES ET BIOLOGIQUES AU STRESS?

On a vu que la réaction au stress dépendait de la perception individuelle de l’événement. Existerait-il une égalité d’ordre biologique dans la manière de percevoir les choses ? De même, y aurait-il une similitude entre tous dans le domaine de la réactivité physiologique face au stress impliquant les réponses hormonales et neurochimiques? Sans doute que non.

Par ailleurs, si l’on est de « nature » stressée, risque-t-on de donner naissance plus facilement à un enfant stressé ? Les études sur les jumeaux tendent à montrer qu’il existe une part génétique dans l’explication de la sensibilité face au stress et des réactions en conséquence.

Le tempérament est la composante du caractère qui apparaît à la naissance en partie sous l’influence de l’héritage de la biologie. L’autre influence renvoie

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aux expériences prénatales qui vont peser sur la constitution tempéramentale d’un nouveau-né (cf. p. 64).

En tout état de cause, le tempérament peut amplifier la réaction psychophysiologique sur l’organisme de l’enfant aux agents stressants et rendre compte des différences de perceptions, de comportements et de capacités à faire face au stress.

Le tempérament de l’enfant

Des enfants de tempérament différent

Prenons l’exemple de 3 enfants, frères et sœurs, Tom, Lou et Nelle, et retraçons quelques-unes de leurs manifestations lorsqu’ils étaient bébés. Lorsque Tom avait 5 mois, il criait très souvent, et surtout très intensément, à la moindre contrariété, et ce depuis ses premiers instants de vie. Le matin, il se réveillait à l’aube, en hurlant, et refusait de se rendormir, malgré la fatigue. Il lui fallait du temps pour que son humeur soit meilleure et lui permette de se tranquilliser. Les premiers mois, il était difficile de le contenter, son irritabilité accrue en était le principal témoin. À peine sa mère le posait-elle sur ses genoux avec un hochet à la main qu’il se contorsionnait aussitôt pour s’échapper, puis crier pour retourner auprès d’elle. Le garçonnet n’aimait pas le changement ; impossible pour lui de s’endormir dans un lieu autre que sa chambre, ni d’accepter de jouer seul lorsque sa mère était absente de son regard. En effet, quand elle quittait la pièce pour vaquer à quelques occupations, l’enfant manifestait beaucoup de contrariété ; tout son petit corps devenait tendu, ses poings étaient serrés et il extériorisait tant de la colère qu’une détresse évidente. Lors du change, Tom se raidissait, se cambrait et donnait des coups de pieds. Il était bien difficile pour sa mère de lui faire sa toilette. À l’heure du coucher, il luttait jusqu’à épuisement et ne parvenait à trouver son sommeil qu’après avoir été bercé de nombreuses fois. Au moment où l’enfant s’est mis à trébucher lors de ses multiples déplacements, il criait si fortement qu’on aurait imaginé une blessure sérieuse. Or, il n’en était jamais rien. Tom exprimait intensément ses petits maux, comme tout autre malaise d’ailleurs. Il paraissait être un enfant impatient ayant du mal à tolérer les frustrations et à réagir modérément aux situations plus éprouvantes. Sa sœur Lou, au même âge passait de longs instants à observer les petits mobiles de son portique ou à jouer avec ses petites peluches sans s’occuper des nuisances sonores de l’extérieur ou des bruyants déplacements de son frère. Les pleurs n’arrivaient que lorsque la fatigue ou la faim se faisaient sentir. Lou prenait un plaisir évident à rester blottie de longs moments dans le creux des bras de sa mère, plaisir au cours duquel elle affichait un sourire irrésistible. L’ouverture de ses petites mains détendues, le flottement de ses bras le long de son corps traduisaient son sentiment de plénitude. Quand il était l’heure d’aller dormir, elle pleurait de brèves minutes puis finissait par s’endormir. Quand sa mère quittait la pièce où elle jouait, Lou manifestait son embarras par des petits cris à peine audibles. La vue du visage maternel déclenchait chez l’enfant l’expression d’une joie intense. Lorsque les parents invitaient des amis à dîner, elle prenait un plaisir amusé à attirer l’attention des convives et à les divertir. Enfin, Nelle est une fillette qui, bébé suivait sa mère des yeux, craignant la moindre séparation d’avec elle. Elle réagissait, à l’inverse de Tom, favorablement lors de l’imposition des contraintes (sortie du bain, changement de couches, placement dans un siège-auto, voyage en voiture, etc.), patientait dans de nombreux moments mais était clairement inquiète face à la nouveauté et aux absences

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de sa mère. Une fois qu’un inconnu l’abordait, elle s’agrippait à sa mère et pleurait sans détourner la tête. Âgée de quelques mois, tout changement mineur l’effrayait (changement de lieu entre autres). Son adaptation à la garderie prit un temps plus long que pour sa sœur Lou.

