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ii. la transformation structurelle et le développement des compétences en lien avec les objectifs du pND (2018-2022)

L’atteinte des objectifs du PND (2018-2022) nécessite non seulement des moyens financiers pour le financement des projets retenus dans ce programme de développement, mais aussi des ressources humaines en quantité et de

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congolaise. Pour cette raison, des opportunités de qualifications s’ouvre dans les métiers de l’agriculture, du tourisme et de l’industrie pour lesquels un capital humain spécifique est requis.

2.1. la transformation structurelle de l’économie et l’industrialisation : une opportunité pour la formation d’une main-d’œuvre de qualité assurée d’une meilleure employabilité

En se fondant tant sur le Consensus de Douala, qui réaffirme la diversification économique tirée par l’industrialisation comme voie pour l’Afrique centrale si elle veut s’assurer une croissance durable créatrice d’emplois, que sur les ODD, notamment l’objectif 9 appelé de tous leurs vœux par les pays africains, la transformation structurelle et l’industrialisation offrent l’opportunité au Congo de construire une économie résiliente avec à la clé le défi de se doter d’un capital humain capable de relever les défis du développement économique et du développement humain.

2.2. la diversification et la transformation structurelle de l’économie : une opportunité de création d’emplois durables

L’économie congolaise est tributaire de produits de base, notamment le pétrole dont la volatilité des prix à l’exportation explique en grande partie les difficultés que rencontre ce pays en matière de croissance économique, d’emploi et de valorisation du capital humain. L’importance de la diversification économique comme facteur de développement est d’ailleurs soutenue par les études empiriques qui ont établi l’existence d’une corrélation négative entre la concentration des exportations de produits de base (en d’autres termes, la dépendance à l’égard de ces produits) et l’indice de développement humain. Et que cette corrélation varie en fonction du degré de dépendance et de la nature des produits de base, l’effet négatif étant plus fort dans les pays où ces produits constituent plus de 60 % de la valeur totale des exportations de marchandises (Nkurunziza et al., 2017).

La diversification de l’économie est en soi l’une des solutions parmi les politiques destinées à atténuer la dépendance du Congo à l’égard des produits de base (pétrole) et la concentration des exportations. Et comme le souligne la CNUCED (2018) à la lumière des travaux théoriques, la politique de diversification de l’économie congolaise devrait se concentrer sur les moyens de nouer des liens entre un secteur pétrolier isolé et le reste de l’économie pour assurer une croissance soutenue et créer des opportunités d’emplois.

À cet effet, la politique de diversification à mettre en œuvre devrait suivre deux modalités qui cadrent avec les principaux domaines de concentration du PND (2018-2022). Ces modalités doivent revêtir les caractères de politiques horizontales et de politiques ciblées.

Les politiques horizontales doivent créer, à l’échelle de l’ensemble de l’économie, les conditions nécessaires à la diversification et à la création de valeur ajoutée. En effet, il est admis que la diversification passe par l’accumulation de capital humain et physique, notamment par la mise en place d’infrastructures, par l’accroissement des capacités scientifiques et technologiques, ainsi que par le renforcement des institutions et de la gouvernance. Par conséquent, les investissements dans l’éducation, la santé, les infrastructures et la sécurité, le renforcement de l’état de droit et des droits des investisseurs et des consommateurs, la promotion de la transparence et de l’efficacité des pouvoirs publics, ainsi que la facilitation des affaires, peuvent contribuer à l’augmentation de la productivité, à la diversification et à la création de valeur ajoutée à l’échelle de l’économie.

En revanche, les politiques ciblées devraient miser sur les secteurs d’activités prioritaires du PND (2018-2022) avec la mise en œuvre de politiques spécifiques dans les domaines de l’agriculture, du tourisme, de l’industrie et du numérique telles que prévues dans le document stratégique du PND (2018-2020).

2.3. l’industrialisation et l’urgence de la formation d’un capital humain spécifique de plus en plus qualifié

S’il n’y a point de doute sur le fait que l’environnement économique mondialisé représente simultanément des contraintes (de compétitivité notamment) et de nouvelles opportunités de croissance et d’emploi, nombre de

pays africains, dont le Congo, s’enfoncent dans la marginalité et restent rivés à la production et à l’exportation des produits primaires. Or un pays ne peut réellement tirer son épingle de jeu dans cette économie mondialisée que si sa participation à la chaîne de valeur mondiale est effective. La très faible diversification de l’économie congolaise et sa forte dépendance vis-à-vis des matières premières, notamment le pétrole, constituent des facteurs de vulnérabilité et d’instabilité de la croissance économique.

C’est face, d’une part à ces facteurs de vulnérabilité des économies africaines, et d’autre part aux enjeux susmentionnés de l’environnement économique mondialisé que tant les institutions financières comme la Banque africaine de développement que les pays de l’Afrique subsaharienne s’emploient à la création de conditions propices au développement industriel. Or comme le souligne l’UNIDO (2020), la compétitivité est la clé d’un développement industriel inclusif et durable. Selon les statistiques contenues dans le rapport de l’UNIDO (2020) consacré au développement industriel, par rapport aux cibles de l’ODD 9 (qui vise à bâtir des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation durable et encourager l’innovation) incluses dans l’indice de performance de la compétitivité industrielle, le Congo est encore très loin de fonder son développement économique et social sur l’industrie car la part des activités à moyenne et haute technologie dans sa valeur ajoutée manufacturière n’est que de 2,42 %, et la part de la valeur ajoutée manufacturière dans son PIB de 3,76 %. Le problème que soulèvent de telles statistiques est celui de la dotation du Congo en compétences nécessaires pour faire de la science et de la technologie les fondements de la compétitivité et du développement industriel inclusif et durable.