Nelle ne dormait pas et mangeait très mal. Cela a duré plusieurs mois jusqu’à ce que tout soit enfin rentré dans l’ordre. Aussi, la présence de nouveaux objets dans son environnement familier engendrait chez Nelle une grande appréhension ; elle n’osait s’en approcher qu’après une longue observation attentive.

L’expérience des parents nous montre combien chaque enfant réagit différemment et que l’on peut très tôt détecter chez lui un tempérament. Le tempérament est la manière dont le nourrisson se comporte et réagit face à son environnement. Il reflète le style émotionnel et comportemental du bébé et est un paramètre repérable à la naissance.

Le tempérament a souvent été évoqué pour expliquer des différences individuelles dans la régulation émotionnelle chez les enfants.

Déjà in utero (dès la 26ième semaine de grossesse), on note des profils d’activité1 différents d’un fœtus à l’autre : certains bébés sont très actifs (956 mouvements par jour), d’autres très calmes (56 mouvements par jour), d’autres très suceurs, d’autres pas.

L’échelle de Thomas Berry Brazelton2 (1995) (Neonatal Behavioral Assessment Scale) s’est révélée être l’outil le plus précieux en matière d’observation des différences interindividuelles chez le nouveau-né. Cette échelle évalue les caractéristiques émotionnelles et comportementales individuelles des nourrissons âgés de 0 à 2 mois. L’échelle de Brazelton permet de décrire le bébé sur des dimensions telles que l’irritabilité, la tonicité, l’éveil, le seuil de réaction.

Elle est l’examen le plus compréhensif du comportement néonatal disponible et est utilisée à la fois pour la recherche et la clinique dans le monde entier.

Alexander Thomas et Stella Chess3,4, véritables pionniers du courant tempéramental, ont déterminé neuf dimensions du tempérament : (1) niveau d'activité, (2) rythmicité, (3) approche-retrait face à la nouveauté, (4) adaptabilité, (5) intensité des réactions, (6) seuil de sensibilité, (7) qualité de l’humeur (affects positifs ou négatifs), (8) distractibilité et (9) capacité d'attention et de persistance attentionnelle. La liste a été révisée par des recherches postérieures et comprend l'extraversion qui est reliée à l’affect positif, au niveau d'activité, à l’impulsivité et à la prise de risques; l'affectivité négative qui est liée à la peur, à la colère, à la tristesse et au malaise; et le contrôle exigeant de l'effort qui est associé, entre autres à la fluctuation de l'attention et à la concentration.

Une réactivité émotionnelle différente aux stresseurs

Dans une situation de frustration (déception, interdits) ou face à des situations ou stimuli visuels, olfactifs, auditifs inconnus, certains bébés vont réagir par une détresse émotionnelle élevée, d’autres présenteront une faiblesse des réactions, d’autres encore vont trouver un stimulus apaisant (prendre leur doudou par exemple, sucer leur pouce) et se tranquilliser rapidement. Nous présentons ici trois types de tempérament souvent décrits dans la littérature : le

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tempérament faiblement réactif ; le tempérament hautement réactif ; le tempérament « lent au démarrage ». Il est évident qu’entre ces extrêmes, il existe des nuances qui caractérisent la complexité et la diversité des réactions humaines.

L’enfant de tempérament « lent au démarrage » présente une faiblesse et lenteur des réactions et un retrait face à la nouveauté. Il peut présenter une humeur négative et maussade en cas de perturbation.

Le tempérament « faiblement réactif » et d’humeur positive regroupe les enfants dits « faciles ». Ils manifestent comme Lou, non seulement plus d’affects positifs mais aussi une moindre réactivité émotionnelle en cas de stress. Ils sont plus ouverts et peu irritables.

Le tempérament « hautement réactif » regroupe deux types d’enfants : les premiers dits « difficiles » et irritables, comme Tom, qui s’enflamment très vite, supportent mal la frustration, le stress et le changement, sont d’un tempérament actif et excité, d’humeur négative et coléreuse, présentent une faible persévérance et patience, pleurent plus souvent et mettent du temps pour se calmer ; les seconds moins actifs et plus patients, comme Nelle, mais qui réagissent mal à la nouveauté ou aux changements, prennent vite peur et démontrent une réactivité émotionnelle élevée, un temps plus long à s’apaiser en cas de stress. En somme, les enfants hautement réactifs montrent beaucoup plus de détresse que les enfants faiblement réactifs dans des situations qu’ils ressentent comme alarmantes, comme par exemple la séparation temporaire d’avec leur mère. À l’inverse des enfants faciles, les tout-petits irritables et vite perturbés, outre leur réactivité élevée, peuvent exprimer plus de difficultés sur les plans alimentaires, digestifs et dans la régulation de leur sommeil.

Une interprétation différente des stresseurs environnementaux et des réactions en conséquence

Les enfants interprètent différemment les expériences environnementales selon leur tempérament. Le tempérament peut même augmenter les réactions physiologiques et comportementales envers des événements stressants ou en amortir l’effet5. Les différents tempéraments sont susceptibles d'être impliqués dans l'exacerbation ou au contraire dans la diminution des effets du stress.

Des enfants au tempérament différent les rendent différemment sensibles à des circonstances stressantes similaires. Par exemple, ceux qui sont vite perturbés ont tendance à percevoir les événements difficiles comme plus menaçants ou plus négatifs que ceux dont le niveau d'émotion négative est plus faible. La perception du stress, de son intensité et les réactions qui s’ensuivent sont déjà précocement des phénomènes hautement individuels.

Les travaux sur la gestion des émotions ont montré que les enfants âgés de 6 mois qui supportent mal la frustration utilisent des stratégies de régulation émotionnelle différentes; on observe qu'ils sont moins attentifs et patients, plus actifs dans différentes tâches en laboratoire que les enfants qui supportent mieux la frustration. Ces premiers semblent moins aptes à réguler leur réactivité physiologique6 (fréquence cardiaque, pression artérielle, hormones du stress).

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Dans une situation inconnue, là aussi on observe des différences en matière de réaction comportementale. Vers l’âge de six mois, certains bébés, quand on leur présente un objet, tentent de s’en approcher rapidement en l’attrapant et en le touchant, alors que d’autres le feront plus lentement7 ou pas du tout. Plusieurs recherches concluent l’existence d’une prédisposition biologique à l’insécurité chez les enfants qui présentent un tempérament hautement réactif après la naissance8,9.

Les habiletés précoces de régulation émotionnelle comprennent le contrôle et la réorientation attentionnelle vers d’autres stimuli. En fait, les enfants qui dirigent leur attention vers autre chose, comme par exemple prendre un objet, sucer son pouce, aller chercher son doudou, etc., apparaissent moins vite frustrés et contrariés. L’orientation de l’attention vers d’autres stimuli est donc efficace pour diminuer l'activation émotionnelle10. Ainsi, les habiletés d’orientation aident à gérer les émotions négatives (et positives), et contribuent au développement du contrôle adaptatif de l’émotion et du comportement. À l’inverse, les bébés vite frustrés, de même que ceux qui s’inquiètent intensément et rapidement, semblent ne pas être capables d’orienter leur attention vers autre chose. C’est comme s’ils demeuraient prisonniers de leur état émotionnel. La gestion du stress n’est donc pas la même pour tous.

Jerome Kagan11 a quant à lui montré un lien entre le tempérament hautement réactif de détresse face à l’inconnu à 4 mois, l’inhibition comportementale à 2 ans et la survenue de l’anxiété en âge scolaire. L’enfant inhibé est timide, prudent, évitant, craintif et en retrait lorsqu’il est exposé à des situations, des objets, des lieux, des personnes étrangers. Bébé, il a pu réagir intensément et présenter des niveaux élevés d’activité émotionnelle, et s’agripper comme Nelle, à sa mère lorsqu’il était confronté à des contextes inconnus. Après une épreuve stressante, son taux de cortisol est supérieur à celui des enfants non inhibés. L’enfant non inhibé et d’humeur agréable a été faiblement réactif au début de sa vie et apparaît sociable, spontané et extraverti face à la nouveauté. Kagan a suivi les enfants au cours de leur enfance de 21 mois à 7 ans ½. L’auteur a retrouvé une proportion plus élevée d’inhibition comportementale chez les enfants anxieux.