Et comme le montrent les nouvelles théories du commerce international (Krugman, 1979 ; Helpman et Krugman, 1985), la compétitivité des nations et les avantages comparatifs ne sont plus alloués aux pays par des dotations exogènes de facteurs de production, mais sont produits par des effets cumulatifs qui proviennent du changement des technologies et du renouvellement de la qualité des produits. D’où le défi pour les pays comme le Congo de se doter d’un stock de capital humain avec des compétences requises pour accélérer les transformations structurelles et assurer une croissance durable et inclusive.

Le regain d’intérêt que suscite l’industrialisation pour les pays africains, traduit dans la stratégie de développement du Congo par le fait d’envisager d’appuyer la transformation de la structure productive par l’industrialisation (PND 2018-2022), doit être associé avec les moyens nécessaires pour disposer des ressources humaines qualifiées.

Ce qui conduit à souligner l’urgence de développer des compétences pour une croissance économique fondée sur un processus continu d’innovations technologiques et de transformations structurelles (Dabla-Noris et al., 2013).

Le projet de création des Zones Économiques Spéciales (ZES), en cours au Congo, destinées à abriter des activités tournées principalement vers l’exportation, devrait à terme constituer de véritables clusters qui feraient d’elles et des autres entreprises des foyers de formation continue.

L’industrialisation, qui doit appuyer la transformation structurelle dans le cadre de la stratégie de développement du Congo définie dans le PND (2018-2020), appelle donc l’urgence de la formation d’un capital humain capable de soutenir un développement économique et social fondé sur l’évolution technologique et l’innovation. D’où l’impératif d’une réforme du système éducatif, et en particulier le renforcement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (Nkoy Elela, 2014).

En gardant à l’esprit que la transformation structurelle est le maître mot de la stratégie de développement du Congo d’une part, et que la réforme en profondeur du système éducatif et de la formation qualifiante et professionnelle est un des piliers de la stratégie d’autre part, une refonte des programmes de formation s’avère nécessaire. En tenant compte des domaines de concentration du PND (2018-2022) que sont l’agriculture, le tourisme et l’industrie, des politiques de formation ciblées doivent être mises en œuvre pour ainsi accompagner le changement structurel par la migration du capital humain vers les secteurs d’opportunité retenus comme

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iii. une politique d’emploi plus active en faveur d’un marché du travail plus inclusif

Certes, le Congo s’est doté depuis 2012 d’un document de Politique Nationale de l’Emploi (PNE) dont l’objectif général est la réalisation du plein-emploi, la réduction du chômage, du sous-emploi, de la pauvreté et de l’exclusion.

Cet objectif, incontestablement louable, notamment pour la valorisation du capital humain, peut s’avérer difficile à atteindre compte tenu de l’abstraction faite, dans les différentes composantes de cette politique, des mécanismes concrets susceptibles de créer les conditions pour utiliser pleinement le potentiel de création d’emplois de l’économie congolaise et rendre le marché du travail plus inclusif.

En effet, l’analyse des quatre composantes de la PNE laisse transparaître la forte tendance de cette politique à s’articuler autour de propositions générales, ne pouvant se traduire en des actions concrètes à même d’infléchir la dynamique du marché du travail à la fois dans la capacité du système productif à créer des emplois, et dans la capacité du marché du travail à lever les rigidités qui gênent l’insertion de la majorité des actifs, et notamment des jeunes dans le monde du travail.

Ainsi, deux options complémentaires l’une de l’autre peuvent être envisagées pour créer des opportunités d’insertion pour la majorité des actifs, quel que soit leur stock de capital humain. Il s’agit de mettre en œuvre une politique active d’emploi accompagnée d’autres efforts dirigés vers le développement d’un marché du travail plus inclusif.

Dans un contexte marqué par d’énormes difficultés à intégrer le marché du travail à cause à la fois des capacités limitées de l’économie congolaise à créer des emplois et du manque de qualification, il est possible de rendre le marché du travail plus inclusif dans le cadre d’une politique de planification stratégique devant amener à mobiliser la main-d’œuvre disponible pour remplacer ceux qui partent à la retraite. Ce qui suppose une réelle réforme des institutions du marché du travail dans l’objectif de renforcer les liens vis-à-vis de ce marché des travailleurs exclus et d’accroître les incitations à travailler.

Pour répondre à l’épineux problème d’inadéquation de la formation à l’emploi, le développement du système de contrat d’apprentissage ou de tout autre dispositif (associant l’école, la formation professionnelle et le travail) reste un moyen de rendre le marché du travail plus inclusif.

iv. la contribution potentielle du capital humain au développement