La question demeure : aurez-vous un bébé facile, c’est-à-dire calme, patient, capable de se recentrer sur autre chose en cas de stress et d’humeur positive ? Ou un bébé actif et intrépide voire encore irritable et difficile à consoler ? A la naissance, sur cinq bébés, un fait partie des craintifs, deux possèdent un tempérament intrépide. D’après les estimations de Thomas et Chess, 40 % des nourrissons auraient un tempérament facile, entre 5 et 15 % seraient lents à réchauffer. Et 5 à 10 % des bébés naîtraient avec un tempérament difficile à calmer, d’humeur négative et intense, mais ce pourcentage varie suivant les études, sans doute parce que le degré d’expression du tempérament se modifie au fil des expériences et selon le milieu dans lequel vit l’enfant mais aussi parce qu’il est lié à l’interprétation que les adultes en font et à leurs ressentis. (cf. p.

115).

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Une hypothèse neurochimique à l’origine des différences ?

La source importante de la base biologique des différences de style émotionnel et d’interprétation des événement éprouvants est la variation de la concentration et la densité des récepteurs d’un grand nombre de molécules sous contrôle génétique qui peuvent affecter le fonctionnement du cerveau, comme la dopamine, la noradrénaline, la sérotonine, les opioïdes, l’acétylcholine, la CRH, la vasopressine et l’ocytocine12. On a en effet trouvé une correspondance entre les neurotransmetteurs du cerveau et le fonctionnement émotionnel d’un sujet. Néanmoins, il ne s’agit pas de réduire la vie affective d’un enfant et son expression émotionnelle/comportementale au taux des différents médiateurs chimiques cérébraux car une quantité d’autres molécules interviennent et interagissent entre elles. Pensons aux hormones thyroïdiennes, qui lorsqu’elles sont déréglées, entraînent agitation et anxiété. Néanmoins, on ne peut pas non plus ignorer que les médiateurs chimiques du cerveau sont sans effet sur les émotions et les réactions d’un sujet, et plus essentiel en ce qui nous concerne, sur sa « sensibilité » au stress.

De nombreuses études se sont particulièrement penchées sur le rôle de certains médiateurs chimiques dans la propension ou non à l’anxiété, à la détente et au bien-être. Nous en citons quelques principaux.

La dopamine a été associée à la recherche de la nouveauté, aux émotions de plaisir, à l’énergie, à la motivation, au contrôle des mouvements. Un taux faible est corrélé à l’anxiété, aux désordres moteurs, à la chute du plaisir et de la motivation.

Le GABA permet de maintenir le cerveau sous contrôle. Il favorise le calme et la relaxation, diminue la tonicité musculaire, ralentit le rythme cardiaque, ainsi que les spasmes musculaires. Il joue un rôle clé dans le contrôle de l’anxiété.

La sérotonine favorise la transmission synaptique, stimule le désir, la motricité, le traitement des fonctions cognitives, la rapidité des apprentissages.

Elle intervient dans la régulation du comportement alimentaire et dans la régularisation des stades de sommeil lent, de l’agressivité, de l’évitement du danger et de la punition. C’est d’ailleurs la sérotonine qui est utilisée comme molécule chimique dans les antidépresseurs. Des quantités basses de sérotonine sont corrélées à l’anxiété mais aussi à l’impulsivité/l’irritabilité. Des taux élevés sont reliés au bien-être, aux sensations de calme, de relaxation, de confiance, d’humeur positive.

D’autres recherches très récentes ont encore établi des liens entre le récepteur de l’ocytocine (OXTR) et les ressources psychologiques des sujets adultes13. Des valeurs basses de l’ocytocine se retrouvent chez des sujets qui présentent un degré d’optimisme, de maîtrise et d’estime de soi plus faible que chez ceux qui possèdent des valeurs élevées. Ils sont également plus sensibles au stress. Des taux faibles ont été également reliés à une symptomatologie dépressive.

La neurochimie sous contrôle génétique peut donc avoir une influence sur la susceptibilité aux stresseurs et sur d’autres réponses neurohormonales (repensons aux bébés anxieux observés par Kagan dont les niveaux de cortisol

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basal étaient augmentés), et sans doute le plus important encore, sur la manière de percevoir le Monde. Mais cette perception du Monde et réactivité associée, bien que gouvernées en partie par la biologie, peuvent être bouleversées et modifiées par l’environnement. Nous verrons que la valeur des différents neurotransmetteurs du cerveau dont la sérotonine, l’ocytocine, la dopamine et autres peut changer en fonction de l’environnement et des soins reçus précocement.

Une évolution du tempérament avec le temps et au travers des interactions

En grandissant, Nelle est parvenue à mieux gérer ses peurs et à les dépasser. À travers le temps, la fillette est apparue très consciencieuse, qualité qui l’a amenée à réussir sa scolarité et à en retirer une meilleure assurance. Elle redoute encore les contextes nouveaux et trop éprouvants (situation de compétition, de défis, prises de risques, festivités, nouvelles rencontres, etc.), mais ne panique plus comme avant. Son frère, Tom, est aussi parvenu à mieux réguler ses humeurs et sa réactivité explosive en cas de contrariété. Dès 7 mois, il pleurait déjà moins une fois rassuré par la présence de sa mère et encouragé par elle à découvrir des objets stimulants dans son environnement. C’est vers cet âge que de nombreux sourires et éclats de rire sont venus illuminer son visage et que la nouveauté a commencé à l’intéresser vivement.

Grâce à cette nouvelle découverte, il s’est empressé d’explorer le monde sous le regard bienveillant et en présence de sa mère. Lors d’un stress, il a compris qu’il pouvait faire appel à un adulte attentionné, son père ou sa mère et s’en est retrouvé rapidement soulagé. Plus tard, le sport est aussi devenu un moyen essentiel d’apaisement des tensions.

Fort heureusement, les enfants évoluent : ceux qui pleuraient beaucoup à la naissance et qui affichaient de l’irritabilité ou une très forte anxiété au début de leur vie voient, pour une bonne proportion d’entre eux, leurs émotions se régulariser et leur humeur se stabiliser14, souvent une ou deux années après leur naissance. Les enfants observés par Kagan qui présentent un tempérament plus anxieux ne deviendront pas forcément inhibés, apeurés et introvertis, même s’ils présentent un risque plus élevé que les autres. Bien entendu, ils ne seront pas forcément téméraires, jamais stressés et hypersociables dans l’enfance et puis plus tard. Les nourrissons irritables, vite frustrés et agités ne deviendront pas, a fortiori, des adolescents caractériels ou des adultes mal intégrés socialement. Ils sont, heureusement, eux aussi, très susceptibles de suivre un cheminement positif même s’ils ne seront probablement jamais d’un calme olympien ! Des études comme celles menées par Kagan et autres confrères, aboutissent à des conclusions sur des tendances et non des destinées. Tout dépend de la manière dont le milieu s’adapte au tempérament de l’enfant et des expériences qu’il rencontre. Comme nous le verrons dans la partie deux et trois, ce sont davantage les interactions entre les parents et l’enfant, la réponse du milieu et les représentations de l’enfant qui sont stables, et qui peuvent aménager ou, au contraire, entretenir, sinon, amplifier les « biais naturels » des quelques enfants. En bref, si le style de réponse semble s’agencer précocement, il continue néanmoins d’évoluer pendant la scolarité de l’enfant en fonction de

Fort heureusement, les enfants évoluent : ceux qui pleuraient beaucoup à la naissance et qui affichaient de l’irritabilité ou une très forte anxiété au début de leur vie voient, pour une bonne proportion d’entre eux, leurs émotions se régulariser et leur humeur se stabiliser14, souvent une ou deux années après leur naissance. Les enfants observés par Kagan qui présentent un tempérament plus anxieux ne deviendront pas forcément inhibés, apeurés et introvertis, même s’ils présentent un risque plus élevé que les autres. Bien entendu, ils ne seront pas forcément téméraires, jamais stressés et hypersociables dans l’enfance et puis plus tard. Les nourrissons irritables, vite frustrés et agités ne deviendront pas, a fortiori, des adolescents caractériels ou des adultes mal intégrés socialement. Ils sont, heureusement, eux aussi, très susceptibles de suivre un cheminement positif même s’ils ne seront probablement jamais d’un calme olympien ! Des études comme celles menées par Kagan et autres confrères, aboutissent à des conclusions sur des tendances et non des destinées. Tout dépend de la manière dont le milieu s’adapte au tempérament de l’enfant et des expériences qu’il rencontre. Comme nous le verrons dans la partie deux et trois, ce sont davantage les interactions entre les parents et l’enfant, la réponse du milieu et les représentations de l’enfant qui sont stables, et qui peuvent aménager ou, au contraire, entretenir, sinon, amplifier les « biais naturels » des quelques enfants. En bref, si le style de réponse semble s’agencer précocement, il continue néanmoins d’évoluer pendant la scolarité de l’enfant en fonction de

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